Le Choul’hane Aroukh HaRav: systématisation, explication et arbitration
Le style législatif unique de Rabbi Chnéour Zalman de Lyadi
par le Rav Shlomo Yossef Zevin
Deux piliers de la législation halakhique qui ont façonné des époques entières de leur vivant et qui continuent de nous influencer – et ne cesseront jamais de le faire – sont le Michné Torah du Rambam et le Choul’hane Aroukh de Rabbi Yossef Karo.
Leur organisation spectaculaire, leur style épuré, leurs définitions précises, leur portée globale et l’immense autorité dont jouirent leurs auteurs, toutes ces qualités conjuguées ont assuré à ces œuvres une place éternelle dans le corpus littéraire halakhique et dans l’héritage du peuple juif. Les érudits comme les hommes du commun les étudient. L’homme du commun, pour choisir son chemin et savoir se comporter conformément à la halakha établie, et l’érudit, pour baser ses innovations halakhiques sur ces grands piliers.
Des centaines d’ouvrages périphériques ont été composés tant sur le Rambam que sur le Choul’hane Aroukh. Certains d’entre eux visent à fournir les sources originales qui sous-tendent leurs décisions, d’autres expliquent et élucident leurs paroles et leurs raisons et certains trouvent dans le Rambam ou le Choul’hane Aroukh une source qui justifie leurs propres innovations et dissertations.
Depuis qu’il a été composé et jusqu’à ce jour, le Choul’hane Aroukh est au cœur de la législation halakhique. Pourtant, le livre n’a jamais été clôturé. Outre les nombreuses œuvres périphériques autour du Choul’hane Aroukh, il y eut également d’autres œuvres indépendantes qui jouirent d’une pleine reconnaissance. Celles-ci s’inscrivent également dans le sillage du Choul’hane Aroukh, mais sans en être des commentaires directs.
Dans cette catégorie d’autorités législatives de premier plan se distingue comme étant particulièrement remarquable le « Choul’hane Aroukh » écrit par Rabbi Chnéour Zalman de Lyadi (1745-1812), auteur du Tanya, et premier Rabbi de l’école ‘Habad du ‘Hassidisme.
Il est généralement connu sous la simple appellation de « Choul’hane Aroukh HaRav » (« le Choul’hane Aroukh du Rabbin »), témoignant de la reconnaissance générale de son autorité. Le style raffiné et extraordinairement lucide de Rabbi Chnéour Zalman élève cette composition à un niveau sans égal. Le Choul’hane Aroukh HaRav est unique dans sa manière d’allier la concision à la clarté et la législation à l’explication.
Pourtant, la langue et la clarté des explications ne suffisent pas pour accorder à une œuvre une reconnaissance éternelle. Quel objectif Rabbi Chnéour Zalman s’était-il fixé dans ce travail ? De fait, ce n’est pas lui qui l’a fixé. Rabbi Chnéour Zalman mena à bien le projet que son propre maître, Rabbi DovBer « le Maguid » de Mézeritch, avait élaboré pour lui. Le passage suivant qui apparaît dans l’introduction du Choul’hane Aroukh HaRav, signé par les trois fils de Rabbi Chnéour Zalman, est édifiant :
Comme les besoins du peuple juif sont nombreux, surtout en ces temps difficiles où les dépenses augmentent, et le joug de la subsistance pèse sur chaque individu, avec son âme il acquiert son pain, et ils ont peu d’esprit pour s’engager dans une longue étude de l’océan des sources talmudiques et législatives, pour connaître la source de la loi et plus particulièrement les lois avec leur justification. Même les grands érudits qui ont la capacité et la renommée de leur connaissance du Talmud, ont du mal à arbitrer entre les différentes autorités législatives lorsqu’ils étudient pour obtenir une décision finale qui concorde... car dans la plupart des domaines il y a divergence d’opinions...Par conséquent, du ciel il a été décidé, par l’intermédiaire du saint Rabbi [Rabbi DovBer, le Maguid de Mézeritch] ci-dessus mentionné, de rechercher assidûment, parmi ses disciples, pour trouver un homme qui ait l’esprit de D.ieu en lui, et la capacité de comprendre et d’ordonner une législation claire... d’organiser toutes les lois établies qui sont consignées dans le Choul’hane Aroukh et toutes les autorités ultérieures dans un langage concis, en exposant leurs motivations. Il a choisi son honneur, notre saint maître et père [Rabbi Chnéour Zalman], et l’a exhorté et persuadé, en disant : « Il n’y a personne qui ait comme toi sagesse et compréhension, et qui puisse parvenir à la profondeur de la halakha et faire ce travail, une œuvre de sainteté, de mettre en lumière de façon concise l’essence des raisons des lois rapportées, y compris tous les mots de la jurisprudence antérieure et ultérieure, raffinés soixante-dix fois, chaque question à sa juste place, sans confusion et désordre, pour parvenir à la décision concluante qui soit claire et qui émane des paroles de tous les législateurs jusqu’aux savants de notre temps... »
En bref, ce sont trois principes fondamentaux que Rabbi Chnéour Zalman avait à l’esprit lorsqu’il commença à travailler sur son Choul’hane Aroukh : systématisation (« sans confusion et désordre »), explication (« les raisons des lois rapportées ») et arbitration (« la décision concluante qui émane des paroles de tous les législateurs »).
Prochainement : « 1ère partie : systématisation et clarté ».
Que D-ieu protège et guérisse miraculeusement tous nos soldats comme chacun des enfants d'Israël, partout dans le monde, Qu'il venge leur sang, et qu'Il ne nous prodigue à partir de maintenant que des douceurs palpables à l’œil nu.
En chaque génération vit un homme qui attend avec impatience de pouvoir libérer son peuple de l’exil.
Le contenu de cette page est produit par Chabad.org et les droits en sont réservés par l'auteur, et/ou Chabad.org. Si vous appréciez cet article, nous vous encourageons à le distribuer à vos connaissances, à condition de ne pas le modifier et d’inclure cette mention, de mentionner l’auteur et d’inclure un lien vers www.Fr.Chabad.org. Si vous souhaitez reproduire cet article dans un périodique, un livre ou un site internet, veuillez écrire à permissions@chabad.org.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire