Choisir notre mission
Adapté des enseignements du Rabbi de Loubavitch par Eli Touger
Un pilier de notre foi
Le Rambam écrit1 :
« Chacun peut devenir un juste comme Moïse notre Maître, ou mauvais comme Yerovam... Personne ne l’oblige, ne décrète son comportement ou le mène dans l’une de ces deux voies. Mais c’est lui, par sa propre initiative et sa propre pensée, qui se dirige vers le chemin qu’il désire...
Ce principe est un concept fondamental et un pilier [sur lequel reposent] la Torah et ses commandements, comme il est écrit2 : « Voici, J’ai placé devant toi ce jour la vie [et le bien, la mort et le mal]… c'est-à-dire que le choix est entre tes mains
Tout mortel agit comme il le veut et comme il le peut, que ce soit en bien comme en mal. Le Créateur n’oblige ou ne décrète aucunement que les gens fassent le bien ou le mal. Tout est laissé entre leurs mains ».
D.ieu n’a pas créé l’homme pour qu’il soit un automate. Il lui a donné, au contraire, un potentiel unique, le libre arbitre, qui le distingue de toute autre créature vivante.3 Toutes les autres sont régies par les lois de la nature ou par leurs instincts. Par contre, l’homme a la force de contrôler sa conduite et d’agir selon sa propre initiative.
Deux types de choix
L’exercice de notre libre arbitre réside au cœur de notre service divin. Nous avons la possibilité d’accomplir la volonté de D.ieu ou de l’ignorer, à D.ieu ne plaise, et le défi que nous devons relever est de « choisir » la vie,4 c’est-à-dire vivre notre vie selon le désir de D.ieu.
Il est, en particulier, attendu de nous deux types de choix positifs :
a) l’obéissance aux Mitsvot de la Torah : D.ieu nous a donné une série d’actes divers à accomplir et d’autres dont nous devons nous abstenir. Parfois l’accomplissement de ces actes ou l’observance des interdictions suscite en nous un combat car en agissant ainsi, nous allons à l’encontre de notre tendance naturelle ou de nos désirs. Notre liberté de choix nous permet d’avoir le contrôle et de nier tous les obstacles intérieurs qui contrent l’accomplissement de la volonté divine.
b) Former notre caractère en conformité avec la volonté divine même en dehors de tout commandement explicite. Il existe un domaine entier d’activités auquel on se réfère comme au Rechout, « ce qui est permis ». Il ne nous est pas dit quoi faire et quoi ne pas faire. Mais cela ne signifie pas qu’il n’y ait pas un mode de conduite approprié à toutes les situations, en accord avec l’esprit de ce que D.ieu demande de nous. Néanmoins, l’initiative est entre nos mains. Nous devons aspirer à découvrir en nous-mêmes la volonté de D.ieu et modeler nos caractères dans cette perspective.
Ces deux élans sont impliqués dans la Michna5 : « Fais de Sa volonté ta volonté de sorte qu’Il puisse accomplir ta volonté comme si elle était Sa volonté. Mets de côté tes désirs devant Ses désirs de sorte qu’Il puisse mettre de côté les désirs des autres avant les tiens ».
Mettre de côté notre volonté pour la Sienne , c’est relever le défi d’abandonner nos propres désirs pour obéir aux commandements de D.ieu.
Faire de Sa volonté la nôtre, c’est relever un plus grand défi encore, c’est former notre caractère pour qu’il reflète et exprime la volonté de D.ieu même dans des situations où le commandement de D.ieu n’est pas spécifique.
Prendre l’initiative
Cette tâche représente une expression plus complète de notre possibilité d’exercer notre libre arbitre.
Le fait que D.ieu nous ait donné un commandement, bien que nous ayons l’option d’y obéir ou non, nous éperonne pour obtempérer car chaque Juif possède en lui un désir naturel de servir D.ieu et de se conformer à Sa volonté.6
Bien plus, et à un niveau plus concret, quand la volonté de D.ieu est explicite, le choix est clair. En revanche, là où D.ieu n’a pas donné de commandement explicite, l’homme doit s’élever et se raffiner jusqu’à réaliser ce qui est attendu de lui. Le défi qu’il rencontre alors et le choix qu’il doit faire ont une portée bien plus profonde.
Une nouvelle phase
Cette approche du service divin représente la nouvelle dimension qu’apporte la lecture de la Paracha de cette semaine.
La lecture de Chela’h commence ainsi7 : Chela’h lekha, « Envoie pour toi ». Rachi explique que le peuple était venu vers Moïse avec la demande d’envoyer des explorateurs pour visiter Erets Israël et Moïse avait porté leur requête devant D.ieu.
D.ieu répondit : « cela dépend de toi. Je ne te donne aucun ordre. Si tu le veux, envoie-les ».
Cela représente une nouvelle phase dans la relation entre notre peuple et D.ieu. Auparavant, la Torah avait rapporté les commandements que D.ieu avait donnés à Moïse concernant la conduite du peuple. Elle avait aussi décrit certaines situations, comme par exemple la seconde opportunité pour offrir un sacrifice pascal8 : les Juifs avaient porté cette requête à Moïse qui, à son tour, l’avait relayée à D.ieu.
