Machia'h arrive, le saviez-vous?
En chaque génération vit un homme qui attend avec impatience de pouvoir libérer son peuple de l’exil

jeudi 18 juin 2015


Même les souris...

Un procès pas gagné d'avance


Même les souris...
Hillel gérait une taverne qu’il louait à un riche propriétaire terrien en Russie. Ses clients, - les paysans locaux - appréciaient ses services et son honnêteté. Seul un des paysans ressentait une jalousie tenace envers le tenancier juif. Stefan qui était presque toujours ivre en voulait à Hillel qui refusait de lui servir davantage de vodka quand il était évident qu’il avait atteint une limite à ne pas dépasser.
Stefan jura qu’il se vengerait du Juif : il trouverait bien un moyen de l’impliquer dans un crime. Il décida de dénoncer aux autorités une prétendue fraude sur les taxes perçues sur la vente de la vodka... Pour prouver ses dires, il engagea les services d’autres paysans, antisémites comme lui, qui accepteraient de témoigner sous serment qu’Hillel leur avait vendu de l’alcool illégalement.
On ordonna une enquête. Les faux témoins prêtèrent serment et jurèrent qu’ils avaient vu, de leurs yeux, la fraude. Le juge qui était tout aussi antisémite, profita de cette occasion pour condamner tous les Juifs, bien connus – n’est-ce pas – pour leur malhonnêteté et leur esprit de combine : il décréta la peine la plus lourde sur ce pauvre Hillel.
Bien entendu, celui-ci s’éleva avec indignation contre ces accusations mensongères. Les larmes aux yeux, il déclara qu’il était victime d’un complot. De nombreux clients se présentèrent spontanément pour prendre sa défense et attester de son honnêteté proverbiale. Même le riche propriétaire vint confirmer que jamais « son Juif » ne l’avait trompé. Les enquêteurs sentaient qu’Hillel ne pouvait effectivement pas être coupable mais ils ne pouvaient pas ignorer le faux témoignage de Stefan et ses acolytes. L’affaire traîna en longueur, dura près d’un an et pendant ce temps, Hillel s’inquiéta, se renferma et, le cœur brisé, restait reclus à la maison en train de réciter des Téhilim (Psaumes).
Sa femme, Dvora Léa, voyant qu’il était de plus en plus découragé, décida qu’il n’y avait qu’une solution. Le père de Dvora Léa avait été un ‘Hassid de Rabbi Mena’hem Mendel de Loubavitch, le Tséma’h Tsédek : elle suggéra donc à son mari de se rendre à Loubavitch pour obtenir conseil et bénédiction auprès du Rabbi.
Hillel ne venait pas d’une famille ‘hassidique et n’avait aucune envie de se rendre auprès d’un Rabbi. Cependant, la date du verdict approchait et il décida d’écouter sa femme.
A Loubavitch, Hillel remarqua que de nombreuses personnes attendaient depuis des jours le privilège de pouvoir parler au Rabbi, tant de personnes qu’il se découragea... Mais après avoir expliqué au secrétaire l’urgence de sa situation, il obtint néanmoins un rendez-vous pour le lendemain.
En entrant dans le bureau, Hillel se mit à pleurer tandis qu’il décrivait sa peine, le terrible complot qui l’accusait. Le Rabbi l’écouta patiemment puis le réconforta : « Ne pleure pas, Hillel. D.ieu viendra certainement à ton aide. Dans ce monde, toute créature a une mission bien particulière. Même les souris sont parfois bénéfiques. Rentre chez toi et place ta confiance en D.ieu ! »
Hillel quitta Loubavitch, rassuré bien qu’il n’ait pas vraiment compris ce que le Rabbi avait voulu dire. Son épouse était également perplexe mais elle était sûre que D.ieu accomplirait la promesse du Tsaddik.
A l’approche du verdict, Hillel et Dvora Léa se rendirent au tribunal qui était rempli de curieux. Hillel s’assit sur le banc des accusés. Pâle, il récitait des Psaumes avec tant de ferveur qu’il en vint à oublier tout ce qui l’entourait.
On fit entrer Stefan. Il répéta ses fausses allégations mais quand l’avocat lui posa des questions précises, il s’empêtra dans ses mensonges. Cela ne l’inquiéta pas outre mesure puisqu’il savait pouvoir compter sur ses amis. Mais aucun d’entre eux ne se présenta à la barre des témoins : malades ? fatigués ? peureux...
L’affaire tournait à l’avantage d’Hillel mais le procureur ne baissait pas les bras. Il demanda qu’on apporte les documents originaux : le juge envoya le clerc les chercher dans les archives. Toute l’assistance attendait avec impatience son retour mais, quand il réapparut, il avait les mains vides. Il murmura quelque chose à l’oreille du juge qui hurla : « Rapportez ici ce qu’il en reste ! »
« Mais, Votre Honneur ! répondit l’homme gêné : il ne reste plus rien ! Les souris ont mangé tout le dossier ! »
« C’est impossible, cria le juge. Rapportez-moi tout le tiroir ! »
Le clerc revint quelques minutes plus tard, portant un grand tiroir rempli de bouts de papier inutilisables.
Bien que tous les autres dossiers dans le tiroir fussent en bon état, le dossier d’Hillel avait été complètement dévoré par les souris.
Hillel, absorbé par sa lecture des Psaumes, n’avait aucune idée de ce qui s’était passé autour de lui et fut surpris quand ses amis se précipitèrent vers lui en lui souhaitant chaleureusement Mazal Tov. Quand il comprit que les charges avaient été abandonnées – de quelle façon miraculeuse ! – Il remercia D.ieu de l’avoir sauvé de ce terrible complot. Lors de leur retour à la maison, son épouse lui raconta tout ce qui s’était passé dans le tribunal et ce n’est qu’à ce moment-là qu’Hillel comprit les paroles prophétiques du Rabbi Tséma’h Tsédek.
Que D-ieu protège et guérisse miraculeusement tous nos soldats comme chacun des enfants d'Israël, partout dans le monde, Qu'il venge leur sang, et qu'Il ne nous prodigue à partir de maintenant que des douceurs palpables à l’œil nu.

