La Michna citée dans la Haggada de Pessa'h relate que le jour où Rabbi Éleazar ben Azaryah fut nommé Nassi (chef du Sanhédrine), il déclara : « Je suis comme âgé de soixante-dix ans, mais je n'ai pas eu le mérite de démontrer que la sortie d'Égypte doit être mentionnée la nuit, jusqu'à ce que Ben Zoma déduise (aujourd'hui) du verset "Afin que tu te rappelles le jour de ta sortie du pays d'Égypte tous les jours de ta vie" (Deutéronome 16, 3), que si "les jours de ta vie" fait référence aux jours, le terme "tous" vient « amener » (inclure) les nuits. Les Sages, eux, enseignent que l'expression "les jours de ta vie" fait référence à ce monde-ci et que le terme "tous" vient « amener » (inclure) les temps messianiques. » (Michna Berakhot 1, 12).
Il est intéressant d'étudier le lien qui existe entre cet enseignement et celui qui l'a rapporté, Rabbi Éleazar ben Azaryah, la période dans laquelle il fut prononcé, lorsque celui-ci fut Nassi, et l'âge mentionné dans la Michna, soixante-dix ans.
Ceci nous est enseigné par une lecture plus profonde de cette Michna. Celle-ci vient en effet préciser à quel moment il est nécessaire de « sortir d'Égypte » d'un point de vue spirituel, c'est-à-dire dépasser les limitations imposées par la condition corporelle afin de mieux s'attacher à D-ieu. Si en période de « jour », c'est-à-dire lorsque règne une grande clarté spirituelle, il est évident qu'il faut en profiter pour « sortir d'Égypte » et s'élever dans sa relation avec D-ieu, Ben Zoma vient ajouter que cette démarche doit aussi avoir lieu en temps de « nuit», lorsque règne l'obscurité de l'exil. L'enseignement des Sages va encore plus loin : même aux temps messianiques, lorsque la délivrance sera totale et absolue, la sortie d'Égypte sera encore mentionnée, bien qu'elle ne fut qu'une délivrance partielle, car elle constitue l'origine et le point de départ du concept même de délivrance, y compris de la délivrance messianique. En outre, la sortie d'Égypte présente l'atout d'avoir été le théâtre de la soumission du mal (alors que la délivrance messianique verra sa disparition totale).
Ainsi, si lors des temps messianiques la délivrance finale et la révélation de l'Infini divin constitueront l'essentiel, on continuera néanmoins à évoquer la sortie d'Égypte pour souligner que la délivrance messianique était recelée même par des situations marquées par les limitations, telles que l'exil, et qu'elle est donc indissociable de ces périodes de l'Histoire.
La sortie d'Égypte fut une délivrance incomplète alors que la délivrance messianique sera absolue. L'enseignement des Sages révèle que la mention de la sortie d'Égypte aujourd'hui contient en soi les temps messianiques : même aujourd'hui, en temps d'exil, nous devons évoquer et ainsi « amener » les temps messianiques. Que D. fasse que l'étude des sujets ayant trait aux temps messianiques nous donne le mérite de recevoir notre juste Machia'h aujourd'hui même.Nous nous permettrons de vous présenter la suite de cet exposé dans la prochaine « lettre de thora » intitulée « le début de la délivrance (III) ». |
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