Machia'h arrive, le saviez-vous?
En chaque génération vit un homme qui attend avec impatience de pouvoir libérer son peuple de l’exil

jeudi 11 septembre 2014



Il était un âne...
par Yanki Tauber

Il avait une ossature solide, une peau épaisse et un esprit têtu et, comme tous les ânes avant lui depuis l’aube de l’histoire des ânes, il était depuis sa naissance au service d’un maître.
Ce dernier mit de lourdes charges sur son dos : des marchandises et des produits agricoles qu’il devait emporter au marché. Mais l’animal restait immobile, à mastiquer de l’herbe.
Un homme passa et dit au maître de l’âne : « Quel animal têtu ! Frappe-le donc avec ton fouet. » Mais l’animal enfonça ses sabots plus profondément dans la terre et refusa de bouger.
Un autre homme passa et dit au maître : « Ton âne doit apprendre quel est son rôle. Sa charge est trop légère alors il se dit que la seule chose qu’on attende de lui est de mâcher son herbe. » Alors on apporta encore plus de casseroles et de poêles, de choux et de livres pour augmenter la charge de l’âne. La charge augmenta tant et si bien que l’animal s’effondra.
Un troisième homme arriva et dit : « À quoi bon cet animal imbécile, de toute façon ? Tu t’en sortiras bien mieux sans lui. Et tout cet attirail sur son dos est inutile, lui aussi, pour les hommes d’esprit. Abandonne ton animal et sa charge et suis-moi. Je vais te montrer la porte du ciel. »
Mais le maître de l’âne hésitait. Il aimait son âne. Il aimait aussi ses casseroles et ses poêles, ses choux et ses livres. Peut-être devrait-il les porter lui-même ? Mais il savait qu’il n’en serait pas capable à lui tout seul.
Un quatrième conseilleur arriva sur les lieux. « Ne frappe pas ton animal, dit-il au maître de l’âne. Ne le surcharge pas et ne l’abandonne pas. Aide-le. »
« L’aider ? », s’étonna l’homme.
« Aide-le à porter sa charge. Montre-lui que le poids est partagé, que ce n’est pas lui qui trime d’un côté pendant que tu t’enrichis de l’autre, mais une entreprise commune dans laquelle vous travaillez et vous bénéficiez tous les deux. Si tu vois en lui un partenaire plutôt qu’un esclave, ton animal en sera transformé. Son obstination deviendra de l’endurance et, au lieu de te résister, sa force sera à ton service. »
L'homme mit son épaule sous la charge de son âne. La bête se releva du sol et tendit ses muscles. L’homme, lui aussi, s’efforça en soufflant. Ensemble, ils transportèrent leur marchandise jusqu’au marché.

Rabbi Israël Baal Chem Tov (1698-1760) vécut à une époque de conflit entre le corps et l’âme.
C’était une époque de rustres et d’ascètes. Les « rustres » étaient en réalité des gens intelligents et sensibles, mais pour la plupart, incultes. La pauvreté et les persécutions les avaient privés d’instruction et les avaient confinés aux ateliers ou aux champs du matin jusqu’au soir. Ils étaient découragés, car il était communément admis qu’une vie consacrée à des préoccupations matérielles ne valait pas la peine d’être vécue.
Les « ascètes » constituaient l’élite de la communauté : des hommes qui passaient leurs jours et leurs nuits à étudier le Talmud et à se plonger dans des textes kabbalistiques. Ils jeûnaient fréquemment, dédaignaient les plaisirs corporels et s’écartaient de toutes les affaires de ce monde, car il était généralement considéré que le corps était l’ennemi de l’âme.
L’âme se serait volontiers débarrassée du répugnant animal qui lui avait été adjoint malgré elle. Mais elle avait un problème. Pour servir D.ieu adéquatement, l’âme devait accomplir des « mitsvot », des commandements divins. Et elle avait besoin du corps pour ce faire. Il lui fallait un corps pour mettre les téfilines sur son bras et sur sa tête ; il lui fallait un corps pour manger la matsa à Pessa’h ;  il lui fallait même un corps pour étudier la Torah ou pour prier. Le corps n’en restait pas moins un animal fruste et obstiné, préférant mastiquer des pâtisseries et des cornichons que de porter la charge de l’âme.
Ainsi, le corps et l’âme restaient-ils prisonniers d’un mariage fait de dépendance mutuelle, d’animosité et de mépris. Les ascètes tentèrent de soumettre leur corps en l’affamant et en le mortifiant et d’augmenter son fardeau dans l’espoir qu’il comprenne enfin. Les gens simples suivaient péniblement le pas. La charge de l’âme était trop lourde pour qu’un corps puisse la porter seul, de sorte que de nombreux corps s’effondrèrent en chemin.
Puis vint le Baal Chem Tov qui dit : « Ne battez pas votre animal. Ne le surchargez pas et ne l’abandonnez pas. Aidez-le. »
« L’aider ? » demandèrent les masses découragées.
« Aider l’animal ? » demandèrent les saints ascètes.
« Aidez l’animal, enseigna le maître ‘hassidique. Le problème tient au fait que le corps porte la charge de l’âme. Mais les mitsvot de D.ieu sont autant pour le corps que pour l’âme. Elles sont la marchandise du corps autant que celle de l’âme ! Les misvot raffinent le corps, l’élèvent et donnent un sens à son existence. Une mitsva est un acte bilatéral, accompli par une personne, c’est-à-dire par une âme et un corps réunis ensemble et agissant de concert. L’âme gravit les hauteurs spirituelles, et s’attache à D.ieu. Le corps creuse jusqu’à révéler l’essence de son être, et s’attache à D.ieu.
« Quand l’âme considère le corps comme un allié plutôt que comme un ennemi, quand l’âme nourrit et inspire le corps plutôt que de le frapper ; quand le corps ressent que les mitsvot sont sa propre charge et pas seulement celle de l’âme, alors sa force animale cesse de résister au fardeau et il s’emploie à le porter. »
Le Baal Chem Tov citait le passage suivant de la Torah :
Si tu vois l’âne de ton ennemi ployer sous sa charge, et que tu es tenté de lui refuser ton aide, tu l’aideras certainement avec lui. (Exode 23, 5)
Ce passage est issu de la paracha de Michpatim, qui contient un grand nombre des lois qui régissent le comportement civil et moral entre les individus. Le sens premier du verset concerne quelqu’un qui voit un âne surchargé s’effondrer sur la route et envisage de ne rien faire car il n’a jamais apprécié le propriétaire de l’âne. La Torah lui dit : « Bien qu’il s’agisse de l’âne de ton ennemi, tu dois l’aider. » Mais, comme toute chose dans la Torah, ce verset possède un sens plus profond. Un sens qui concerne notre vie intérieure.
Voici donc comment le Baal Chem Tov interprète ce verset :
« Si tu vois l’âne... » : quand tu considères ton corps [le mot hébraïque pour « âne », ‘hamor, signifie aussi « argile » (‘hèmar) et « matérialité » (‘homer)] et que tu le perçois comme...
« ...ton ennemi » : puisque ton âme recherche la divinité et la spiritualité et que ton corps entrave sa progression,
« ...ployer sous sa charge » : la Torah et les Mitsvot qui sont en réalité égalementson fardeau, le fardeau propre du corps, que D.ieu lui a donné pour le raffiner et l’élever ; mais le corps ne reconnaît pas cela et refuse la charge. Quand tu vois tout cela, il se peut...
« ...que tu sois tenté de lui refuser ton aide » : tu peux envisager de choisir la voie de la mortification de la chair pour briser la matérialité grossière du corps. Ce n’est toutefois pas dans cette approche que résidera la lumière de la Torah. Au contraire,
« ...tu l’aideras certainement avec lui » : nourris le corps, inspire-le, raffine-le et élève-le de sorte que l’âme et le corps se complèteront et se réaliseront l’un l’autre, et s’aideront l’un l’autre à porter la marchandise jusqu’au marché.
Que D-ieu protège et guérisse miraculeusement tous nos soldats comme chacun des enfants d'Israël, partout dans le monde, Qu'il venge leur sang, et qu'Il ne nous prodigue à partir de maintenant que des douceurs palpables à l’œil nu.


En chaque génération vit un homme qui attend avec impatience de pouvoir libérer son peuple de l’exil.



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mercredi 10 septembre 2014



Le repentir de R. Avner
Le Rabbi de Loubavitch

Lorsque j’étais petit, mon maître raconta l’histoire suivante lorsqu’il enseigna la parachat Haazinou :
Rabbi Moché ben Na’hman, dit le « Ramban » ou encore « Na’hmanide », avait un disciple nommé Avner. Malheureusement, celui-ci suivit un mauvais chemin et finit par abjurer sa foi. Il eut beaucoup de succès parmi les non-juifs et devint un prince important.
Voulant manifester sa haine du judaïsme, Avner envoya des soldats pour forcer Rabbi Moché à venir chez lui en plein Yom Kippour. Lorsqu’il fut arrivé, Avner égorgea un cochon, le dépeça, le fit cuire et se régala de sa chair, tout cela sous les yeux de son ancien maître.
Il lui demanda alors avec arrogance : « Alors, que dites-vous ? Combien de péchés punis de karet ai-je commis ici ? »
– Quatre, répondit Rabbi Moché.
– Moi je dirai plutôt cinq, dit Avner. Voyez-vous, je...
Mais devant le regard furieux que lui jeta le Ramban, Avner se tut. Il lui restait encore quelque respect pour son maître.
Profondément attristé par ce qu’il venait de voir, le Ramban lui demanda : « Pourquoi as-tu abandonné ta foi ? »
– Mais c’est à cause de vous ! Ou plutôt, d’un de vos enseignements, répondit Avner.
Devant l’étonnement du Ramban, Avner poursuivit :
– Un jour, lorsque nous étudiions la paracha de Haazinou, vous avez enseigné que tout ce qui existe dans le monde, ainsi que toutes les mitsvot, se trouve inclus dans cette paracha ! Je n’y ai évidemment pas cru. Comment un si petit passage de la Torah pourrait-il contenir tout ce qui existe ? C’est ridicule ! J’ai donc conclu que tout ce que vous enseignez est faux, Rabbi Moché. Voilà pourquoi j’ai abandonné le chemin de la Torah.
Mais le Ramban ne se laissa pas décontenancer :
– Je maintiens mes propos, Avner ! Oui, tout ce qui existe en ce monde est contenu dans la paracha de Haazinou.
Avner ne s’attendait pas à cette réponse. Pourtant, il se ressaisit bien vite et rétorqua :
– S’il en est ainsi, Rabbi Moché, montrez-moi donc mon nom écrit dans cette paracha...
– Si tel est ton désir, je vais te le montrer, répondit le Ramban.
Mais au lieu de se saisir du livre que lui tendait Avner, Rabbi Moché se rendit dans un coin de la pièce, se tourna vers le mur, et pria D.ieu de l’aider en cet instant et de lui ouvrir les yeux. D.ieu écouta sa prière. Il revint alors auprès d’Avner et lui dit :
– Dans la paracha de Haazinou, chapitre 32, verset 26, lit la troisième lettre de chaque mot et vois ton nom.
– Avner prit le livre et lut :
אָמַרְתִּי אַפְאֵיהֶם אַשְׁבִּיתָה מֵאֱנוֹשׁ זִכְרָם
 (« J’ai dit : Je vais les réduire à néant, Je vais effacer leur souvenir de l’humanité. »)
Effectivement, en prenant la troisième lettre de chaque mot, on obtient : ר' אבנר, « Rav Avner » !
Lorsqu’il vit cela, Avner fut choqué. Il comprit qu’il s’était trompé. Il éprouva un profond regret et décida de faire téchouva.
– Rabbi, dit-il, y a-t-il quelque chose que je puisse faire pour réparer ce que j’ai fait ?
– Oui, répondit le Ramban. Accomplis ce que dit le verset : « Je vais effacer leur souvenir de l’humanité ». Fais en sorte que l’on ne se souvienne plus de toi.
Sur ce, le Ramban s’en alla. Avner partit immédiatement au port, monta seul dans un bateau sans rames, et se laissa dériver là où le vent et les courants l’emporteraient. On n’entendit plus jamais parler de lui et « son souvenir fut effacé de l’humanité ».
Il y a, dans cette histoire, quelque chose de très surprenant, auquel on ne prête pas forcément attention lors qu’on la lit pour la première fois : pourquoi le nom d’Avner, l’ancien disciple du Ramban, apparaît-il dans la Torah précédé du titre de « Rav » (rabbin), sous la forme de la lettre ר' ? Il était pourtant un apostat et un homme vil et cruel ? Pourquoi la Torah l’appelle-t-elle « Rav Avner » et non simplement « Avner » ?
La réponse est que la Torah nous enseigne ici la puissance de la téchouva.
Lorsqu’un Juif fait une téchouva complète, la Torah l’appelle « Rav ». Bien qu’il fût tombé très bas, et même s’il se trouve encore à ce niveau, la Torah nous signifie qu’il finira par faire téchouva tôt ou tard, et il mérite d’être appelé « Rav ».
Cet enseignement est lié au thème global de la paracha de Haazinou, qui est généralement lue lors du Chabbat Techouva, le Chabbat se trouvant au milieu des Dix Jours de Techouva.
(Adapté de Hitvaadouyot du Rabbi de Loubavitch 5742 p. 109-110)
Que D-ieu protège et guérisse miraculeusement tous nos soldats comme chacun des enfants d'Israël, partout dans le monde, Qu'il venge leur sang, et qu'Il ne nous prodigue à partir de maintenant que des douceurs palpables à l’œil nu.


