Machia'h arrive, le saviez-vous?
En chaque génération vit un homme qui attend avec impatience de pouvoir libérer son peuple de l’exil

mardi 27 janvier 2015



Le pacte avec la mer

Likoutei Si'hot vol. 6-1 - Parachat Béchala'h

Le Rabbi de Loubavitch
« La mer revint à toute sa puissance au lever du jour »
(Exode 14, 27)
1. Le Midrache rapporte à propos de ce verset que, lorsque D.ieu créa le monde, Il fit promettre à la mer qu’elle s’ouvrirait devant les Juifs lorsqu’ils la traverseraient. Cette condition est donnée en allusion dans le mot « puissance », eithan en hébreu qui est composé des mêmes lettres que tnaïqui signifie « condition ».
Cette explication ne semble pas concorder a priori avec le texte. En effet, la condition posée par D.ieu envers la mer porte sur son ouverture, alors que le mot eithan fait part de la façon dont la mer s’est refermée après la traversée des Juifs.
Les commentateurs répondent à cette question en affirmant que cette condition allait plus loin : si la mer avait refusé de s’ouvrir, elle se serait asséchée, à l’exemple de l’épisode relaté dans le Talmud dans lequel Rabbi Pin’has ben Yaïr avait menacé le fleuve Guinaï d’arrêter à tout jamais le cours de ses eaux s’il ne le laissait pas passer.
C’est donc pour cette raison que le pacte entre la mer et son Créateur s’exprime lorsque celle-ci retrouve son état naturel qu’elle n’aurait pu jamais réintégrer si elle avait failli à sa promesse.
Cette explication semble toutefois insuffisante. D’une part, parce que, si la mer n’avait pas respecté son engagement, ses eaux se seraient complètement asséchées, alors que la condition est donnée en allusion sur le fait qu’elle est revenue « à toute sa puissance », ce qui dépasse sa simple existence. D’autre part, même d’après ce commentaire, la lecture midrachique du verset reste fausse. En effet, la mer « ne revint pas à » sa condition lors de sa fermeture, mais lorsqu’elle s’ouvrit devant les Juifs.

La nature est soumise aux Justes

2. Sur ce même verset, le Maguid de Mézéritch rapporte un commentaire qu’il avait entendu de son maître et prédécesseur, le Baal Chem Tov, lié aux paroles adressées par Rabbi Pin’has ben Yaïr au fleuve Guinaï : « Si tu ne t’ouvres pas, je décrète qu’aucune eau ne passera jamais plus dans ton lit » :
D.ieu a fait promettre à Sa création qu’elle devait se plier à la volonté des Justes, même si elle devait enfreindre pour cela les lois de la nature. De ce fait, si le fleuve n’avait pas exaucé la demande qui lui était faite, il aurait transgressé cette condition et ce serait comme s’il n’avait jamais existé et qu’aucune eau n’avait jamais été créée en ce lieu. Il en résulte donc que nulle eau ne passerait non plus ici dorénavant.
En d’autres termes, les paroles de Rabbi Pin’has ben Yaïr ne signifient pas que les eaux devraient s’arrêter à partir de cet instant, mais que son obéissance aux Justes conditionnait rétroactivement son existence depuis sa création. Car sa transgression du pacte fait à sa création remet entièrement celle-ci en question.
Ce point de vue peut alors justifier la relecture midrachique du verset : Puisque le non-respect de la condition faite à la mer n’influait pas seulement son existence future, mais aussi son existence passée (bien qu’a priori on ne puisse plus revenir dessus) au point de la faire retourner au néant originel, l’accomplissement de la promesse de la mer donnait à son être une force nouvelle, exprimée par le mot « puissance » dont l’anagramme hébraïque signifie « condition ».
Toutefois, cette relecture explique seulement la relation entre la puissance de la mer et son ouverture devant le peuple juif, mais on ne comprend toujours pas pourquoi c’est au moment où elle s’est refermée que son pacte avec D.ieu fut respecté et qu’elle acquit sa puissance.

Quand s’est révélée la pleine puissance de la mer ?

3. La réponse à cette question passe par l’explication de la difficulté soulevée par le Midrache et qui le pousse à réinterpréter la « puissance » en « condition ». En fait, si le texte prend la peine de dire que « la mer revint à sa puissance », c’est pour apporter un éclaircissement. En effet, pourquoi l’assèchement miraculeux de la mer nous laisserait penser qu’il avait induit un affaiblissement qui lui aurait fait perdre sa puissance par la suite ?
À première vue, on aurait pu répondre ainsi : les miracles, et plus particulièrement ceux liés à la sortie d’Égypte peuvent être classifiés en deux catégories :
a. Les miracles qui opèrent un changement de nature, tel que la lèpre qui apparut sur la main de Moïse lors de l’épisode du buisson ardent. Sa main qui était saine devint miraculeusement malade et il fallut un second miracle pour qu’elle revienne à son état initial.
b. Les miracles qui transforment la nature tels que la mutation des eaux du Nil en sang. Pendant tout le temps de cette transformation, l’eau est restée de l’eau. Le miracle ne fit que lui donner l’aspect du sang. Un simple arrêt de ce miracle suffit alors à ramener le Nil à son état naturel.
L’ouverture de la Mer Rouge pourrait être a priori interprétée comme un miracle de la première catégorie : cette ouverture provoqua un assèchement qui annula l’existence même de la mer. De ce fait, on aurait pu penser que le retour de la mer à son état initial exigeait une recréation de celle-ci.
C’est pourquoi le verset précise qu’elle revint « à toute sa puissance » : l’ouverture de la mer ne l’avait pas fait disparaître, elle avait gardé son statut tout au long du miracle. C’est d’ailleurs pour cela que Rachi explique qu’elle avait retrouvé sa puissance « première ».
Mais cette réponse est encore insuffisante, car la Torah elle-même explique que « D.ieu fit souffler un fort vent d’est durant toute la nuit » (Exode 14, 21). La mer est donc restée ouverte du fait de (la force divine investie dans) ce vent violent qui l’a maintenue ainsi tout au long du miracle. Ce qui montre bien que la nature de la mer n’avait pas été transformée et, de ce fait, à quoi bon préciser qu’elle avait retrouvé sa puissance ?
Tel est alors le sens des paroles du Midrache : la force retrouvée par la mer n’était pas seulement physique (car s’il en est ainsi, pourquoi le mentionner ?), mais elle découlait de la condition que le Créateur avait mise à son existence lors de sa création, à savoir de céder le passage aux Juifs à leur sortie d’Égypte. Et le respect de cette condition lui a prodigué une puissance nouvelle, bien supérieure à celle qu’elle avait précédemment, comme nous allons l’expliquer.
Bien que le respect de cette clause eût lieu lors de l’ouverture de la mer, le verset introduit cette notion lorsqu’elle s’est refermée, car c’est à ce moment-là que s’est véritablement révélée la puissance induite par cette condition.

D.ieu avait-Il besoin d’une condition ?

4. Pour expliquer cela, il faut d’abord comprendre pourquoi D.ieu eut besoin de mettre une condition lors de la création de la mer afin qu’elle s’ouvre devant le peuple juif. A priori, D.ieu est le maître absolu du monde et rien ne peut s’opposer à Sa volonté. On peut donc imaginer qu’Il aurait pu forcer la mer à se fendre sans avoir mis aucune condition préalable.
En fait, le but de la création du monde (qui, selon le Midrache, a été réalisée pour le peuple élu et la Torah) n’est pas simplement de donner la possibilité à ce peuple d’utiliser le monde physique pour accomplir les commandements divins, sans que ce monde prenne part à cet accomplissement. Le véritable sens de la création est que, par son service divin (qui doit imprégner toutes les composantes de sa vie quotidienne), ce peuple fasse de ce monde, selon les termes du Midrache, « une demeure pour D.ieu ».
Or, une demeure est un lieu où l’Essence de D.ieu se trouve, comme un roi réside lui-même dans sa demeure. De ce fait, le niveau du divin qui transcende les limites de ce monde (ainsi que son niveau immanent) doit pouvoir être ressenti ici-bas.
C’est pourquoi D.ieu a mis la condition à la mer, ainsi qu’à toute la Création, de changer leur nature pour les Juifs lorsque le moment se présentera. En effet, s’il n’en était pas ainsi, c’est un miracle procédant du niveau transcendant du divin qui serait survenu, passant outre à la Création. D.ieu créa donc la mer (et toutes les autres créatures) en passant une alliance avec elle afin que celle-ci, en tant que créature, accepte de changer sa nature pour laisser passer les Enfants d’Israël et révèle ainsi la transcendance divine au sein des limites de la création.
C’est pour cette raison que dans le respect de cette condition se jouait non seulement le devenir de la mer, mais aussi son existence passée depuis sa création au point de retourner au néant dont elle fut tirée. Car la loi juive stipule qu’une alliance non respectée est rétroactivement annulée.

Ce que la mer a gagné

5. Nous pouvons maintenant comprendre dans quelle mesure la réalisation du pacte scellé avec la mer (et toutes les créatures) a renforcé son existence : lorsque l’existence d’une créature s’interrompt au bout d’un certain temps, cela révèle a posteriori une certaine fragilité dans son existence passée et qui est à l’origine de sa disparition.
Or, il est évident que la mer et les autres créatures de ce monde relèvent, dans leur création originelle, de ce type d’existence, car, selon le Midrache, elles n’ont été créées que pour six mille ans au plus. Mais en accomplissant la condition mise par D.ieu – de se plier à la volonté des Justes – lors de leur création, leur existence s’en est trouvée raffermie de par leur participation au dessein divin. Si elles n’étaient que des outils pour sa réalisation, leur existence n’aurait été remise en question en aucune manière, car elles auraient dû faire la volonté des Justes contre leur gré.
Et comme les Justes (qui sont, selon les Maximes de nos Pères, « les souches des plantations et l’action des mains » de D.ieu) acquièrent, de par leur service divin, une dimension éternelle, tout ce qui participe à ce service y a aussi accès. De ce fait, en accomplissant leur volonté, la mer et toute la création parvinrent à un niveau supérieur à leur existence première, procédant elles aussi de l’éternité.
6. Tel est donc le sens des paroles du Midrache « La mer revint à toute sa puissance, c’est-à-dire à sa condition » : tant que la mer était ouverte, on pouvait penser que ce miracle était le fait d’une annulation de son existence (induite par un changement forcé).
Ce n’est que lorsque celle-ci s’est refermée – en gardant toute sa puissance, selon le sens littéral du verset, qui exprime, comme nous l’avons expliqué, le fait qu’elle n’avait rien perdu de son existence – et que son existence a laissé s’accomplir la volonté divine qui était contraire à sa nature, que s’est révélée en elle une dimension supérieure, inconnue jusqu’alors.
Que D-ieu protège et guérisse miraculeusement tous nos soldats comme chacun des enfants d'Israël, partout dans le monde, Qu'il venge leur sang, et qu'Il ne nous prodigue à partir de maintenant que des douceurs palpables à l’œil nu.


En chaque génération vit un homme qui attend avec impatience de pouvoir libérer son peuple de l’exil.


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Que faire pour que le Machia’h vienne?

Pirkei Avot 2:1

Adapté d'un discours du Rabbi de Loubavitch

Rabbi disait : « Quel est le droit chemin que l’homme doit choisir ? Toute action qui est tiféret – gloire – pour celui qui en est l’auteur et qui est pour lui tiféret – gloire – de la part des hommes. » (Pirkei Avot 2:1)
« L’homme » dont il est ici question et qui doit opérer ce choix est l’homme qui a achevé de parfaire sa personnalité et dont seuls les aspects les plus superficiels n’ont pas encore été totalement raffinés, et ce, non du fait d’un quelconque manque ou manquement de sa part, mais du fait de l’exil qui perdure.
Rabbi – Rabbi Judah le Prince, auteur de cette Michna – était à un tel niveau et le Talmud atteste qu’il aurait été digne, en sa génération, d’être le Machia’h.
Le Rabbi de Loubavitch enseigne qu’au terme des si nombreuses générations de l’histoire juive dont le travail de raffinement du monde s’est accumulé au fil du temps, le peuple juif dans sa dimension globale a atteint ce niveau et est désormais prêt pour la venue du Machia’h : la tâche impartie au peuple juif dans son exil a été achevée, le monde a été raffiné et transformé dans ses structures spirituelles profondes et il ne reste à régler que des problèmes superficiels. Le « travail en exil » est terminé, et il ne reste plus qu’à terminer l’exil lui-même.
Dès lors, la question qui se pose concrètement est : « Quel est le droit chemin – parmi ceux que propose la Torah – que l’homme – le peuple juif – doit choisir » pour déclencher la venue du Machia’h et la rédemption pour toute l’humanité ?
Ce à quoi la Michna répond : « Toute action qui est tiféret – gloire – pour celui qui en est l’auteur et qui est pour lui tiféret – gloire – de la part des hommes. »
L’attribut de « tiféret », qui signifie « gloire », « splendeur » ou « harmonie », symbolise dans la tradition mystique l’étude de la Torah. Ainsi, l’étude dans la Torah des thèmes du Machia’h et de la délivrance messianique est le chemin le plus droit pour amener à la révélation et à la venue du Machia’h, et à la délivrance messianique de manière concrète.
Adapté du discours du Rabbi de Loubavitch
du Chabbat Tazria-Metsora, 6 Iyar 5751-1991
Que D-ieu protège et guérisse miraculeusement tous nos soldats comme chacun des enfants d'Israël, partout dans le monde, Qu'il venge leur sang, et qu'Il ne nous prodigue à partir de maintenant que des douceurs palpables à l’œil nu.


En chaque génération vit un homme qui attend avec impatience de pouvoir libérer son peuple de l’exil.


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La crise des religions 

La parole universelle est celle qui rassemble, au-delà des frontières physiques et politiques. Un message universel qui s'accompagne de Croisades...


Né en Italie en 1822 et originaire du Maroc, le Rabbin Elie Benamozegh a écrit un nombre importants d'ouvrages. Parmi ceux-ci, un livre est essentiel pour chaque Ben Noah ainsi que pour les personnes intéressées à se documenter sur ce sujet : “Israël et l'humanité”. Paru pour la première fois en 1914 – quatorze années après la mort de son auteur – cet ouvrage nous fait découvrir un visage peu connu du judaïsme : une religion universelle avec d'une part, son peuple de prêtres – les juifs – et les nombreux commandements que ces derniers doivent respecter (le Chabath, manger kacher...).
 
D'autre part, le reste de l'humanité – les Bnei Noah (les enfants de Noé) – qui doit suivre seulement sept mitswoth (commandements bibliques). Considéré sous cet aspect, le judaïsme n'est plus seulement l'affaire des juifs. De fait, c'est toute l'humanité qui doit écouter ce que le Créateur a communiqué à Moché (Moïse). Qu'on soit juif ou pas, D-ieu nous a tous confier un rôle à tenir durant notre vie. “Israël et l'humanité” nous aide à le découvrir.
 
Nous vous proposons une suite d'articles dont le fil conducteur est l'ouvrage du rabbin Elie Benamozegh – “Israël et l'humanité” – dans sa version parue aux Éditions Albin Michel. Nos articles reprennent à leur compte la pensée du rabbin Benamozegh – formulée il y a plus d'un siècle – en la présentant sous un aspect plus proche de nous et des préoccupations de notre époque. Notre objectif n'est pas d'expliquer le texte d'“Israël et l'humanité”, mais de nous en servir comme le départ de nos propres réflexions.
 
Ainsi, si la lecture du livre “Israël et l'humanité” n'est pas indispensable à la compréhension de nos articles, elle est toutefois fortement recommandée pour obtenir une compréhension adéquate de la pensée du rabbin Elie Benamozegh.  
 
 
Introduction
 
Tout discours sur la religion se heurte rapidement avec sa prétendue opposition avec la science. Entre les rabbins – ou homme d'églises – qui prétendent que l'origine du monde remonte à quelques milliers d'années et les scientifiques qui datent cette origine à des milliards d'années, le choix semble fait d'avance.
 
Pour autant, si le discours des scientifiques possède tous les apparats du sérieux, nous devons admettre que le plus souvent, nous croyons ce discours sur parole, sans en comprendre réellement le fond. Ainsi, notre croyance en la théorie du big-bang repose sur la foi et pas sur l'acquisition d'un savoir particulier. Il est bon de le mentionner, à l'heure où certains ont tendance à prendre avec une pincée de sel ceux qui prônent un discours de la foi... religieuse.
 
Cependant, le rapprochement avec le Divin n'est pas avare d'obstacles de toutes sortes. L'opposition entre les religions est également à la source d'une attitude largement répandue : celui de jeter le bébé avec l'eau du bain. En d'autres termes : si les religieux ne s'entendent pas sur qui est D-ieu et sur ce qu'Il désire de l'espèce humaine, tout choix devient impossible et il est préférable d'oublier entièrement notre quête de spiritualité. Ici également, nous ne pouvons que contraster cette attitude avec le “respect” que nous accordons aux scientifiques et aux différentes “théories” sur l'origine du monde.
 
Ce respect se maintient malgré les débats – quelques fois féroces – qui existent au sein de la communauté scientifique pour expliquer, dater... l'origine du monde. Soudainement, notre sentiment d'exaspération face aux débats s'évapore pour faire place à celui d'une réelle modestie devant notre faible connaissance du sujet. C'est à se demander la raison d'un tel revirement.
 
