Machia'h arrive, le saviez-vous?
En chaque génération vit un homme qui attend avec impatience de pouvoir libérer son peuple de l’exil

jeudi 12 février 2015

Discours du Rabbi de Loubavitch sur l'instauration par JFK des Corps de ...


Moïse et le Machia’h

Des destins parallèles

par Menahem Brod

Nous ne savons pas de quelle manière se déclenchera la délivrance messianique ni comment le Machia’h se révélera. Mais malgré cela, la tradition nous permet d’avoir quelque idée du déroulement du processus messianique, car la délivrance d’Égypte constitue le précédent et le prototype de la délivrance future. La littérature talmudique et kabbalistique évoque à d’innombrables reprises la similitude entre ces deux événements, se basant essentiellement sur le verset de Michée : « Comme aux jours de ta sortie d’Égypte, Je lui montrerai des merveilles. »1
Le Sfat Emeth, par exemple,2 souligne qu’il convient de distinguer entre « la venue du Machia’h » et la délivrance proprement dite. Selon lui, de même qu’en Égypte Moïse vint dans un premier temps annoncer la délivrance du joug égyptien à venir et seulement ensuite eurent lieu les événements qui conduisirent à la Sortie d’Égypte, ainsi en sera-t-il de l’avènement messianique : en premier lieu le Machia’h annoncera au peuple juif que le temps de la délivrance est arrivé, mais sans qu’on en voie encore la concrétisation car celle-ci interviendra à une étape ultérieure.

Moïse dans la maison de Pharaon

Toutefois, le parallèle entre la délivrance d’Égypte et la délivrance messianique ne se limite pas au déroulement des événements, mais concerne également la figure du libérateur. De nombreuses sources comparent le goel richone, le « premier libérateur » au goel a’harone, le « dernier libérateur ». Les deux connaissent une période où ils sont révélés puis dissimulés, etc. Le lien entre eux est si étroit qu’il est dit : « Moïse est le premier libérateur et est le dernier libérateur. »3
L’un des aspects les plus surprenants dans le récit que fait la Torah de la vie de Moïse est que celui-ci fut élevé dans la maison de Pharaon. N’aurait-il pas mieux convenu, en effet, que Moïse, le maître de tous les prophètes, le libérateur d’Israël, grandît dans un saint et pur foyer juif ? Pourquoi fallut-il qu’il fût élevé dans la demeure de Pharaon, l’épicentre de l’impureté de l’Égypte ?
Le Midrache répond à cela de façon succincte : « La fille de Pharaon élève celui qui sera amené à faire payer son père. »4 et cite à ce propos le verset prononcé au sujet de ‘Hiram : « ...aussi ai-Je fait surgir un feu du milieu de toi »5. Par la suite, il enseigne qu’il en sera de même du Machia’h : « De même le roi Machia’h, qui sera amené à faire payer Édom, vivra avec eux dans la ville, comme il est dit : “...là-bas le veau viendra paître et là-bas il se couchera et il en broutera toutes les jeunes pousses.”6 » C’est-à-dire qu’aussi bien Moïse que Machia’h proviendront respectivement du royaume même qu’ils seront amenés à frapper.
Le Maharal de Prague développe abondamment ce sujet.7 Il relie cela avec le verset au sujet de Jacob : « Et sa main tenait le talon d’Ésaü. »8 Il explique que la sainteté et la kelipa – la force du mal9 – sont liées l’une à l’autre au point où c’est la kelipa elle-même qui donne à la sainteté la force de l’anéantir. À l’instar d’un fruit qui, « lorsqu’il est inachevé, se trouve dans son écorce, jusqu’à ce qu’il ait grandi et ait atteint sa plénitude ; puis, lorsqu’il est devenu grand, l’écorce tombe par la force de la croissance du fruit ».

« Il fera payer à Édom »

Ainsi Moïse, le libérateur d’Israël, devait-il grandir chez Pharaon, de sorte que s’accomplisse en lui qu’il « tenait le talon d’Ésaü » : il « tenait » la royauté égyptienne par son « talon », c’est-à-dire par son point de déchéance. C’est de là qu’il tira les forces qui lui permirent par la suite d’exercer sur elle le jugement divin.
Il en sera de même du Machia’h qui mettra un terme à la royauté d’Édom et fera disparaître l’esprit d’impureté de la terre : il devra pour ce faire connaître un processus dans lequel « il vivra avec eux dans la ville ». Le Maharal explique que, dans le verset d’Isaïe cité par le Midrache – « ...là-bas le veau viendra paître, et là-bas il se couchera » –, « le veau » désigne le Machia’h « avant qu’il n’ait atteint toute sa grandeur, tel un veau dont la croissance n’est pas achevée ». Au sujet de cette période, il est dit « là-bas le veau viendra paître » : c’est précisément de « là-bas » qui tirera ses forces. Puis finalement, « il en broutera toutes les jeunes pousses » : il anéantira la royauté d’Édom et fera disparaître l’esprit d’impureté de la terre.
Et le Maharal d’achever son explication sur ces mots : « Ce sujet est mystérieux même pour ceux qui comprennent... car il est d’une grande profondeur. »
Que D-ieu protège et guérisse miraculeusement tous nos soldats comme chacun des enfants d'Israël, partout dans le monde, Qu'il venge leur sang, et qu'Il ne nous prodigue à partir de maintenant que des douceurs palpables à l’œil nu.


En chaque génération vit un homme qui attend avec impatience de pouvoir libérer son peuple de l’exil.


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Un cri dans la nuit

Récit médiéval de la ville de Prague

par Nissan Mindel

C'était une nuit de Séli’hot. Les Juifs de Prague, par groupes compacts, prenaient à partir de minuit, le chemin de leur belle synagogue, dans le ghetto. Ils l'appelaient « l'Altneuschul ».
Quand l'office de Séli’hot fut sur le point de commencer, la Synagogue était déjà bondée de fidèles. Un coup d'oeil jeté sur ces derniers suffisait à montrer qu'ils avaient une conscience profonde de la signification de leurs prières. Ils s'étaient rassemblés pour exprimer à D.ieu leur repentir de tout acte répréhensible qu'ils avaient pu commettre, et leur résolution d'améliorer autant que possible leur conduite à l'avenir.
Comme le 'Hazane psalmodiait d'une voix douce, mais triste, les chants vieux comme le monde et que les fidèles lui répondaient dans un murmure, un cri perçant, qui secoua toute l'assistance, se fit entendre dans le lointain.
En ce trouble Moyen-Age, de tels cris n'étaient pas si insolites et même le plus souvent annonçaient-ils des jours sombres pour toute la communauté juive de la ville. La noblesse de ce pays – rarement titre fut moins mérité – ne pensait qu'à s'amuser, se souciant peu des sujets dont elle avait la charge, et moins encore des Juifs. Aucun devoir ne venait compenser les droits quelle s'arrogeait pour mener une vie exclusivement consacrée aux plaisirs. Les divertissements succédaient aux divertissements, ce qui nécessitait de plus en plus d'argent. Force était alors à ces nobles de s'endetter. Les échéances arrivant trop vite à leur gré, et rien n'ayant été prévu pour y faire face, quel moyen plus simple pour trouver les sommes nécessaires, que de les prendre aux Juifs ?
C'était la méthode à l'époque : des bandes de spadassins à la solde de ces maîtres abusifs étaient lancées à l'assaut du ghetto. Ces attaques-surprises contre les magasins des négociants leur permettaient de faire main basse sur tout ce qu'ils y trouvaient.
Quand, à la suite des premiers pillages, les Juifs allèrent protester auprès des nobles, ils furent reçus fraîchement. « Ne vous avons-nous pas permis, leur fut-il déclaré en substance, d’élever des murs autour de votre ghetto afin de vous protéger ? Si vos gardes ne sont pas suffisants pour veiller sur votre sécurité, doublez-en le nombre, mais, au nom du ciel, ne venez pas nous tracasser avec vos plaintes. Nous avons autre chose à faire ! »
Après quelques alertes du même genre, se rendant compte qu'ils ne pouvaient compter sur aucune aide de la part de leurs maîtres, les Juifs décidèrent de confier à des sentinelles plus nombreuses le soin de leur protection. Mais celles-ci devaient être payées pour le temps qu'elles consacraient à ce travail. La charge s'avéra bientôt si écrasante qu'il fallut renoncer à une garde permanente importante. Dès lors, aussitôt qu'une période d'accalmie semblait s'amorcer les hommes étaient renvoyés chez eux, et seul restait en service le vieil Azriel qui demeurait sur les murs mêmes du ghetto. Et comme sa fonction tenait plus du veilleur que du garde proprement dit, il avait pris auprès de lui, à la fois pour lui tenir compagnie et pour l'aider dans son travail, son petit-fils Réouven. Tous deux logeaient dans la tour de garde qui dominait la porte d'accès des murs.
Réouven était un jeune homme brave et intrépide. Aussi, si les temps avaient été moins troublés, son grand-père et lui eussent-ils suffi à décourager les rôdeurs. Malheureusement, les Juifs de Prague menaient à cette époque une vie faite de constante menace.
Le cri perçant déchira à nouveau l'air. Un frisson secoua les fidèles qui se mirent à prier avec une ferveur redoublée afin que la protection divine ne leur manquât point. Quelques-uns parmi les jeunes s'apprêtaient à quitter la Synagogue pour aller voir ce qui se passait quand ils virent entrer en titubant un homme aux vêtements salis et déchirés, hagard et presque méconnaissable.
– Mais c'est le vieil Azriel, dit tout à coup l'un des fidèles qui avaient entouré le malheureux.
Chacun savait ce que ce spectacle signifiait, on n'en pressa pas moins Azriel de questions. Il fallut quelque temps avant que ce dernier pût raconter par bribes, l'entrecoupant de sanglots qu'il essayait de réprimer, toute son histoire.
C'était encore une attaque-surprise des hommes à la solde des nobles. Ayant appris que la majorité des Juifs quitteraient leurs maisons pour aller assister à l'office de Séli’hot, ils avaient eu l'idée de pénétrer en force dans le ghetto aux premières heures du jour et d'opérer une rafle gigantesque juste pendant le temps où tous les hommes, absents, ne pourraient intervenir pour défendre leurs biens.
Le vieil Azriel et son petit-fils Réouven faisaient leur ronde quand des bruits suspects attirèrent leur attention. Réouven se pencha prudemment. Dans le noir il put à peine reconnaître un groupe d'hommes, armés jusqu'aux dents, qui se préparaient à escalader le mur.
Quand le premier d'entre eux parvint au parapet et commença à l'enjamber, Réouven, rassemblant toutes ses forces, lui donna une poussée si violente que l'assaillant, perdant l'équilibre, lâcha prise et alla se fracasser dans le fossé parmi ses acolytes. Il n'avait malheureusement pas été seul à entreprendre l'escalade. Deux de ses camarades réussirent à s'agripper à l'échelle. Azriel les vit et cria à Réouven de prendre garde. Mais avant que ce dernier put se retourner, ils lui plongèrent leurs épées dans le dos.
Démoralisé, Azriel garda cependant son sang-froid. Réouven était perdu.
Le grand-père, n'écoutant que la voix du devoir, se précipita afin d'avertir ses frères de ce qui se préparait. Les deux spadassins s'étaient déjà introduits dans le ghetto et ils seraient sûrement rejoints par leurs compagnons.
En hâte, les fidèles quittèrent la Synagogue et prirent le chemin de leurs maisons afin d'essayer de protéger leurs familles et leurs biens.
Le seul qui demeura fut Rabbi Alter Eigendorf, un vieil et vénérable érudit qui n'avait d'intérêt que pour les choses de la vie spirituelle. Le dernier fidèle venait à peine de quitter la Synagogue quand, débouchant d'une petite rue, apparut soudain l'un des nobles les plus redoutables nommé Gelting. Sa bande le suivait.
Ce Gelting s'était fait une triste réputation comme persécuteur des Juifs. Il avait poussé le cynisme jusqu'à prendre pour emblème l'insigne par lequel se distinguaient les Juifs et qui consistait en un cône jaune. Il l'avait fait peindre sur les cottes de mailles de ses spadassins et y avait ajouté un large rayon rouge qui le traversait.
Gelting était impitoyable quand il s'agissait des Juifs. S'ils osaient toucher à l'un de ses hommes, même en cas de légitime défense, il le leur faisait payer durement en recourant à de lourdes amendes ou même en les faisant tout bonnement arrêter, les jetant en prison d'où ils ne sortaient que longtemps après et à grand-peine.
– Allons, les gars, cria-t-il, jamais moment n'a été plus propice pour faire main basse sur l'or et l'argent que ces maudits Juifs cachent dans leur temple !
Cela dit, il fonça vers la porte de la Synagogue dans un gros éclat de rire, suivi par la bande d'énergumènes sur le visage desquels se lisaient à la fois la curiosité et la convoitise.
Quand ces forcenés firent irruption dans la Synagogue, ils s'arrêtèrent comme frappés de stupeur par la lumière particulière qu'ils y trouvèrent. Même Gelting, que rien ne faisait reculer, hésita à la vue du personnage plein de dignité qui se dressait devant lui. Rabbi Alter Eigendorf, le regard étincelant et le bras tendu, s'écriait :
– Arrière, assassins qui osez entrer dans la Maison de D.ieu l'épée au poing ! Il ne sera jamais permis à vos mains impures de profaner l'Arche Sainte qui garde un trésor trop grand pour que vous puissiez le saisir !
– Ha, ha, ha ! tonitrua Gelting. Et qui donc nous en empêchera ? Toi, peut-être, ou ton D.ieu qui se cache derrière le rideau ?
Ce disant, il monta rapidement les quelques marches qui conduisaient à l'Arone Hakodèche où se tenait Rabbi Alter Eigendorf, et bondit vers ce dernier l'épée menaçante.
Qu'arriva-t-il à ce moment à Gelting qui resta cloué sur place, comme s'il avait été changé en pierre ? Ses sbires qui le suivaient n'en pouvaient croire leurs yeux. Leur chef, ce combattant impavide et implacable, était là sans mouvement, telle une statue, fasciné par le regard de feu de ce vieillard juif.
Un long moment s'écoula, puis Gelting, dans un gémissement, s'écroula sans vie sur le sol.
Frappés de terreur, les hommes ramassèrent le corps de leur chef et quittèrent en silence la Synagogue, se frayant un passage à travers la foule de Juifs revenus à temps pour assister à la scène dramatique qui mettait aux prises le bandit Gelting et leur rabbin.
Jamais Séli’hot ne furent récitées avec plus de ferveur dans la Synagogue qui avait été le théâtre de tant de miracles proclamant la présence et l'appui de D.ieu dans les moments où Son peuple en avait le plus besoin ! Pendant des siècles, l'épée de Gelting fut un témoignage tangible de l'événement extraordinaire qui avait eu lieu cette nuit-là, en ces années enveloppées de ténèbres.
Que D-ieu protège et guérisse miraculeusement tous nos soldats comme chacun des enfants d'Israël, partout dans le monde, Qu'il venge leur sang, et qu'Il ne nous prodigue à partir de maintenant que des douceurs palpables à l’œil nu.


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Israël: un gardien pour D.ieu
par Eliahou Dahan

Parmi les nombreuses mitsvot énoncées dans la paracha de Michpatim, nous trouvons une série de lois qui concernent le gardiennage et l’emprunt. La Torah énonce quatre catégories de gardiens :
  1. Un gardien bénévole
     
  2. Un gardien rémunéré
     
  3. Un locataire
     
  4. Un emprunteur
Le Chnei Lou’hot HaBerith – un des plus célèbres exégètes – indique que ces quatre catégories de gardiens correspondent à quatre tendances dans le service de D.ieu. En effet, chaque Juif peut être considéré comme un gardien chargé de la protection de l’univers. C’est en observant la Torah et les mitsvot qu’il mène à bien sa mission.
Le premier niveau – le plus élevé – est celui du gardien bénévole. Son seul objectif est de garder les biens du propriétaire sans avoir aucune autre considération et sans attendre quelque avantage. Une telle personne sert D.ieu avec une intense dévotion et son seul but est de servir son Maître ; à ce niveau, elle est indifférente aux récompenses qu’elle pourrait recevoir pour ses actes. Maïmonide définit ainsi ce personnage : « Il sert D.ieu par amour… sans autre considération… Il fait ce qui est vrai parce que c’est vrai. »
Le deuxième niveau est celui du gardien rémunéré. Cette personne est, elle aussi, dévouée entièrement au propriétaire, néanmoins, elle attend une contrepartie pour ses efforts. Cela représente le Juif qui sert D.ieu avec un véritable enthousiasme en espérant, cependant, être récompensé pour sa pratique de la Torah et des mitsvot.   
Le troisième degré est celui du locataire. Cet homme paie pour utiliser les biens du propriétaire. Son but est de tirer profit de l’objet, néanmoins, il estime logique de rétribuer le propriétaire pour ce privilège. Ainsi, certains ont pour but de jouir des plaisirs de ce monde tout en étant reconnaissants envers le Créateur. Ce type de Juif sert D.ieu uniquement dans les limites du devoir.
Le degré le plus bas est celui de l’emprunteur. Cette personne ne pense qu’à son intérêt et ne sent aucune obligation de rétribuer son bienfaiteur. Dans le service de D.ieu, ceci symbolise l’homme qui profite de ce monde sans se soucier de « payer » le Créateur pour Sa bienfaisance.
Toutefois, l’emprunteur est quand même appelé « gardien », car il observe, lui aussi, la Torah et les mitsvot en dépit du fait qu’il ne voit pas de lien entre ses actes et les bénédictions qu’il reçoit en contrepartie. Il considère que tout ce qui lui arrive de bon dans la vie lui revient naturellement.
Que vaut, alors, la mitsva d’un tel homme ? Nos sages nous enseignent : « Une personne doit toujours appliquer la Torah et les mitsvot, même si cela n’est pas désintéressé. » Car nous considérons qu’il en viendra, par la suite, à l’appliquer par amour de D.ieu. S’il agit simplement aujourd’hui, il atteindra, un jour, le niveau du gardien bénévole.1

NOTES
1.Adapté de Likoutei Si’hot vol. 31
Que D-ieu protège et guérisse miraculeusement tous nos soldats comme chacun des enfants d'Israël, partout dans le monde, Qu'il venge leur sang, et qu'Il ne nous prodigue à partir de maintenant que des douceurs palpables à l’œil nu.


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mercredi 11 février 2015

Le rabbi De Loubavitch: Un Homme contre le torrent



La Tora, Batman et vous 

Être religieux ne signifie pas que vous êtes devenu une sorte de moule à gâteau qui a largué votre personnalité et que vous êtes juste un bon petit soldat...

La version anglaise du site Breslev Israël a publié il y a quelques mois l'histoire du rabbin Cary Friedman, auteur de “Spiritual Survival for Law Enforcement” (“La survie spirituelle pour l'exécution de la loi”), un manuel pour le bienfait de l'âme et qui est utilisé aux États-Unis par la police, le FBI et la Patrouille Frontalière. Vous serez peut-être surpris de découvrir que si ce n'était pas grâce à l'obsession de jeunesse du rabbin Friedman par rapport à tout ce qui concerne Batman, ce livre n'aurait jamais été écrit.
En fait, ce dessin animé, qui pour certains peut sembler stupide, a été pour le rabbin Friedman, un réel pont qui la relié à la Tora et l'a fait devenir rabbin, professeur, auteur, et conférencier qui nous aide tous à trouver notre propre chemin vers la Tora et Hachem. Son livre “Wisdom from the Batcave” (“Sagesse de la caverne de la chauve-souris”) illustre de manière charmante de quelle manière nous pouvons trouver notre chemin vers Hachem dans notre propre vie, même si cela peut se passer quelques fois en des lieux surprenants.
 
C'est un message fantastique et d'une énergie élevée. Hachem a donné à chaque homme et femme sa propre et unique mission accompagnée d'expériences de vie et les moyens pour les stimuler !  
Le rabbin Friedman explique : "Être religieux ne signifie pas que vous êtes devenu une sorte de moule à gâteau qui a largué votre personnalité et que vous êtes juste un bon petit soldat. Il y a de nombreuses sources dans la Tora qui rejettent cela, qui le rejettent avec véhémence. Il y a quelque chose que vous avez : D-ieu vous a donné une compétence, un talent, une obsession, un hobby unique ou peu importe quoi, et vous pouvez utiliser cela pour rendre le monde meilleur.
Vous pouvez l'utiliser pour le combiner avec la Tora et cette association peut produire une synergie phénoménale."
Le rabbin Friedman a été “éduqué” par Batman. Ce personnage de bande dessinée a éveillé quelque chose en lui. Les leçons qu'il a intériorisées des histoires à propos du “Croisé masqué”, ainsi que ses cercles d'amis ont satisfait son éducation religieuse. Étonnant n'est-ce pas ? Les deux mondes se sont mêlés d'une manière unique et ils sont devenus actifs dans sa propre vie. Une fois adulte, il a utilisé son amour pour Batman pour expliquer les principes éthique et moral profonds à ses élèves, faisant ces concepts profonds plus réalisables en montrant que la Tora n'est pas déconnectée de nos vies mais qu'au contraire, elle fait partie intégrante de la vie de chacun-e.
 
À écouter le rabbin Friedman, il semble que l'histoire de Batman soit en fait assez profonde, même si elle est destinée aux enfants ; c'est cette profondeur caché que peut la relier aux idéaux de la Tora sans trop de difficultés. Voici quelques thèmes que l'on retrouve souvent chez Batman : l'amour de la famille et des amis, travailler ensemble pour triompher du mal, se concentrer sur notre volonté de vouloir quelque chose, l'importance de développer l'esprit ainsi que le corps, bien travailler simplement pour le bénéfice du travail bien fait, ne pas rechercher les honneurs...
 
Batman n'est pas votre tasse de thé ? Pour moi, c'est plutôt la passion pour les arts visuels et trouverHachem dans chaque peinture et sculpture que j'aime. Pour d'autres personnes, cela peut vouloir dire composer des chansons qui décrivent nos luttes spirituelles en s'accompagnant d'une guitare électrique ; pour d'autres encore, cela veut dire entretenir un jardin organique de manière à nourrir ceux qui ont faim, la liste est sans fin et chaque personne est libre d'ajouter sa propre spécificité.
 
Le rabbin Friedman explique : "Je n'arrive pas à penser à quoique ce soit qui ne pourrait pas être utilisé au service de la Tora, de D-ieu et de l'humanité ; je ne peux pas penser à une chose qui se trouve en dehors de ce cadre. Quoi que vous utilisiez, si vous le faites en pensant à la Tora, c'est phénoménal." 
 
Les Bnei Noah peuvent profiter de cette approche si leur but consiste à adopter l'unicité qui nous fait souvent défaut. Au lieu d'avoir l'attitude du “le jardin du voisin est plus vert que le mien”, ce qui signifie que nous pensons que quelque chose n'est pas normal dans notre situation, notre vie... il nous faut renversez la situation. Partant, nous remercions Hachem pour notre position singulière. Nous ne sommes pas comme tout le monde, et il y a un immense potentiel dans notre situation de Bnei Noah.
 
Par conséquent vous n'avez pas besoin d'être une autre personne. Vous êtes ce que vous êtes ! Il y a sans doute quelque chose de fantastique et d'important que vous êtes le ou la seul(e) à accomplir. Le rabbin Friedman écrit : "Dans le personnage de Batman, j'ai trouvé ce caractère qui consiste à être sûr-e de soi, confiant-e de ses propres qualités, de ses capacités et de son pouvoir sur le monde pour faire la différence. Que peut faire une personne ?
 
Elle peut faire beaucoup... C'est étonnant ce qu'elle est capable d'accomplir, même si elle est seulement un être humain frêle. J'ai trouvé que cette image puissante est réellement ce que la Tora attend de nous. Nous ne sommes pas des récipiendaires passifs, nous ne sommes pas juste des sortes de spectateurs dans le travail complet de la création. Nous sommes des partenaires actifs de D-ieu."
 
Le rabbin Friedman pense que les Bnei Noah sont des personnes formidables parce que nous savons que même quelques non juifs-ves qui vivent d'une façon différente peuvent laisser une empreinte durable dans ce monde. “J'étais rabbin dans la ville de Duke pendant quatre ans, et j'ai eu plusieurs échanges enrichissants avec des groupes de Bnei Noah ou des personnes isolées qui se définissent comme telles.
 
J'ai souvent été surpris par la force de caractère de ces personnes, par leur capacité à dire : 'Je vais tourner le dos entièrement à tout ce qu'on m'a appris jusqu'à ce jour et rejeter toutes les attentes que les autres ont de moi. Les gens croient toute sorte de choses à mon sujet, néanmoins je suis sur mon chemin.'"
 
"Les Bnei Noah que j'ai rencontrés sont si passionnément dévoués à la vérité que je pourrais en être jaloux ! Je me souviens d'une personne en particulier qui m'a dit : 'J'ai le sentiment de ne pas appartenir à ce monde (le monde des chrétiens), et de ne pas appartenir à celui-là (le monde des juifs-ves) ; je lutte pour comprendre où je me trouve.' J'ai demandé à cette personne :
 
'Dans la mesure où cela ne semble pas facile, pour quelle raison, vous vous soumettez à tout cela ? Elle m'a répondu : 'Je reconnais la vérité, et c'est ce que l'on attend de moi, c'est ce que D-ieu veut de moi. Mon destin n'est pas d'être un juif, mais quelque chose d'unique que je peux apporter dans le monde par rapport à ma place et mon rôle. Les autres choses ne font pas partie de mon destin. Tout cela, c'est moi.' "
 

Il continue : “Voilà ce qu'est Batman : sa force et sa détermination ! Il sait ce qu'est la vérité. Même s'il est le seul, et que la vérité lui montre un nouveau chemin à suivre, il le suit. Les Bnei Noah avec lesquels j'ai été en contact ne sont pas intéressés-es à suivre une monde. Plutôt, il est question de savoir ce que leur néchama (leur âme) leur dit de faire. C'est impressionnant. Les gens qui sont comme cela ont mon admiration, mon respect. Je pense qu'ils sont tout simplement fantastiques.”


Que D-ieu protège et guérisse miraculeusement tous nos soldats comme chacun des enfants d'Israël, partout dans le monde, Qu'il venge leur sang, et qu'Il ne nous prodigue à partir de maintenant que des douceurs palpables à l’œil nu.

En chaque génération vit un homme qui attend avec impatience de pouvoir libérer son peuple de l’exil.


La clé de fer

Une histoire du Moyen-Âge

par Nissan Mindel

Non loin de la ville de Rothenburg – où, il y a environ sept cents ans, le célèbre Rabbi Meïr avait sa Yéchivah – vivait un forgeron juif nommé Issakhar. Son atelier se trouvait dans un bocage où poussaient des arbres toujours verts au bord d’une route qui en reliait deux autres. Celles-ci longeaient respectivement deux fleuves : le Main et le Neckar, et étaient fort fréquentées par les marchands et les chevaliers qui voyageaient, dans un sens comme dans l’autre, entre l’Allemagne et l’Italie.
Issakhar était grand et fort. Naturellement bon, il était toujours disposé à rendre service et les voyageurs juifs aimaient à faire halte dans son humble maison où un lit dans le grenier et un modeste repas leur étaient toujours offerts.
De plus, ils étaient assurés de passer une soirée pleine d’agrément. Car Issakhar non seulement chantait fort bien, mais aussi il avait toujours une bonne histoire à raconter. À les voir, lui et sa femme, on ne pouvait que les penser parfaitement heureux.
Heureux, ils l’étaient, en effet, mais il leur manquait quelque chose pour l’être parfaitement : ils n’avaient pas d’enfant. Les années passaient. Ils eurent plus d’une fois l’idée d’en adopter un, mais qui aurait accepté de donner un enfant à un pauvre forgeron ? Ils finirent par accepter, sans s’y résigner tout à fait, la perspective d’une vieillesse solitaire. Mais une nuit d’hiver, alors que l’orage grondait, quelque chose arriva...

Un bébé !

Issakhar et sa femme étaient plongés dans un profond sommeil quand ils furent réveillés par des coups violents qui faisaient retentir la porte de fer de l’atelier. « Ce doit être un voyageur égaré », pensa Issakhar. Tout somnolent, il jeta un vêtement sur ses épaules et alla entrebâiller la porte. Personne. Il commençait à se demander s’il n’avait pas rêvé, quand une légère plainte parvint à ses oreilles.
Il ouvrit toute grande la porte. Une rafale de vent glacé lui projeta au visage une neige compacte et éteignit la bougie qu’il tenait devant lui. Guidé par les gémissements qu’il continuait à entendre, il tâtonna dans le noir. À un moment, ses mains rencontrèrent quelque chose qu’il prit pour un petit ballot. Il le ramassa avec précaution. C’était un bébé.
Tout excité par sa trouvaille, il referma vivement la porte et appela sa femme : « Viens, viens vite, Dinah, dépêche-toi donc ! »
Cette dernière accourut. Elle ralluma la bougie et jeta un coup d’œil sur le paquet que son mari tenait dans ses bras. Sans prendre le temps de réfléchir, elle se précipita vers la cuisine où la braise brillait encore doucement dans l’âtre. Elle la ranima, mit quelques bûches. Un instant après, le feu crépitait joyeusement. Dinah posa dessus un peu de lait à chauffer. Puis elle revint à la petite créature. Elle lui frictionna délicatement le corps tout bleui par le froid et l’enveloppa dans de chaudes couvertures. Ceci fait, elle lui donna un verre de lait chaud. Les couleurs revenaient peu à peu aux joues de l’enfant qui, visiblement satisfait de tous ces soins, ne tarda pas à s’endormir profondément.

Une découverte

Tout absorbés que fussent Dinah et Issakhar par le sauvetage de cette vie qui ne tenait qu’à un cheveu, ils n’avaient pas cessé de penser à ce mystère de l’apparition soudaine de l’enfant à leur porte.
Maintenant qu’ils avaient fait tout ce qu’il fallait et que le bébé dormait paisiblement dans le berceau improvisé à la hâte et qui n’était qu’un simple panier à linge, ils s’assirent en poussant un soupir de satisfaction et se regardèrent. Ils étaient heureux d’avoir sauvé ce petit être innocent, mais qui pouvaient bien être ses parents ?
Qui était ce mystérieux visiteur qui, à la faveur des ténèbres, avait abandonné l’enfant sur le pas de leur porte par ce froid glacial ?
– Voyons si rien dans ce qui emmaillotait le bébé ne nous permet de l’identifier, dit Dinah ; un billet peut être, ou quelque autre signe...
Ils commencèrent à examiner avec soin le petit tas de linge mouillé. Des couvertures en laine, des langes de qualité fine attestaient suffisamment que les parents de l’enfant appartenaient à une classe sociale plus qu’aisée. Mais alors, si ce n’était pas la pauvreté, quelle autre raison avait pu les amener jusqu’à se séparer d’un si beau bébé ?
Le mystère s’épaissit encore quand ils finirent par découvrir une petite bourse de soie. Ils l’ouvrirent. Elle contenait une chaîne en or d’une grande finesse au bout de laquelle pendait un médaillon. À l’intérieur de celui-ci, une minuscule clef de fer et un billet. Une main inexperte, mais ferme avait tracé en hébreu ces mots : « Je t’en supplie, bon Issakhar, prends soin de ma fille Rachel. Un jour nous reviendrons et nous te récompenserons pour ta peine. Aie confiance, et garde la petite clef. Elle ouvrira en son temps une serrure dont l’importance sera grande pour ma fille. »

Un bonheur sans mélange

Ce billet, au lieu d’éclaircir le mystère, y ajoutait au contraire. Au moins, Issakhar et Dinah étaient-ils heureux de savoir que l’enfant était juive, que ses parents les connaissaient et leur demandaient de prendre soin de leur fille.
Le forgeron et sa femme ne pouvaient savoir combien de temps celle-ci leur serait laissée. Mais ils étaient heureux, presque aussi heureux que si l’enfant était à eux. Déjà l’atmosphère de la maison se transformait par l’effet de cette nouvelle présence.
Les jours, puis les mois passèrent. Le bébé avait grandi et était devenu une belle et saine fillette pleine d’entrain. Pour qui comparait sa grâce, la délicatesse de ses traits et ses boucles noires au robuste forgeron aux cheveux roux, ou à sa non moins robuste épouse, il était difficile de penser que ceux-ci étaient les parents de celle-là.
Mais qu’importait ce contraste ! Rachel était profondément attachée à ses père et mère d’adoption et ces derniers le lui rendaient bien, car leur tendresse était grande. Le bonheur s’était désormais installé dans la maison du forgeron. Un bonheur d’où toute ombre avait enfin disparu.

Rabbi Mosès

Quand Rachel fut assez grande, Dinah lui enseigna tout ce qu’une enfant juive doit savoir et la fillette fit preuve à cette occasion d’une intelligence peu commune.
Mais bientôt, Issakhar et sa femme se rendirent compte de leur insuffisance en tant qu’éducateurs. Il fallut prendre un maître. Le bon forgeron dut puiser dans ses économies pour faire face à ces frais supplémentaires. Un jeune étudiant de la Yéchivah de Rabbi Meïr vint à l’atelier deux fois par semaine donner des leçons à la fillette. Il s’appelait Moïse, mais pour cette dernière, comme pour le couple, il était Rabbi Mosès. Il avait de solides connaissances dans toutes les matières qui touchaient à la vie juive, et il ne manquait pas de sagesse. L’intelligence précoce de Rachel ne risquait pas de l’embarrasser. Dès que la leçon commençait, le forgeron et sa femme abandonnaient chacun leur travail, s’asseyaient aux côtés de la jeune élève et prêtaient une oreille attentive aux explications de Rabbi Mosès.
Avec le temps, tout aurait contribué à faire oublier à Dinah et à Issakhar que Rachel n’était pas réellement leur fille, qu’ils n’en étaient que les parents adoptifs et qu’un jour ses vrais père et mère la réclameraient si, à chaque anniversaire de cette fameuse nuit d’orage où l’enfant avait fait son étrange entrée dans leur maison, une lettre ne leur parvenait, écrite de la même main que le billet initial. La même prière y était répétée : que le forgeron et sa femme prennent soin de Rachel et gardent précieusement la clef de fer.
Un jour, Rabbi Mosès, prenant à part Issakhar, lui confia qu’il serait heureux de prendre Rachel pour femme. Il s’occupait d’elle depuis quelques années, il avait eu le temps de la bien connaître et d’apprécier ses grandes qualités. Le forgeron conta alors au jeune homme l’étrange histoire de la jeune fille. Peu de temps après, il revint sur la question : Rachel leur avait apporté, à lui et à sa femme, la plus grande joie de leur vie, mais ils savaient qu’un jour ses véritables parents viendraient la reprendre. Si Rabbi Mosès désirait toujours l’épouser, et que, d’autre part, elle y consentait, Issakhar et sa femme ne s’opposeraient pas à leur bonheur, en dépit de la peine qu’ils auraient à se séparer d’elle.
Humble autant que pieux, le jeune rabbin répondit : « L’avenir de l’homme est entre les mains de D.ieu. Nul doute qu’Il fasse bien les choses. »

On s’en prend aux Juifs

Rachel, pressentie, consentit au mariage. Les deux jeunes gens se fiancèrent. Rabbi Mosès partit aussitôt chercher un poste de maître ou de rabbin dans une communauté proche. Une fois assuré d’avoir du travail, il reviendrait, épouserait Rachel et l’emmènerait.
Il était absent depuis peu, quand de violentes attaques contre les communautés juives disséminées le long des rives du Main et du Neckar éclatèrent. Le petit village non loin duquel habitait Issakhar ne fut pas épargné. Tandis que les bandes sanguinaires s’en rapprochaient, les Juifs ramassèrent hâtivement ce qu’ils avaient de précieux et coururent chez Issakhar chercher refuge. Son atelier pouvait être mieux défendu que les frêles maisons du village.
La peur n’avait pas de prise sur Issakhar. Il était fort et courageux. La forge contenait beaucoup de barres de fer, de marteaux et d’outils divers qui pouvaient au besoin servir pour se défendre. Il en distribua aux hommes, tandis que Dinah et Rachel se chargeaient des femmes et des enfants qui furent mis à l’abri dans l’immense cave située sous l’atelier.

Supérieurs en nombre

À l’aube, les assaillants, surexcités par d’abondantes libations, arrivèrent. Ils avaient saccagé et incendié les maisons juives du hameau. Ils furent surpris de la résistance que leur opposèrent Issakhar et ses hommes. La puissante musculature du forgeron, unie à sa barbe couleur de feu lui donnait un aspect impressionnant. Il sortit à la tête de ses combattants improvisés. Les pesantes barres de fer et les outils meurtriers tournoyèrent. Ce fut, parmi les assaillants, la débandade. Ils fuirent laissant sur le terrain plusieurs blessés.
Mais ce n’était que pour se regrouper, car ils revinrent. Obligés de battre en retraite, ils attaquèrent encore après avoir reformé leurs rangs. Ils furent repoussés à plusieurs reprises, mais à chaque attaque, quelques hommes d’Issakhar étaient mis hors d’état de combattre. Finalement, les Juifs n’eurent d’autre choix que de se barricader à l’intérieur de l’atelier. Au moins, ainsi, leur résistance se prolongerait encore quelques heures.
Les assiégés se préparèrent à mourir pour la gloire du saint Nom de D.ieu. Ils dirent tous leurs dernières prières, espérant, en dépit de la situation sans issue où ils se trouvaient, un miracle qui les sauverait au dernier moment.

Une aide providentielle

Ce miracle arriva. Ils étaient enfermés depuis peu quand, soudain, ils entendirent, dominant les sauvages rugissements des assaillants, le bruit d’une cavalcade qui approchait rapidement. Presque aussitôt, retentit une voix dominatrice :
– Holà ! Que se passe-t-il ?
– On se paie un peu de bon temps avec les Juifs, fut la réponse.
– Retirez-vous sur-le-champ ! Sinon vous le regretterez !
– Et qui donc es-tu pour nous donner ainsi des ordres ?
Un fouet claqua violemment.
– Voilà comment je réponds aux impertinents, vaurien !
Et ce fut la mêlée, ponctuée par un cliquetis d’épées et de lances. Il ne fallut pas longtemps aux chevaliers pour mettre en déroute les ivrognes. Issakhar et ses compagnons sortirent de leur refuge pour exprimer leur gratitude aux généreux sauveteurs.
– Issakhar ! s’écria le chef de la troupe, ne me reconnaissez-vous donc pas ?
– Non, Excellence, répondit le forgeron après avoir scruté les traits virils de l’homme qui lui parlait. Mais nous vous sommes reconnaissants pour le secours si précieux que vous nous avez apporté. D.ieu vous a envoyé à temps pour nous sauver la vie. Sans vous, nous étions tous morts.
– Comment, en effet, reconnaîtriez-vous en moi le jeune homme que vous avez sauvé un jour des mains de bandits masqués, et soigné si patiemment dans votre mansarde jusqu’à ce que je sois rétabli ? Eh bien, ce jeune homme c’était moi, et je suis très heureux d’avoir enfin payé ma dette. Mais je me trouve ici pour accomplir une mission importante : mon maître, le Duc de Franconie, m’a envoyé chercher la clef de fer qui est chez vous depuis tant d’années.

Le chevalier s’explique

Issakhar pâlit. Tout se confondait dans son esprit. Le Duc de Franconie, la clef de fer, quel rapport pouvait-il y avoir entre l’un et l’autre ? Il regardait le chevalier. Celui-ci se contenta de sourire. Il ordonna à ses hommes de mettre pied à terre, fit de même, jeta la bride à son ordonnance et, prenant le forgeron par le bras, il lui dit :
– Allons dans la maison, je vais tout vous expliquer.
Tous deux s’assirent de part et d’autre de la table. Issakhar offrit à son hère un verre de bière fraîche auquel Dinah ajouta quelques petits mets délicats et savoureux. Puis le chevalier parla :
– N’avez-vous jamais entendu parler de Gundolphe, le noble chevalier de Franconie, frère de mon maître le Duc ? Eh bien, il y a de cela une vingtaine d’années, il se mit en tête d’abjurer sa foi et de se convertir à la religion juive. Il le fit, mais en secret, et plus tard épousa la fille d’Anshel Oppenheim, si bien connu à la Cour. Quiconque à sa place, une fois sa conversion découverte, aurait été bon pour le bûcher. Mais mon maître, le Duc de Franconie, aimait son frère. Il se contenta de le bannir de tous les territoires de Habsbourg. Son exil durerait dix-huit ans ; pendant cette période, lui, ni aucun de ses enfants ne devaient, sous peine de mort, y mettre les pieds. Or, les dix-huit ans sont passés. Mon maître, qui n’a cessé d’avoir beaucoup d’affection pour son frère, entend lui restituer le trésor qui revient de droit à Gundolphe. Ce trésor est enfoui dans les catacombes de son château en Lombardie.

Le mystère éclairci

– Tout cela est fort intéressant, fit le forgeron qui avait écouté avec attention le fascinant récit du chevalier. Mas je ne vois pas le rapport avec moi...
– C’est vous, Issakhar, qui détenez la clef donnant accès à ces richesses. Mais il y a plus : Gundolphe, qui se trouve actuellement en Terre Sainte, a écrit à son frère le Duc, lui demandant de vous retrouver, de vous prendre la clef, de retirer le trésor de sa cachette et de vous le remettre !
Issakhar n’en croyait pas ses oreilles. Rêvait-il ?
– Voici d’ailleurs une lettre que Gundolphe vous envoie.
Les mains tremblantes, le forgeron prit le papier que lui tendait le chevalier. L’écriture lui en était familière ; c’était la même qu’il lisait sur les billets qui lui étaient adressés une fois par an, et où le correspondant mystérieux le priait de prendre soin de Rachel et de la clef de fer.
Il lut :
À Issakhar le Forgeron,
Ma longue habitude de faire ferrer mes chevaux dans votre atelier m’avait permis de mesurer combien pouvaient être grandes votre bonté et votre honnêteté. Cela me décida, quand les circonstances m’y ont contraint, à vous confier mon enfant.
Nous fûmes obligés, ma femme et moi, de fuir notre pays natal : il y allait de notre vie. La clef que portait sur elle notre petite fille est celle du trésor qui lui appartient. Ma femme l’avait hérité de son père. Saisi et caché dans les catacombes, il va être restitué à ma fille par le Duc de Franconie.
Acceptez la dixième partie de ces richesses ; elle vous revient pour le dévouement dont vous avez fait preuve et les soins affectueux dont vous avez entouré Rachel pendant si longtemps. Le reste est à elle. Ma fille est maintenant en âge de se marier, ce sera donc sa dot.
Ce que je vous offre n’est qu’une petite récompense, une faible tentative de payer une dette immense. Mais le Tout-Puissant vous récompensera sûrement mieux que je ne peux le faire.
Il n’y avait pas de doute, l’écriture était bien la même qu’avait lue tant de fois le forgeron. Ainsi donc, le mystère de la naissance de Rachel se trouvait éclairci.

Mariage de Rachel

Issakhar appela aussitôt sa femme et Rachel, et leur raconta ce qu’il venait d’apprendre.
– Maintenant, ma chère enfant, ajouta-t-il s’adressant à cette dernière, tu n’auras aucune difficulté à te monter un foyer conforme à tes désirs. Il n’est que juste que Rabbi Mosès en soit informé aussitôt.
Il fallut plusieurs jours à Rachel pour se remettre de sa surprise et de l’émotion que lui avaient causées les dernières révélations de son père adoptif.
Accompagnée de ce dernier et de sa femme, elle fit, sous la protection du chevalier et de ses hommes, le voyage jusqu’au château du Duc. Elle y fut reçue avec beaucoup d’honneurs. La nièce plut fort à son oncle qui lui demanda si elle aimerait vivre au château avec lui et sa famille ; elle ne tarderait pas à épouser un beau chevalier, ou même un prince. Rachel remercia avec chaleur, mais déclina ces offres si tentantes. Elle dit avec simplicité au Duc que, née juive, elle aimerait le rester ; de plus, elle était déjà fiancée au jeune homme de son choix.
Quand ils eurent passé quelques jours au château, Rachel et ses parents adoptifs reprirent le chemin de Rothenburg. Peu après eut lieu le mariage des deux jeunes gens. Leur maison devait devenir bien vite l’un des foyers juifs les plus connus de ce temps, car la renommée de Rabbi Mosès en tant qu’érudit éminent s’étendit bien au-delà des frontières de la ville.
Quant à Issakhar et sa femme, ils vécurent heureux. Que pouvaient-ils souhaiter d’autre que de voir le bonheur d’une fille qu’ils avaient élevée avec tant d’amour et de dévouement ?

Que D-ieu protège et guérisse miraculeusement tous nos soldats comme chacun des enfants d'Israël, partout dans le monde, Qu'il venge leur sang, et qu'Il ne nous prodigue à partir de maintenant que des douceurs palpables à l’œil nu.


En chaque génération vit un homme qui attend avec impatience de pouvoir libérer son peuple de l’exil.


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