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mardi 9 septembre 2014

Weight Watchers

Le juste poids

par Mendel Kalmenson


« J’ai passé les meilleures années de ma vie à procurer aux gens les meilleurs plaisirs, à les aider à passer du bon temps, et tout ce que j’obtiens c’est d’être maltraité, c’est l’existence d’un homme traqué. »
Ce sont les mots d’Al Capone.
Oui, Al Capone, l’un des plus célèbres ennemis publics de l’Amérique, le sinistre chef de gang qui a mis Chicago à feu et à sang, a prononcé ces paroles se considérait comme un bienfaiteur public, un bienfaiteur incompris et méconnu.

Perdre du poids

« Ne commettez pas d’iniquité dans le jugement, avec de [fausses] mesures de poids et de liquide. Vous devez avoir des balances exactes et des poids exacts... Je suis l’Éternel votre Dieu, qui vous ai fait sortir du pays d’Égypte. »1
« [Je vous ai fait sortir d’Égypte] à condition que vous ayez des poids et des mesures précises. »2
Si la perte financière peut être mesurée, la perte d’intégrité ne peut pas l’être
Étonnamment, nous apprenons que la sortie d’Égypte était conditionnelle. Le Midrash ajoute même : « Si une personne refuse la mitsva d’avoir des mesures précises, c’est comme si elle nie la sortie d’Égypte ! »3
Avoir des poids justes est tellement important dans la Torah que, selon un Midrash,4 les Amalécites purent attaquer les Israélites parce que ceux-ci s’étaient relâchés dans l’observance de ce précepte.
Pourquoi une telle obsession du weight watching, de la surveillance des poids ?
Fait intéressant, l’interdiction relative aux poids défectueux inclut non seulement leur emploi, mais même leur possession,5 et même la création de poids imparfaits, indépendamment de leur usage futur.
Ce n’est pas simplement une mesure de précaution de sorte à éliminer toute tentation, ou pour s’assurer qu’ils ne seront pas utilisés par erreur. C’est la manifestation d’une tolérance zéro pour la fausseté.
Le mal inhérent au fait de posséder des poids défectueux a moins à voir avec la perte financière qu’il peut potentiellement causer qu’avec la perte d’intégrité.
C’est la raison pour laquelle une action en justice ne peut être intentée contre un voleur que si son butin s’élève à un minimum d’une proutah (la plus petite unité monétaire à l’époque talmudique), tandis que dans le cas de poids et mesures défectueux, aucun minimum n’est fixé.6
Car si la perte financière peut être mesurée, la perte d’intégrité ne peut pas l’être.
Cette idée éclaire le surprenant commentaire d’un éminent commentateur talmudique : « Il est possible que le fait de fabriquer de faux poids soit encore pire que celui de les posséder et de les utiliser... »7
On peut discuter sur le fait de savoir si la création de faux poids est pire que leur possession, mais comment peut-on prétendre que leur création est pire que leur utilisation pour voler concrètement ?
Sur la base de la distinction évoquée plus haut entre la perte d’argent et la perte de l’innocence, cette déclaration devient étonnamment claire.
L’un peut facilement être remplacé tandis que l’autre ne peut pas l’être.

La duplicité

Mais la perte d’intégrité n’existe-t-elle pas aussi dans le vol ? Pourquoi les mesures frauduleuses méritent-elles un traitement plus sévère ?
Celui qui détient de fausses mesures, en revanche, affirme au monde qu’il est honnête
De fait, il y a une grande distinction : le forfait du voleur moyen relève d’une malhonnêteté et d’un mal assumés. Celui qui détient de fausses mesures, en revanche, affirme au monde qu’il est honnête. « Regardez, proclame-t-il, j’emploie des poids et des mesures pour m’assurer que je ne vole pas le moindre centime ! » Et pourtant, tout en disant cela, il vole son prochain.
C’est un acte de duplicité.
L’essence du péché des fausses mesures – et ce qui le distingue de toutes les autres lois de la Torah destinées à protéger les biens personnels – est la duplicité.
Et la Torah interdit non seulement l’acte, mais aussi le fait d’en détenir chez soi les outils.
Car il n’est pas suffisant de ne pas tromper les autres ; on ne doit pas non plus se tromper soi-même.8

Interdit aux imbéciles

« Un ‘hassid n’est pas un imbécile », affirme un adage (évidemment) ‘hassidique.
Cette déclaration ne se réfère pas aux aptitudes intellectuelles, mais à une inébranlable conscience de soi.
Les ‘hassidim avaient coutume de dire que le seul crime qui soit pire que de tromper les autres, c’est de se tromper soi-même.
Dans une histoire, Rabbi Chmouel, le quatrième Rabbi de ‘Habad-Loubavitch, dit un ‘hassid à qui il manquait cette qualité ‘hassidique de base et qui croyait avoir tout le monde dans sa késhené (sa poche arrière) :
« Seul un imbécile croit qu’il dupe le monde. Il se trompe, évidemment, car le seul qu’il réussit à duper, c’est lui-même. Est-ce un grand kuntz [exploit ou astuce] que de duper un imbécile ? »
Dans les mots du Talmud : « La connaissance de la maladie est la moitié de la guérison. »
Sur une note plus légère, un homme d’affaires ignora une fois les conseils qu’il avait reçus de son Rabbi pour ses affaires. Malheureusement, il perdit une fortune et se retrouva avec d’énormes dettes.
Honteux et n’ayant pas d’autre choix, il se rendit chez son Rabbi pour solliciter une bénédiction.
« Comment puis-je t’aider ? » demanda le Rabbi, qui était au courant de sa perte.
Le ‘hassid lui répondit avec un conte :
« Le voleur du village s’introduisit une nuit dans une maison en passant par la cheminée.
Si vous tombez dans une cheminée, nettoyez-vous, et cherchez une sortie
« Après avoir secoué la suie et la poussière dont il était recouvert, il fut choqué de se retrouver face à face avec le rabbin du village qui avait passé la soirée à étudier.
– Puis-je vous aider ? demanda le rabbin distraitement.
– J’ai eu une question que je voudrais vous poser, répondit le voleur.
– Dites.
– Vi krikht men aroys foun danet ? (« Comment sort-on d’ici ? »)
Le Rabbi sourit.
Si vous tombez dans une cheminée, nettoyez-vous, et cherchez une sortie.

Quelle leçon pour nous ?

Un journaliste yiddish rendit une fois visite au Rabbi. Il parla du « vieux monde » et ils évoquèrent des souvenirs. Au passage, le Rabbi déclara : « Ici, en Amérique, quelques-uns des mois juifs du calendrier auraient besoin d’être renforcés. »
Le Rabbi poursuivit avec un jeu de mots : « Prenez, par exemple, le mois de‘Hechvan, qui vient de ‘Hechbone Hanefech » qui signifie auto-évaluation.
Si seulement nous renforcions notre introspection, notre auto-évaluation et notre prise de conscience, notre monde serait bien meilleur.
Imaginez ce que Chicago aurait été si Al Capone avait pratiqué une certaine dose de ‘Hechbone Hanefech.

NOTES
1.Lévitique 19,35-36.
2.Rachi sur le verset.
3.Torat Cohanim. Voir Korban Aaron sur ce passage.
4.Tan’houma 8. Voir aussi Rachi sur Deutéronome 25,17.
5.Même si on n’a aucune intention d’employer une mesure défectueuse pour une quelconque transaction commerciale et même, affirment nos Sages, si ce récipient de mesure sert dans l’immédiat seulement de pot de chambre ! (Maïmonide, Lois Relatives au Vol 7:3).
6.Maïmonide, ibid., 8:7.
7.Min’hat ‘Hinoukh, mitsva 258.
8.Basé sur un discours du Rabbi, publié dans Likoutei Si’hot vol. 27.
Que D-ieu protège et guérisse miraculeusement tous nos soldats comme chacun des enfants d'Israël, partout dans le monde, Qu'il venge leur sang, et qu'Il ne nous prodigue à partir de maintenant que des douceurs palpables à l’œil nu.


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lundi 8 septembre 2014

Le don du pauvre

Ne pas le sous-estimer

par Mendel Kalmenson



Au bout de trois millénaires, la mitsva de charité, donnée par D.ieu à nos ancêtres dans le désert, a doucement commencé à s’installer dans la réalité du monde.
La société d'aujourd’hui commence heureusement à mettre en valeur les actes de philanthropie.
Et bien que beaucoup de ces dons soient motivés par la publicité – les publicistes intelligents de notre époque savent que les actes charitables améliorent de façon substantielle la popularité de leurs clients –, cela même est édifiant sur la progression des valeurs morales de la civilisation moderne et de ses attentes vis-à-vis de ceux qu’elle adule.
La charité ne signifie pas seulement remplir des estomacs vides, mais également nourrir les cœurs malheureux...Ce que l’on perd souvent de vue, cependant, est le fait que la charité ne signifie pas seulement remplir des estomacs vides, mais également nourrir les cœurs malheureux, les esprits ignorants, les consciences perdues et les âmes stagnantes.
Alors qu’une désormais célèbre sentence juive statue : « Celui qui sauve une vie est considéré comme s’il avait sauvé un monde entier »,1 selon l’un des Sages du Talmud, « Celui qui enseigne la Torah au fils de son voisin est considéré par l’Écriture comme s’il l’avait créé. »2
En clair, la sagesse juive voit le sauvetage de la vie physique et le don de la vie spirituelle comme les deux côtés de la médaille de la charité. À certains, on donne de l’argent, à d’autres, on donne du sens.

Une leçon de charité

Plusieurs fois dans l’année, en général à l’époque de Roch Hachana et de Pessa’h, le Rabbi adressait une lettre ouverte « aux fils et filles d’Israël, où qu’ils se trouvent ». Elle était imprimée et distribuée aux communautés juives à travers le monde, traduite, publiée dans les journaux, etc. Ce qui suit est un extrait, en traduction libre, de la toute première « lettre collective » écrite par le Rabbi, datée du 18 Eloul 5710 (31 août 1950), quelques mois après la disparition de son beau-père, le précédent Rabbi de Loubavitch, Rabbi Yossef Its’hak Schneersohn.3
L’homme, comme toutes les créatures... possède à la fois un corps et une âme. Et tout comme il y a ceux qui sont pauvres dans leur corps et dans leurs besoins physiques, il y a aussi des pauvres dans l’esprit et dans les besoins spirituels. Aussi, la mitsva de la charité comprend-elle à la fois la charité matérielle et la charité spirituelle. Selon les paroles de nos Sages : « [Il est écrit :] “Si tu vois une personne dénudée, tu dois la couvrir.”4 Qu’est-ce que cela signifie ? Si tu vois une personne nue de paroles de Torah, emmène-la chez toi, apprends-lui à lire le Chéma et la prière, enseigne-lui... et enjoins-la d’accomplir les mitsvot... »5
Et voici la « bombe », un enseignement qui, à mon sens, défie l’intuition :
« Il n’existe pas dans le peuple d’Israël d’homme ou de femme qui ne puisse, d’une manière ou d’une autre, influencer son prochain juif » – Le RabbiEn ce qui concerne la charité matérielle, la loi stipule que le pauvre a aussi l’obligation [de donner], car même la personne la plus nécessiteuse peut trouver un moyen d’aider un autre pauvre.6 La même chose s’applique à la charité spirituelle. Il n’existe pas dans le peuple d’Israël d’homme ou de femme qui ne puisse, d’une manière ou d’une autre, influencer son prochain juif et le rapprocher de la crainte du Ciel, de la Torah et des mitsvot.
Dans le même esprit, le Rabbi citait souvent la merveilleuse parole ‘hassidique : « Si tu ne connais que aleph (la première lettre de l’alphabet hébreu), enseignealeph ! »
Mais comment est-ce possible ? nous demandons-nous immédiatement.
« Comment, moi qui suis un étudiant en difficulté avec peu d’éducation, un débutant, tout au plus, puis-je avoir la ‘houtspah d’enseigner à d’autres ce que je ne connais moi-même que si peu ? » sommes-nous tentés de demander.
Une bonne question, effectivement. Et, à la célèbre manière juive, on peut y répondre par une meilleure question encore, posée par le Rabbi dans l’entrevue suivante :
Herb Brin, un auteur réputé et rédacteur dans quatre journaux, rencontra le Rabbi après être devenu le rédacteur en chef du journal juif basé à Los AngelesHeritage. L’entrevue privée dura six heures. À un moment donné, l’échange suivant eut lieu : 
« Rabbi, je viens d’être nommé rédacteur en chef d’une publication juive. Le problème est que je ne connais que très peu de choses sur mon peuple et son héritage. Ai-je le droit d’émettre des jugements dans mes éditoriaux alors que je ne comprends pas l’hébreu, que mon éducation juive a été tronquée et que je ne sais que quelques fragments de Yiddish ? »
Le Rabbi le regarda dans les yeux et lui dit : « Avez-vous le droit de taire la part que vous connaissez ? »
Comment puis-je promouvoir la pratique d’un style de vie avec lequel je ne suis pas encore en phase ?Magnifique, mais qu’en est-il de cette question : disons qu’en tant qu’étudiant, j’ai le droit, voire l’obligation d’enseigner, d’informer, d’éduquer, de partager desinformations avec ceux qui ne sont pas informés. Mais comment oserais-je encourager les autres à observer lespratiques juives ? Comment promouvoir la pratique d’un style de vie avec lequel je ne suis pas encore bien en phase ?
Voilà encore une bonne question ; à laquelle on peut réponde par une meilleure question.
Un étudiant s’approcha du Rabbi au milieu d’un rassemblement ‘hassidique pour dire le’haïm. Le Rabbi se tourna vers lui et lui demanda s’il encourageait et aidait ses amis étudiants à mettre les Téfilines chaque jour.  « Mais, Rabbi, reconnut le jeune homme, moi-même je ne mets pas les Téfilines tous les jours ! »
« En quoi est-ce de leur faute... ? » répliqua le Rabbi avec un sourire.
En somme, le Judaïsme nous enseigne qu’il n’est pas nécessaire d’être riche pour donner au pauvre, d’être érudit pour enseigner à celui qui ne sait pas et d’être parfait pour aider les autres à se perfectionner.

NOTES
1.Sanhédrine 37a.
2.Ibid. 99b.
3.Publiée dans Iguerot Kodech vol. 3, p. 463-4.
4.Isaïe 58,7.
5.Tanna Devei Eliyahou Rabbah, chap. 27.
6.Code de Loi Juive, Yoreh Deah 248:1.
Que D-ieu protège et guérisse miraculeusement tous nos soldats comme chacun des enfants d'Israël, partout dans le monde, Qu'il venge leur sang, et qu'Il ne nous prodigue à partir de maintenant que des douceurs palpables à l’œil nu.


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