26 Mar ‘Hechvan 5772
« Et tous les puits qui avaient été creusés ... à l’époque d’Abraham son père furent taris par les Philistins et remplis de terre... »
« Et Isaac recreusa les puits d’eau construits à l’époque d’Abraham son père... Et il les appela par le même nom que leur avait donné son père. »
(Béréchit 26, 15-18)
Abraham, Isaac et Jacob sont plus que les pères fondateurs de la nation juive : ce sont les pères fondateurs de l’âme juive. Ainsi étudions-nous leurs vies et analysons-nous chacune de leurs paroles et de leurs actions car ce sont là les fondements de notre identité et les assises de notre esprit et de notre caractère.
En Abraham, nous voyons une source intarissable de générosité juive et d’engagement social. En Jacob, nous voyons le prototype de la dévotion d’un Juif à l’étude. « La voix est la voix de Jacob, et les mains sont les mains d’Esaü ».
Mais qui fut Isaac ? Celui de nos Patriarches qui vécut le plus longtemps et celui dont on nous parle le moins. La Torah relate l’épisode de la Akeidah, « le sacrifice d’Isaac », mais le fait en tant qu’histoire d’Abraham, d’épreuve d’Abraham. Et puis vient le long chapitre décrivant tout ce qui est mis en œuvre pour trouver une épouse à Isaac, mais c’est Eliézer, le serviteur d’Abraham, qui est envoyé à ‘Haran et c’est lui qui est décrit comme la personne centrale dans le choix de Rivkah alors que les allées et venues de Isaac à ce moment-là restent inconnues.
Que fait Isaac ? Simplement, il reste sur place. C’est le seul de nos trois Patriarches qui, par commandement divin, ne sort jamais en dehors de la Terre Sainte. Et il creuse des puits.
La Torah consacre un chapitre entier aux activités entreprises par Isaac pour creuser des puits. Il nous est relaté qu’il rouvrit les puits qui avaient été creusés par Abraham et taris par les Philistins après la mort du Patriarche et que lui-même entreprit la construction d’une nouvelle série de puits. Et ensuite, bien qu’il vive encore plus de quatre-vingts ans, rien de plus n’est dit sur sa vie en dehors des bénédictions qu’il donne à ses enfants avant sa mort.
· Lors de sa confrontation avec Lavan au Mont Gilad, Jacob attribue sa persévérance et son succès à ‘Haran au « D.ieu d’Abraham et à la crainte d’Isaac ».
C’est là que réside la clé de l’énigme d’Isaac : Isaac représentait la crainte face à l’amour d’Abraham, la retenue face à son expansivité, l’effacement de soi face à l’affirmation de soi de son père. L’amour d’Abraham pour D.ieu et l’humanité l’emporta dans un voyage de son intériorité vers l’extérieur, sur les routes de la Mésopotamie, l’Egypte et Canaan. Le voyage d’Isaac fut un voyage intérieur, un voyage dans les profondeurs du moi, vers l’essence.
Isaac représente la crainte des Cieux dans le cœur juif : la discipline d’autocensure, son sacrifice silencieux, son humble crainte devant la majesté de son Créateur.
Abraham, lui aussi, creusa des puits, mais les siens furent comblés par les Philistins.
« D.ieu fit l’un en face de l’autre » est un principe fondamental de la création. Chaque vertu a son reflet dans le mal, à chaque force positive s’oppose une force négative correspondante.
L’amour aussi a son rival dans le mal. L’amour, après tout, est une affirmation de soi. C’est l’extension de soi qui permet de donner et d’être lié à l’autre. L’amour corrompu, c’est quand le soi s’exprime non pour donner à l’autre, mais pour prendre. Non pas dans l’amour abrahamique, mais dans la débauche philistine. Non pas dans la bienfaisante compassion, mais dans l’autosatisfaction égoïste.
Tant que vécu Abraham, seul l’amour pur s’écoula de ses puits vertueux. Mais, après sa mort, les Philistins s’approprièrent les fontaines d’amour qu’il avait établi dans le pays. Le mot hébreu pelichtim signifie « ouverts de part en part » ; Un amour pelichtim est désinhibé et indiscipliné. C’est un amour profane dénué du sens et de l’engagement caractérisant l’amour saint d’Abraham.
Ce fut Isaac qui rédima l’héritage d’amour d’Abraham. Lorsqu’ils furent creusés de nouveau par Isaac, les puits d’Abraham devinrent hors d’atteinte de la corruption des Philistins. Car l’amour qui jaillit d’un puits d’abnégation et de crainte de D.ieu est fidèle à sa source et à son objectif.
· Chaque Juif est l’enfant d’Abraham, d'Isaac et de Jacob. Chaque Juif possède leur amour, leur crainte et leur vérité ancrés dans le patrimoine génétique de son âme.
L’Abraham dans le Juif le presse à embrasser le monde. Mais l’amour, pour être véritable, doit être empreint de retenue : le père qui embrasse son fils avec toute la force de son amour va lui faire mal plutôt que de le réconforter. Isaac est la source de la discipline du Juif.
L’issue de ce mariage de l’amour et de la crainte est la vérité : la vérité qui canalise le flux d’amour du Juif dans le don, dans de saintes expressions ; la vérité qui met à profit sa retraite intérieure vers l'abnégation à des fins créatrices et constructives. C’est là l’héritage de Jacob, dans lequel l’amour d’Abraham et la crainte de Isaac s’allient en une vérité invincible.
Que D… fasse que notre Amour, notre Crainte et notre Sincérité dans notre service de D… quotidien nous donne le mérite de recevoir notre juste Machia’h aujourd’hui même.
Issu d’un discours du Rabbi de Loubavitch - Likoutei Si'hot vol. XV pp. 118-121 – Paracha Toldot
Que D-ieu protège et guérisse miraculeusement tous nos soldats comme chacun des enfants d'Israël, partout dans le monde, Qu'il venge leur sang, et qu'Il ne nous prodigue à partir de maintenant que des douceurs palpables à l'oeil nu
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire