Le repentir de R. Avner
Le Rabbi de Loubavitch
Lorsque j’étais petit, mon maître raconta l’histoire suivante lorsqu’il enseigna la parachat Haazinou :
Rabbi Moché ben Na’hman, dit le « Ramban » ou encore « Na’hmanide », avait un disciple nommé Avner. Malheureusement, celui-ci suivit un mauvais chemin et finit par abjurer sa foi. Il eut beaucoup de succès parmi les non-juifs et devint un prince important.Voulant manifester sa haine du judaïsme, Avner envoya des soldats pour forcer Rabbi Moché à venir chez lui en plein Yom Kippour. Lorsqu’il fut arrivé, Avner égorgea un cochon, le dépeça, le fit cuire et se régala de sa chair, tout cela sous les yeux de son ancien maître.Il lui demanda alors avec arrogance : « Alors, que dites-vous ? Combien de péchés punis de karet ai-je commis ici ? »– Quatre, répondit Rabbi Moché.– Moi je dirai plutôt cinq, dit Avner. Voyez-vous, je...Mais devant le regard furieux que lui jeta le Ramban, Avner se tut. Il lui restait encore quelque respect pour son maître.Profondément attristé par ce qu’il venait de voir, le Ramban lui demanda : « Pourquoi as-tu abandonné ta foi ? »– Mais c’est à cause de vous ! Ou plutôt, d’un de vos enseignements, répondit Avner.Devant l’étonnement du Ramban, Avner poursuivit :– Un jour, lorsque nous étudiions la paracha de Haazinou, vous avez enseigné que tout ce qui existe dans le monde, ainsi que toutes les mitsvot, se trouve inclus dans cette paracha ! Je n’y ai évidemment pas cru. Comment un si petit passage de la Torah pourrait-il contenir tout ce qui existe ? C’est ridicule ! J’ai donc conclu que tout ce que vous enseignez est faux, Rabbi Moché. Voilà pourquoi j’ai abandonné le chemin de la Torah.Mais le Ramban ne se laissa pas décontenancer :– Je maintiens mes propos, Avner ! Oui, tout ce qui existe en ce monde est contenu dans la paracha de Haazinou.Avner ne s’attendait pas à cette réponse. Pourtant, il se ressaisit bien vite et rétorqua :– S’il en est ainsi, Rabbi Moché, montrez-moi donc mon nom écrit dans cette paracha...– Si tel est ton désir, je vais te le montrer, répondit le Ramban.Mais au lieu de se saisir du livre que lui tendait Avner, Rabbi Moché se rendit dans un coin de la pièce, se tourna vers le mur, et pria D.ieu de l’aider en cet instant et de lui ouvrir les yeux. D.ieu écouta sa prière. Il revint alors auprès d’Avner et lui dit :– Dans la paracha de Haazinou, chapitre 32, verset 26, lit la troisième lettre de chaque mot et vois ton nom.– Avner prit le livre et lut :אָמַרְתִּי אַפְאֵיהֶם אַשְׁבִּיתָה מֵאֱנוֹשׁ זִכְרָם(« J’ai dit : Je vais les réduire à néant, Je vais effacer leur souvenir de l’humanité. »)Effectivement, en prenant la troisième lettre de chaque mot, on obtient : ר' אבנר, « Rav Avner » !Lorsqu’il vit cela, Avner fut choqué. Il comprit qu’il s’était trompé. Il éprouva un profond regret et décida de faire téchouva.– Rabbi, dit-il, y a-t-il quelque chose que je puisse faire pour réparer ce que j’ai fait ?– Oui, répondit le Ramban. Accomplis ce que dit le verset : « Je vais effacer leur souvenir de l’humanité ». Fais en sorte que l’on ne se souvienne plus de toi.Sur ce, le Ramban s’en alla. Avner partit immédiatement au port, monta seul dans un bateau sans rames, et se laissa dériver là où le vent et les courants l’emporteraient. On n’entendit plus jamais parler de lui et « son souvenir fut effacé de l’humanité ».
Il y a, dans cette histoire, quelque chose de très surprenant, auquel on ne prête pas forcément attention lors qu’on la lit pour la première fois : pourquoi le nom d’Avner, l’ancien disciple du Ramban, apparaît-il dans la Torah précédé du titre de « Rav » (rabbin), sous la forme de la lettre ר' ? Il était pourtant un apostat et un homme vil et cruel ? Pourquoi la Torah l’appelle-t-elle « Rav Avner » et non simplement « Avner » ?
La réponse est que la Torah nous enseigne ici la puissance de la téchouva.
Lorsqu’un Juif fait une téchouva complète, la Torah l’appelle « Rav ». Bien qu’il fût tombé très bas, et même s’il se trouve encore à ce niveau, la Torah nous signifie qu’il finira par faire téchouva tôt ou tard, et il mérite d’être appelé « Rav ».
Cet enseignement est lié au thème global de la paracha de Haazinou, qui est généralement lue lors du Chabbat Techouva, le Chabbat se trouvant au milieu des Dix Jours de Techouva.
(Adapté de Hitvaadouyot du Rabbi de Loubavitch 5742 p. 109-110)
Que D-ieu protège et guérisse miraculeusement tous nos soldats comme chacun des enfants d'Israël, partout dans le monde, Qu'il venge leur sang, et qu'Il ne nous prodigue à partir de maintenant que des douceurs palpables à l’œil nu.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire