Machia'h arrive, le saviez-vous?
En chaque génération vit un homme qui attend avec impatience de pouvoir libérer son peuple de l’exil

jeudi 27 novembre 2014


Les «égarés» et les «éloignés»
par Menahem Brod

On raconte que le tsadik qu’on surnommait le Shpoler Zeïdé – le « Grand-Père de Shipoli » – adressa un jour au Tout-Puissant ce poignant appel : « Maître du monde ! Envoie la Délivrance et le Machia’h tant que le peuple juif l’attend et désire Ton dévoilement. Car si Tu ne le fais pas, un jour viendra où l’on n’attendra plus ni Toi, ni Ton Machia’h, et alors Tu seras bien obligé de l’envoyer. »
Cette déclaration à la fois virulente et incisive, que seul un tsadik comme leZeïdé pouvait oser, illustre une vérité remarquable : si le peuple juif ne mérite pas que la Délivrance intervienne plus tôt, dans des générations antérieures, celle-ci se fera alors dans une génération orpheline et défaillante sur le plan spirituel.
C’est également ce qui ressort des signes que les Sages du Talmud annoncent comme caractérisant la période prémessianique, dite du « Talon du Machia’h ». Contrairement à ce que l’on pourrait penser, ce ne sera pas une période d’élévation spirituelle, de sainteté, de pureté, marquée par l’attachement à la Torah et aux qualités morales. Ce sera au contraire une période d’une bassesse jamais égalée, aussi bien sur le plan moral que sur le plan de la pratique du Judaïsme et de la connaissance de la Torah. Une époque d’arrogance, de rébellion contre les traditions ancestrales, de ternissement du prestige de la Torah et de ceux qui l’étudient,1 comme l’expriment nos Sages dans cette saisissante formule : « La face de la génération sera semblable à la face du chien. »

La majorité des gens sont « égarés »

On constate que tout cela décrit la réalité actuelle. Ainsi, à en juger par tous les signes qui se manifestent dans le monde, il est clair que le Machia’h est actuellement sur le point de venir, dans notre génération. Celle-ci n’est certes pas une génération de renégats déclarés contre la Torah, comme ce fut le cas de celle des « maskilim »2 ou de celle qui la suivit, mais une génération « d’enfants captifs ».3 Cependant, concrètement, elle reste une génération éloignée de son Créateur. Lorsque le Machia’h viendra et rassemblera les exilés d’Israël, la plupart des Juifs qu’il ramènera des quatre coins du monde appartiendront aux catégories des gens « égarés » et « éloignés ». Et c’est précisément dans une telle génération que se fera l’avènement messianique !
En vérité, ce scénario ne devrait pas constituer un motif d’étonnement, car il est clairement annoncé dans le verset : « En ce jour résonnera le Grand Chofar ; alors arriveront ceux qui étaient égarés dans le pays d'Achour, et ceux qui étaient éloignés dans la terre d'Égypte, et ils se prosterneront devant l'Éternel, sur la montagne sainte, à Jérusalem. »4 C’est donc ainsi que se définit l’avènement du Machia’h : il apparaîtra précisément dans une réalité où la masse des Juifs sera constituée de « égarés » et d’« éloignés », il les rassemblera et les amènera se prosterner devant l’Éternel.

Un espace vide

Bien évidemment, ceci n’est pas fortuit, mais correspond à un dessein profond.
Dans son ouvrage Netsa’h Israël,5 le Maharal de Prague explique qu’une situation nouvelle peut apparaître de deux manières : elle peut surgir du sein même de la situation antérieure, celle-ci se modifiant progressivement pour donner lieu à la nouvelle situation ; mais lorsqu’il s’agit de donner lieu à une réalité fondamentalement nouvelle, celle-ci ne peut se baser sur la situation qui prévalait auparavant. Il est donc nécessaire qu’intervienne un processus de « disparition de la réalité antérieure », c’est-à-dire que la situation précédente périclite et donne lieu à un « espace vide », dans lequel surgira la nouvelle réalité.
Il en est de même concernant l’avènement messianique : étant une réalité intrinsèquement nouvelle, il n’est pas possible d’y parvenir par un processus graduel qui viendrait modifier la réalité antérieure petit à petit. Ce n’est qu’à travers une déchéance considérable, détruisant l’état précédent et créant un vide, que survient la Délivrance messianique qui remplit alors ce vide.

La qualité du pauvre

Le Rabbi de Loubavitch ajoute à cela un éclairage supplémentaire,6 basé sur l’enseignement du Baal Chem Tov sur le verset des Psaumes « Prière d’un pauvre qui se sent défaillir et répand sa plainte devant l’Éternel »7 Le Baal Chem Tov enseigne que la prière d’un pauvre possède une qualité particulière qui est que, du fait qu’elle émane d’un cœur brisé, elle est une demande de se trouver « devant l’Éternel », d’être attaché à D.ieu, et se trouve de ce fait d’autant plus agréée. Une autre qualité du pauvre est que sa joie est encore plus grande lorsqu’il voit sa prière exaucée, du fait de l’ampleur du manque dont il souffrait précédemment.
Ceci permet de comprendre que c’est grâce aux « égarés » et aux « éloignés » que la révélation messianique sera si importante. Car lorsque des Juifs proches de D.ieu et de la Torah prient pour la révélation de la royauté divine, ils ont en tête des éléments partiels, tels que pouvoir avoir plus de ferveur dans la prière, plus d’enthousiasme dans l’étude de la Torah, plus d’attachement à D.ieu dans l’accomplissement des commandements, etc. En revanche, lorsque le « GrandChofar » du Machia’h réveillera l’âme des « égarés » et des « éloignés », ils ne demanderont pas d’atteindre tel ou tel « niveau », mais ils réclameront D.ieu Lui-même : C’est afin d’être « devant l’éternel » qu’ils « répandront leur plainte ». C’est justement parce qu’ils se trouvent dans la plus grande « étroitesse » qu’ils susciteront la plus grande mesure de « largesse » dans la révélation divine.8
Et qu’en sera-t-il des Juifs qui servent D.ieu ? Le Rabbi explique qu’ils peuvent aussi mériter la révélation du Grand Chofar à travers le sentiment d’être « égarés » et « éloignés » de la grandeur infinie de D.ieu. Une telle humilité constitue le réceptacle adéquat pour recevoir l’incommensurable révélation messianique.
Que D-ieu protège et guérisse miraculeusement tous nos soldats comme chacun des enfants d'Israël, partout dans le monde, Qu'il venge leur sang, et qu'Il ne nous prodigue à partir de maintenant que des douceurs palpables à l’œil nu.


En chaque génération vit un homme qui attend avec impatience de pouvoir libérer son peuple de l’exil.


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Affronter le monde

La leçon de Jacob

par Tali Loewenthal

Un défi qui se présente à chacun d’entre nous en particulier, ainsi qu’au peuple juif dans son ensemble est la nécessité de garder l’équilibre entre la dimension spirituelle de la vie et les activités mondaines et matérielles. Il y a, d’une part, la prière, l’étude de la Torah, les mitsvot spirituelles comme d’allumer les bougies de Chabbat et une approche contemplative de la vie. Et, d’autre part, il y a la routine de la vie, les besoins matériels et d’autres aspects concrets de la vie au quotidien.
Une autre version de cette division est celle entre le peuple Juif et les nations du monde. Celle-ci représente également un équilibre délicat à atteindre. D’une part, nous avons le besoin de préserver notre identité juive et la nature particulière de nos valeurs et de notre culture, mais nous avons également l’espoir de jouer un rôle utile dans la société en général.
Un passage de la paracha de cette semaine, Vayétsé,1 nous aide à comprendre la subtilité de ces relations. Jacob vivait dans la maison de son oncle idolâtre, Laban. Il avait épousé ses deux filles et travaillait pour lui comme berger. Et pourtant, à chaque étape, Laban essayait de le tromper. C’est ainsi que Jacob et ses femmes décidèrent de s’enfuir.
Laban et ses hommes poursuivirent Jacob. Quand ils les rattrapèrent, ils convinrent d’instituer entre eux une frontière nette et érigèrent un monticule de pierres pour en marquer la limite.2 Le territoire de Laban s’étendrait à l’est de ce monticule et celui de Jacob, à l’ouest. Ils déclarèrent que ni eux, ni leurs descendants ne traverseraient jamais cette frontière pour faire la guerre. Rachi commente : mais ils peuvent le traverser pour des affaires commerciales.3
Dans les enseignements de la ‘Hassidout, la frontière entre Laban et Jacob est perçue comme la division entre le sacré et le profane. Cette distinction est importante. Il faut savoir clairement ce qui représente la dimension juive de la sainteté et ce qui ne la représente pas.
Pourtant, il y a ici une subtilité. Le mot hébreu pour « monticule de pierres » estgal. Mais ce mot signifie également « révéler ». Il y a une frontière, mais, parfois, précautionneusement, on traverse la frontière. Le but en est de révéler et établir la sainteté dans un domaine qui jusque là était resté ordinaire, profane, laïque.
Comment est-ce possible ? Par le biais des mitsvot de la Torah, qui impliquent le monde concret mais le relient avec la Divinité infinie. On gagne de l’argent – ce qui constitue assurément une activité terrestre et matérielle. Mais de cet argent gagné, on consacre une partie à la charité. C’est une mitsva qui relève du plus grand niveau de sainteté. À travers elle, tout l’argent que l’on gagne s’élève et est connecté avec le divin.
Les lois de la Torah nous aident à comprendre de quel côté de la pile de pierres nous devons être. Il en est de même pour les enseignements de la Torah, en particulier ceux qui en expriment la dimension spirituelle et profonde. Ainsi le mot gal, « un monticule de pierres » possède également la valeur numérique de 33, ce qui fait allusion au 33ème jour du Omer, l’anniversaire de la disparition de Rabbi Chimon bar Yo’haï, le fameux auteur du Zohar, le livre de base de l’aspect kabbaliste du Judaïsme.
La connaissance des enseignements de la Torah et tout particulièrement de leurs aspects les plus profonds, nous aide dans notre cheminement dans la vie, nous apportant un sens de l’équilibre. L’on sait quand il faut aller de l’avant et quand il faut reculer ; quand Jacob doit rester dans son propre territoire et quand il doit avancer vers celui de Laban et révéler ainsi la sainteté et le bien latents et cachés dans toute existence.4
Car c’est là la véritable tâche de chaque Juif...

NOTES
1.Genèse 28,10 - 32,3.
2.Voir Genèse 31,46-53.
3.Rachi sur 31,52.
4.Librement adapté du Likoutei Si’hot du Rabbi de Loubavitch, vol. 3 p. 794, et du Sefer HaMaamarim Melukat, p.271-8.

Que D-ieu protège et guérisse miraculeusement tous nos soldats comme chacun des enfants d'Israël, partout dans le monde, Qu'il venge leur sang, et qu'Il ne nous prodigue à partir de maintenant que des douceurs palpables à l’œil nu.


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mercredi 26 novembre 2014


Une génération entièrement méritante

Comment être digne de la délivrance messianique?

par Menahem Brod


L’une des plus célèbres citations talmudiques au sujet de la Délivrance est celle de Rabbi Yo’hanan dans le traité Sanhédrine (98a) : « Le fils de David ne viendra que dans une génération totalement méritante ou totalement coupable. » Le sens simple de ces mots est que le Machia’h viendra dans l’une ou l’autre de ces situations extrêmes : soit quand le bien atteindra son apogée, soit que le mal sera à son comble.
Ceci nécessite néanmoins une explication. Nous savons, en effet, que le mal ne disparaîtra de ce monde qu’après la délivrance messianique, lorsque s’accomplira la prophétie « J’effacerai l’esprit du mal de la surface de la Terre. »1 Comment, dès lors, peut-on envisager qu’une génération soit « totalement méritante » ? D’un autre côté, comment serait-il possible qu’une génération soit « totalement coupable » ? Pourrait-on concevoir une époque où plus aucun Juif n’étudierait la Torah et n’accomplirait de Mitsvot ?

Séparer le bien du mal

Le Maharcha explique dans son commentaire sur le Talmud que ces deux éventualités correspondent à deux scénarios possibles de la Délivrance précédemment évoqués dans le même traité (97b). Rabbi Eliézer dit : « Si Israël fait téchouva (se repent), il sera délivré. » C’est le scénario de « totalement méritant » : le peuple juif, faisant de lui-même téchouva devient méritant et est immédiatement délivré. Rabbi Yéhochoua dit que si le peuple juif ne fait pas Téchouva de lui-même « D.ieu leur enverra un roi dont les décrets seront durs, comme Haman, et Israël fera téchouva. » C’est le scénario de « totalement coupable », dans lequel le peuple juif est en lui-même au plus bas, et D.ieu le force à revenir vers Lui et être ainsi digne d’être délivré.
Le Maharal de Prague2 explique de façon plus approfondie les paroles de Rabbi Yo’hanan : La venue de Machia’h constituera une existence et une perfection nouvelles dans ce monde. Pour cette raison, elle ne peut se faire quand le monde mène son existence habituelle, mais seulement dans l’un de ces deux cas : soit que la génération est « totalement méritante », étant parvenue au sommet de la perfection humaine et se retrouve donc prête au dévoilement divin de la Rédemption. Soit qu’elle est « totalement coupable », étant tombée au plus bas niveau de la condition humaine, ce qui permet de « construire sur un terrain dégagé » le monde nouveau de l’ère messianique.
La ‘Hassidout explique que la rédemption se fait lorsque la tâche d’extraire le bien du mal est terminée.3 Nous avons en effet pour mission de séparer le mal du bien auquel il s’est mélangé et d’établir des limites claires entre eux. Tant que le bien et le mal sont mélangés l’un dans l’autre, la Délivrance ne peut se faire. Elle adviendra dans l’un des deux cas : soit le bien repoussera totalement le mal (« totalement méritante »), soit le mal surmontera le bien et le dominera (« totalement coupable ») et D.ieu l’anéantira alors.

Les signes de la Délivrance

Cependant, si la génération est « totalement coupable », par quel mérite viendrait la Délivrance ? Le Talmud répond à cela par le verset suivant : « Et Il a vu qu’il n’y avait pas d’homme, Il a constaté avec stupeur que nul n’intervenait ; alors c’est Son bras qui vint à son secours… »4 C’est-à-dire que lorsque D.ieu constatera que le peuple juif n’a pas de mérite propre, Il le délivrera de Lui-même.
Dans son commentaire sur ce verset, le Radak explique que cette situation n’aura lieu qu’au début du processus de la Délivrance. Il peut arriver que « le peuple ne fasse pas téchouva avant d’avoir vu le début de la Délivrance », mais lorsque les Juifs auront vu les signes de la Délivrance « la majorité d’entre eux feront Téchouva », dit le Radak. Il précise également qu’il ne saurait y avoir de génération « totalement coupable » : « Il est impossible qu’il ne se trouve dans le peuple juif des personnes justes et bonnes qui seront dignes de la Délivrance. » D’après lui, la qualification de « totalement coupable » se réfère seulement à la génération dans son ensemble et n’implique pas que tous soient déméritants.
Plusieurs Tsadikim de la génération précédente ont déclaré qu’ils ne laisseraient jamais se développer une situation où la génération serait « totalement coupable ». Cependant, cela implique de faire en sorte qu’elle soit « totalement méritante ». Comment est-ce envisageable dans la situation actuelle marquée par l’assimilation, etc ? Il ressort toutefois que c’est précisément parce que nous sommes une génération orpheline connaissant tant de difficultés et d’épreuves, celle dite du « talon du Machia’h », qu’il est plus facile de la considérer comme « totalement méritante ». Ainsi écrivait le Rav de Chinava :
« Aujourd’hui, dans le “talon du Machia’h”, alors que s’est accomplie la prédiction des Sages selon laquelle “la sagesse des scribes sera corrompue et ceux qui craignent la faute seront méprisés par la foule”… notre étude et notre prière sont encore plus appréciées par D.ieu que celles des premières générations. »5

NOTES
1.Zacharie 13, 2.
2.Netsa’h Israël chap. 39.
3.Maamarim Haktsarim de l’Admour Hazakène, p. 403 ; Al tatser ete Moav de l’Admour Haemtsaï, p. 42.
4.Isaïe 59, 16.
5.Divrei Yé’hezkel al haTorah, traité Roch Hachana, p. 17.

