18 Av 5771 – / Paracha : Eikev
Il arrive que des gens demandent comment l'attente impatiente du Machia'h peut-être compatible avec l'annonce du Talmud selon laquelle « C'est seulement si l'on n'y pense pas (« Be-essia'h hadaat ») que le descendant de David viendra ?
En fait les mots exacts du Talmud sont : « Trois choses viennent quand on n'y pense pas : le Machia'h, une trouvaille et un scorpion. » (Traité Sanhédrine 97a). Cela signifie que, à l'instar d'une trouvaille à laquelle on ne s'attend pas, le Machia'h se révélera soudainement, sans que l'on n'ait pu déterminer précisément ce moment à l'avance.
Certains objectent qu'il est rapporté dans cette discussion talmudique que lorsque Rabbi Zeyra a entendu les Sages débattre du thème de la Délivrance, il leur a dit « De grâce, ne l'éloignez pas ! », justifiant ses propos par le fait que le Machia'h doit venir « quand on n'y pense pas ». Cependant, ceci est éclairci par le commentaire de Rachi qui explique que ces Sages étaient en train de calculer des échéances pour savoir quand le Machia'h viendra. Rabbi Zeyra a donc voulu signifier que calculer des dates repousse la venue du Machia'h car celui-ci viendra « par surprise », sans que l'on s'attende à sa venue à un moment précis.
Aussi nous prions pour la Délivrance et nous l'espérons à chaque instant de la journée (selon le texte de la prière de la Amida), mais, de même qu'il est impossible de déterminer le moment où l'on fera une trouvaille ni celui où on croisera le chemin d'un scorpion, ainsi il est impossible de savoir quand la Délivrance messianique interviendra.
Au contraire, les deux autres sujets mentionnés, la trouvaille et le scorpion, soulignent à quel point la conscience de l'attente du Machia'h ne peut se faire en s'en désintéressant : un homme peut passer sa journée à chercher un objet perdu, il ne sera pas moins surpris de l'instant et de l'endroit où il le trouvera. De la même façon, un homme avançant avec précaution dans un endroit qu'il sait infesté de scorpions ne sait pas à quel moment il va se faire piquer. Ainsi en va-t-il de la Délivrance : nous y pensons, nous l'attendons, nous prions pour sa venue et nous nous y préparons, il est néanmoins clair que le moment précis de son avènement nous surprendra.
Le Maharcha explique le lien entre le Machia'h, une trouvaille et un scorpion dans un commentaire extraordinaire : « Si le Juif est méritant, la venue du Machia'h le surprendra comme le ferait une bonne trouvaille, elle le réjouira et lui profitera. S'il n'est pas méritant, la venue du Machia'h sera pour lui comme la mauvaise surprise d'une piqûre de scorpion. »
Les textes de la 'Hassidout donnent des interprétations encore plus profondes de ce passage du Talmud. L'une d'entre elles est que lorsqu'un Juif considère le monde qui l'entoure et arrive à la conclusion qu'il est logiquement impossible que le Machia'h vienne dans ces conditions mais, malgré cela, conserve toute sa foi en l'imminence de la Délivrance, il accomplit alors Essia'h hadaat, car sa foi en la Délivrance « dépasse sa pensée » et son intellect.
Que D.ieu nous préserve donc « d'écarter notre pensée » de la Délivrance elle-même. Au contraire, que cette attente emplie d'impatience nous donne le mérite de recevoir aujourd’hui notre juste Machia'h.
Extrait du livre "Yemot HaMashia'h" éd. Tseirei Agoudat Habad, Israël.
En chaque génération vit un homme qui attend avec impatience de pouvoir libérer son peuple de l’exil.
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