Machia'h arrive, le saviez-vous?
En chaque génération vit un homme qui attend avec impatience de pouvoir libérer son peuple de l’exil

vendredi 9 janvier 2015


Des mendiants à un mariage


La pauvreté de Rabbi DovBer, le Maguid de Mézeritch, était légendaire. Les repas, quand il y en avait, consistaient en une croûte de pain ; Le « mobilier » dans son taudis était un assortiment de planches et de souches d’arbres. Un jour ses disciples lui demandèrent : « Rabbi, pourquoi devez-vous endurer ces conditions abjectes, tandis que d'autres, beaucoup moins méritants que vous, jouissent des bénédictions du monde de D.ieu ? » Rabbi DovBer répondit avec une histoire :
Il arriva qu’un homme riche marie sa fille. Le père de la mariée était un homme généreux et charitable et il voulut partager sa joie avec les malheureux. Il fit ainsi afficher des avis dans toutes les synagogues et les hospices du voisinage invitant tous les mendiants et autres vagabonds à prendre part au festin du mariage.
Ce fut enfin le jour de la noce. Des centaines de mendiants prirent place autour des tables chargées de la nourriture la plus savoureuse que l’on puisse trouver. C’est alors qu’un drame survint. La mariée tomba soudainement malade. Les plus grands médecins furent amenés à son chevet, mais en vain. La mariée mourut, et la noce fut changée en deuil.
Les mendiants étaient divisés en deux camps. Un groupe déclara : « La nourriture est sur la table. Qui sait quand, si jamais, une telle opportunité de remplir nos estomacs se représentera ? Notre hôte ne voudrait certainement pas que toute cette délicieuse nourriture soit jetée. Si nous demeurons affamés, cela soulagera-t-il sa douleur ? »
Le deuxième groupe de mendiants, cependant, ne voulait pas toucher à la nourriture qui se trouvait devant eux. « Comment pourrions-nous manger et boire, s’écrièrent-ils, quand celui qui a procuré tout cela est en pleurs ? Comment pourrions-nous profiter d'une fête dont le but et la cause ont été transformés en malheur ? »
« Le monde est une noce, conclut Rabbi DovBer, créé pour l'union de D.ieu avec son épouse, Israël. Mais le mariage fut perturbé, la maison-nuptiale – le Saint-Temple – fut détruite. Oui, le festin est là, mais son âme est dévastée. Celui qui l’a procuré est en deuil.
« Il y a ceux qui n’ont pas de difficulté à profiter du festin comme ils le peuvent. Moi, cependant, j’appartiens au second groupe de mendiants. Je ne peux me résoudre à profiter des restes de ce mariage avorté... »
Que D-ieu protège et guérisse miraculeusement tous nos soldats comme chacun des enfants d'Israël, partout dans le monde, Qu'il venge leur sang, et qu'Il ne nous prodigue à partir de maintenant que des douceurs palpables à l’œil nu.


En chaque génération vit un homme qui attend avec impatience de pouvoir libérer son peuple de l’exil.


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La soupe répandue
par Nissan Mindel

La soupe répandue

Quand le célèbre Rabbi Elimélekh de Lizensk et son frère Rabbi Zoussia n’étaient pas encore connus comme grands chefs de plusieurs milliers de ‘Hassidim, ils s’imposèrent une fois ce que nous appellerons un exil. Ils errèrent de place en place, inconnus de tous, se nourrissant grâce aux libéralités de quelques Juifs charitables.
Quel était le but de cet exil volontaire ? Il y avait à cela plusieurs raisons. Ces jeunes rabbins, destinés à devenir de grands chefs pour les masses juives, désiraient s’entraîner à la souffrance et à l’humilité pour s’interdire à jamais toute forme de vanité. Ils désiraient aussi constater de visu les malheurs et les souffrances de leurs frères, parmi lesquels certains dont la misère était grande et qui ne vivaient que grâce à la mendicité. Un autre but était qu’ils aspiraient au pardon pour tout péché qu’ils auraient pu avoir commis inconsciemment. Ces deux jeunes gens pressentaient la gravité de leur destinée future d’héritiers de la haute tâche transmise par le saint Baal Chem Tov au Maguid de Mézeritch et aux disciples de ce dernier.
Ainsi donc, une veille de Chabbat, les deux frères parvinrent à un petit bourg et attendirent que quelqu’un les invitât à passer le Chabbat chez lui. Dans toute la communauté, il n’y avait qu’un très petit nombre de Juifs ayant les moyens matériels d’inviter chez eux deux étrangers. Les autres arrivaient à grand-peine à nourrir leur nombreuse famille. Rabbi Elimélekh et son frère Rabbi Zoussia attendirent, fort embarrassés, dans la synagogue. Finalement, quand tout le monde fut parti, le rabbin, l’homme le plus pauvre de la communauté, les invita à l’accompagner chez lui.
On ne peut pas dire que la nourriture fût abondante dans sa maison et la rebbetsin (la femme du rabbin), qui ne s’attendait pas à cette double visite, était fort gênée. Cela la mit de méchante humeur et elle ne le cacha pas. Mauvaise humeur qui devint de la colère quand Rabbi Elimélekh, ayant tiré vers lui son assiette, au fond de laquelle il y avait une ou deux cuillerées de soupe où dominait surtout l’eau, l’inclina par inadvertance et en répandit le contenu sur la table.
« Vous êtes bien maladroit ! » grommela-t-elle, tandis que son mari faisait de son mieux pour la calmer.
Elle lui redonna un peu de soupe, cette fois encore plus aqueuse que la première. Mais par un phénomène étrange, alors que l’assiette était devant Rabbi Elimélekh, encore une fois elle fut renversée on ne sait comment, et se vida sur la table. La rebbetsin joignit les mains et les serra très fort, essayant en vain de se contenir. Son pieux mari intervint encore et eut bien du mal à apaiser sa colère.
« Je prive mes enfants de cette méchante soupe et ce mendiant, par sa gaucherie, en perd deux assiettes ! » se plaignit-elle, les yeux pleins de larmes.
Le pauvre rabbin n’eut rien de mieux à faire que de donner sa propre assiette de soupe à l’invité. Il se rendait compte de la grande confusion dans laquelle se trouvait ce dernier du fait de sa maladresse. Mais en le regardant, il remarqua, non sans surprise, que le jeune homme était si profondément absorbé par ses pensées qu’il semblait ne s’être même pas aperçu de ce qui venait de se passer.
Et, chose encore plus étrange que la deuxième fois, cela arriva à nouveau ! Rabbi Elimélekh tendait la main pour prendre sa cuiller... « Attention ! » cria la pauvre femme. Trop tard ! L’assiette se renversa et son contenu alla grossir la petite mare qui s’était formée sur la table et dont la nappe s’imbibait peu à peu. De la part de la rebbetsin, ce ne fut plus de la colère, mais de la rage !
La voix de Rabbi Zoussia se fit entendre, douce et ferme à la fois. « Ne vous mettez donc pas dans cet état, dit-il à la rebbetsin. Si l’assiette de soupe s’est renversée trois fois, ce n’est pas un simple accident. Quelque chose doit s’être produit dans les hautes sphères. Quelque part dans le monde, votre soupe répandue doit avoir sauvé beaucoup, beaucoup de biens précieux pour les Juifs. »
Comment ces paroles dites d’une voix calme agirent sur la femme ? On ne saurait le dire. Le fait est quelle pardonna sur-le-champ à son invité. Pourtant elle n’avait pas réellement compris.

Un terrible oukase

Quelques semaines plus tard, le bruit parvint jusqu’au petit bourg que ce vendredi-là, jour de cet étrange incident, le tzar Paul était sur le point de signer quelques oukases ordonnant l’expulsion des Juifs de leurs foyers s’ils ne payaient pas un très lourd impôt. Par trois fois, l’encrier s’était renversé au moment de la signature du document que le ministre présentait au tzar. Après la troisième fois, le souverain avait posé sa plume et dit : « Je regrette, Messieurs, je ne signerai pas cet oukase. Nul doute que des puissances supérieures sont opposées à ce que nous mettions à exécution notre plan. »
C’est alors seulement que le rabbin et sa femme comprirent que leurs deux jeunes convives du Chabbat n’étaient pas des mendiants ordinaires. Et le plaisir de la rebbetsin n’était pas le moindre en pensant que sa soupe qu’on avait répandue par trois fois avait quelque rapport secret avec l’encrier renversé lui aussi trois fois et dont la conséquence avait été d’épargner un si grand malheur à toutes les communautés juives du pays.


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Quand viendras-tu?

La question du Baal Chem Tov au Machia’h


Voici un extrait d’une lettre que le Baal Chem Tov écrivit à son beau-frère, Rabbi Guerchon de Kitov au sujet d’une expérience mystique qu’il eut le jour de Roch Hachana 5507 (1747) :
« ... J’ai réalisé une ascension de mon âme1, comme cela t’est connu, et j’ai été témoin de scènes extraordinaires que je n’avais jamais vues jusqu’ici... Je suis monté de niveau en niveau jusqu’à la sphère du Machia’h. Là, il apprenait avec les maîtres du Talmud, les justes et les sept bergers du peuple juif2. Une très grande joie dont je ne connaissais pas la cause régnait parmi eux. Je pensais alors que cette joie provenait du fait de mon décès3 – à D.ieu ne plaise – , mais je sus par la suite que j’étais toujours vivant, car les processus spirituels que je provoquais à l’aide de leurs enseignements leur procuraient une grande satisfaction. Toutefois, je ne pus jamais savoir la raison de leur joie.
Je demandai au Machia’h : « Quand viendras-tu, Maître ? »4 Il me répondit : « Tu le sauras ainsi : Lorsque ton enseignement se diffusera et se révélera dans le monde et que tes sources, qui consistent en ce que je t’ai enseigné et que tu as compris, se répandront au dehors... »
Cette réponse du Machia’h au Baal Chem Tov, qui atteste de la relation entre son enseignement et l’avènement des temps messianiques, a été, depuis lors, pour le mouvement ‘hassidique, un véritable manifeste du caractère universel de sa portée.
« Répandre les sources à l’extérieur » signifie, pour le ‘Hassidisme, amener ses enseignements aux personnes, aux lieux, aux niveaux les plus éloignés du Judaïsme, jusqu’à ce que le « l’extérieur » lui-même devienne « une source jaillissante » de l’expression du divin en ce monde.
C’est là tout le sens de la révélation et de la diffusion mondiale de la « ‘Hassidout ‘Habad », qui permet à tout un chacun d’intégrer intellectuellement les enseignements du Baal Chem Tov pour en faire la base de sa vie quotidienne.

NOTES
1.Cette montée de l’âme dans les sphères spirituelles est un processus kabbalistique que le Baal Chem Tov utilisait souvent. D’après la tradition hassidique, celui-ci était plus souvent dans les mondes spirituels que dans ce monde.
2.Qui sont : Abraham, Isaac, Jacob, Joseph, Moïse, le roi David et le roi Salomon.
3.La disparition d’un juste est, du point de vue ésotérique, source d’une grande joie, car celui-ci est libéré des contraintes physiques de son corps et du monde.
4.La formulation de cette question, posée par le Baal Chem Tov en araméen, est empruntée à Rabbi Yéochoua Ben Lévi dans le traité Sanhédrine (98a).



