Présumé Machia’h
La manière dont Maïmonide décrit le déroulement de la révélation messianique est bien différente de l’image qu’on s’en fait généralement. La venue du Machia’h est habituellement décrite comme l’apparition aussi surnaturelle que soudaine d’un personnage prodigieux qui bouleversera en un instant la réalité telle que nous la connaissons. Rien de tout cela n’apparait toutefois dans les signes que Maïmonide donne du Machia’h. Dans les Lois des Rois, il statue que l’avènement messianique est un processus qui verra la restauration de la royauté de David « à son état premier, comme lorsqu’elle fut instaurée » et qui connaîtra deux phases : be’hezkat Machia’h, soit « présumé Machia’h », etMachia’h bevadaï, soit « Machia’h avec certitude ».
De ses propos se dégage l’ordre du processus messianique. Voici comment ils sont formulés :
Et s’il se lève un Roi de la lignée de David, versé dans la Torah et adonné aux commandements comme David son aïeul, selon les préceptes de la Loi écrite et de la Loi orale, qui poussera tout Israël à en suivre les chemins et à en fortifier les positions et qui livrera les guerres de D.ieu, il est présumé être le Machia’h.
S’il agit ainsi et réussit, et qu’il triomphe de tous les peuples alentour,1 qu’il reconstruit le Sanctuaire à son emplacement et rassemble les exilés d’Israël,c’est le Machia’h avec certitude.2
Les actions du Machia’h lui font ainsi acquérir en premier lieu le statut de « Machia’h présumé » et il parvient dans un deuxième temps à celui de « Machia’h avec certitude ».
Son action
Le premier signe de la révélation messianique est qu’il « se lèvera un Roi de la lignée de David », c’est-à-dire qu’un Juif descendant du roi David « se lèvera » et mènera une action en tant que figure dirigeante. (Il est évident qu’il ne s’agit pas ici d’un « roi » au sens premier du terme, c’est-à-dire ayant le statut de roi d’après la loi juive, car il n’est pas possible que soit nommé « roi » quelqu’un qui n’aurait pas encore manifesté l’ensemble des signes lui permettant d’être présumé Machia’h.3 ) Le second signe est qu’il soit « versé dans la Torah et adonné aux commandements » : il doit être digne tant dans sa sagesse que dans sa crainte de D.ieu de tenir la place de « David son aïeul ». Ces deux premiers signes décrivent la personne du Machia’h au début de son apparition.
Par la suite, pour qu’il soit reconnu comme étant « Machia’h présumé », il se doit d’accomplir diverses actions au sein du peuple juif ainsi que dans le monde. En premier chef, il doit « pousser tout Israël » à aller dans les chemins de la Torah. Il emploiera son leadership à ramener tous les Juifs à la pratique du judaïsme et agira pour remédier aux atteintes faites à la religion (« en fortifier les positions »). De même, il se dressera devant les nations qui persécutent le peuple juif (« qui livrera les guerres de D.ieu »).
Ce sont là les critères qui doivent nous permettre d’identifier le Machia’h aux premiers stades de son avènement. Si l’on est face à un Juif qui présente l’ensemble de ces signes et qui effectuent toutes ces actions et que celles-ci sont couronnées d’une certaine mesure de succès, « il est présumé être le Machia’h ».
La délivrance concrètement
Au stade de « Machia’h présumé », une réussite partielle est suffisante pour lui faire acquérir cette présomption. La raison en est que la pleine réussite est elle-même l’un des signes caractérisant l’étape de « Machia’h avec certitude » : s’il réussit à pousser l’ensemble du peuple juif à s’engager dans la voie de la Torah (« s’il agit ainsi et réussit »), s’il est victorieux dans son rapport de force avec les nations (« et qu’il triomphe de tous les peuples alentour ») et si ensuite « il reconstruit le Sanctuaire à son emplacement et rassemble les exilés d’Israël, c’est le Machia’h avec certitude ».
L’étape charnière et décisive par laquelle le Machia’h passe du statut de « présumé » à celui de « certain » est celle de la construction du Troisième Temple.4 Il existe chez nos Sages une discussion sur la question de savoir si le Temple descendra du ciel ou s’il sera construit par le Machia’h. Maïmonide tranche selon le second avis (et il existe des commentaires qui réconcilient les deux opinions5.) Si, lorsqu’il entame la construction du Temple, il n’est pas encore « Machia’h avec certitude » (car la réussite de cette construction fait également partie des critères de ce statut), le fait qu’il soit légalement « présumé être le Machia’h » nous impose de l’aider en participant à son œuvre de construction.
C’est seulement après que l’ensemble de ces signes se seront vérifiés et accomplis et que le Temple sera édifié que le Machia’h s’attellera à réaliser la Délivrance, c’est-à-dire à rassembler les exilés d’Israël : il fera revenir en Terre Sainte tous les Juifs dispersés aux quatre coins du monde, parmi lesquels les « Dix Tribus perdues » dont nous ne savons pas ce qu’elles sont devenues. C’est ce qui définit le début de la « Délivrance messianique » et qui établit le statut du Machia’h comme étant « Machia’h avec certitude ». Tel est le déroulement du processus de la Délivrance pour le déclenchement duquel nous prions chaque jour.
| NOTES | |
| 1. | Telle est la version entière, non censurée. |
| 2. | Lois des Rois, 11:4. |
| 3. | Voir Likoutei Si’hot vol. 8, p. 361 ; vol. 23, p. 197. |
| 4. | Likoutei Si’hot vol. 18, p. 281, note 66 ; vol. 28, p. 135, note 33. |
| 5. | Voir plus loin dans le chapitre « Le Troisième Temple », l’article « Qui construira le Temple ? ».
Que D-ieu protège et guérisse miraculeusement tous nos soldats comme chacun des enfants d'Israël, partout dans le monde, Qu'il venge leur sang, et qu'Il ne nous prodigue à partir de maintenant que des douceurs palpables à l’œil nu.
En chaque génération vit un homme qui attend avec impatience de pouvoir libérer son peuple de l’exil.
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