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Quelque part entre spiritualité et religion

Se trouve la vérité

par Yanki Tauber


La plupart d’entre nous, en ce début de siècle spirituel, revendiquent un « côté spirituel », un « côté religieux », ou quelque autre façon de désigner cette partie de nous en contact avec Quelque Chose de Supérieur. Donc la question n’est pas vraiment si oui ou non nous l’avons, mais de quoi il s’agit exactement. Cela relève-t-il du développement personnel, au même titre, disons, qu’un cours de menuiserie ou d’une séance de thérapie ? Est-ce un devoir, comme d’obéir à la loi du pays ou d’aller travailler le matin ? Ou est-ce tout simplement qui vous êtes ?
Le Talmud, s’attaquant à cette question il y a plus de 1500 ans, la formule en ces termes : comment qualifiez-vous la place que D.ieu occupe dans votre vie, « une montagne », « un champ » ou « une maison » ?
C’était, pour chacun des trois pères fondateurs du peuple juif, l’une ou l’autre de ces choses. Il y a un endroit – le Mont du Temple à Jérusalem – que la Torah considère comme le point focal de la présence de D.ieu dans notre monde. Quand Abraham s’y trouva, ce lieu fut appelé « la montagne de la révélation de D.ieu ». Pour Isaac, l’endroit était « un champ ». Jacob y a passé une nuit et l’a proclamé « la maison de D.ieu ».
Les Kabbalistes résument ainsi la vie des trois Patriarches : Abraham était l’incarnation de l’amour, Isaac personnifiait la crainte et Jacob était l’essence de la vérité.
Le problème avec l’amour, c’est qu’il peut aller trop loin, pesant sur la frontière entre soi et autrui au point de devenir étouffant et décadent. Abraham était la perfection de l’amour, mais son fils Ismaël était un exemple d’amour débridé. Le problème avec l’humilité, l’engagement et l’autodiscipline, c’est qu’ils peuvent se figer en cruauté. Ésaü est un exemple de corruption de l’esprit d’Isaac.
La vérité, d’un autre côté, est-ce qu’elle est, non pas parce qu’elle recherche quelque chose ou parce qu’elle fuit quelque chose. La vérité, c’est l’amour qui respecte les frontières ; la vérité, c’est l’engagement tempéré par la compassion. La vérité n’est pas une montagne, un morceau de terre distendu qui essaie d’être le ciel, non plus qu’un champ, s’aplatissant au sol pour se soumettre à la charrue et à la bêche. La vérité est une maison : un lieu qui abrite la vie, qui subvient à ses besoins et lui permet d’être elle-même.
Bien sûr, la maison ne peut pas exister sans la montagne et le champ. La vérité sans passion est morte ; la vérité sans engagement est sans assise. Pour devenir nous-mêmes, nous devons gravir nos montagnes et travailler nos champs. Mais nous devons nous rappeler que la vie réellement vécue n’est pas affaire d’atteindre quelque chose ou de se soumettre à quelque chose, mais d’habiter nos réalisations et nos engagements. Ou, comme l’exprime le Midrache : de faire du monde une demeure pour D.ieu.
Que D-ieu protège et guérisse miraculeusement tous nos soldats comme chacun des enfants d'Israël, partout dans le monde, Qu'il venge leur sang, et qu'Il ne nous prodigue à partir de maintenant que des douceurs palpables à l’œil nu.


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mardi 25 novembre 2014


La conception de l’éducation juive de Laban

« Les enfants sont à moi ! »

par Naftali Silberberg

Après que Jacob et sa famille aient fui de chez Laban, celui-ci se lança à leur poursuite et les rejoignit au mont Guilad. « Les filles sont mes filles et les fils sont mes fils », clama-t-il. « Comment agirais-je contre mes filles, ou contre les fils qu'elles ont enfantés ? »1
La Torah possède plusieurs niveaux de sens, ainsi des énoncés qui peuvent apparaître comme simples ont également une signification profonde. Les paroles de Laban à Jacob contenaient un message plus profond et bien plus sinistre. Jacob était alors un vieux Juif, âgé de près de cent ans. Il avait été éduqué auprès d’Abraham et d’Isaac et avait passé la plus grande partie de sa vie dans les « tentes de l’étude ». Il était le prototype du vieux Juif à la barbe blanche de l’Ancien Monde. Laban représentait tout à fait l’opposé : un homme d’affaires malin et avisé, ayant passé toute sa vie à courir après le profit. Lorsque Laban vit que Jacob avait l’intention d’éduquer ses enfants dans les voies d’Abraham et d’Isaac, il se drapa dans ses habits de grand-père concerné pour donner son avis à son gendre.
Jacob était le prototype du vieux Juif à la barbe blanche de l’Ancien Monde. Laban était un homme d’affaires malin et avisé« Ton mode de vie était bien pour la “vieille génération”, mais les enfantssont à moi. La nouvelle génération doit être correctement éduquée pour réussir dans la vie professionnelle, sans perdre de temps à étudier une loi et une philosophie qui ne les aidera pas à gagner le moindre sou. »
Jacob, en revanche, estimait que le sens des affaires à lui tout seul ne constitue pas la clé du succès. Certes, la Torah dit que « D.ieu te bénira dans toutes tes entreprises »,2 ce qui veut dire que D.ieu nous demande de travailler et non d’attendre que la manne tombe du ciel, mais ce travail n’est rien d’autre que le canal à travers lequel nous parviennent les bénédictions divines. C’est le renforcement de notre connexion avec D.ieu à travers l’étude de la Torah et l’observance des mistvot qui accroît le flux de bénédictions. Si les canalisations ne sont pas reliées à une source d’eau, ce n’est pas le fait d’agrandir leur diamètre qui va arranger le problème !
La véritable éducation juive inculque aux enfants cette notion vitale. Cela leur donne la force d’entrer dans le monde sans en être intimidés, car celui-ci n’est qu’un instrument divin pour nous apporter la subsistance que D.ieu nous a déjà attribuée.3
Que D-ieu protège et guérisse miraculeusement tous nos soldats comme chacun des enfants d'Israël, partout dans le monde, Qu'il venge leur sang, et qu'Il ne nous prodigue à partir de maintenant que des douceurs palpables à l’œil nu.


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L’annonce de l’exil et de la délivrance

L’alliance "entre les morceaux"

par Menahem Brod

L’histoire de l’exil du peuple juif prend sa source dans un évènement clé de notre histoire : l’alliance éternelle passée entrer D.ieu et Abraham, dénomméeBrit bein habetarim« l’Alliance entre les morceaux ». C’est alors que D.ieu annonça à Abraham :
« Sache que ta descendance séjournera dans une terre étrangère, où elle sera asservie et opprimée… »
(Genèse 15,13)
Les Sages expliquent dans le Midrache que ces mots, outre l’exil d’Égypte, font allusion à tous les exils que le peuple d’Israël subira dans son histoire, jusqu’à la Délivrance messianique.
Ces exils (excepté le premier qui en est l’origine) se répartissent de façon générale en quatre : Babylone, les Mèdes (Perse), la Grèce et Edom (Rome et ses successeurs). Les Sages ont enseigné qu’il est fait référence à ces quatre exils dans le verset : « … et une angoisse sombre et intense tomba sur lui »(Genèse 15, 12) :
  • « Une angoisse » : c’est Babel (Babylone),
  • « sombre » : c’est la Perse,
  • « intense » : c’est la Grèce,
  • « tomba sur lui » : c’est Edom.
Dans le Midrache Pirkei déRabbi Eliézer, l’épisode de « l’alliance entre les morceaux » est largement commenté (avec certaines différences). D.ieu dit à Abraham « Prépare-moi une génisse âgée de trois ans, une chèvre de trois ans, un bélier de trois ans, une tourterelle et une jeune colombe » (Genèse 15, 9). Ce Midrache raconte que les exils du peuple juif furent représentés par les animaux qu’Abraham découpa :
  • « Une génisse de trois ans », c’est le royaume d’Edom…
  • « Une chèvre de trois ans », c’est le royaume de Grèce…
  • « Un bélier de trois ans », c’est le royaume des Mèdes et des Perses…
  • « Une tourterelle », c’est la descendance d’Ichmaël (Ismaël). »
Il y est expliqué qu’Abraham découpa ces animaux afin d’affaiblir la puissance de ces royaumes : « Si Abraham n’avait pas découpé les animaux, le monde n’aurait pas tenu devant ces nations. Dès qu’il les a découpés, leur puissance a diminué. »

La germination de la Délivrance

Dans la suite du Pirkei déRabbi Eliézer, il est expliqué que « la colombe » fait référence au peuple juif et c’est pour cela qu’Abraham ne l’a pas découpée et « les oiseaux de proie » symbolisent le Machia’h, le Messie (verset 11 : « Les oiseaux de proie s’abattirent sur les corps et Abraham les mis en fuite. ») :
« Les oiseaux de proie s’abattirent sur eux » pour les faire disparaître du monde… Il s’agit du rejeton de David… Et Abraham se dressait et agitait des foulards afin que les oiseaux de proie ne les prennent pas avant le soir. »
Cet épisode est fort surprenant : premièrement, pourquoi lorsque D.ieu conclut une alliance éternelle d’amour et d’attachement avec Abraham lui annonce-t-Il de telles mauvaises nouvelles, à savoir que sa descendance connaîtra quatre exils ? Deuxièmement, si les oiseaux de proie symbolisaient le Machia’h, pourquoi donc Abraham s’est-il dressé contre eux et a « agité des foulards » pour les faire fuir ? Se pourrait-il qu’il ait voulu empêcher la Délivrance ?
Le Rabbi de Loubavitch explique que tout ceci exprime la nature profonde de l’exil.1 L’exil n’est pas seulement un châtiment ou un décret divin : c’est le creuset au sein duquel la Délivrance prend forme. Les évènements miraculeux de l’ère messianique annoncés par les Prophéties ne pourront exister que grâce à l’exil. L’unique raison de l’exil est de donner lieu à la Délivrance et c’est pour cela que, précisément au moment du passage de l’alliance, D.ieu annonce à Abraham qu’il y aura un exil, duquel sortira la lumière éclatante de laGuéoula, la Délivrance messianique.

Une Délivrance « mûre »

Rabbi Its’hak Abrabanel2 divise l’exil en trois périodes : la première, durant laquelle la Délivrance ne peut pas encore venir. La seconde, pendant laquelle la délivrance peut intervenir, mais, la situation n’étant pas parvenue à maturité, elle n’amènera pas la plénitude et la perfection qui nous sont promises. La troisième, lors de laquelle tout est prêt pour la Délivrance et il ne manque que son déclenchement effectif.
D’après cet ordre des choses, Abrabanel explique le sujet des « oiseaux de proie » : l’épisode de « l’alliance entre les morceaux » a commencé la nuit, s’est poursuivi le jour pour se terminer le soir. La nuit, les oiseaux de proie ne se sont pas montrés du tout, car la nuit représentait la période durant laquelle « le descendant de David ne peut pas venir, car c’est la mesure nécessaire de l’exil. » Mais « dès lors que le soleil s’était levé et que les oiseaux de proie pouvaient venir, Abraham a dû agiter des foulards jusqu’au soir, pour que ce dernier marque la fin de l’exil. » Ceci parce que si la Délivrance était venue avant son temps, elle n’aurait pas amené « la grande vengeance contre les ennemis et les hauts faits de Délivrance qu’ont annoncés les Prophètes. »
C’est pour cela qu’Abraham s’est dressé et a agité des « foulards », en hébreu « soudarim ». Ceci est relié à la notion de « seder », « l’ordre » : que les choses se déroulent dans l’ordre qui a été prévu pour elles, jusqu’à ce que vienne « le soir », qui est le moment de la Délivrance complète. Et ce « soir » est déjà arrivé !
Que D-ieu protège et guérisse miraculeusement tous nos soldats comme chacun des enfants d'Israël, partout dans le monde, Qu'il venge leur sang, et qu'Il ne nous prodigue à partir de maintenant que des douceurs palpables à l’œil nu.


En chaque génération vit un homme qui attend avec impatience de pouvoir libérer son peuple de l’exil.


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lundi 24 novembre 2014


En exil à Jérusalem ?
par Menahem Brod

De nos jours, des Juifs vivent à Jérusalem, dont le développement s’étend jour après jour, et pourtant ils prient D-ieu de les sortir de l'exil et de les conduire à la Délivrance. N'y a-t-il pas ici une incohérence flagrante ? En outre, les Juifs sont désormais libres d'agir comme ils le souhaitent. Alors en quoi consiste donc cet "exil" ?
Le Judaïsme – et en particulier la 'Hassidout – confère à la notion d’exil une signification bien plus profonde que son acception commune. D'après cette perception, nous sommes bel et bien dans un exil difficile et affligeant et avons urgemment besoin de la Délivrance.
Comme dans un rêve
Dans cette optique, l'exil se définit comme étant la désorganisation des valeurs. C’est lorsque ce qui est intrinsèquement élevé ne trouve pas sa place au sommet et lorsque ce qui est vil et bas est en position dominante. L'exil désigne une situation anormale, contre nature, du point de vue de la vérité.
Il est évident que l'exil du Peuple Juif de sa terre est inclus dans cette définition. L'état naturel du Juif est de se trouver chez lui, sur la terre d'Israël. Lorsqu'il se trouve à l'extérieur de sa terre et que, dans celle-ci, un peuple étranger domine, c'est évidemment l'exil, une situation anormale et aberrante. Cependant, la déportation physique du Peuple d'Israël de sa terre n'est qu'une composante de l'exil, l'expression géographique d'un exil intérieur plus important encore. 
En premier lieu, l'exil est celui de D-ieu Lui-même. En effet, Celui-ci subit ce qui est dénommé "Galout Hachekhina", l'exil de la Présence Divine. De ce point de vue, l'absurdité et l'aberration de la situation sont flagrantes. Car même si "la terre est remplie de Sa gloire" et que la réalité du monde ne doit sa vitalité qu'à la force divine qui l'anime, cette vérité reste dissimulée et invisible. Seul le monde physique et matériel s'offre à nos yeux alors qu'il nous est impossible de percevoir cette force divine pourtant omniprésente. D-ieu n'est pas dévoilé – il est donc en "exil" et sa "place" dans le dévoilement, dans la vérité, est "occupée", "usurpée" par l'apparence matérielle de l'univers.
Un autre exil est celui de l'âme. L'âme est d'un niveau incommensurablement plus haut que celui du corps (la meilleure preuve en est que l'âme est immortelle alors que le corps retourne à la poussière dès que l’âme l’a quitté). Si l’état normal et naturel de l'âme est de gouverner le corps, chez la majorité d’entre nous, cependant, c’est l’inverse qui se passe : la plupart du temps, ce sont le corps et ses pulsions qui nous accaparent. Lorsque la Torah et le service divin ne sont pas vécues et ressenties comme étant l’essentiel de la vie et quand les sujets du corps ont la préséance sur les besoins de l’âme, c’est là l’exil de l’âme.
L’exil est comparé au sommeil et au rêve. Le rêve illustre bien la notion d’exil car il est, lui aussi, le théâtre d’évènements perçus alors comme acceptables, mais qui mettent pourtant en scène des faits anormaux, qui ne sauraient être envisagés dans la réalité. Dans un rêve, en effet, se retrouvent associés des faits qui peuvent exister dans la vie réelle mais dont la juxtaposition est normalement impossible. Et ce qui fait la force du rêve, c’est le sentiment éprouvé par le rêveur que toute cette absurdité est bien réelle, et même qu’elle est parfaitement normale.
La vérité mise au jour
Le véritable exil inclus donc en lui la condition contre nature du monde, l’homme en général et du peuple juif et de la Présence Divine. C’est pour cette raison que nous demandons dans nos prières la Délivrance messianique qui mettra au jour aux yeux de toute l’Humanité la vérité de toute chose : la lumière divine qui crée le monde ne sera plus voilée, l’expression de l’âme divine ne sera plus entravée par les contingences du corps et le Peuple d’Israël retrouvera son véritable statut.
Lorsque cet exil général disparaîtra, le Peuple Juif sera alors naturellement rassemblé sur sa terre, le troisième temple sera reconstruit et la Présence Divine résidera à nouveau au sein d'Israël, avec encore plus d'intensité qu'auparavant. Tant que ceci n'a pas eu lieu et que, au contraire, l'obscurité spirituelle garde toute sa force, nous sommes en exil et nous prions D-ieu trois fois par jour "Vété'hézéna eineinou bechouve'ha leTsion - Puissent nos yeux voir Ton retour à Sion".
Que D-ieu protège et guérisse miraculeusement tous nos soldats comme chacun des enfants d'Israël, partout dans le monde, Qu'il venge leur sang, et qu'Il ne nous prodigue à partir de maintenant que des douceurs palpables à l’œil nu.


En chaque génération vit un homme qui attend avec impatience de pouvoir libérer son peuple de l’exil.


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