Le paradoxe de
la souffrance (I)
Le mal peut-il être source de bien?
par Ari Sollish
24 Tamouz 5774
Voici la terre qui vous reviendra en héritage, la terre de Canaan
selon ses frontières. Votre frontière sud commencera au désert de Tsin le
long d’Edom… la frontière ouest sera la mer Méditerranée... cela sera votre
frontière nord : depuis la mer Méditerranée vous tournerez au mont Hor...
vous tracerez pour vous comme frontière de l’est depuis ‘Hatsar-enan jusqu’à
Chefam... cela sera la Terre pour vous, selon ses frontières tout autour.
Nombres 34, 2-12
Judah est allée en exil, accablée par la misère et une dure
servitude ; elle demeure parmi les nations, sans trouver de repos. Tous
ses persécuteurs l'ont atteinte dans une étroite détresse [bein hamétsarim].
Lamentations [Eikha] 1, 3
À un moment ou à un autre, nous sommes tous amenés à affronter
un événement qui nous paraît si terrible que nous en sommes menacés
émotionnellement et psychologiquement. La perte d’un être aimé, à D.ieu ne
plaise. Un emploi que l’on croyait stable est perdu. La santé se détériore
soudain. Même le plus optimiste admettra que la vie peut être une montagne
russe, un moment nous élevant aux plus hauts sommets, le suivant nous plongeant
dans l’abime. Comment considérer les difficultés de nos vies, lorsque
tout paraît obscur et que nous n’arrivons pas à voir au-delà des limites de
notre propre douleur ?
À l’opposé de notre perception de ces moments d’épreuve, la Torah
nous dit que « rien de mal ne descend d’En Haut ».1 Cette
déclaration de nos Sages implique que tout ce qui arrive est intrinsèquement
bon, car cela vient de D.ieu qui est l’essence du Bien. Mais comment
concilier la vérité de la Torah avec la réalité que nous
percevons ? L’argument selon lequel nous sommes finis et ne pouvons de ce
fait apprécier une réalité qui nous dépasse pourrait satisfaire certains, mais
un sceptique exigera une preuve empirique de la curieuse notion selon laquelle
la douleur est égale à la joie. De plus, même en supposant que du bien peut
être découvert au sein de la difficulté, si D.ieu désire réellement nous donner
du bien, pourquoi doit-Il envoyer ses « bénédictions » dans de si
étranges véhicules ? Pourquoi ne nous envoie-t-Il pas simplement des
bénédictions claires et évidentes, sans que l’on ait besoin d’éprouver de
douleur ou de détresse ?
Les moments de souffrance
La Paracha de cette semaine, Massei,
se lit toujours durant la période connue sous le nom de « bein
hamétsarim »,2 les trois semaines qui séparent le
jeûne du 17 Tamouz de celui du 9 Av. Ces deux dates sont connues comme les plus
tristes du calendrier juif. En effet, les événements survenus en ces jours ont
tragiquement altéré le cours de l’histoire, leur conséquence la plus notoire
étant notre actuel galout (exil).3 Le 17 Tamouz est le jour où le service
du Premier Temple fut interrompu et où les murs du Second Temple subirent les
premières brèches.4 Le 9 Av est le jour lors duquel les
deux Temples furent détruits.5 Les Trois semaines sont donc une
période de deuil : Il nous y est interdit de célébrer des mariages,
d’écouter de la musique, d’acheter des habits neufs, et de faire toute chose
qui déclenche une grande joie.
Dans la Torah, il n’y a pas de coïncidences. C’est pourquoi le
fait que Massei soit
toujours lue durant les « Trois Semaines » indique que la paracha et
la période ont un message commun.6 Toutefois, il semblerait à première
vue que ce soit tout le contraire : la paracha Massei contient les dernières instructions de
D.ieu au Peuple Juif avant son entrée en Erets Israël, y compris la description
des frontières exactes du pays alors que, à l’inverse, les événements
des Trois Semaines causèrent l’exil du peuple de cette même terre !
Pour pouvoir résoudre cette apparente contradiction, nous devons
au préalable examiner la dimension profonde de ces éléments : la Terre
d’Israël et l’exil.
Ce n’est
pas par hasard si, de toutes les terres du monde, seule la Terre d’Israël a
reçu le titre de « Terre Sainte ». Selon les mots de la Torah, c’est
« La terre sur laquelle veille l’Éternel ton D.ieu, qui est constamment sous
le regard de D.ieu du début de l’année à la fin de l’année. »7 Lorsque nous sommes dans un état de
liberté spirituelle, comme c’était le cas durant les 830 ans pendant lesquels
se tinrent le premier puis le second Temples, c’est la terre où les
bénédictions de D.ieu peuvent être perçues comme telles, sans être voilées par
la nature, et où notre subsistance est reconnue comme émanant directement de
D.ieu. C’est en effet le seul pays dans lequel la révélation divine avait lieu
de façon régulière, à travers les dix miracles qui survenaient quotidiennement dans le Temple.8 C’est pourquoi, en termes spirituels, Erets
Israël représente la Divinité telle qu’elle est clairement manifeste dans la
création.Nous nous proposerons de presenter la suite cette "Lettre de Torah" dès la prochaine parution ( mercredi 23 juillet 2014)
Que D-ieu protège et guérisse
miraculeusement tous nos soldats comme chacun des enfants d'Israël, partout
dans le monde, Qu'il venge leur sang, et qu'Il ne nous prodigue à partir de
maintenant que des douceurs palpables à l’œil nu.
Basé sur un discours du Rabbi, Motsaé Chabbat Parachat Matot
Massei 5739 (1979)14
En chaque génération vit un homme qui attend avec impatience de pouvoir libérer son peuple de l’exil.
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