Un moment de solitude
qui s'avère être... un moment de vérité
par Yossef Y. Jacobson
La Paracha de cette semaine relate l’histoire dramatique de Joseph, un jeune homme extrêmement beau, qui accapara l’esprit de la femme de son maître. Elle tenta désespérément de l’entraîner dans une relation intime, mais il ne cessa de refuser.
Et puis vint le jour fatal « quand il entra dans la maison pour faire son travail et aucun membre du personnel n’était à l’intérieur. Elle l’attrapa par son manteau et le supplia : « viens avec moi ». Il la fuit, laissant son manteau entre ses mains et se précipita à l’extérieur. »
Humiliée et furieuse, elle utilisa le manteau comme preuve qu’il avait tenté d’abuser d’elle. Son mari, Potiphar, fit emprisonner Joseph pendant les douze années suivantes jusqu’au jour où, par une succession étonnante d’événements, Joseph devint vice-roi d’Égypte.
La question qui se pose est la suivante : pourquoi cet épisode est-il relaté avec force détails dans la Torah ? L’objectif de ces chapitres est de raconter la manière dont la première famille juive arriva en Égypte. C’est pourquoi, nous lisons la vente de Joseph comme esclave en Égypte, sa condamnation à la prison et sa rencontre, en ces lieux, avec les ministres du roi. Cela aboutit finalement à sa libération et à sa nomination comme vice-roi du pays, dans une période critique de famine. C’est ce qui, en dernier ressort poussa son père et toute sa famille à émigrer en Égypte.
Pourquoi donc la Torah trouve-t-elle nécessaire de relater l’histoire de la lutte entre Joseph et la femme de son maître ? Qu’y a-t-il d’important pour nous à connaître les détails de l’épisode qui causa son emprisonnement ?
Le visage de Jacob
Le Midrach explique la phrase selon laquelle Joseph « entra dans la maison pour faire son travail et aucun membre du personnel n’était à l’intérieur ». Quel travail Joseph venait-il accomplir ?
Le Midrach indique que le « travail » de Joseph consistait, en fait, à céder aux avances de cette femme. Après toutes ses suppliques incessantes, Joseph était sur le point de succomber. Mais au moment où cette union allait se matérialiser, le visage de son père, Jacob, lui apparut soudainement. Cela l’incita à rejeter la tentation et à fuir.
A nouveau une interrogation nous assaille : qu’y avait-il dans le visage de Jacob qui puisse inspirer Joseph au point de repousser une telle tentation ?
L’esclave solitaire
Réfléchissons de plus près à la condition psychologique et physique de Joseph, en ce jour fatidique.
Joseph était un esclave de dix-huit ans, dans un pays étranger. Il ne possédait pas même son propre corps, puisque son maître exerçait un contrôle absolu sur sa vie. Il n’avait pas le moindre ami, pas un seul membre de sa famille près de lui. Sa mère, Rachel, était décédée alors qu’il n’avait que neuf ans et son père le croyait mort. Ses frères le haïssaient, c’étaient eux qui l’avaient vendu comme esclave et lui avaient dérobé sa jeunesse. On peut aisément imaginer le sentiment profond de solitude qui régnait dans le cœur de ce jeune homme.
C’est dans ce contexte qu’il nous faut comprendre le dilemme de Joseph. Une personne vivant dans une telle solitude peut non seulement succomber à des tentations d’une puissance extrême mais également ressentir qu’une action unique de sa part ne changera rien au cours ultime des choses.
Après tout, quel était le danger ? Il était probable que personne ne découvrirait jamais ce qui s’était passé. Joseph ne devait pas rentrer le soir chez lui pour affronter une épouse dévouée ou un père spirituel. Il ne devait pas non plus rejoindre une famille ou une communauté garantes de valeurs morales. Il se retrouverait seul, après les faits, tout comme il l’était avant. Alors quelle importance pouvait bien revêtir cet acte isolé ?
De plus, il nous faut prendre en considération la puissance que possédait cette noble égyptienne qui tentait de séduire Joseph. Elle était en posture de transformer sa vie en paradis ou en enfer. En fait, c’est ce qu’elle fit par la suite, le faisant incarcérer pendant douze ans sur des accusations fallacieuses.
Quel fut donc le secret de la rectitude morale de Joseph ? Qu’est-ce qui donna à un esclave solitaire et fragile la force de rejeter une tentation si grande ? « Le visage de son père Jacob » ! C’est ce qui donna à Joseph le courage extraordinaire de faire taire ses impulsions et de rejeter cette femme noble.
Mais pourquoi ? Jacob vivait à des milliers de kilomètres, ne sachant pas que son fils était en vie. Quelle magie résidait-elle dans sa physionomie ?
Le moment unique d’Adam
Le Talmud présente une tradition orale selon laquelle « la beauté de Jacob reflétait la beauté d’Adam » le premier être humain formé par le Tout Puissant Lui-même. C’est pourquoi, quand Joseph vit le visage de Jacob, il contempla également le visage d’Adam.
D.ieu, nous le savons, ordonna à Adam de ne pas goûter au fruit de « l’arbre de la connaissance ». Sa désobéissance altéra à tout jamais le cours de l’histoire de l’homme et du monde. Bien que son acte fût apparemment insignifiant : manger un fruit unique d’un arbre unique, cet acte, minuscule fût-il, continue à résonner dans la conscience de l’humanité jusqu’à ce jour.
Pourquoi ? Parce que chaque être humain fait partie du nœud par lequel le ciel et la terre sont liés. Le rêve de D.ieu n’est pas d’être seul mais d’avoir l’humanité comme partenaire dans la tâche continuelle de guérir le monde. Avec chaque action que nous accomplissons, soit nous avançons, soit nous obstruons l’avancée vers la Rédemption. Soit nous réduisons, soit nous renforçons la force du mal. Quelque chose d’éternel et de Divin est à la clé de chaque décision, de chaque mot, de chaque acte émanant de chaque homme, femme ou enfant.
Quand Joseph vit le visage d’Adam, il fut envahi d’une dignité inébranlable, comme une bougie de D.ieu allumée sur son chemin cosmique. Voir le visage d’Adam rappela à Joseph la façon dont chaque acte isolé, accompli dans un moment unique, par un individu solitaire, peut changer l’histoire pour toujours.
C’est là le sens de la narration que fait la Torah de cet épisode. Durant nos moments solitaires de désespoir, quand nous aussi pouvons sentir que personne ne se soucie de nous et que nous sommes seuls dans un univers gigantesque et indifférent, nous ne devons jamais tomber dans ce piège : l’issue facile d’une gratification immorale. Nous devons nous souvenir que quelque chose de très vrai et d’absolu est en jeu, à chaque moment de notre existence et dans chaque acte que nous accomplissons.
Si seulement nous ouvrons les yeux, nous pourrons voir le visage de notre père qui nous chuchote à travers les vents silencieux de l’histoire que nous ne sommes pas une créature isolée dans un monde titanesque, créature dont le comportement n’a aucune conséquence. A chaque instant, D.ieu a besoin de chacun de nous et de nous tous pour apporter la Rédemption dans Son monde.
Que D-ieu protège et guérisse miraculeusement tous nos soldats comme chacun des enfants d'Israël, partout dans le monde, Qu'il venge leur sang, et qu'Il ne nous prodigue à partir de maintenant que des douceurs palpables à l’œil nu.
En chaque génération vit un homme qui attend avec impatience de pouvoir libérer son peuple de l’exil.
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