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Où est D.ieu quand on a mal?
«Je serai qui Je serai»
par Yossef Y. Jacobson

« Dis-moi franchement, j’en appelle à toi. Réponds-moi : Imagine-toi que les destinées de l’humanité sont entre tes mains, et que pour rendre définitivement les gens heureux, pour leur procurer enfin la paix et le repos, il soit absolument nécessaire de torturer à mort ne fût-ce qu’un seul petit être, la petite fille qui se frappait la poitrine de son petit poing, et de fonder sur ses larmes le bonheur futur. Consentirais-tu, dans ces conditions, à édifier un pareil bonheur ? Réponds-moi sans mentir ! »
Ivan Karamazov, dans Les Frères Karamazov de Fiodor Dostoïevski

Empathie

Une nouvelle institutrice essayait de mettre en pratique ses cours de psychologie. Elle commença sa classe en disant « Que tout celui qui pense être stupide se mette debout ! »
Au bout d’un moment, le petit Jeannot se leva. La maîtresse fut surprise, mais se dit que c’était l’occasion d’aider un enfant en détresse.
« Tu penses vraiment être stupide, Jeannot ? » lui dit-elle.
« Non madame, répondit Jeannot. Mais ça me faisait de la peine de vous voir debout toute seule ! »

Moïse demande le nom de D.ieu

La Torah relate l’histoire dramatique d’un peuple souffrant pendant des décennies sous le règne d’un empire cruel et brutal. Les garçons nouveau-nés sont jetés dans le Nil, les hommes et les femmes juifs sont soumis aux travaux forcés, battus et torturés sans merci. La vie juive n’a plus de valeur.
« Un long moment est passé et le roi égyptien est mort », déclare la Bible. « Les enfants d’Israël gémirent du sein de l’esclavage, et ils se lamentèrent. »1La tradition midrachique explique que ce verset signifie que le chef égyptien fut frappé de lèpre, comparable à la mort, et que ses médecins lui affirmèrent que le seul moyen d’en guérir était d’exécuter des enfants hébreux, cent cinquante le matin et cent cinquante le soir, et de se baigner dans leur sang deux fois par jour.2 La douleur du peuple juif devint alors insupportable.
C’est à ce moment que « leur plainte monta vers D.ieu ; D.ieu entendit leur supplication ».3 Dans un coin reculé du désert de Sinaï, D.ieu persuade Moïse d’abandonner sa vie solitaire et introvertie de berger et de se jeter dans la gueule du loup pour libérer son peuple brisé de l’esclavage.
Dans un puissant dialogue entre Moïse et le Tout Puissant, Moïse dit à D.ieu : « Voici, je me rendrai auprès des Enfants d’Israël et je leur dirai : “Le D.ieu de vos pères m’a envoyé à vous” et ils diront : “quel est Son nom ?”, que leur répondrai-je ? ».
« Je serai comme Je serai ! » répondit D.ieu à Moïse, « dis aux Enfants d’Israël : “Je serai” m’a envoyé à vous’. »4

D.ieu en exil

La signification de cette réponse nous échappe. Moïse demande à D.ieu Son Nom et la réponse en est : « Je serai comme Je serai ! » Quel sens se cache-t-il derrière ces curieuses paroles ?
Le grand commentateur biblique, Rachi5, s’appuyant sur la tradition talmudique6, complète les mots manquants : « Je serai [avec vous dans votre détresse présente tout] comme Je serai [avec vous dans vos exils et persécutions futurs]. »
Mais cette explication n’est pas suffisante : Moïse a demandé à D.ieu un nom, un moyen d’identification qu’il pourrait communiquer au peuple juif. Et en réponse, D.ieu lui présente un verbe plutôt qu’un nom précis, une activité plutôt qu’une description.

Une question étrange

Pour apprécier la réponse de D.ieu, il nous faut au préalable comprendre la question de Moïse.
Moïse dit à D.ieu : « Voici, je me rendrai auprès des Enfants d’Israël et je leur dirai : “le D.ieu de vos pères m’a envoyé à vous” et ils diront : “quel est Son nom ?” Que leur répondrai-je ? »
Maïmonide, dans son « Guide des Égarés », soulève une question7 : Pourquoi Moïse était-il convaincu que le peuple juif voudrait connaître le nom du D.ieu qui l’avait envoyé en mission pour les libérer de l’esclavage ? Il semblerait qu’en montrant qu’il connaissait le nom de D.ieu, cela authentifierait d’une certaine manière sa qualité de messager divin pour sauver les Hébreux d’Égypte. Mais pourquoi ? S’ils avaient entendu le nom de D.ieu avant la venue de Moïse, il est facile d’imaginer que Moïse Le détenait de la même source qu’eux et pas nécessairement de D.ieu. Et si par contre, ils ne l’avaient jamais entendu, comment ce nouveau nom, qu’ils entendraient de la bouche de Moïse, pourrait-il les persuader de lui faire confiance ?
Qui plus est, Moïse introduit sa question en disant, « Voici, je me rendrai auprès des Enfants d’Israël et je leur dirai : “Le D.ieu de vos pères m’a envoyé à vous” et ils diront : “Quel est Son nom ?” » Moïse évoquera avec eux le D.ieu de leurs pères, un D.ieu dont ils ont entendu parler par leurs pères. Ces derniers ne leur avaient-ils donc jamais enseigné le nom de ce D.ieu ? Comment se pouvaient-ils qu’ils parlent de ce D.ieu et Le prient sans Lui donner de nom ou de description ?

La question des questions

Dans sa demande, Moïse ne cherche pas l’identité de D.ieu ou Son titre. Il Lui adresse La question essentielle, la question des questions, celle qui sera, avec certitude, formulée par les Hébreux vers lesquels il est envoyé.
« Quel est Son nom ? » crieront les esclaves juifs à Moïse. Pendant plus de huit décennies8, nous avons suffoqué sous le joug d’une tyrannie brutale. Des milliers et des milliers de nos enfants ont été massacrés pour que le roi Pharaon puisse se baigner quotidiennement dans du sang juif : des bébés ont été arrachés du giron de leur mère et jetés dans le fleuve. Nous avons été battus, humiliés, torturés et tués. Les Égyptiens ont fait de notre vie un cauchemar infernal et ont bafoué notre dignité en nous réduisant à une sous-humanité. Et soudain, le grand et puissant D.ieu des cieux et de la terre, qui crée et gouverne le monde entier, se décide à ressentir notre douleur ?
« Quel est Son nom ? » tonneront les esclaves. Toi, Moïse, tu dis que D.ieu « a vu la souffrance de Son peuple en Égypte »9 et c’est la raison pour laquelle Il t’envoie nous sauver. Mais où était-Il jusqu’à aujourd’hui ? Quel est Son nom, quel est le caractère d’un D.ieu qui peut demeurer indifférent dans les cieux alors que des bébés sont arrachés aux bras de leur mère et jetés dans le Nil et que Pharaon se baigne dans le sang d’enfants juifs ? Où était-Il pendant les quatre-vingt-six ans où nous étions frappés à mort par les fouets des contremaîtres égyptiens ? Est-ce là le D.ieu que nous devrions accepter et suivre ? Est-ce là le D.ieu en qui nous devons placer notre confiance ? Et est-ce ce D.ieu envers lequel nous devons maintenant exprimer notre gratitude ? Un D.ieu indifférent aux larmes et aux lamentations de l’humanité ?

La réponse

Jamais dans l’histoire, D.ieu n’a répondu à cette question, la plus grave de toutes les questions et peut-être l’argument le plus fort de l’athéisme. Le livre de Job, dédié à la question du sens de la souffrance des innocents, s’achève avec une révélation de D.ieu à Job, lui disant en substance qu’il n’existe aucun moyen pour l’esprit humain de créer les constructions logiques dans lesquelles pourrait s’inscrire le comportement de D.ieu. Le fini et l’infini ne vont tout simplement pas ensemble.
D.ieu ne donna pas non plus la réponse à Moïse. C’est la raison pour laquelle, à la fin de la Paracha10, Moïse adresse à D.ieu des paroles extrêmement dures : « Mon Seigneur ! Pourquoi as-Tu fait du mal à ce peuple ? Pourquoi m’as-Tu envoyé ? Depuis le moment où je me suis rendu chez Pharaon pour parler en Ton nom, il a fait du mal à ce peuple, mais Toi, Tu n’as pas sauvé Ton peuple ! »
Et que transmet D.ieu au peuple juif à travers Moïse, « Je serai comme Je serai ! » Comme nous l’avons souligné, les Sages du Talmud et Rachi expliquent ces mots ainsi : « Je serai avec vous dans votre détresse présente tout comme Je le serai dans vos exils et persécutions futurs. »
Je suis un mystère, admet D.ieu. Je suis étrange, infiniment étrange. Mon écriture de l’histoire est tout à fait insondable pour l’esprit et le cœur humains. Et pourtant, vous devez savoir une chose : Je ne suis pas un D.ieu indifférent, résidant dans les Cieux et gouvernant théoriquement la destinée de chaque être humain selon le sens que Je définis. Je suis présent avec vous dans votre angoisse. Je suis dans les lamentations d’un esclave battu, dans les gémissements de la mère à qui l’on a arraché son enfant, dans le sang répandu d’un enfant assassiné. Vous pleurez ? Je pleure avec vous. Vous êtes écrasés ? Je suis écrasé avec vous. Quelle que soit la profondeur de l’obscurité dans laquelle vous vous trouvez, J’y suis encore plus profondément. Je n’orchestre pas la souffrance humaine depuis une planète distante, éloignée de votre détresse existentielle. Je suis là avec vous, souffrant avec vous, sanglotant avec vous, priant pour la rédemption avec vous.11
Il se peut que l’homme ne comprenne jamais l’« esprit » de D.ieu. Mais ne le laisse pas penser, dit D.ieu à Moïse, que D.ieu qui comprend le dessein de la souffrance, se permet le luxe de ne pas ressentir l’intensité de l’obscurité. Chaque larme que nous versons devient Sa larme. Il se peut qu’Il ne les essuie pas, mais Il les fait siennes.12

NOTES
1.Exode 2, 23.
2.Midrache Rabbah Chémot 1:24, cité par Rachi sur le verset.
3.Exode ibid. versets 23-24.
4.Exode 3, 13-14.
5.Sur Exode ibid.
6.Talmud Berakhot 9b.
7.Moreh Nevoukhim 1:63. Maïmonides lui-même et plusieurs commentateurs bibliques donnent diverses réponses à cette question.
8.L’asservissement du peuple juif a commencé avant la naissance de Moïse (voir Exode chapitres 1 et 2). Moïse avait 80 ans lorsqu’il s’adressa à Pharaon pour la première fois (Exode 7,7).
9.Exode 3, 7.
10.Ibid. 5, 22-23.
11.Cette vérité a également été exprimée par le lieu où cette conversation s’est tenue : depuis un buisson épineux. "D.ieu S’est révélé à Moïse dans un buisson épineux, et pas dans une autre espèce d’arbre, pour indiquer qu’Il se trouve avec [Israël] dans son affliction" (Rachi, Exode 3,2). "Pourquoi un buisson épineux ? Pour nous enseigner qu’il n’existe pas de lieu exempt de la présence divine" (Midrache Rabbah, Chémot 2:9). Cette idée est également exprimée dans Isaïe 63,9 et constitue un thème majeur du livre des Psaumes.
12.Cet essai est basé sur un discours du Rabbi de Loubavitch, Chabbat Chémot 5743 (le 8 janvier 1983), publié dans Likoutei Si’hot vol. 26, pp. 10-25.
Quand le Rabbi prononça ce discours, il pleura amèrement. Ce fut une scène d’une émotion inoubliable. Ceux qui étaient présents sentirent leur cœur se déchirer devant les larmes incontrôlables du Rabbi alors qu’il décrivait la question des Juifs et la réponse de D.ieu.



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