L'antagonisme entre les religions est apparu avec le christianisme. Auparavant, chaque peuple possédait ses rites religieux qu'il avait hérités de ses ancêtres et dont il se faisait un devoir de transmettre à ses enfants. Avec l'apparition du christianisme la donnée change entièrement. Pour la première fois dans l'humanité, une religion se veut universelle. Peu importe où nous habitons sur le globe, notre passé, notre culture... le christianisme dévoile sa vérité en lui donnant un aspect mondial, global.
 
Six siècles plus tard, une nouvelle religion apparaît – l'islam – avec une prétention identique à l'universalisme. Le discours se modifie légèrement, mais l'objectif reste le même : révéler au monde entier la Puissance divine ainsi que la Cause ontologique. Il est intéressant de noter que les deux religions qui comptent aujourd'hui le plus d'adhérents dans le monde (à elles d'eux, elles représentent plus de la moitié de la population mondiale) puisent à la même source : celle du judaïsme.
 
Cette “crise” entre les religions est aggravée par les conflits qui existent en leur sein. Le christianisme – comme l'islam – sont affligés d'un nombre important de sous-groupes (les catholiques, les protestants, les anglicans... pour les premiers ; les chiites, les sunnites... pour les seconds). La discorde entre ces sous-groupes est d'une telle vivacité qu'on ne compte plus les schismes, accusations, meurtres...
 
Tout cela a de quoi étonner lorsqu'on se prétend être universel. La parole universelle est celle qui rassemble, au-delà des frontières physiques et politiques. Un message universel qui s'accompagne de Croisades ou de Guerre sainte pose problème. S'il est tout à fait compréhensible d'aller vouloir porter la bonne parole aux quatre coins du monde, il est plus inquiétant de constater que le discours s'accompagne du gourdin destiné aux réfractaires. Ne serait-ce pas la preuve d'un discours universel qui ne l'est pas vraiment ?
 
Dans bien des cas, convaincre est une bonne chose. Il est même possible de vouloir convaincre avec force. Il existe cependant une limite à ne pas franchir : celle de vouloir convaincre avec la force.
 
Nous étonnerions-nous du rejet des religions et de l'attrait pour le rationalisme que nous aurions déjà répondu à cette question. Si D-ieu est si difficile à trouver, utilisons ce que nous possédons – la raison – pour nous guider dans la vie. De la sorte, nous pouvons espérer trouver le chemin qui nous convient, celui que nous désirerons tracer et que l'humanité voudra suivre de plein gré. Aussi attirante qu'elle puisse être, cette démarche est encore plus délicate que celle qui consiste à chercher notre Créateur.
 
Le rationalisme pose comme postulat la suprématie de la raison comme source principale de toute connaissance. Doté de raison, l'homme semblerait capable de définir le “bien” absolu et partant, développer une société englobante dans laquelle le bien-être de chaque individu serait automatiquement assuré. Dans ce type de société, le bien – une fois défini – serait la force motrice qui permettrait d'atteindre une sorte de “paradis terrestre.” Même si cette définition peut paraître idéaliste, c'est son essence qui a produit les démocraties dans lesquelles nous vivons de nos jours.
 
Dans ces démocraties, qu'en est-il des principes de “bien absolu”, de “bien commun”, d'“intérêt général”... ? Un bref regard sur nos types de démocraties permet de déchanter : violence, meurtres, crimes ; politiciens corrompus, groupes de pression, pouvoir de l'argent; désillusion général des populations, angoisse des jeunes (en France, le suicide est la seconde cause de mortalité chez les adolescents, après les accidents de la route !), chômage... Le tableau n'en finit pas.
 
Qui peut prétendre aujourd'hui que nos sociétés sont menées selon l'intérêt général et que nos dirigeants pensent avant tout au bien-être des populations dont ils ont la charge ?
 
Cela n'est pas étonnant. Remettre à l'homme la définition du “bien”, c'est s'exposer aux définitions temporelles et malhonnêtes. La compréhension que nous avons du “bien” évolue chaque jour. Dans la vie même d'un individu, on comprend généralement que ce qui était bien à l'âge de vingt ans ne l'est plus à quarante et encore moins à soixante. De plus, d'un individu à l'autre, le “bien” possède une définition différente. Ainsi, il est évident qu'il n'appartient pas à l'homme de définir le “bien” absolu.
 
Cette définition doit être remise entre les mains d'une autorité réellement intemporelle, indépendante de toute mode et intérêt personnel et dont la conviction profonde est le véritable bien de l'être humain. Cette définition est celle d'un dogme : la religion.
 
Cela nous ramène au judaïsme, source du catholicisme et de l'islam. La question mérite d'être posée : si ces deux religions ont pu s'inspirer du même original en se proclamant universelles, ne vaudrait-il pas mieux étudier l'original afin d'y trouver son caractère universel ? Là se trouve la nouveauté : le judaïsme, longtemps considéré comme la religion exclusive des juifs, ne semble pas avoir à donner une vision universelle au monde. Ceci est pourtant contredit par la naissance qu'il a donnée au christianisme et à l'islam.
 
De plus, quelle serait la nature d'un D-ieu unique, dont l'intérêt résiderait seulement en une nation et encore, une nation qui représente environ un pourcent de la population mondiale ?
 
Si nous pouvons proclamer que le judaïsme est une religion universelle, il le doit à sa partie morale. En dehors de celle-ci, le judaïsme s'adresse à un peuple de prêtres – les juifs – dont la responsabilité consiste à servir le Créateur par l'entremise de nombreux commandements bibliques. C'est cet aspect qui a laissé croire à l'humanité que le judaïsme n'était que l'affaire des juifs. Une fois kidnappée par les deux religions, la morale universelle s'est détachée de son origine pour devenir leur apparat exclusif.
 
Pourtant, nul ne pourra nier que la racine de cette morale se trouve au sein du peuple qui a reçu la Toraau Mont Sinaï. Il est sans doute temps de rendre aux juifs ce qui leur appartient.
 
En cela consiste l'objectif du livre d'Élie Benamozegh : offrir au monde l'aspect universel du judaïsme qui a été mis sous une couverture depuis deux mille ans, étudier les rapports qui lient Israël avec les peuples du monde, définir la tâche commune des juifs et des non juifs et réunir ceux que l'histoire à séparés, opposés.
 
À suivre...
 
Vous êtes cordialement invités à lire les billets du jour sur le blog de David-Yits'haq Trauttman à www.davidtrauttman.com/

Que D-ieu protège et guérisse miraculeusement tous nos soldats comme chacun des enfants d'Israël, partout dans le monde, Qu'il venge leur sang, et qu'Il ne nous prodigue à partir de maintenant que des douceurs palpables à l’œil nu.

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Le Rabbi de Loubavitch - Machia'h



L’affaire Tiszaeszlar

Complot antisémite en Hongrie


Tiszaeszlar est un paisible petit village de Hongrie sur le fleuve Tisza (d’où son nom). C’était le 11 Nissan de l’an 5642 (1882). Les Juifs se préparaient à célébrer la fête de Pessa’h qui approchait. Ce jour-là, une jeune chrétienne de quatorze ans, Eszter Solymosi, qui travaillait comme servante auprès d’une famille également chrétienne, disparut. Cette famille, inquiète, en informa la mère qui, ne sachant que faire, sortit dans la rue dans l’espoir de trouver quelqu’un qui aurait vu sa fille ou tout au moins pourrait la renseigner sur elle. Ayant rencontré Josef Scharf, le chamach de la synagogue, elle lui demanda s’il pouvait la mettre sur une piste quelconque.

Des propos malheureux

Le chamach n’était pas un homme particulièrement intelligent. Au lieu de répondre simplement qu’il n’avait pas vu la fille, ce qui était le cas, il se mit à faire de grands discours à la pauvre femme.
« Ne vous inquiétez pas ma bonne dame, lui dit-il, et rentrez tranquillement chez vous. Vous verrez, votre fille ne tardera pas à rentrer. L’an dernier, à peu près à cette époque, un petit garçon chrétien avait disparu aussi et quelques personnes mal intentionnées n’attendaient que ce moment pour en accuser les Juifs sur la foi d’une sotte superstition selon laquelle ces derniers emploient du sang chrétien pour la confection de leurs Matsot. Heureusement, le garçon, qui avait fait une fugue, revint chez lui sain et sauf. Vous verrez que votre fille reviendra, elle aussi. »
Il ne pouvait prononcer paroles plus inopportunes. En effet, la femme qui partageait comme tant d’autres cette superstition en fut épouvantée. Elle se mit à pleurer et à se lamenter, répétant que les Israélites avaient égorgé sa fille et, pour finir, elle alla trouver le juge. Elle entendait porter plainte.
Ce dernier, connu pour la grande haine qu’il portait aux Juifs, n’attendait que l’occasion pour ouvrir une enquête.

Quinze Juifs arrêtés

Il se trouva que, quelques jours auparavant, trois étrangers étaient arrivés au village. C’étaient des cho’hatim, invités à poser leur candidature pour le poste, devenu vacant, de cho’het de la communauté. Leur présence dans l’agglomération avait suffi à éveiller les soupçons du juge. S’agissait-il d’un complot ? Il décida de soumettre à un interrogatoire serré l’un des jeunes fils de Josef Scharf. Comme son père, il ne brillait pas particulièrement par l’intelligence. On le menaça de la torture, puis on lui promit une bonne récompense. Bref, on fit tant et si bien que le juge finit par persuader le garçon que celui-ci avait été témoin de l’histoire tout à fait fantaisiste qu’on lui demandait de raconter. Et pour donner plus de poids à son témoignage, il affirmerait même qu’il avait vu tout cela de ses yeux. On avait ainsi à bon compte un témoin oculaire fabriqué de toutes pièces. Et voici ce qu’il raconta : regardant par hasard par le trou de serrure de la porte de la synagogue, il avait vu son propre père, aidé par les cho’hatim en visite, égorger la jeune disparue...
Ce « témoignage » constituait, aux yeux du juge, une preuve irréfutable. Il ordonna l’arrestation de quinze Juifs de Tiszaeslar, qui furent aussitôt jetés dans des cachots et enchaînés, sous l’inculpation de meurtre et qui furent soumis à la torture. Ils devaient avouer qu’ils avaient bien tué la jeune disparue.
La nouvelle du procès pour meurtre rituel se répandit très vite dans toute la Hongrie et, de là, dans le monde. Les conséquences ne se firent pas attendre : la populace fut poussée à des actes de violence contre les Juifs. Les accusations fantaisistes renaissaient : « Les Juifs emploient du sang chrétien pour la confection des pains azymes de Pessa’h ! » Nombre d’érudits, d’hommes de lettres, de hauts prélats, pour qui l’honnêteté intellectuelle et l’honnêteté tout court primaient tout, combattirent vigoureusement cette horrible accusation qui avait servi d’excuse au Moyen Âge pour l’assassinat de tant de Juifs innocents et sans défense. Le procureur général n’en maintint pas moins l’accusation, et les antisémites de tout genre qui le soutinrent ne manquèrent pas.
Environ dix semaines après la disparition de la jeune fille, trois bateliers, un Juif et deux chrétiens, qui travaillaient le long du fleuve, y découvrirent son cadavre. On le porta au village de Tiszaeslar où le médecin local l’identifia comme étant celui de la jeune disparue. Cependant, on n’y trouva aucune trace visible de violence et le médecin conclut à la mort par noyade, résultant d’une imprudence et très probablement d’un suicide. Le corps fut remis à la famille et un rapport officiel fut envoyé au procureur général.
Les Juifs se réjouirent sans réserve de ce dénouement inattendu qui coupait court à toutes les accusations. Mais, hélas, leur joie fut de courte durée, car le procureur général, qui ne désarmait pas, persuada la mère de la jeune disparue de soutenir que le cadavre n’était pas celui de sa fille. De plus, il fit arrêter les trois bateliers et les soumit à un interrogatoire si cruel qu’ils furent obligés « d’avouer » qu’ils avaient transporté d’une autre ville le cadavre et l’avaient jeté dans le fleuve dans le but d’aider les Juifs à rejeter l’accusation dont ils étaient l’objet. L’affaire rebondissait.

Un petit détail

Le 19 juin 1883, le procès des quinze Juifs de Tiszaeslar s’ouvrit à Nyiregyhaza (Niderhaz). Ce fut le grand événement du moment. Des reporters et des journalistes du monde entier tinrent à y assister. L’un des avocats principaux de la défense était Karoly Eötvös. Il s’attacha à montrer tout ce que cette accusation avait de ridicule et combien fragile était le témoignage d’un garçon plutôt faible d’esprit et censé avoir tout vu à travers le trou d’une serrure. Et il invita les juges et le procureur général à se rendre à la synagogue de Tiszaeslar et à regarder eux-mêmes par le trou de la serrure. Ils constateraient ainsi qu’on n’y pouvait strictement rien voir.
Le procureur général n’avait en fait même pas pris la peine de vérifier un détail si « négligeable ». Il suffit cependant. Tout l’édifice si soigneusement élaboré par l’accusation s’effondra. Deux semaines après, le 3 août, tous les Juifs étaient déclarés innocents. Le verdict, contresigné par l’Empereur François-Joseph Ier, soulignait non seulement que l’accusation était absolument dénuée de tout fondement, mais aussi que la notion même de meurtre rituel dans la religion juive n’existait que dans l’imagination de quelques superstitieux attardés.
Les accusés, qui avaient passé dix-sept mois en prison, furent libérés. La justice enfin triomphait. Les Juifs du monde entier pouvaient, cette fois, pousser un grand soupir de soulagement
Que D-ieu protège et guérisse miraculeusement tous nos soldats comme chacun des enfants d'Israël, partout dans le monde, Qu'il venge leur sang, et qu'Il ne nous prodigue à partir de maintenant que des douceurs palpables à l’œil nu.


En chaque génération vit un homme qui attend avec impatience de pouvoir libérer son peuple de l’exil.


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lundi 26 janvier 2015



Du déluge aux 7 lois de Noé 

L'origine des Bnei Noah se trouve dans la Bible et la naissance de Noah (Noé). Voici un aperçu général du contexte historique dans lequel le personnage de Noah a vu le jour.


De Noé à Avraham : 10 générations
 
Voici la descendance directe entre Noah (Noé) et Avraham : Noah (Noé), ChemArpakhchadChéla'h,'HéverPélegRé'ouSérougNa'horTéra'h et Avraham.
 
En l'an 1056, Lémekh et Achnoua donnent naissance à Noé (Noah en hébreu). Achnoua est la fille d'Elichouah, le fils de Hanokh de la descendance de Chète. Il représente la 10ème génération de la chaîne de transmission depuis Adam. Né circoncis, il porte deux noms : celui de Noé, donné parMathusalem son grand-père, et Mena'hem donné par son père Lémek.
 
Toutes les grandes traditions de l'humanité et les sciences reçues par Adam sont enseignées à Noé qui les transmettra aux générations postdiluviennes. Le livre "Seder hadoroth" (“L'ordre des générations”) signale que Noé fut le premier être humain dont les doigts n'étaient pas palmés. L'exégète Rachi note dans son commentaire sur la Genèse 5-29 la raison pour laquelle son père a nommé son fils Noah : car il a apaisé la colère de Dieu (se reposer se dit en hébreu “lanoua'h). Rachi précise aussi que ce dernier fut l'inventeur de la charrue.
 
1536 – 2255
D-ieu adresse le premier avertissement
 
En l'an 1536, D-ieu met en garde pour la première fois l'humanité et menace les hommes du déluge, de leur anéantissement. Noé et Mathusalem reçoivent l'ordre de D-ieu d'encourager les hommes à la repentance car leurs comportements et leurs mœurs sont abominables et dégénérés. D-ieu leur accorde 120 ans de réflexion face à la promesse de les anéantir, sinon ce sera la destruction de toute vie sur terre.
 
Il est écrit dans le "Zohar 'Hadach" à propos du verset de la Genèse 21-4 : "La génération du déluge était des plus savantes ; de fait, elle savait ce qui se passerait dans l'avenir. Les hommes se dirent : nous sommes des géants etc." Noé commence lentement la construction de l'arche afin de susciter le repentir des hommes.
 
1556 – 2235
Naissance de Chem'Ham et Japhèth
 
En l'an 1556, Noé épouse Naama, la fille de Lémekh, issu de la descendance de Kaïn. Ils donneront naissance à trois fils : Japhèth (ou Yaphèth) en 1556, puis à 'Ham en 1557 et Chem) en 1558. La famille de Noé est à l'origine de tous les peuples de la terre et ses membres sont considérés comme les "Pères" de l'humanité. Aux regards de la Tora écrite, Noé apparaît comme le seul Juste de sa génération.
 
Celle-ci est décrite comme plongée dans la corruption, la violence et a atteint le degré extrême de l'impiété par son manque de justice et de charité. Noé et sa famille sont choisis par D-ieu pour sauvegarder et perpétuer le genre humain. Son troisième fils Chem – qui veut dire le "nom" en hébreu – représente la 11ème génération de la chaîne de la transmission depuis AdamChem (Sem) est à l'origine du mot "sémite" et il est le père des peuples dits sémites.
 
1651 – 2110
"La fin de toute chair est venue"
 
En l'an 1651, D-ieu annonce à Noé que le déluge va anéantir toute vie sur la terre : "La fin de toute chair est venue, car la terre est pleine de leur violence. Et voici, Je les détruis avec la terre." (Genèse 6-13). Il lui ordonne d'achever la construction de l'arche – la Téva – et lui demande d'y amener un couple mâle et femelle de chaque espèce animale choisie. Un couple pour les animaux impurs et sept couples pour les animaux purs.
 
La caractéristique de l'animal pur est d'être herbivore d'avoir les sabots fendus. Il lui ordonne aussi de choisir trois filles pour ses trois fils. Noé choisit trois filles de la famille d'Élyakim, l'un des fils deMathusalem et marie ses fils. La construction de l'arche entreprise par Noé et ses fils durera encore cinq années. Le Talmud de Babylone (traité Sanhedrin) atteste que cette génération a commis toutes les fautes et que se sont les vols avec violence qui scellèrent leur destin.
 
Rabbi Yo'hanan commente : "Le vol est un crime terrible, car de tous les péchés commis par la génération du déluge, le vol a été mis en exergue pour porter tout seul la responsabilité de la destruction qui s'en suivit." Dans le traité talmudique Chabath (41-a), l'exégète Rachi rappelle que ce sont les pertes séminales en vain qui furent la cause du déluge.
 
1656 – 2105
Le déluge détruit toute l'humanité
 
Le 10 'hechvan 1556, la construction de l'arche est achevée par Noé qui est âgé de 600 ans. Le 11'hechvan 1656, Mathusalem décède. Rachi précise que D-ieu ajouta un délai de sept jours avant que ne commence le déluge, afin que l'on puisse enterrer Mathusalem, un homme de grande piété. D-ieu accorda ainsi les sept jours de deuil du Juste comme dernière chance de réflexion et de repentir. Le 17'hechvan, le déluge s'abat sur la terre : "la 600ème  année de la vie de Noé, le 2ème mois, le 17 du mois, les sources se sont ouvertes..." (Genèse 7-11).
 
Il existe toutefois deux avis dans le Talmud de Babylone quant à la détermination du mois qui est évoqué dans la phrase qui annonce le déluge.
 
1. Selon Rabbi Eliezer, le mois de tichré étant le premier mois de l'année hébraïque, le déluge a donc commencé le 17 du mois de 'hechvan.
 
2. Selon Rabbi Yéhoch'oua, le mois de nissan est le premier mois de l'année hébraïque ; selon lui le déluge a donc commencé le 17 iyar. Il est écrit dans le Talmud de Jérusalem (Pessa'him 1.1) : "Les constellations cessèrent leur marche l'année du déluge." Le Ta'hbets cite les traités Berakhoth etPessa'him du Talmud de Babylone et rappelle que lors de son séjour dans l'arche, l'un des fils de Noé reçut par un ange céleste le “Sefer Refouoth” (le "Livre des Remèdes") afin de soigner Noé qui était gravement malade.
 
Les dates que nous présentons dans cet article suivent l'opinion selon laquelle l'année hébraïque commence par le mois de tichré.
 
Le déluge anéantit toute vie sur la terre
 
Le 17 'hechvan 1656, le déluge s'abat sur la terre pendant 40 jours et 40 nuits et anéantit toute la descendance de Kaïn, à l'exception de Naama. Les pluies cessent le 28 kislev. Les eaux recouvrent et dépassent tous les sommets les plus hauts du monde d'une hauteur de 8 mètres, à l'exception de la Terre d'Israël. Les pluies cessent. Du 1ier sivan au 1ier av, les eaux commencent à diminuer et les sommets apparaissent. Le 17 sivan, l'arche se pose sur le mont Ararat.
 
La chaîne de montagne Ararat s'étend sur plusieurs kilomètres en Arménie et en Iran. Elle se situe è une dizaine de kilomètres d'altitude au-dessus du niveau de la mer. Le 10 eloul, Noé perçoit les cimes des montagnes et envoie le corbeau qui revient aussitôt. Le 17 eloul, Noé lâche pour la première fois la colombe qui revient. Le 24 eloul, Noé envoie la seconde fois la colombe qui revient avec un rameau d'olivier dans son bec. Selon le Midrach Raba, ce rameau provient du jardin d'Éden. Le 1ier tichré, Noé renvoie la colombe pour la troisième fois. Elle ne revient pas et la terre commence à s'assécher.
 
Le 27 'hechvan la terre est sèche. Noé et sa famille ont passé une année et 10 jours dans l'arche.
 
1657 – 2104
Croissez et multipliez ... pullulez et remplissez la terre... et soumettez-la
 
Le 27 'hechvan 1657, Noé et sa famille sortent de l'arche au terme d'un an et dix jours. Noé reconstruit l'Autel qu'Adam avait érigé sur le mont Moria. En ce lieu, il offre – en compagnie de Chem – des sacrifices à l'Éternel et plante une vigne. À la suite du déluge, D-ieu établit une alliance avec l'homme et la terre par l'intermédiaire de l'arc-en-ciel afin que celle-ci ne soit plus jamais détruite par les eaux. Noé vécut 350 ans après le déluge et fut enterré à l'âge de 950 ans à Zohala, un lieu qui est situé sur les monts du Liban.
 
À la fin du déluge et une fois les terres asséchées, les fils de Noé se dispersèrent et se multiplièrent sur la surface de la terre selon l'ordre de D-ieu ; ils formèrent ainsi peu à peu des familles, des tribus ou des clans. Noé et ses enfants – Chem'Ham et Japhèth – sont les "Pères" fondateurs de l'humanité. Il est rappelé dans le "Sefer HaYachar" – ainsi que par certains exégètes – que lors de la sortie de l'arche,'Ham vola à Noé la tunique que D-ieu avait donnée à Adam avant de le chasser du Jardin d'Éden. Celle-ci conférait d'énormes pouvoirs. Plus tard, il la donna cette tunique à Kouch qui la légua à son filsNemrod.
 
C'est grâce aux pouvoirs de celle-ci que ce dernier étendra sa domination sur ses frères.
 
Les 7 lois pour l'humanité : les 7 lois de Noé dites "Lois Noahides"
 
À la suite du déluge, Noé, ses trois fils ainsi que leurs descendants, sont autorisés à consommer de la viande : "...Tout ce qui se meut, tout ce qui vit, servira à votre nourriture..." (Genèse 9-3 et 4). Rachiprécise que les générations précédentes n'avaient été autorisées qu'à consommer des végétaux (Sanhedrin 59). Les Tanaïm soulignent que ce précepte inclut également celui de ne pas manger un membre d'un animal encore vivant : “Hever min ha'haï ” (Sanhedrin 59b). D-ieu ordonne ce "7ième" commandement en complément des 6 lois qui avaient été ordonnées à Adam et à sa postérité.
 
Noé est appelé le "Père de l'Humanité" ; c'est la raison pour laquelle ces 7 lois sont appelées les “7 lois de Noé” ou “Lois Noahides”, des lois révélées par D-ieu à l'ensemble de l'humanité. Tous les humains sont appelés en hébreu par le terme générique des “Bnei Noah ” (“les enfants de Noé”). Ce terme inclut les hébreux qui étaient respectueux de ces lois jusqu'au jour de la révélation sinaïtique, en 2448 lors du don de la Tora. C'est à ce moment que le peuple d'Israël accepta les 613 commandements transmis par D-ieu par l'intermédiaire de Moïse.
 
Désormais, le grand tribunal postdiluvien en charge du respect des 7 lois est présidé par Chem etHéver. Les sages soulignent que l'instauration de tribunaux est le fondement même d'une société juste et en paix. Par ailleurs, les Sages nous font remarquer que c'est à partir de cette période que commença la diminution de la durée de vie des hommes par l'accélération de la vieillesse, jusqu'à ce qu'elle soit fixée à l'époque de Moïse à 120 ans. De nos jours, des rapports scientifiques prouvent que la consommation courante de la viande accélère la prolifération de cellules qui favorisent le vieillissement de l'homme.
 
À ce sujet, des scientifiques ont prouvé que les cellules du corps humain sont programmées pour vivre 120 ans, sauf exception bien sûr.
 
Nous présentons – d'une façon sommaire – les 7 lois ordonnées aux générations après Noé. Bien évidemment, ces lois méritent des commentaires développés à propos de leurs déductions et de leurs ramifications. Les 7 lois sont :
  1. Ne pas blasphémer.
  2. Ne pas pratiquer l'idolâtrie.
  3. Ne pas pratiquer l'inceste, relations contre nature et adultère.
  4. Ne pas pratiquer l'homicide, le suicide, l'avortement et l'euthanasie.
  5. Ne pas pratiquer le vol sous toutes ses formes.
  6. Ne pas consommer le membre d'un animal vivant.
  7. L'institution de tribunaux et l'instauration d'une justice
Il existe de nombreuses sources hébraïques relatives aux 7 lois ordonnées aux "Bnei Noah", c'est-à-dire aux descendants de Noé. Il s'agit d'un titre générique qui définit en tout temps toute l'humanité, tous les hommes quelques soient leurs origines et qu'on nomme aussi par convention par le terme de "Gentils". Selon la Tora, il est du devoir du peuple juif de diffuser et d'enseigner aux nations les fondements de ces lois : comme par exemple, faire connaître le Créateur, une loi qui inclue la croyance et l'amour de D-ieu.
 
On distingue parmi ces sources le Pentateuque, ainsi que le Talmud de Babylone (en particulier les traités Sanhédrin 56 a-b, Baba Kama'Haguiga et 'Houlin) dont les Maîtres exposent à l'étude plusieurs sens et recommandations.
 
Dans son chapitre "Les lois sur les Rois", Rabbi Moché ben Maïmon développe certaines de ces lois. Cependant, pour toute personne désireuse de développer sa connaissance à propos de ces lois, une étude plus approfondie est évidemment nécessaire. En plus de ces sources, il convient d'inclure tous les exégètes qui ont débattus sur ces lois et répondus à de nombreuses questions en leur temps, tel lerabbin Sa'adia GaonRachi, les Tossafoth, le Méri, le Rama, le Noda Biyéhouda, le Gaon de Vilna, le'Hida, etc. Plus près de nous, nous pouvons citer le Rabbi Mena'hem Mendel de Loubavitch.
 
On distingue aussi l'un des plus célèbres auteurs à ce sujet : le rabbin Éliyahou Benamozegh, qui a écrit dans son ouvrage intitulé "Israël et l'humanité" : " Telle est la conception juive du monde. Au Ciel, un seul D-ieu, père commun de tous les hommes, et sur la terre une famille de peuples parmi lesquels Israël est le premier né, chargé d'enseigner et d'administrer la religion de l'humanité dont il est le prêtre. Cette religion est la loi de Noé, c'est celle que le genre humain embrasera aux jours du Messie et qu'Israël a la mission de conserver et de faire prévaloir à son heure". [Lire notre série d'articles à propos du rabbin Éliyahou Benamozegh]
 
À suivre...
 
Reproduit et adapté avec l'aimable autorisation de “Encyclopedia Hebraïca” http://www.sodyna.com/

Que D-ieu protège et guérisse miraculeusement tous nos soldats comme chacun des enfants d'Israël, partout dans le monde, Qu'il venge leur sang, et qu'Il ne nous prodigue à partir de maintenant que des douceurs palpables à l’œil nu.

En chaque génération vit un homme qui attend avec impatience de pouvoir libérer son peuple de l’exil.