Mais même lors de ces occasions, D.ieu avait répondu par un commandement explicite. C’est là le premier cas où D.ieu laisse la décision à Moïse.
Construire l’édifice de D.ieu
Cette nouvelle approche, où l’initiative est donnée à l’homme, est associée à l’objectif de la mission des explorateurs, l’entrée de notre peuple en Erets Israël. Le but de la vie en Israël est de construire un édifice pour D.ieu dans les réalités de l’expérience quotidienne.
Et plus particulièrement cette résidence doit être entreprise par l’initiative humaine. Si elle avait été établie par une révélation céleste, elle aurait été incomplète. L’homme, comme il existe dans propre contexte et avec la force de créativité qu’il possède, n’aurait pu y être associé.
Quand, par contre, il transforme sa propre volonté et, sur la base de cette métamorphose intérieure, se met à agir sur son environnement, la demeure de D.ieu s’intériorise alors dans son existence.
Affronter l’échec
Puisque l’accent est mis sur l’initiative de l’homme, il existe une possibilité d’erreur.9 Le terme même de « libre arbitre » implique que l’on puisse prendre la mauvaise décision.
En fait, dans le récit de la Paracha, non seulement ce potentiel était présent, mais le mauvais choix fut celui des explorateurs. A leur retour, ils suscitèrent la panique dans le peuple juif, ce qui les fit redouter d’entrer en Israël.
Cependant, comme l’indique le récit de la Paracha,10 cette erreur peut être corrigée par la Techouva, le retour sincère vers D.ieu.
Là encore, c’est l’initiative humaine qui est soulignée. Car la Techouva implique que la personne pénètre dans le cœur de son être et fait jaillir cette force intérieure qui lui permet de rétablir le lien avec D.ieu ébranlé par un comportement impropre.
En fait, par la Techouva, l’homme atteint un niveau supérieur dans son service divin. Comme nous l’enseignent nos Sages11 : « les Justes parfaits ne peuvent se tenir devant un Baal Techouva ».
Néanmoins, la possibilité de Techouva existe même lorsqu’il n’y a pas de péché. Comme l’affirment nos Sages12 : « Machia’h motivera les Justes à se tourner vers D.ieu dans la Techouva ». Par de tels efforts, le niveau auquel conduit la Techouva n’aurait pu être atteint sans l’étape précédente.
C’est là l’expression ultime de la force d’accomplissement de l’homme : s’engager de sa propre initiative pour atteindre son objectif et se tourner vers D.ieu, animé par le lien incommensurable établi grâce à sa Techouva.
La mission de notre peuple
Les concepts que l’on vient d’aborder sont implicites dans le nom même de la Paracha. Chela’h signifie « envoie », indiquant que chaque personne, et au sens large le peuple juif en tant qu’entité, est envoyée, obligée de quitter son environnement naturel et chargée d’une mission.
Cette mission permet, à la fois pour l’individu et pour la collectivité, d’avancer et d’atteindre un niveau supérieur.
Au sens individuel, cela se réfère à la mission de chaque âme envoyée des royaumes spirituels pour se revêtir du corps et de l’existence matérielle.
C’est « une descente pour une ascension, »13 car l’âme utilisant des entités matérielles dans un but spirituel parvient à un palier supérieur.
Dans un sens plus large, cela se réfère à la mission du peuple Juif de faire de ce monde matériel une résidence pour D.ieu.
« Envoie » de continent en continent : notre peuple a œuvré dans cet objectif depuis des milliers d’années, ajoutant une dimension spirituelle à l’existence du monde par l’intermédiaire de son observance de la Torah et des Mitsvot.
Cet objectif n’est pas un but abstrait. Au contraire, nous sommes au seuil de la Rédemption et nous allons mériter l’accomplissement complet de la promesse de la lecture de notre Torah14 : « Je les ramènerai et ils connaîtront la terre ».
NOTES | |
1. | Michné Torah, Lois sur la Techouva 5:2-3. |
2. | Deutéronome 30,15. |
3. | Rambam, loc. cit. ; voir aussi Likoutei Torah, Vayikra 38b. |
4. | Deutéronome 30,19. |
5. | Avot 2:4. |
6. | Rambam, Michné Torah, Lois du divorce, fin du chap. 2. |
7. | Nombres 13,2. |
8. | Voir Nombres chap. 9. |
9. | Voir le commentaire de Rachi sur Nombres 13,2. |
10. | Voir le dialogue de Moïse avec D.ieu, Nombres chap. 14. |
11. | Berakhot 34b, cité par le Rambam (Michna Torah, Lois sur la Techouva 7 :4). |
12. | Zohar III, p. 153b ; voir aussi Likoutei Torah, Chir HaChirim 45a. |
13. | Cf. Makkot 8b. |
14. | Nombres 14,31.
Que D-ieu protège et guérisse miraculeusement tous nos soldats comme chacun des enfants d'Israël, partout dans le monde, Qu'il venge leur sang, et qu'Il ne nous prodigue à partir de maintenant que des douceurs palpables à l’œil nu.
En chaque génération vit un homme qui attend avec impatience de pouvoir libérer son peuple de l’exil.
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