9 Chevat 5772
Doué d’une mémoire phénoménale et d’un sens pédagogique hors du commun, le Rav Kahn – ou « Reb Yoël » comme les ‘hassidim l’appellent affectueusement – est, depuis que le Rabbi a pris ses fonctions en 1950, le « ‘hozer » principal, chargé de mettre par écrit les discours du Rabbi et de lui soumettre une version rédigée. À l’issue du Chabbat ou des jours de fête, lorsque l’enregistrement était impossible, les ‘hozrim à la tête desquels Reb Yoël retranscrivaient fidèlement de mémoire des discours de plusieurs heures!
La mémoire n’est toutefois pas la seule qualité du Rav Kahn. Il est l’auteur de nombreux ouvrages synthétisant la pensée ‘hassidique en général et celle du Rabbi en particulier.
Il nous livre ici le développement d’un aspect fondamental de l’œuvre du Rabbi : l’expression de l’Unité divine.
· L’indispensable soumission à D.ieu
Certains éléments peuvent laisser penser, quand on les examine superficiellement, qu’ils sont contradictoires, puis, à l’issue d’un examen plus approfondi, on s’aperçoit non seulement qu’ils ne le sont pas, mais, en outre, qu’ils découlent l’un et l’autre d’un seul et même point. L’un des exemples les plus frappants de cela est un principe fondamental du service de D.ieu, selon la conception de ‘Habad. Le Tanya, au chapitre 41 et de nombreux discours ‘hassidiques expliquent, en effet, que le principe premier du service de D.ieu est la soumission au Saint, béni soit-Il, l’acceptation du joug de Sa Royauté.
Pourquoi cette soumission est-elle si importante ? Parce que l’homme qui accomplit une certaine action uniquement parce qu’il en perçoit intellectuellement la valeur reste lié, ce faisant, aux limites de sa propre personnalité. Il agit alors en fonction de ce qu’il a compris et, de ce fait, la nature même de son service de D.ieu est remise en cause.
Il est nécessaire, en effet, de servir D.ieu, comme l’établit le verset (Exode 23, 25) : «Vous servirez l’Éternel votre D.ieu», comme le fait le serviteur qui met en pratique la volonté de son maître. En effet, le fondement du service de cet homme n’est pas sa propre existence, qui est insignifiante. C’est, bien au contraire, sa soumission, son assujettissement à son maître. Qu’il comprenne l’injonction qu’il lui donne ou non, il devra, en tout état de cause, se conformer à sa volonté. Cela veut bien dire que la base de son service est la soumission au maître.
Or, il en est strictement de même pour le service de D.ieu d’un Juif. Celui-ci est véritable lorsque ce Juif étudie la Torah et met en pratique les Mitsvot parce qu’il est soumis à D.ieu. Un Juif doit ressentir profondément cet assujettissement, s’astreindre à faire tout ce que D.ieu ordonne. C’est cette motivation qui le conduit à étudier la Torah et à mettre en pratique les Mitsvot. En revanche, s’il adopte le comportement de la Torah et des Mitsvot uniquement parce qu’il en comprend l’importance, il ne sert pas D.ieu !
Ce qui vient d’être dit conduit à adopter la conclusion suivante: la perception et la compréhension n’ont pas leur place dans le service de D.ieu. Elles concernent uniquement l’existence de l’homme, à titre personnel et elles vont à l’encontre de sa soumission, y compris de celle qui ne fait pas disparaître sa personnalité propre et, a fortiori, de celle qui en fait abstraction.
· L’importance de la compréhension
Malgré tout cela, la ‘Hassidout ‘Habad demande de faire intervenir également la compréhension, la réflexion et la méditation dans le service de D.ieu. De fait, c’est précisément le sens du mot ‘Habad, qui est constitué des initiales de‘Hokhma, la découverte intellectuelle, Bina, l’analyse raisonnée et Daat, la synthèse finale. La ‘Hassidout ‘Habad prône l’utilisation de toutes les forces de l’intellect pour le service de D.ieu et la perception divine. Or, si la soumission est essentielle, comme on vient de le montrer, pourquoi la compréhension est-elle nécessaire ?
Rabbi Yossef Its’hak raconte qu’une fois, un ‘Hassid offrit à l’Admour Hazaken une tabatière en argent. Mais, l’Admour Hazaken refusa de l’utiliser en y plaçant du tabac à priser et il justifia son attitude de la façon suivante. Faisant allusion au nez, il déclara:
« Il y a un membre, dans le corps de l’homme, qui n’est pas victime des passions. Veut-on, malgré cela, lui en inspirer ? » L’Admour Hazaken se servit donc de cette tabatière brillante comme d’un miroir pour vérifier que ses Téfiline de la tête étaient bien à leur place.
Une fois, on relata ce récit en présence du Tséma’h Tsédek, petit-fils de l’Admour Hazaken et quelqu’un précisa que l’Admour Hazaken avait dû casser le couvercle de la tabatière pour en faire un miroir. Le Tséma’h Tsédek eut alors la réaction suivante:
« Mon grand-père n’avait pas pour habitude de casser. Il n’a jamais brisé sa propre personne et il n’a pas brisé non plus celle des autres. Vraisemblablement, le couvercle était relié à la tabatière par un simple fil et mon grand-père a ôté ce fil. En revanche, il est certain qu’il n’a rien cassé. »
Ainsi, le Tséma’h Tsédek avait la certitude absolue, la plus profonde conviction que l’Admour Hazaken n’avait rien cassé intentionnellement, pas même un objet inerte et qu’il n’avait fait qu’ôter un fil. Le Rabbi commente ce récit, dans l’une des réunions ‘hassidiques et il souligne qu’il délivre un enseignement profond, applicable au service de D.ieu de chacun.
L’Admour Hazaken se servit du couvercle pour vérifier que ses Téfiline étaient bien à leur place. Or, les Téfiline ont pour objet d’assujettir le cerveau et le cœur de l’homme à D.ieu. On aurait donc pu penser que l’on réalise un tel assujettissement en mettant sa personnalité de côté et en la brisant. Le Tséma’h Tsédek précise donc que, chez l’Admour Hazaken, une telle cassure était inconcevable.
Ayant révélé la dimension profonde de la Torah et ayant défini ce qu’était l’Unité de D.ieu dans l’enseignement de la ‘Hassidout, l’Admour Hazaken ne voulait rien casser, rien exclure, ni sa propre personne, ni celle de son prochain, ni même un objet inerte.
Ainsi, même quand il s’agit d’assujettir son cœur et son cerveau au service de D.ieu, il n’y a pas lieu de casser. Le Saint béni soit-Il ne veut pas qu’un homme brise son cœur et son cerveau. Il doit, bien au contraire, les mettre à Son service.
· L’unité divine
La ‘Hassidout définit la notion d’Unité de D.ieu. Celle-ci signifie qu’il n’existe strictement rien d’autre que Lui, que tout est Divinité, mais que l’Existence de D.ieu ne remet nullement en cause celle des créatures. Bien au contraire, elle leur apporte l’élévation et la hauteur. Car, l’existence véritable de ces créatures est la Force de D.ieu qu’elles portent en elles et qui les animent. C’est cette force qui leur confère toute leur importance.
Rien au monde n’est totalement sans importance. Chaque détail de la création a sa raison d’être dans le Dessein divin. Chaque créature proclame, à sa façon, l’honneur du Saint béni soit-Il, à la mesure de ses facultés et de ses caractéristiques.
C’est précisément de cette manière que l’on doit observer toutes les créatures du monde. On doit se dire qu’elles ne remettent pas en cause l’Unité de D.ieu, ce qu’à D.ieu ne plaise. Bien au contraire, leur existence véritable est la Divinité, qui est à l’origine de leur création. De ce fait, elles ont une finalité, un but précis, qui leur est assigné dans ce monde. Et, tel est précisément le rôle du Juif, qui est chargé de mettre en évidence cette finalité divine en chaque aspect de la création en l’utilisant de la manière la plus juste, conformément à la Volonté de D.ieu.
· Révéler le bien de chaque chose
Pour être en mesure d’utiliser toutes les existences de la manière la plus juste, il faut ôter le « fil » qui les relie au mal. Certes, pour y parvenir, un intense effort est nécessaire. En effet, le monde a été créé de telle façon qu’il semble, à nos yeux, posséder une existence indépendante, séparée du Saint béni soit-Il. La matière semble liée aux forces du mal et à tout ce qui occulte la Divinité. Et, c’est précisément à un Juif qu’il incombe de faire disparaître cette impression.
Un Juif doit ôter le fil qui relie l’existence du monde aux forces du mal, introduire son propre effort afin de départir les créatures de la conscience de leur propre existence, mais il doit le faire sans les briser et sans les faire disparaître. Tout d’abord, un être créé, par lui-même, ne doit pas être brisé, car il est bon. Il révèle l’honneur du Saint béni soit-Il, dans le monde. Un homme avisé doit pouvoir faire la différence entre l’impression d’exister que ressent une créature et le bien qu’elle porte en elle. L’orgueil doit être rejeté, mais le bien, la finalité divine doivent être découverts et révélés.
Il en est de même également pour l’existence de l’homme. Il ne s’agit pas de rejeter et de supprimer son intellect et sa perception. Bien au contraire, il faut mettre en évidence que cet intellect a été créé par le Saint béni soit-Il, qu’il lui permet de comprendre et d’intégrer les concepts divins, tout ce qui est au-delà de sa propre existence. C’est précisément dans ce but que l’intellect a été créé.
Nous nous permettrons de prolonger cette étude dans une seconde « Lettre de Torah » intitulée «Mettre en évidence l’Unité de Dieu, Un fil conducteur dans l'action du Rabbi (II)».
Que D… fasse que notre soumission à D… tout au long de ces siècles d’exil nous donne le mérite de recevoir notre Juste Machia’h aujourd’hui même.
Extrait du recueil "Etincelles de Perfection - Galerie de portraits du Rabbi de Loubavitch" – Ed. Beth Loubavitch
Que D-ieu protège et guérisse miraculeusement tous nos soldats comme chacun des enfants d'Israël, partout dans le monde, Qu'il venge leur sang, et qu'Il ne nous prodigue à partir de maintenant que des douceurs palpables à l'oeil nu
En chaque génération vit un homme qui attend avec impatience de pouvoir libérer son peuple de l’exil.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire