Machia'h arrive, le saviez-vous?
En chaque génération vit un homme qui attend avec impatience de pouvoir libérer son peuple de l’exil

dimanche 7 décembre 2014



Ani Maamine
par Yitzchak Dorfman

Le Rabbi de Modzitz, Rabbi Shaoul Yedidya Elazar, avait des ‘hassidim dans les principales villes de Pologne. L’un d’eux était Reb Azriel David Fastag, qui était réputé dans tout Varsovie pour sa voix exceptionnelle. De nombreux Juifs affluaient à la synagogue où Reb Azriel David et ses frères, qui avaient également été bénis de belles voix, priaient lors des Fêtes Solennelles. Reb Azriel David conduisait les prières tandis que ses frères l’accompagnaient en chœur. Sa voix nette, claire et émouvante faisait un profond effet sur tous ceux qui l’entendaient.
Reb Azriel David vivait simplement, gagnant sa vie en tenant une petite boutique de vêtements, mais son bonheur et son accomplissement venaient d’une autre source : le monde de la musique ‘hassidique. Les mélodies émouvantes qu’il composait faisaient leur chemin jusqu’à Otvoczk (une banlieue de Varsovie) où son Rabbi, Rabbi Elazar Shaoul Yedidya, les appréciait énormément. Le jour où un nouveau nigoun (mélodie) de Reb Azriel David arrivait était un jour de fête pour le Rabbi.
De sombres nuages ​​commencèrent à couvrir le ciel de l’Europe. Les nuages ​​du nazisme. Malgré les décrets terribles, l’insigne jaune et les ghettos, la plupart des Juifs ne pouvaient pas imaginer ce qui allait leur arriver. Seuls quelques-uns réussirent à échapper aux griffes de l’occupation nazie pour se rendre en lieu sûr. L’un d’eux fut le Rabbi de Modzitz, Rabbi Shaoul Yedidya Elazar, dont les ‘hassidim avaient déployé d’immenses efforts pour le sauver. Lorsque les nazis entrèrent en Pologne, les ‘hassidim le firent clandestinement passer de Pologne à Vilnius en Lituanie et, de là, il traversa la Russie jusqu’à parvenir à Shanghai en Chine pour finalement arriver en Amérique en 1940.
Pendant ce temps, en Pologne, des dizaines de milliers de Juifs étaient quotidiennement envoyés à la mort dans des wagons à bestiaux. Tirés de leurs lits chauds au milieu de la nuit à Varsovie, les maris étaient séparés de leurs épouses, les enfants arrachés des bras de leurs parents. Les personnes âgées étaient souvent abattues sur place, devant leurs proches. Les Juifs étaient rassemblés et envoyés dans ces trains vers un endroit où leur existence ne poserait plus de problème aux nazis : à Auschwitz, Treblinka, Maidanek.
À l’intérieur des wagons bondés, par-dessus le bruit du train, s’élevait le son de personnes haletant, soupirant, pleurant, mourant. On pouvait entendre les cris étouffés des enfants écrasés les uns contre les autres. Mais, dans l’un de ces wagons qui se dirigeait vers le tristement célèbre camp d’extermination de Treblinka, on entendait le son du chant.
Il semble qu’un vieux Juif, enveloppé dans ses vêtements en lambeaux, le visage aussi blanc que la neige, s’était rapproché de son voisin dans le train de la mort, le priant de lui rappeler l’air de Mareh Kohen que chantait le Modzitzer Rebbe pendant l’office de Yom Kippour.
« Maintenant ? Maintenant, ce que tu veux entendre, c’est des nigounim ? » lui répondit l’autre, lançant au ‘hassid un regard incertain et se demandant si toute cette souffrance ne lui avait pas fait perdre la tête.
Mais ce ‘hassid Modzitz, Reb Azriel David Fastag, ne prêtait plus attention à son ami, ou à quiconque dans le train. Dans son esprit, il était en prière, debout à côté de son Rabbi le jour de Kippour, et c’est lui qui menait la prière devant le Rabbi et tous les ‘hassidim.
Soudain, apparurent devant ses yeux les paroles du douzième des Treize Principes de la Foi Juive : Ani maamine béémouna sheleima, beviat hamashia’h ; veaf al pi sheyitmaméa, im kol zéh, akhakeh lo bekhol yom sheyavo – « Je crois d’une foi parfaite dans la venue du Machia’h, et même s’il tarde, malgré cela, j’attends chaque jour sa venue. » Les yeux fermés, il méditait sur ​​ces mots et cette idée : « C’est maintenant, quand tout semble perdu, que la foi d’un Juif est mise à l’épreuve. »
Il ne fallut pas longtemps avant qu’il ne commence à fredonner un air doux sur ces mots. Là, au milieu de la mort et du désespoir dans le train pour Treblinka, le ‘hassid se transforma en un pilier de chant, émettant de ses poumons exsangues le chant de l’éternité du peuple juif. Il n’était pas conscient du silence qui s’était fait dans le wagon à bestiaux et des centaines d’oreilles stupéfaites qui écoutaient attentivement. Il n’entendit pas non plus les voix qui se joignaient progressivement à son chant, d’abord doucement, mais bientôt de plus en plus fort.
Le chant passa de wagon en wagon. Chaque bouche qui possédait encore une once de souffle se joignit au Ani Maamine de Reb Azriel David.
Comme s’il se réveillait d’un rêve, Reb Azriel David ouvrit les yeux et vit le train qui chantait. Ses yeux étaient rouges, ses joues mouillées de larmes. D’une voix étranglée, il s’écria : « Je donnerai la moitié de ma part du Olam Habba (le Monde Futur) à quiconque amènera mon chant au Rabbi de Modzitz ! »
Un grand silence se fit dans le wagon. Deux jeunes hommes s’approchèrent, promettant d’apporter la chanson au Rabbi à tout prix. L’un grimpa sur l’autre et trouva une petite fissure dans le toit du wagon qu’il élargit pour faire un trou assez grand pour s’échapper. Passant sa tête sous le ciel ouvert, il dit : « Je vois le ciel bleu au-dessus de nous, les étoiles scintillent et la lune, avec un visage paternel, me regarde. »
« Et qu’est-ce que tu entends ? » demanda son compagnon.
« J’entends les anges qui chantent Ani Maamine, et cela monte jusqu’au sommet des sept firmaments ! »
Ils firent leurs adieux à leurs frères et sœurs dans le train et ils sautèrent l’un après l’autre. L’un fut tué sur le coup par la chute. L’autre survécut, emportant le chant dans sa mémoire. Il réussit finalement à atteindre la Terre d’Israël (arrivant peut-être chez le fils du Rabbi de Modzitz, l’auteur du Imrei Esh, qui se trouvait à Tel-Aviv), et les notes de la mélodie furent envoyées par la poste à Rabbi Shaoul Yedidya Elazar à New York.
Ayant reçu la mélodie du Ani Maamine de Reb Azriel David et après l’avoir entendue chanter devant lui, le Rabbi de Modzitz dit : « Quand ils chantaientAni Maamine dans le train de la mort, les fondations du monde tremblaient. Le Tout-Puissant a alors dit : “Chaque fois que les Juifs chanteront Ani Maamine, Je me rappellerai des six millions de victimes et J’aurai pitié du reste de Mon peuple.” »
On raconte que le premier Yom Kippour que le Modzitzer Rebbe chanta Ani Maamine, il y avait des milliers de Juifs dans la synagogue. Toute la congrégation fondit en larmes, qui allèrent grossir le bassin de larmes et de sang du peuple juif. La mélodie se répandit bientôt dans toutes les communautés juives du monde.
« Avec ce nigoun, déclara Rabbi Shaoul Yedidya Elazar, les Juifs sont allés aux chambres à gaz. Et avec ce nigoun, les Juifs marcheront pour accueillir Machia’h. »
Pour entendre le Ani Maamine de Reb Azriel David Fastag, cliquez ici.

Notice biographique :
Rabbi Shaoul Yedidya Elazer Taub (1886-1947), le second Rabbi de Modzitz, succéda à son père, Rabbi Israël, en 1920. Lors du déclenchement de la Seconde Guerre mondiale, il fuit la Pologne et finit par arriver à New York en 1940. Il parcourut les États-Unis, amenant Torah et nigounim à de nombreuses communautés. Il a sans doute été le compositeur ‘hassidique le plus prolifique de tous les temps, ayant composé près de 1000 mélodies. Certaines d’entre elles peuvent être entendues sur le site internet de Modzitz (www.Modzitz.org). Il était aussi connu pour son extraordinaire amour de la Terre Sainte. Lors du quatrième et dernier voyage qu’il y fit, en 1947, il avait l’intention d’y demeurer et de s’y installer, mais il quitta ce monde cette année-là. Il fut la dernière personne à être enterrée sur le mont des Oliviers à Jérusalem jusqu’à après la guerre des Six Jours.
Que D-ieu protège et guérisse miraculeusement tous nos soldats comme chacun des enfants d'Israël, partout dans le monde, Qu'il venge leur sang, et qu'Il ne nous prodigue à partir de maintenant que des douceurs palpables à l’œil nu.


En chaque génération vit un homme qui attend avec impatience de pouvoir libérer son peuple de l’exil.


Le contenu de cette page est produit par Chabad.org et les droits en sont réservés par l'auteur, et/ou Chabad.org. Si vous appréciez cet article, nous vous encourageons à le distribuer à vos connaissances, à condition de ne pas le modifier et d’inclure cette mention, de mentionner l’auteur et d’inclure un lien vers www.Fr.Chabad.org. Si vous souhaitez reproduire cet article dans un périodique, un livre ou un site internet, veuillez écrire à permissions@chabad.org.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire