Machia'h arrive, le saviez-vous?
En chaque génération vit un homme qui attend avec impatience de pouvoir libérer son peuple de l’exil

jeudi 4 décembre 2014


La Délivrance comme une naissance

Du sommeil dans le ventre maternel à l'éveil dans le monde

par Menahem Brod

Dans l'éclairage particulier que la 'Hassidout apporte au thème de l'exil et de la Délivrance figure la comparaison de cette dernière à une naissance. Cette image est déjà présente dans les Ecritures : les difficultés précédant la venue du Machia'h y sont appelées "douleurs de l'enfantement", comme il est écrit"Les douleurs d'une femme en travail lui arrivent" (Osée 13, 13). La Délivrance est quant à elle appelée "naissance" : "C'est ainsi que Tsion a été en travail et qu'elle a donné naissance à ses fils." (Isaïe 66, 8). Et au sujet des malheurs de l'exil, il est dit : "Les enfants sont prêts de naître, mais point de force pour enfanter !" (Isaïe 37, 3).
La vie d'un fœtus
La situation du fœtus est ainsi décrite dans le Talmud : "Rabbi Simlaï a enseigné : à quoi ressemble le fœtus dans le ventre de sa mère ? A un carnet replié, sa tête est entre ses genoux, ses talons sont sur son derrière et il se nourrit de ce que sa mère mange… Sa bouche est fermée et son nombril est ouvert. Lorsqu'il sort à l'air libre, ce qui était fermé s'ouvre et ce qui était ouvert se ferme." (Niddah 30b). Cette représentation nous indique que du point de vue de la structure de ses membres, de ses facultés et de ses sens, le fœtus est semblable à un enfant né, si ce n'est qu'une grande partie de ces facultés ne sont pas en fonctionnement pendant la gestation. Ceci est notamment illustré par la position du fœtus par rapport à la position habituelle de l'homme : la qualité première de l'homme est d'être un être pensant et réfléchi, chose qui se reflète dans la structure de son corps dont la tête est au sommet et domine tous les autres membres. En revanche, le fœtus a "sa tête entre ses genoux", position qui n'exprime aucunement la supériorité de la tête et tend à l'assimiler aux autres membres du corps.
Le fœtus vit, se nourrit, se développe et certainement même prend du plaisir lors de son séjour dans le doux liquide amniotique. Cependant, comparé avec une personne née, il souffre d'un désavantage flagrant : ses yeux ne voient pas, ses oreilles n'entendent pas, ses sens du goût et de l'odorat ne fonctionnent pas, ses poumons ne s'emplissent pas d'air et sa vie ne se résume qu'à exister et connaître un développement corporel. Telle est la vie du fœtus : étroite et limitée. Ce n'est qu'après sa naissance qu'il pourra commencer à voir le monde qui l'entoure, à ressentir du goût à s'alimenter et à respirer à pleins poumons. Ce n'est qu'à la naissance que sa vie commencera véritablement.
Notre exil actuel est similaire à la vie du fœtus : nous pouvons étudier la Torah, prier avec ferveur, ressentir envers notre Créateur crainte et amour, mais tout ceci ne se fait qu'à un niveau "fœtal". Nous n'avons pas une "vision" véritable du divin, nous "n'entendons" pas la parole divine qui résonne à l'intérieur de chaque atome de l'univers. Le monde nous semble exister de manière autonome, comme étant mû par sa propre force. Ce n'est qu'au prix de beaucoup de réflexion et de méditation que nous pouvons arriver à la conscience (et non la vision concrète) de la force divine qui fait vivre au monde chaque instant qui passe. Les Mitsvot, les commandements que nous accomplissons en temps d'exil peuvent être comparés à la nourriture qui passe par le nombril du fœtus : nous n'en percevons pas tout le goût et tout le sens et en accomplissons même un grand nombre par simple automatisme.
Nous commencerons à voir
L'aspiration à la Délivrance ressemble donc au désir du fœtus de naître pour pouvoir ouvrir ses yeux et ses oreilles sur le vaste monde. Ce n'est qu'avec la Délivrance messianique que nous mériterons la révélation de la lumière divine au point où même nos yeux de chair pourront en profiter, comme le dit le verset : "Et toute chair verra que c'est la bouche de D.ieu qui a parlé" (Isaïe 40, 5). Alors, lorsqu'un Juif étudiera la Torah, il ressentira dans tous les membres de son corps l'attachement qui en découlera avec Celui qui a donné la Torah. Lorsqu'il accomplira une Mitsva, il ressentira le lien que ce commandement établira entre lui et le Créateur qui l'a ordonné. Le Juif sortira alors du stade de "fœtus" pour devenir un homme vivant, qui voit et qui ressent.
Parallèlement, considérer l'exil comme une gestation lui confère un sens plus profond : de la même manière que la gestation est la préparation à la naissance, l'exil n'a pour objet que d'être la préparation à la Délivrance. Lorsqu'un Juif s'efforce de parvenir à s'attacher à D.ieu, à l'aimer et à le craindre malgré l'obscurité de l'exil, il se prépare à la Délivrance, très prochainement.
Que D-ieu protège et guérisse miraculeusement tous nos soldats comme chacun des enfants d'Israël, partout dans le monde, Qu'il venge leur sang, et qu'Il ne nous prodigue à partir de maintenant que des douceurs palpables à l’œil nu.


En chaque génération vit un homme qui attend avec impatience de pouvoir libérer son peuple de l’exil.


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Une double identité
Basé sur les enseignements du Rabbi de Loubavitch
Merci à  MeaningfulLife.com

« Jacob ne sera plus désormais ton nom, mais bien Israël. Car tu as lutté avec le divin et les hommes, et tu l’as emporté. » (Genèse 32, 29)
Ainsi parla l’ange avec lequel Jacob combattit une nuit entière avant sa rencontre historique avec Ésaü. Plus tard, nous lisons que D.ieu Lui-même apparut à Jacob et réitéra le changement de son nom en Israël.
Abraham avait également vu son nom changer (d’Abram en Abraham) par D.ieu. Mais pour lui, le changement avait été absolu. Le Talmud va jusqu’à affirmer : « Quiconque appelle Abraham “Abram” transgresse une interdiction de la Torah, comme il est écrit : “Ton nom ne sera plus appelé Abram”. » À Jacob également, il fut dit « ton nom ne sera plus Jacob » et pourtant, la Torah continue de l’appeler par les deux noms, alternant souvent entre Jacob et Israël dans un même récit, voire dans un même verset. Le peuple juif qui porte le nom de son illustre ancêtre est également nommé à la fois « Jacob » et « Israël ».
Le changement de nom d’Abraham, qui survint lorsqu’il se circoncit lui-même sur l’ordre de D.ieu, marqua son élévation d’Abram (« père exalté ») à Abraham (« père exalté de multitudes »). Le nom « Abraham » inclut toutes les lettres et toutes les significations présentes dans « Abram ». Le changement consista en l’ajout d’une lettre (le ) et d’un rôle supplémentaires. Ainsi, appeler Abraham « Abram » revient à le réduire à son être et à son destin antérieurs.
En revanche, Jacob et Israël sont deux noms différents, qui possèdent chacun sa signification propre. S’il est vrai qu’Israël représente un état d’être plus élevé que Jacob (ainsi l’élément d’Israël en Jacob est de n’être « plus Jacob »), l’état de Jacob possède certaines vertus que le niveau d’Israël ne peut posséder. C’est ainsi que Jacob demeure un nom pour le troisième Patriarche et pour le peuple juif dans son ensemble. Israël peut représenter un degré supérieur dans le développement du Juif que Jacob, mais la grandeur du peuple juif réside dans le fait qu’il existe aussi bien des Juifs-Jacob que des Juifs-Israël, ainsi que des éléments de Jacob et d’Israël au sein de chaque Juif.

Le guerrier spirituel

Une expression de la différence entre les personnalités de Jacob et d’Israël se trouve dans la prophétie de Balaam, le prophète païen qui fut appelé pour maudire le peuple juif et qui se retrouva à prononcer l’une des plus belles odes à la vie juive et à la destinée du peuple juif contenues dans la Torah.
Dans la deuxième des interventions de Balaam, il y a un verset dans lequel il proclame :
« [D.ieu] ne voit aucune culpabilité en Jacob, ni aucune peine en Israël. »1
Cela implique que Jacob connaît la peine, bien que ses épreuves et ses difficultés ne résultent pas en culpabilité aux yeux de D.ieu. Israël, en revanche, jouit d’une existence tranquille, dénuée non seulement de culpabilité, mais aussi de peine.
La Torah nous donne deux interprétations du nom de Jacob. Jacob naquit en tenant le talon de son jumeau aîné, Ésaü. C’est ainsi qu’il fut nommé Jacob (Yaakov, en hébreu) qui signifie : « au talon ». Des années plus tard, quand Jacob se déguisa en Ésaü pour recevoir les bénédictions qu’Isaac destinait au plus âgé des frères, ce dernier proclama : « Pas étonnant qu’il soit appelé Jacob (« rusé ») ! Par deux fois, il m’a trompé : il m’a pris mon droit d’aînesse et maintenant il m’a pris mes bénédictions. »
Jacob représente le Juif dans le feu de la bataille de la vie. Une bataille dans laquelle il est souvent « au talon », ayant à faire avec les aspects les plus bas de sa propre personnalité et de son environnement ; une bataille qu’il doit mener furtivement et avec ruse, car il est dans un territoire ennemi et il doit déguiser ses véritables intentions pour pouvoir déjouer les manœuvres de ceux qui tentent de le piéger. Menacé par un monde hostile, miné par ses propres insuffisances et ses mauvais penchants, le Juif-Jacob n’a pas encore transcendé la condition axiomatique de son humanité : le fait que « l’homme est né pour peiner à la tâche »2 et que la vie humaine est une course d’obstacles jalonnée d’entraves à sa propre intégrité.
D.ieu ne voit pas de culpabilité en Jacob, car malgré tout ce à quoi Jacob doit faire face, il lui a été attribué la capacité de l’emporter sur chacun de ses détracteurs. Même s’il succombe momentanément à quelque défi intérieur ou extérieur, il ne perd jamais sa bonté et sa pureté intrinsèques qui finissent toujours par s’affirmer quelques réprimées qu’elles aient pu être par les épreuves de la vie. Mais s’il peut être sans péché, il n’est jamais sans peine, celle de la lutte pour se maintenir hors du péché. Pour Jacob, la guerre de la vie fait continuellement rage, quel que soit le nombre des batailles qu’il en a gagnées.
Israël (« maître divin »), d’un autre côté, est le nom donné à Jacob quand il a « lutté avec le divin et avec les hommes, et l’a emporté ». Israël représente le Juif qui l’a emporté sur sa propre humanité, ayant si pleinement intériorisé la perfection de son âme qu’il est désormais immunisé contre toutes les épreuves et toutes les tentations. Il l’a emporté sur le décret divin selon lequel « l’homme est né pour peiner » et s’est dessiné une existence tranquille au milieu des turbulences de la vie.
Aussi « Jacob » est notre nom lorsque nous sommes définis comme les « serviteurs » de D.ieu, alors qu’« Israël » est le nom par lequel D.ieu nous appelle quand Il s’adresse à nous en tant que Ses « enfants ». L’élément déterminant de la vie du serviteur est le service de son maître. Certes, l’enfant sert également son père, mais leur relation est telle que ce service n’est pas une peine, mais un plaisir. Ce qui, pour le serviteur, représente un travail imposé à la résistance de sa personnalité et de son environnement, est pour l’enfant la réalisation harmonieuse de son identité comme extension de l’essence de son père.
La première partie de la vie de Jacob fut consumée par sa lutte contre son frère Ésaü, une lutte qui commença dans le ventre maternel, se poursuivit dans leur dispute à propos de la bekhorah (le droit d’aînesse) et des bénédictions de leur père, et culmina dans le combat nocturne de Jacob contre l’ange d’Ésaü et le face à face des deux frères le jour suivant. Entre-temps, Jacob avait aussi passé vingt ans à peiner à la tâche, s’occupant des troupeaux de Lavan « l’Escroc », pendant lesquels « la chaleur me consumait le jour et le gel la nuit, et le sommeil était banni de mes yeux »3 et il n’eut d’autre choix que de devenir l’égal de Lavan en matière de tromperie pour déjouer ses mauvais desseins à son égard. Le changement du nom de Jacob en Israël marqua le point où, de serviteur de D.ieu, il devint l’enfant de D.ieu, où il passa d’une existence définie par la lutte et les conflits à une réalisation harmonieuse de sa relation avec D.ieu.

Doux et amer

Cependant, même après avoir été nommé Israël, Jacob continua à être aussi Jacob. La Torah utilise son ancien nom en même temps que le nouveau. Les événements de sa vie incluent désormais des périodes de tranquillité (comme les neuf ans depuis son retour de ‘Haran en Terre Sainte jusqu’à la vente de Joseph, et les dix-sept années qu’il vécut en Égypte), mais aussi des périodes troublées (comme les vingt-deux ans qu’il pleura son bien-aimé Joseph).
En tant que père du peuple d’Israël, Jacob représente le modèle des deux états du Juif : le tranquille enfant de D.ieu, en paix avec lui-même, avec son D.ieu et avec la société, dont la vie harmonieuse est une source de lumière pour son entourage ; et le serviteur tourmenté de D.ieu, aux prises avec lui-même et avec son caractère, luttant pour sa relation avec D.ieu et sa place dans le monde. Car l’état d’être de Jacob n’est pas seulement une étape préalable nécessaire pour atteindre celui d’Israël, mais aussi une fin en soi, un rôle indispensable dans le plan du Créateur de la vie sur terre.
Selon les mots de Rabbi Chnéour Zalman de Lyadi4 : « Il existe deux types de plaisir devant D.ieu. Le premier vient d’une complète soumission du mal et de sa transformation de l’amertume en douceur et de l’obscurité en clarté par lestsadikkim [les justes parfaits]. Le second [plaisir] vient quand le mal est repoussé alors qu’il encore dans toute sa puissance... par l’initiative desbeinonim [les intermédiaires]... L’analogie en est la nourriture matérielle dans laquelle existent deux types de mets délicats qui donnent du plaisir : le premier plaisir étant dérivé d’aliments sucrés et agréables et le second d’aliments forts et acides, qui sont épicés et préparés de telle manière qu’ils deviennent délectables et font revivre l’âme. »5
NOTES
1.Nombres 23,21.
2.Job 5,7.
3.Genèse 31,40.
4.Tanya chapitre 27.
5.Basé sur un discours du Rabbi du 10 Chevat 5718 (30 janvier 1958).

BASÉ SUR LES ENSEIGNEMENTS DU RABBI DE LOUBAVITCH
Que D-ieu protège et guérisse miraculeusement tous nos soldats comme chacun des enfants d'Israël, partout dans le monde, Qu'il venge leur sang, et qu'Il ne nous prodigue à partir de maintenant que des douceurs palpables à l’œil nu.


En chaque génération vit un homme qui attend avec impatience de pouvoir libérer son peuple de l’exil.


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mercredi 3 décembre 2014


Le Machia'h vient "par surprise"

Dans ce cas, pourquoi l'attendre ?

par Menahem Brod

Il arrive que des gens demandent comment l'attente impatiente du Machia'h peut-être compatible avec l'annonce du Talmud selon laquelle « C'est seulement si l'on n'y pense pas (« Be-essia'h hadaat ») que le descendant de David viendra. » Cette question représente un bon exemple d'une rhétorique qui découle d'un manque de compréhension des sources et des principes d'étude de la Torah.
Même en admettant qu'il existe un enseignement talmudique qui exige qu'on se « désintéresse » du sujet de la Délivrance messianique, cela n'efface pas l'abondance de versets, de paroles des Sages et de lois (halakhot) qui stipulent le caractère essentiel de l'attente impatiente du Machia'h, ni les innombrables prières des jours de semaines comme du Chabbat et des fêtes qui expriment notre hâte de voir la Délivrance, ni le grand nombre de maîtres de la Torah qui, à toutes les époques, furent des exemples vivants de l'expectative de la Guéoula.
Sans calculs
En réalité, il n'est pas nécessaire de déployer de grands efforts pour résoudre cette apparente contradiction. Les mots exacts du Talmud sont : « Trois choses viennent quand on n'y pense pas : le Machia'h, une trouvaille et un scorpion. » (Traité Sanhédrine 97a). Cela signifie que, à l'instar d'une trouvaille à laquelle on ne s'attend pas, le Machia'h se révélera soudainement, sans que l'on n’ait pu déterminer précisément ce moment à l'avance.
Certains objectent qu’il est rapporté dans cette discussion talmudique que lorsque Rabbi Zeyra a entendu les Sages débattre du thème de la Délivrance, il leur a dit « De grâce, ne l'éloignez pas ! », justifiant ses propos par le fait que le Machia'h doit venir « quand on n'y pense pas ». Cependant, ceci est éclairci par le commentaire de Rachi qui explique que ces Sages étaient en train de calculer des échéances pour savoir quand le Machia'h viendra. Rabbi Zeyra a donc voulu signifier que calculer des dates repousse la venue du Machia'h car celui-ci viendra « par surprise », sans que l'on s'attende à sa venue à un moment précis.
Nous prions pour la Délivrance, nous l'espérons à chaque instant de la journée (selon le texte de la prière de la Amida), mais, de même qu'il est impossible de déterminer le moment où l'on fera une trouvaille ni celui où on croisera le chemin d'un scorpion, il est impossible de savoir quand la Délivrance messianique interviendra.
Au contraire, les deux autres sujets mentionnés, la trouvaille et le scorpion, soulignent à quel point la conscience de l'attente du Machia'h ne peut se faire en s'en désintéressant : un homme peut passer sa journée à chercher un objet perdu, il ne sera pas moins surpris de l'instant et de l'endroit où il le trouvera. De la même façon, un homme avançant avec précaution dans un endroit qu'il sait infesté de scorpions ne sait pas à quel moment il va se faire piquer. Ainsi en va-t-il de la Délivrance : nous y pensons, nous l'attendons, nous prions pour sa venue et nous nous y préparons, il est néanmoins clair que le moment précis de son avènement nous surprendra.
Le Maharcha explique le lien entre le Machia'h, une trouvaille et un scorpion dans un commentaire extraordinaire : « Si le Juif est méritant, la venue du Machia'h le surprendra comme le ferait une bonne trouvaille, elle le réjouira et lui profitera. S'il n'est pas méritant, la venue du Machia'h sera pour lui comme la mauvaise surprise d'une piqûre de scorpion. »
Toujours surpris
Les textes de la 'Hassidout donnent des interprétations encore plus profondes de ce passage du Talmud. L'une d'entre elles est que lorsqu'un Juif considère le monde qui l'entoure et arrive à la conclusion qu'il est logiquement impossible que le Machia'h vienne dans ces conditions mais, malgré cela, conserve toute sa foi en l'imminence de la Délivrance, il accomplit alors Essia'h hadaat, car sa foi en la Délivrance « dépasse sa pensée » et son intellect.
Il est expliqué dans le Tanya que le dévoilement du Machia'h est un évènement qui transcendera les limites de la raison, ce sera « le dévoilement de l'essence commune à toute chose ». Ce sera un cadeau d'En-Haut auquel l'homme ne peut parvenir par la seule force de son esprit. D.ieu le lui donnera d'une manière qui transcendera la logique humaine.
Le Rabbi de Loubavitch explique que Essia'h hadaat est une forme d'attente de la Délivrance messianique. Nous ne devons pas attendre la venue du Machia'h sur la base de notre compréhension des bienfaits que nous retirerons de l'ère messianique. Nous devons « écarter notre pensée » de tous les bienfaits matériels et spirituels que la Délivrance amènera pour nous concentrer sur son véritable objet : que la volonté divine soit réalisée, « que les mondes inférieurs soient une résidence pour D.ieu ».
Que D.ieu nous préserve donc « d'écarter notre pensée » de la Délivrance elle-même. Au contraire, l'attente impatiente est la meilleure expression de la foi en son avènement.
Que D-ieu protège et guérisse miraculeusement tous nos soldats comme chacun des enfants d'Israël, partout dans le monde, Qu'il venge leur sang, et qu'Il ne nous prodigue à partir de maintenant que des douceurs palpables à l’œil nu.


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Deux âmes nues
par Nissan Mindel

Un jour, le saint Rabbi Elimélekh de Lizensk, assis à sa table de travail, enseignait à ses disciples et ‘hassidim qui l’entouraient quand, tout à coup, la porte de la salle s’ouvrit avec fracas et deux pauvres hères parurent. En guenilles, couverts de poussière, hâves et les traits tirés, ils portaient les signes manifestes de l’infortune. Ils demeurèrent debout à la porte, fixant le Rabbi avec des yeux qui exprimaient une intense supplication.
Plein de sympathie, le Rabbi les regarda à son tour et murmura : « Pauvres êtres, et si nus... Quel malheur ! Je n’ai jamais vu de ma vie des hommes aussi nus. »
Cette phrase sibylline surprit les ‘hassidim. Ils se demandèrent se que le Rabbi voulait dire. Les deux miséreux portaient, il est vrai, des haillons, mais ils n’étaient pas nus.
Comme s’il répondait à leur pensée, le saint Rabbi poursuivit : « Un Juif a un corps et une âme. Le corps a besoin de vêtements et de nourriture ; l’âme aussi a besoin d’être vêtue et nourrie. Quels sont les “vêtements” de l’âme ? Ce sont les mitsvot et les bonnes actions que le Juif accomplit ; elles sont faites “sur mesure”, protègent l’âme et entretiennent la chaleur qui lui est nécessaire pour s’épanouir... Quelle est maintenant la “nourriture” de l’âme ? C’est la Torah qu’apprend le Juif ; elle soutient en effet son âme et l’entretient dans la santé et la force. Mais ces deux hommes sont si nus, si affamés !... Ni Torah, ni mitsvot... Que tout cela est terrible ! »
Soudain, les deux pauvres hères, n’y tenant plus, s’écrièrent : « Ô saint Rabbi, aidez-nous ! Aidez-nous ! »
Puis, tour à tour, l’un relayant l’autre, ils se mirent à raconter l’histoire la plus lamentable qui fût – la leur. Ils n’éprouvaient aucune gêne à parler en présence d’une si nombreuse assemblée ; au contraire, on eût dit qu’ils souhaitaient que le plus grand nombre apprissent leur malheur, afin que cela leur servît de leçon et les gardât de tomber à l’avenir dans les mêmes graves erreurs qu’eux. Et voici le récit qu’ils furent :

Une petite hutte

– Saint Rabbi, vous nous voyez maintenant en guenilles ; mais il n’en a pas été toujours ainsi. Nous avons connu la grande richesse quand, dans la ville de Zlotchov, nous possédions en commun une maison de commerce importante et prospère. Nous nous étions assuré les services d’un comptable, un Juif, qui avait la crainte de D.ieu. Il faut bien l’avouer, il n’était pas très largement rétribué chez nous, mais ce qu’il gagnait lui suffisait pour mener avec sa famille une vie modeste. Il logeait dans une petite hutte adossée à la vaste maison de briques qui était la nôtre et qui possédait un jardin. Hutte et jardin étaient contigus.
Un jour, nous décidâmes d’agrandir notre jardin. L’idée nous était venue d’y planter de nouveaux parterres de fleurs. Mais pour réaliser ce projet, il fallait sacrifier la cabane. D’ailleurs, l’état de délabrement où elle se trouvait faisait d’elle plus qu’autre chose une offense au regard. Nous en offrîmes au comptable un bon prix. Il refusa. Nous allâmes jusqu’à doubler notre offre. Le comptable ne céda pas. Des raisons sentimentales l’attachaient à cette pauvre hutte ; il l’avait héritée de son père, il y tenait ; tant qu’elle tiendrait debout et pourrait l’abriter, lui et sa famille, il entendait la garder.
Cet entêtement excita le nôtre. Le comptable n’était pas sensible à nos efforts, eh bien nous aurions recours aux grands moyens ! Nous lui fîmes savoir sans tarder que s’il persistait dans son refus, il perdrait tout simplement son emploi chez nous. C’était le priver de son gagne-pain. Il haussa néanmoins les épaules.
Une telle résistance nous humiliait. Piqués au vif, nous mîmes à exécution notre menace, et sans autre préavis, nous lui donnâmes congé. Il avait quelques économies ; il y ajouta le peu d’argent qu’il réussit à emprunter et, avec le tout, il ouvrit à son compte un petit commerce. Nous n’en fûmes pas impressionnés, nous étions résolus à le conduire à la ruine. Nous ne reculâmes devant aucun moyen. Nous vendîmes à perte les mêmes marchandises que lui. Notre concurrence le mit à très rude épreuve. Il finit par se trouver dans des difficultés telles qu’il fut bientôt contraint de fermer boutique après avoir perdu toutes ses économies. Alors, ses amis vinrent intercéder en sa faveur : nous étions plus puissants que lui, ils nous engageaient à avoir un bon geste et à restituer au comptable son gagne-pain. Ils insistèrent, mais rien n’y fit. Nous répondîmes que nous lui rendrions sa place chez nous à une seule condition : qu’il renonçât à sa hutte et acceptât de la vendre.
Réduit à merci, le pauvre comptable n’eut pas le choix. Allait-il laisser sa femme et ses enfants mourir de faim ? Il consentit à la vente. Nous préparâmes un contrat. Conformément aux habitudes, il devait faire précéder sa signature par la formule d’usage : « Je signe de ma main et appose mon cachet sans contrainte. » Le comptable signa et nous remit le contrat. Mais nous ne nous aperçûmes pas qu’il y avait écrit – soit de propos délibéré, soit en raison du trouble où sa grande détresse le mettait – « Je signe de ma main et appose mon cachet sous contrainte. »

Un contrat nul

Nous lui donnâmes un mois de délai pour quitter la hutte. Mais le coup dut être très dur pour lui, car avant que le mois ne fût écoulé, il mourut.
Après les funérailles, nous avertîmes la veuve qu’elle aurait à déguerpir avant l’expiration du délai fixé par le contrat. Les parents du défunt, qui étaient venus réconforter la veuve et les orphelins, chassèrent notre messager après lui avoir déclaré avec force que personne ne quitterait la cabane avant que l’ordre n’en ait été donné par le Beth-Din même.
Les sept jours de deuil s’écoulèrent. Nous requîmes du rabbin, le saint Rabbi Ye’hiel Michel de Zlotchov, un Din Torah (un jugement rabbinique). À l’audience, nous produisîmes le contrat de vente afin de faire la preuve que nous étions légalement les seuls propriétaires de la hutte. Le rabbin y jeta un coup d’œil, puis, nous montrant la signature du comptable : « Cette vente n’était pas légale, dit-il durement, et il déchira le document. Si D.ieu était dans vos cœurs, conclut-il, non seulement vous cesseriez de harceler cette pauvre veuve, mais de plus vous assureriez votre aide et à elle et aux orphelins, car vous n’êtes pas peu responsables de leur malheur ! »
Le comportement du Rabbi nous irrita fort. Loin de nous désarmer, il nous durcit. S’il en était ainsi, nous lui montrerions qu’il ne pouvait impunément traiter de la sorte les deux Juifs les plus riches de la ville !
Nous avions des rapports d’affaires très suivis avec le noble polonais à qui appartenaient la plus grande partie de la ville et de la campagne environnante. Plusieurs familles juives vivaient sur ses terres et exploitaient comme locataires ses moulins, ses auberges, ses fermes et ses forêts. Quand, peu de temps après, nous eûmes l’occasion de le voir, il nous parla de ses déboires comme propriétaire et se plaignit des loyers trop bas. Les augmenter était impossible, car s’il le faisait, ses locataires juifs le quitteraient, ce qui serait un rude coup pour ses revenus. L’occasion était bonne, nous la saisîmes. « Rien d’étonnant à cela, dîmes-nous, le Rabbi de Zlotchov a interdit aux Juifs de se faire concurrence en proposant des loyers plus élevés. N’était cette immixtion, vos revenus auraient maintenant plus que doublé. »
Le noble réfléchit. Le responsable était donc le Rabbi ! Il en conçut une grande colère. « Je lui apprendrai à se mêler de ce qui ne le regarde pas ! », fit-il d’un ton menaçant. Il dépêcha des gardes armés avec l’ordre de ramener le Rabbi dans les chaînes. Quand ceux-ci pénétrèrent dans le cabinet de travail du saint homme et le virent en prières enveloppé de son talith et revêtu des téfilines, ils furent saisis d’effroi et se sentirent incapables d’exécuter l’ordre qui leur avait été donné. Ils revinrent bredouilles au château. Pendant ce temps, il y avait grand branle-bas dans la ville. Le bruit avait couru qu’un grave danger menaçait le saint Rabbi. On se rendit en hâte chez lui. Il apaisa ses visiteurs puis, accompagné de son chamach (bedeau), il prit le chemin du château.

Mille excuses !

Dans la vaste salle, un grand nombre de nobles et de princes s’adonnaient à de bruyantes libations. L’atmosphère était à la joie, des musiciens jouaient sur leurs instruments et le vin coulait à flots. On n’entendait que la clameur générale qu’entrecoupaient les éclats de rire. Soudain les musiciens s’arrêtèrent de jouer, les conversations et les rires s’interrompirent et les valets, qui s’affairaient, demeurèrent cloués sur place. Un étrange silence tomba sur l’assistance à mesure que les regards se portaient sur le visiteur inattendu. Un frémissement parcourut comme une vague toute la salle. Le saint Rabbi se dirigea vers le maître de céans et lui dit : « Vous désiriez me voir ? »
Le noble se confondit aussitôt en d’abondantes excuses : « Pardonnez-moi, saint Rabbi, de vous déranger, dit-il. Je n’aurais jamais songé à le faire, n’étaient ces deux méchants Juifs... Vous pouvez compter sur moi, ils ne perdent rien à attendre pour vous avoir si bassement calomnié. »
Le Rabbi exhorta son interlocuteur à ne pas faire de mal à ces deux Juifs, ni à aucun autre. Puis il prit congé.
Depuis ce jour, conclurent les deux mendiants, les choses se gâtèrent pour nous. Chaque affaire que nous entreprenions tournait mal et nous perdions beaucoup d’argent. Au bout de quelque temps, il ne nous en resta plus. De riches que nous étions, nous devînmes si pauvres que nous fûmes réduits à demander l’aumône... Aidez-nous, saint Rabbi, aidez-nous !
Les deux mendiants pleuraient à chaudes larmes. Il y eut un moment de silence que rompaient seulement les sanglots des deux infortunés. Le saint Rabbi Elimélekh avait fermé les yeux et réfléchissait profondément. Quand il les rouvrit, son regard était plein de douceur et d’amitié. Il dit aux deux hommes : « Vous avez été assez punis pour vos péchés. Le fait de les avoir confessés publiquement montre que votre repentance est sincère. Asseyez-vous maintenant et joignez-vous à nous... »
Quand les deux pauvres quittèrent la maison du Rabbi, ils se sentaient réconfortés et pleins d’un courage renouvelé. Le Rabbi leur avait prêté un peu d’argent afin qu’ils pussent ouvrir un nouveau commerce. Ils avaient fait le vœu de retrouver à tout prix la pauvre veuve et ses orphelins et d’en prendre soin aussi longtemps qu’ils vivraient. Ils n’étaient plus ni nus ni affamés, car leurs âmes baignaient désormais dans une chaleur si douce qu’ils n’en avaient jamais éprouvée de pareille.

PAR NISSAN MINDEL
Extrait du mensuel "Conversations avec les jeunes".
Que D-ieu protège et guérisse miraculeusement tous nos soldats comme chacun des enfants d'Israël, partout dans le monde, Qu'il venge leur sang, et qu'Il ne nous prodigue à partir de maintenant que des douceurs palpables à l’œil nu.


En chaque génération vit un homme qui attend avec impatience de pouvoir libérer son peuple de l’exil.


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Le cadeau, la prière et le combat

Leçon de stratégie

par Tali Loewenthal

Pour se préparer à la rencontre avec son frère Ésaü, Jacob employa plusieurs tactiques.1 Il savait que son frère était bien plus puissant que lui. Ésaü avait avec lui quatre cents guerriers. Jacob, lui, n’était accompagné que de ses femmes et de ses enfants. À ce moment-là, son fils aîné n’avait que douze ans. Ces enfants devaient devenir les fondateurs du futur peuple juif. Mais survivraient-ils ?
Jacob tenta la conciliation, lui envoyant un imposant cadeau constitué de plusieurs espèces de bétail. Il réussit à convaincre Ésaü d’accepter ce présent. Cela impliquait une acceptation de la part d’Ésaü de l’existence de Jacob et le fait qu’il était dans son droit quand il avait reçu la bénédiction de leur père.2 En même temps, Jacob pria D.ieu, dans une magnifique prière exprimant son humilité. Il ne se sentait pas méritant de tous les bienfaits que D.ieu lui avait déjà prodigués.3
Il était également prêt au combat. Sa tactique consistant à diviser son camp en deux faisait partie d’une stratégie militaire. Jacob était complètement dépassé en nombre, et il répugnait également à l’idée de porter atteinte à autrui.4Malgré cela, pour protéger sa propre vie et la vie de ses femmes et de ses enfants, il était prêt à se battre.
Il existe différentes manières d’affronter Ésaü, les ennemis du peuple juif à travers les âges. Ces approches furent utilisées aux différentes époques de notre longue histoire pour assurer notre survie.
La prière, bien sûr, est une constante, qui est toujours nécessaire. Trouver le bon équilibre entre la conciliation et la disposition au combat est le moyen de sauver les vies de tous ceux qui sont concernés. Le but est la paix et la sécurité, et la rencontre entre Jacob et Ésaü donne un exemple d’une habile négociation qui rencontra un grand succès.

NOTES
1.Voir Rachi sur Genèse 32,9.
2.Voir Rachi sur 33,9.
3.Genèse 32,11.
4.Voir Rachi sur 32,8 : “Il était désolé à l’idée de devoir tuer quelqu’un d’autre.”

Que D-ieu protège et guérisse miraculeusement tous nos soldats comme chacun des enfants d'Israël, partout dans le monde, Qu'il venge leur sang, et qu'Il ne nous prodigue à partir de maintenant que des douceurs palpables à l’œil nu.


En chaque génération vit un homme qui attend avec impatience de pouvoir libérer son peuple de l’exil.


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mardi 2 décembre 2014


Perdre le «rapidement»

Nous sommes en Europe de l’Est, à la fin du 18ème siècle. Un jeune surdoué à peine bar-mitsva du nom de Chnéour Zalman est assis dans un Beth Hamidrache, une « maison d’étude », et il étudie la Torah. Dans quelques années, tous le connaîtront comme étant l’auteur du Tanya et duChoul’hane Aroukh, et le fondateur du ‘hassidisme ‘Habad. Mais aujourd’hui il n’a que treize ans.
Dans la salle d’étude est assis un autre Juif, qui étudie, lui aussi. Mais il semble pressé : il feuillette à grande vitesse les livres anciens, passant frénétiquement d’un volume à l’autre.
– Pourquoi te dépêches-tu tellement ?, lui demande le jeûne garçon.
– C’est ma nature, je suis rapide, s’excuse l’homme.
Mais le jeune prodige ne se satisfait pas de cette réponse. « Tu dois changer ta nature ! » dit-il à l’homme.
– Mais comment puis-je la changer, si c’est comme ça que je suis né ?
Rabbi Chnéour Zalman lui expose alors ce qui allait devenir la base de sa philosophie :
« Chaque Juif est doté d’une âme, et celle-ci lui confère des forces qui lui permettent de changer sa nature. Cela se fait à travers la kabbalat ol, c’est-à-dire en prenant sur soi le joug de la royauté divine : il faut faire ce qui est correct même si l’on n’en ressent pas l’envie.
« D’abord, tu dois t’habituer à faire la bonne chose. Avec le temps, cette habitude deviendra une seconde nature. Plus encore : cette habitude peut même surmonter la nature avec laquelle tu es né ! La soumission à D.ieu est le plus important fondement de l’étude de la Torah et de la pratique juive.
« C’est également le sens du verset que nous disons dans le Chéma Israël : « Et vous disparaîtriez rapidement du bon pays... » Ce verset peut être lu ainsi : « Vous ferez disparaître le “rapidement” – la hâte et la précipitation. » Il faut étudier calmement, de sorte que l’âme puisse se délecter de la sainteté de la Torah. »

Que D-ieu protège et guérisse miraculeusement tous nos soldats comme chacun des enfants d'Israël, partout dans le monde, Qu'il venge leur sang, et qu'Il ne nous prodigue à partir de maintenant que des douceurs palpables à l’œil nu.


En chaque génération vit un homme qui attend avec impatience de pouvoir libérer son peuple de l’exil.


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L’obscurité qui précède la lumière

La raison profonde de l’exil

par Menahem Brod

Le siècle qui vient de s’écouler est considéré par l’ensemble des sages du peuple juif contemporains comme étant celle de « Ikvéta diMéchi’ha » – « le talon du Machia’h », c’est-à-dire la période qui précède immédiatement la Délivrance. On eut pu s’attendre à ce que cette période soit paisible, marquée par une progression globale dans le sens positif. Toutefois, lorsque l’on considère l’ensemble des évènements qui ont émaillé l’histoire récente, on constate qu’il n’y a jamais eu de période aussi dramatique dans l’histoire de l’humanité.
Des guerres terribles, des malheurs effroyables qui ont frappé l’humanité en général et le peuple juif en particulier, une confusion généralisée, une obscurité spirituelle absolue et un désespoir croissant ont caractérisé les dernières décennies. On peut légitimement se demander où est le Machia’h dans un tel tableau. Où est donc la Délivrance tellement annoncée ? Peut-on raisonnablement envisager que ces évènements constituent les stades préparatoires de l’avènement messianique ? Il semble au contraire que nous ayons assisté (et continuons à assister) au summum de l’exil aussi bien matériellement que spirituellement !
Il est intéressant de noter que cette analyse est unanimement partagée : tous les observateurs s’accordent sur le fait que nous sommes au plus profond de l’exil et c’est précisément de cette constatation que découle leur assurance que la Délivrance est plus proche que jamais.

L’exil est comme des semailles

Cet apparent paradoxe est dû à la nature intrinsèque du concept d’exil. Celui-ci n’a pas uniquement pour objet de constituer un châtiment pour le peuple juif. Cet aspect des choses est trop limité et superficiel. En effet, D.ieu n’avait-Il aucun moyen pour faire expier les fautes de nos ancêtres autre que ce terrible exil qui se poursuit depuis deux mille ans ? Il est évident que si l’on considère simplement l’exil comme un châtiment, il n’y a pas lieu de dire que nous sommes au seuil de la Rédemption. Lorsqu’un prisonnier approche du terme de sa peine, il n’est pas d’usage d’alourdir ses conditions de détention au point de les rendre insupportables. Si tel est effectivement le cas en ce qui nous concerne, c’est parce l’exil a une autre cause, bien plus profonde.
Le Talmud compare l’exil aux semailles. Il donne sur le verset « Je la sèmerai pour moi dans la terre. »1 le commentaire suivant : « Si un homme sème unséa’h (une petite mesure) de grain, c’est uniquement dans l’intention de récolter plusieurs kourim (une mesure très abondante)»Le Talmud explique la teneur de l’exil en lui appliquant ce raisonnement : « Le Saint béni soit-il n’a exilé le peuple juif que dans le but que des convertis s’ajoutent à lui. »
Le processus de la germination implique que la graine commence par pourrir et se décomposer dans le sol. Cependant, le résultat final est que la plante qui en résultera produira un grand nombre de grains. Le paysan qui sème des tonnes de blé de premier choix en ayant pleinement conscience que celui-ci va se décomposer dans la terre ne le fait que parce qu’il est convaincu qu’il en retirera une récolte bien plus abondante que son investissement. Là où un observateur ignorant ne verrait que pourriture et destruction des semences, l’agriculteur avisé voit la germination de sa future récolte.
C’est avec cette perspective que nous devons considérer l’exil : sa cause superficielle est constituée par les fautes de nos ancêtres, mais sa raison profonde est la tâche et la mission divine que le peuple juif accomplit en exil. Cette « descente » n’a pour finalité que « l’élévation » qui s’ensuivra et, le jour venu, les bienfaits extraordinaires qui découleront des souffrances de l’exil seront apparents.

La mission s’achève

La « moisson » que nous récolterons à la suite à l’exil sera essentiellement le raffinement du monde et ses conséquences. La dispersion du peuple juif a eu pour finalité de diffuser la lumière de la sainteté dans le monde entier et de « délivrer » les étincelles divines qui s’y trouvaient enfouies. Lorsqu’un Juif étudie la Torah ou accomplit une Mitsva quelque part, il sanctifie cet endroit et « délivre » les étincelles de sainteté qui s’y trouvaient depuis la création du monde.
Cela est vrai sur le plan géographique, mais aussi sur le plan des valeurs morales : le peuple juif a connu un exil en terme de morale et de spiritualité, depuis l’âge d’or spirituel jusqu’à l’époque la plus obscure dans un processus décroissant.
Tout au long de son exil, le peuple juif a affronté toutes les situations imaginables et subi toutes les conditions, et dans celles-ci il a fait se révéler la lumière de la Torah et des Mitsvot. Il ne nous reste plus qu’à achever de triompher de l’ère actuelle de confusion des valeurs et de nuit spirituelle qui est sans précédent. Lorsque les Juifs vivent aujourd’hui une vie empreinte de foi, qu’ils ne se laissent pas abattre par l’obscurité de l’exil, mais au contraire restent attachés à la Torah et aux Mitsvot et repoussent les ténèbres spirituelles en diffusant la lumière de la sainteté, ils achèvent alors la mission que D.ieu leur a confiée et préparent le monde entier au dévoilement divin, qui, comme le dit Isaïe, recouvrira le monde « comme l’eau recouvre le fond des océans », avec la venue du Machia’h très bientôt.
Que D-ieu protège et guérisse miraculeusement tous nos soldats comme chacun des enfants d'Israël, partout dans le monde, Qu'il venge leur sang, et qu'Il ne nous prodigue à partir de maintenant que des douceurs palpables à l’œil nu.


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