En chaque génération vit un homme qui attend avec impatience de pouvoir libérer son peuple de l’exil.


Les douleurs de l’enfantement messianique
par Menahem Brod

Bien que nous ne sachions pas avec exactitude comment se dérouleront les processus de la Délivrance messianique, les grandes lignes et les caractéristiques essentielles nous en ont été révélées. L’une de celles-ci, qui apparaît dans différentes sources, est que la transition de l’exil à la Délivrance ne se fera pas sous la forme d’un accroissement linéaire du bien, mais au contraire après une période de suprématie du mal.
La délivrance d’Égypte, qui constitue l’archétype de la Délivrance messianique prochaine, illustre bien ce schéma : à l’approche de la sortie d’Égypte, la souffrance des Enfants d’Israël s’amplifia et ils crièrent vers D.ieu leur désarroi (« Les enfants d'Israël gémirent du sein de l'esclavage et se lamentèrent, et leur plainte monta vers Dieu »1 ). D.ieu entendit leur plainte et leur envoya Moïse, porteur de l’annonce de la délivrance. On aurait pu croire qu’à partir de là, les Enfants d’Israël commenceraient à voir les signes de leur prochaine libération. C’est pourtant l’inverse qui se passa : Pharaon aggrava les conditions de leur servitude en ne leur fournissant plus la paille nécessaire à la confection des briques. Les contremaîtres hébreux en firent vivement grief à Moïse et celui-ci s’adressa à D.ieu en ces termes : « Pourquoi as-Tu fait du mal à ce peuple ? Pourquoi m’as-Tu envoyé ?! »2 Ce n’est qu’alors que commencèrent à s’abattre sur l’Égypte les plaies qui donnèrent ensuite lieu à la délivrance d’Israël.

Le froid s’accentue avant le lever du soleil

Voici comment le Zohar ‘Hadach3 décrit la délivrance messianique :
« Ainsi se déroulera la Délivrance d’Israël : lorsque viendra le moment que le soleil de la Délivrance brille pour eux, il leur arrivera malheur après malheur et ténèbres après ténèbres. Et, alors qu’ils s’y débattront, se répandra sur eux la lumière de l’Éternel. »
 De son côté auteur du Keli Yakar affirme4 :
« Telle est la règle: chaque jour, peu avant l'aube, l'obscurité s'accroît à l'extrême... Il en est de même en hiver où, peu avant le lever du soleil, le froid ne cesse de croître avant d'être, en fin de compte, vaincu par le soleil... De même encore : le fait que le Pharaon ait, à présent, maltraité les Hébreux beaucoup plus durement que par le passé est le signe clair que sa fin et le temps de la délivrance sont proches. »5
Le Maharal de Prague6 explique que lorsque doit se produire une « existence nouvelle », une réalité totalement nouvelle, celle-ci ne peut émaner de la précédente et il est nécessaire qu’intervienne un processus de « destruction de la réalité première », c’est-à-dire l'abolition de l'état antérieur et la création d'un vide dans lequel surgit la nouvelle réalité.
L'Admour Hazakène, auteur du Tanya, précise7 que, comme les Hébreux se trouvaient au seuil de la révélation du Nom divin lors du Don de la Torah, celle-ci devait être précédée par une phase d’« occultation de la vitalité », au cours de laquelle l'énergie divine serait dissimulée, ce qui entraina « la domination de l’Égypte ». Tel est le sens de la réponse de D.ieu à la question de Moïse lorsque celui-ci lui demanda « Pourquoi as-Tu fait du mal à ce peuple ? » : le temps était maintenant venu que se révèle le Nom ineffable de D.ieu et « ainsi, dis aux enfants d'Israël : Je suis l'Éternel. »8
Ceci explique pourquoi avant la Délivrance vient la période dite de Ikveta DiMechi'ha, « le Talon du Machia’h », d’un niveau de dégradation et de difficulté jamais connu dans les générations précédentes, ainsi que d'autres événements dont le déroulement est spécifiquement lié à la proximité grandissante de l’avènement messianique. Il nous appartient de comprendre qu'il s'agit là de l'obscurité qui s'accroît avant l'apparition de la lumière.

Les douleurs de l’enfantement

Vus dans le détail, les tourments de l’exil se répartissent en trois catégories qui correspondent à la parabole citée plus haut dans laquelle l’exil est comparé à la gestation et la Délivrance à l’accouchement :
1. Les souffrances « habituelles » du temps de l'Exil, analogues aux « peines de la grossesse » ; 2. Les souffrances croissantes de l'époque prémessianique, les « douleurs de Machia'h », ressemblants aux douleurs de l'enfantement ; 3. La douleur particulière lors du passage de l’exil à la Délivrance, comparée à celle de l'enfantement lui-même.
Les souffrances « habituelles » de l’exil sont comme le pressage de l’olive, par lequel celle-ci donne son huile.9 Tel est le but profond des malheurs de l’exil et de toutes les persécutions : révéler « l’huile » présente dans le peuple juif, sa capacité de messirout nefech – de don de soi – et d’attachement absolu à D.ieu. C'est précisément à travers les épreuves subies en temps d'exil que le peuple juif exprime davantage la profondeur de sa foi et la puissance de son attachement à D.ieu, ouvrant ainsi la voie à la pleine révélation de la Majesté divine lors de la Délivrance.
Une seconde sorte de malheurs et de souffrances apparaît peu avant la Délivrance, ce sont les « douleurs de [l’enfantement du] Machia'h » qui ont pour objet de réaliser l’ultime raffinement avant l’avènement messianique et d’en créer les circonstances. En effet, dans la mesure où la Délivrance constituera une réalité totalement nouvelle, elle ne pourra pas se concrétiser sur les bases de l’existence ordinaire, d’où la nécessité d’un processus de destruction de cette dernière et de la création d’un espace vide dans lequel pourra se construire la Délivrance.10
La troisième sorte de souffrances de l’exil est comparée aux douleurs de l’accouchement lui-même. C’est le dernier soubresaut de l’exil, particulièrement douloureux, mais qui ouvre la voie à la Délivrance. C’est ce qui arriva en Égypte : juste avant la délivrance, après que l’annonce en avait été faite par Moïse, vint l’étape si douloureuse où Pharaon ordonna « Que le travail s’appesantisse sur les hommes ! », jusqu’à ce que Moïse s’écrie à l’adresse de D.ieu « Pourquoi as-Tu fait du mal à ce peuple ?! » Mais immédiatement après survinrent les miracles de la délivrance, comme le déclara D.ieu dans sa réponse à Moïse : « Maintenant tu vas voir ce que Je vais faire à Pharaon. »
Et, de fait, il ressort clairement des enseignements de nos Sages que juste avant l’avènement messianique se produit la déchéance générale de la période du « Talon du Machia’h ». Le Talmud11 dit que le Fils de David viendra « lorsque tout le gouvernement sera renégat » et lorsque la bassesse triomphera, ce qui portera atteinte dans la foi de nombreux Juifs en l’éventualité même de la Délivrance : « ...au point où ils désespèreront de la Délivrance. » C’est l’instant qui précède immédiatement sa concrétisation.

Combattre l’obscurité

Toutefois, le fait de comprendre cela n’a pour unique avantage que de nous éviter de désespérer et de douter – à D.ieu ne plaise – de la Délivrance. Mais, simultanément, nous devons faire entendre notre cri et notre prière à l’adresse de D.ieu pour que l’obscurité prenne fin et que la Délivrance intervienne immédiatement. Le Rabbi de Loubavitch explique, dans l’un de ses discours,12la raison pour laquelle Moïse s’était écrié « Pourquoi as-Tu fait du mal ? », bien qu’il n’ait assurément pas mis en doute la promesse divine d’une délivrance prochaine et qu’il eut su qu’il ne convient pas de remettre en cause les choix de D.ieu. Moïse savait qu’en sa position d’observateur de la souffrance du peuple d’Israël asservi, il était de son devoir de crier à D.ieu « Pourquoi leur as-Tu fait du mal ? », même si D.ieu devait le réprimander pour cela.
Une telle situation exige une approche complexe : un Juif qui constate à quel point la période du « Talon du Machia’h » est corrompue ne devra assurément pas la « justifier » au motif que tel est l’ordre des choses avant la Délivrance messianique. Il doit se rappeler que, bien que cela soit le signe de sa proximité, ce n’en est pas moins son antithèse absolue. Un Juif doit combattre le mal et le désespoir. Il doit lutter de toutes ses forces contre l’obscurité régnante en priant D.ieu, en intensifiant la lumière de la Torah et des Mitsvot, etc. Et, parallèlement, devant l’état de fait, devant l’obscurité qui s’est installée, il doit comprendre qu’il ne s’agit que d’une étape transitoire vers la Délivrance prochaine.
Le Talmud13 enseigne : « Que doit-on faire pour se voir épargner les douleurs [de l’enfantement] du Machia’h ? S’investir dans la Torah et les bonnes actions. » La Torah, la bienfaisance et le renforcement de la foi en la Délivrance sauvent de ces souffrances, raccourcissent la durée de « l’accouchement » et rapprochent la Délivrance.

NOTES
1.Exode 2,23.
2.Exode 5,22.
3.Zohar ‘Hadach, Béréchit 6,1.
4.Keli Yakar sur la fin de la paracha Chémot.
5.Ainsi est-il rapporté au nom du RaMaC (le kabbaliste Rabbi Moché Cordovéro) dans le livre Or Ha’Hama dans son chapitre sur le Zohar 7b : “Le début de la délivrance sera marqué par de grands malheurs pour le peuple juif, car celui-ci sera alors épuré de deux manières : la première, pour purifier l’ensemble du peuple des personnes mauvaises qui ne pourront supporter... et se transformeront en ennemis du Machia’h ; la seconde concernant les justes qui resteront, de sorte qu’ils puissent mériter la délivrance et que soient expiées leurs fautes par les malheurs que constitueront ces souffrances, et ce sera l’ouverture par laquelle la Délivrance fera son entrée.”
6.Netsa’h Israël chapitre 32.
7.Torah Or sur Vaéra 57d.
8.Exode 5,26.
9.Comme l’enseigne nos Sages dans le Talmud, Mena’hot 53b.
10.Comme il est expliqué, en maints endroits de l’enseignement ‘hassidique, qu’entre deux yech(existences), il y un aïn (néant).
11.Sanhédrine 97a.
12.Chabbat parachat Vaéra 5743, et d’autres.
13.Ibid. 98b.

Que D-ieu protège et guérisse miraculeusement tous nos soldats comme chacun des enfants d'Israël, partout dans le monde, Qu'il venge leur sang, et qu'Il ne nous prodigue à partir de maintenant que des douceurs palpables à l’œil nu.

En chaque génération vit un homme qui attend avec impatience de pouvoir libérer son peuple de l’exil.


Le fossé de la vie

Connaître la bonne formule

Basé sur les enseignements du Rabbi de Loubavitch
Merci à  MeaningfulLife.com

Kora’h, dont la rébellion mal intentionnée contre la position de Moïse et d’Aharon est relatée dans notre Paracha, constitue l’exemple absolu de la discorde et du conflit. De fait, selon le Talmud, lorsque la Torah désire nous prévenir contre les dangers de la disharmonie et du manque d’unité, elle s’exprime en ces termes : « ne te comporte pas comme Kora’h... »
Le Talmud relate que le grand Sage, Rabbi Méir, déduisait du nom de l’individu quelle était sa nature. Les Kabbalistes affirment qu’il en va de même pour chaque créature, chaque objet et chaque phénomène. Cela tient au fait que les lettres du Aleph-Beth (alphabet hébraïque) sont la pierre angulaire de la création, leur association pour former un mot en langue sainte définissant la « forme » et le caractère de son âme pour lui donner existence et vitalité.
Il en va ainsi pour le nom « Kora’h ». L’association des trois lettres qui constituent ce nom marquent les contours de ce qu’est un conflit, des différentes manières de détourner et de corrompre l’harmonie divine de la Création.
Le monde : un « Hé »
Si l’âme de chaque création individuelle est codifiée par les lettres qui forment son nom, le cœur de la réalité envisagée comme une entité est renfermée dans la lettre « Hé ». Elle est formée de trois lignes : une ligne horizontale supérieure qui forme le « toit » de la lettre, et deux lignes verticales, l’une à la droite de la ligne supérieure et l’autre à sa gauche, formant ses « jambes ». La ligne de droite est attachée à la partie droite du « toit » tandis que celle de gauche laisse un petit espace entre la ligne horizontale supérieure et la ligne verticale.
Figure 1: La lettre Hé
Les trois lignes du « Hé » représentent trois dimensions de notre réalité : la pensée, la parole et l’action. La ligne supérieure représente le monde de la pensée, la ligne à droite, la parole et la ligne à gauche, l’action.
Nous avons tous à l’esprit la vision d’un monde idéal, d’un monde défini par nos instincts les plus purs et par notre connaissance du potentiel de perfection et de bonté qu’y a investi notre Créateur. C’est là la dimension « pensée » de la réalité, représentée par cette ligne supérieure.
La « parole », qui représente la tentative d’articuler cette pensée pour nous-mêmes et pour nos prochains, est la « jambe » droite du « Hé ». En étudiant, enseignant et communicant les idéaux contenus dans le monde de la « pensée », nous créons un monde de mots qui permet aux idées supérieures mais abstraites du « Hé » de s’exprimer dans la dimension plus concrète de la parole.
La « jambe » gauche du « Hé » représente le monde de l’action. C’est le lieu de notre interaction avec le monde matériel pour le façonner et le transformer selon la vision que nous en avons dans notre esprit. Tout comme la parole, l’action est une extension vers le bas, vers une expression plus concrète du royaume de la pensée. Cependant, il existe une différence marquée entre la parole et l’action.
Par la parole, nous pouvons forger une réalité qui est l’extension directe de notre pensée. Nous pouvons exprimer une idée, communiquer notre vision et notre foi. Mais quand nous tentons d’appliquer nos idéaux au monde de l’action, nous nous trouvons face à un fossé, une incohérence entre l’idéal et le réel. Nous agissons dans le monde mais tôt ou tard, nous rencontrons une résistance, une barrière entre ce que nous désirons profondément et la réalité qui nous fait face.
Ce fossé entre la pensée et l’action fait partie intégrante du monde réel. C’est ce qu’expriment nos Sages quand ils disent que le monde fut créé à partir du « Hé » : ce fossé est réel. Il n’est pas une illusion, il a été mis en place par le Créateur Qui désirait qu’il fasse partie de notre existence. Car c’est cette dichotomie, cette tension entre l’idéal et le réel qui conduisent au sens et à l’accomplissement et en dernier lieu, à l’harmonie réelle dans notre vie.
Le réaliste
Les trois lettres qui forment le nom « Kora’h » : « Kouf », « Réch » et « ’Hèt » ressemblent toutes au « Hé ». le « Kouf » est un « Hé » dont la jambe droite descend plus bas, le « Réch » est un « Hé » auquel il manque la jambe droite et le « ‘Hèt » est un « Hé » sans l’espace, dont la jambe droite est collée au toit. (voir figure 2)
Figure 2: Les trois lettres hébaïques du nom  "Kora'h" (de droite à gauche): Kouf, Résh, 'Hèt
Apparemment, ce sont des lettres plus harmonieuses : la dissonance entre la pensée et la parole, d’une part, et la pensée et l’action, de l’autre est résolue ou pour le moins peut suivre son cours naturel. Mais en réalité, il s’agit de tout le contraire et ces lettres sont le symbole de la discorde. Car chacune de ces lettres est une distorsion du « Hé », une corruption de la manière dont D.ieu désire que nous percevions Sa création et agissions.
Le premier de ces détournements se retrouve chez l’ultra réaliste. C’est une personne qui non seulement reconnaît le fossé entre la pensée et l’action mais qui, de surcroît, l’accepte. Pour elle, le monde est un « Kouf », un monde dont le côté gauche n’est pas seulement séparé des deux autres lignes mais descend également plus bas que la ligne qui les délimite. Dans un tel monde, les règles qui dirigent l’action ne sont pas les mêmes que celles qui dirigent la pensée et la parole. « Bien sûr, j’ai mes idéaux, je sais faire la différence entre le bien et le mal. C’est là le monde de ma pensée, ce sont les vérités que j’enseigne à mes enfants ! Mais je ne suis pas naïf au point de croire que ces vérités peuvent être appliquées telles quelles et sans compromis dans le monde de l’action, dans un monde de matérialité. Ce sont deux domaines différents. Je ne ferai jamais de compromis dans mes convictions mais la façon dont nous pensons le monde, dont nous en parlons sera toujours d’un niveau plus élevé que la façon dont nous devons y agir. »
Deux idéalistes
A l’autre extrême, nous rencontrons l’ultra idéaliste. C’est celui qui, ne pouvant affronter le fossé qui sépare le monde matériel de ses pensées et de ses paroles, préfère ne pas du tout affronter le monde. Pourquoi me frotter à un monde qui me salira ou tout au moins corrompra mes idéaux les plus hauts ? Sa réponse est d’éliminer entièrement la deuxième jambe du « Hé », celle de l’action et d’investir toute son énergie dans la pensée et la parole, de vivre dans un monde de théorie, vidé de tout investissement dans la réalité.
La troisième corruption du « Hé » est le « ‘Hèt » qui représente une forme plus subtile mais pas moins destructrice d’idéalisme. Plutôt que de désavouer la jambe gauche, elle désavoue le fossé la séparant du toit, proclamant qu’il n’existe pas de séparation entre les différents règnes de la création de D.ieu. Le matériel, affirme le tenant d’une telle conception, n’est pas moins sacré que le spirituel, les actions ne sont pas moins pures que les paroles, les deux jambes ont le même lien avec le toit et peuvent identiquement traduire les idéaux dans la réalité.
Le problème de cette vision de la réalité est qu’elle manque de clairvoyance sur la réalité du monde de l’action et qu’elle apporte une satisfaction trop facile.
La tension
Parce qu’elles refusent d’accepter le monde comme il a été créé par D.ieu, ces trois approches de Kora’h aboutissent à un conflit chaotique.
Par contre, la perspective du « Hé » est la formule pour parvenir à une harmonie réelle et durable. Elle définit le monde de l’action comme séparé des mondes de la pensée et de la parole mais confiné dans les frontières qu’ils délimitent. En d’autres termes, le fossé entre la pensée et l’action est bien réel mais cela ne signifie pas pour autant que nous ne pouvons transformer le monde matériel par nos actions et le mettre en accord avec les idéaux qui sont les nôtres et que nous tentons de propager.
Ce fossé est source de tension et de dissonance, mais c'est une tension constructive dans la mesure où elle nous poussent à relever les défis pour défendre et réaliser nos aspirations dans la vie. C'est la conscience de nos imperfections qui alimente notre désir de nous améliorer, nous et notre monde. C'est notre perception de l'écart entre ce que nous sommes et ce que nous devrions être qui fait de nous des partenaires productifs dans le projet divin de la Création.
Que D-ieu protège et guérisse miraculeusement tous nos soldats comme chacun des enfants d'Israël, partout dans le monde, Qu'il venge leur sang, et qu'Il ne nous prodigue à partir de maintenant que des douceurs palpables à l’œil nu.

En chaque génération vit un homme qui attend avec impatience de pouvoir libérer son peuple de l’exil.

mercredi 17 juin 2015


 Bnei Noah 
Une interview avec le rabbin Fleer 

Il y a des moments dans ma vie que je trouve réellement magnifiques ! Je me sens tellement bénie, tellement aimé par Hachem que mon visage me fait mal de tellement sourire. J'ai l'impression de passer à travers les montagnes comme la Maria de “Sound of Music” – remplie de bonheur et de sim'ha (joie). Je m'explique : récemment Hachem m'a offert un cadeau exceptionnel, celui d'étudier avec un grand rabbin, le rabbin Zvi Chapiro qui se trouve être le second cousin (né à une minute d'intervalle dans le même hôpital à New York) d'un géant du monde Breslev, le rabbin Gédaliah Fleer.
Le rabbin Fleer a été assez généreux pour se laisser questionner sur Rabbi Na'hman, la Tora et sa propre vie.
Le rabbin Gédaliah Fleer est l'auteur de plusieurs livres (en anglais) : “Healing in the Kabbalistic Tradition” (“La guérison selon la tradition kabbalistique”), “Rabbi Nachman’s Fire” (“Le feu de Rabbi Na'hman”), Rabbi Nachman’s Foundation : the Tikkun Haklali (“Rabbi Na'hman et le Tiqoun Haklali ”), et son autobiographie “Against All Odds” (“Contre vents et marées”). 
 
Il est un des grands experts dans le monde de Rabbi Na'hman de Breslev, l'histoire du 'hassidismebreslev et a courageusement aidé à ouvrir la porte de la tombe de Rabbi Na'hman à Ouman en Ukraine durant l'oppression religieuse intense de l'Union Soviétique. Il est un kabbaliste profond et respecté, un conteur d'histoire, un conseiller et un conférencier qui vit à Jérusalem.
     
D'ordinaire, j'enregistre les interviews afin de m'assurer d'avoir chaque mot, comme un greffier de tribunal nerveux et pointilleux. Cette fois-ci, il n'y avait que moi, mon carnet de notes et mon stylo ; je vais donc paraphraser ce que le rabbin Fleer m'a raconté. Je m'excuse des erreurs qui auraient pu se glisser par-ci ou par-là. Paraphraser les propos d'un rabbin tellement cultivé n'est pas chose aisée. J'ai couché sur le papier les pensées spontanées et la perspicacité du Rabbin Fleer.
 
Ce compte rendu est comme la photocopie d'une image d'un Monet. Je ne peux que vous recommander grandement de vous rapprocher du produit original dès que la chance se présente.
  
Est-ce que les personnes qui ne sont pas juives aident à faire venir le Messie ?
 
Je vais vous répondre avec un “oui” retentissant ! L'exemple parfait auquel je pense est le cas de Yitro, le beau-père de Moché (Moïse). Il était le Grand Prêtre des idolâtres et ensuite il s'est converti. Le Zoharrapporte que lorsque Yitro a dit : “Parce que je sais que D-ieu est plus grand que toutes les autres idoles”, à cet instant le nom de D-ieu a été glorifié sur terre et dans le Ciel. C'est grandiose ! Les dix Commandements ont été donnés dans la paracha Yitro. Le Don de la Tora, c'est dans la paracha Yitro !
 
Vous devez vous rendre compte que c'est quelque chose d'impressionnant. Nous devons reconnaître la Royauté de D-ieu dans les lieux les plus bas. Plus une personne est loin de D-ieu et plus sa reconnaissance envers le Créateur est révélée.
 
Rabbi Na'hman a-t-il écrit quelque chose à propos des Bnei Noa'h et des convertis-es ? 
 
Rabbi Na'hman n'a pas dit grand chose sur les Bnei Noa'h, mais ce qu'il a fait – et qui est inhabituel dans la pensée 'hassidique – c'est qu'il était très en faveur des non juifs convertis au judaïsme. Il ne s'agissait nullement de prosélytisme. Contrairement à la tradition juive, Rabbi Na'hman n'était particulièrement opposé aux personnes qui désiraient se convertir. Dans le Liqouté Moharan, plusieurs passages sont consacrés à une description de l'époque qui doit précéder l'arrivée du Messie. RabbiNa'hman a dit qu'à cette époque, il y aura de nombreux non juifs qui adopteront le judaïsme comme religion.
 
Il y a eu un village entier, pas très loin de la ville d'Ouman où les habitants – avec le prêtre du village – ont adopté le judaïsme. Tout le village s'est converti ! Pouvez-vous vous imaginer cela ? Les hommes âgés se firent circoncire et c'était à une époque où il n'y avait pas d'anesthésie locale ! Quel évènement exceptionnel.
 
[Pour en savoir plus sur cette histoire incroyable et pour connaître d'autres exemples de générosité que les 'hassidiques breslev ont montrés envers les Justes convertis, suivez ce lien. Les extraits sont tirés du livre du rabbin Lévi Bender Sia'h Sarfei Qodech, traduit en anglais par le rabbin David Sears.]
 
Rabbi Na'hman ne parle pas tellement des Bnei Noa'h. Pour expliquer cela, vous devez tenir compte de l'histoire. Les juifs n'ont jamais fait du prosélytisme. Certains commentaires du Talmud disent même que nous ne devrions pas encourager les gens à devenir des Bnei Noa'h. Pour quelle raison ? Parce qu'on ne devrait pas placer d'obstacle devant les non juifs. S'ils deviennent des B'nei Noa'h, que se passe-t-il ? Ils pourraient devenir des non-croyants avertis. Un païen honnête est préférable qu'un non-croyant averti.
 
Dans tous les cas, vous devez comprendre que les juifs n'ont jamais été dans une position où ils pouvaient encourager les non juifs à devenir des Bnei Noa'h. C'était assez difficile de vivre comme juif à cette époque.
 
Être Ben Noa'h signifie que vous êtes une personne qui possède une certaine morale, une éthique bien définie. Cela ne doit pas être une substitution au judaïsme. Toutes les nations ne peuvent pas être un peuple de prêtres. Dans la Tora, il est écrit : “Un royaume de prêtres et une nation sainte.” Tous les peuples ne peuvent pas être définis de la sorte. Lorsque les juifs se retrouvent dans le monde séculier que ce passe-t-il ? Ils rendent le monde meilleur. Mais cela fait l'effet de boomerang. Quand tout va mal, on les condamne.
 
Les B'nei Noa'h devraient éloigner les gens de l'hédonisme, de l'idolâtrie. Mais il faut rester simple. Je ne vois aucune raison de créer un rituel. C'est juste mon point de vue à ce sujet.
 
Est-ce que les personnes non juives peuvent élever leur âme ? Existe-t-il des choses dans la Tora que les non juifs ne devraient pas étudier ou est-ce plus un problème d'intention derrière l'étude ?
 
La conclusion c'est que n'importe qui – n'importe quelle personne, juive ou non juive – peut élever son âme. Dans le Zohar, nous apprenons qu'il existe dans le Gan Éden (le Paradis) une place réservée aux non juifs. Tout le monde peut toujours s'élever vers un niveau spirituel plus haut !
 
En ce qui concerne l'enseignement de la Tora, les juifs peuvent enseigner n'importe quel extrait qui est traduit dans une langue que les non juifs comprennent et lisent.
 
AJ: je remercie beaucoup le rabbin Fleer de m'avoir accordé cet entretien. Ce fut un honneur. Avec l'aide de D-ieu, je partagerais bientôt avec vous les pensées du rabbin Fleer sur les gens exceptionnels qui l'ont inspiré durant sa vie. Merci aux juifs simples, au rabbin Kassorla, au rabbin Chapiro et au rabbin David Sears pour leur aide pour la réalisation de cet article.
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Que D-ieu protège et guérisse miraculeusement tous nos soldats comme chacun des enfants d'Israël, partout dans le monde, Qu'il venge leur sang, et qu'Il ne nous prodigue à partir de maintenant que des douceurs palpables à l’œil nu.

En chaque génération vit un homme qui attend avec impatience de pouvoir libérer son peuple de l’exil.


Le mystère

Mariage à Medziboz


Tous s’étonnaient de ces fiançailles inattendues. On lui avait proposé les meilleurs « partis » pour sa fille mais Rabbi Baroukh de Medziboz les avait tous refusés poliment. Cependant, quand on lui avait parlé du fils d’un riche notable de Zhitomir – un homme riche, certes, mais peu instruit – il l’avait accepté sans hésitation. Toute la communauté s’étonna : le fiancé avait des qualités effectivement, mais pas autant que les jeunes gens suggérés jusqu’à présent par le Chadkhane, l’entremetteur.
La semaine du mariage arriva et un cortège de ‘Hassidim accompagna le Rabbi et sa famille vers la ville de Zhitomir. La joie était palpable jusqu’à ce que...
Jusqu’à ce quelqu’un se souvint d‘un scandale qui avait éclaté une trentaine d’années auparavant et qui avait gravement éclaboussé le père du fiancé dans sa jeunesse. La rumeur circula vite et l’horreur suscitée par ce qu’on racontait frappa de stupeur les ‘Hassidim.
« Comment était-ce possible ? » se demandèrent les invités. Il était de leur devoir – n’est-ce pas – d’informer le Rabbi le plus délicatement possible, avant la cérémonie plutôt qu’après ! On se concerta et, finalement, on convint de demander à Reb Hershel d’Ostropol, connu pour son sens de l’humour, de trouver le moyen le plus judicieux.
Le matin du mariage, Reb Hershel s’arma de courage et frappa à la porte de la chambre de Rabbi Baroukh. Le sourire aux lèvres, Reb Hershel entra et s’écria : « Mazal Tov, Rabbi, Mazal Tov ! »
Le Rabbi le regarda avec étonnement et Reb Hershel continua : « Nous venons d’apprendre une nouvelle union ! Vraiment conclue par la Providence Divine ! Le bon D.ieu qui décide des mariages a associé le long « Vehou Ra’houm » (la longue prière de supplication récitée les lundis et jeudis) avec le « Al ‘Heth » la prière de confession des fautes de Yom Kippour !
Et pourquoi ne pas informer le Rabbi de cette grande joie ?  »
Rabbi Baroukh comprit le sous-entendu, mais intima à son ‘Hassid l’ordre de révéler tout ce qu’il savait. Prudemment celui-ci répéta – avec de grandes précautions oratoires – « l’affaire » telle qu’il l’avait entendue de la bouche de plus anciens ‘Hassidim.
« Quand on apprit la terrible faute dont s’était rendu coupable le père de votre futur-gendre, il fut puni en public, humilié au point qu’il fut obligé par la suite de s’enfuir de la ville. Ce n’est que des années plus tard qu’il revint, une fois que le scandale s’était apaisé ».
Le front du Rabbi se couvrit de plis tandis que son regard se perdait au loin. Reb Hershel attendait avec angoisse une réaction plus énergique. Mais, soudain, le Tsadik se secoua de sa rêverie apparente et déclara d’une voix ferme : « Cette union a été décidée au ciel et puisque telle est la volonté de D.ieu, le mariage sera célébré ce soir comme prévu, de façon très joyeuse. Que D.ieu fasse que tout se passe en son temps et que le jeune couple puisse construire dans la sérénité un foyer fidèle sur les bases éternelles de la Torah ! Que ce soit une réussite ici et dans les sphères supérieures ! »
Effectivement le mariage fut célébré avec une joie particulière ; les sept jours de « Cheva Bra’hot » des « sept bénédictions » se déroulèrent dans l’allégresse ‘hassidique typique puis les ‘Hassidim s’apprêtèrent à rentrer chez eux.
Avant le départ, on annonça à Rabbi Baroukh la venue d’un messager spécialement envoyé par la Rabbanit, l’épouse déjà bien âgée de Rabbi Zeev Wolf de Zhitomir, un des disciples les plus distingués du Maguid de Mézeritch. Elle exprimait le désir que Rabbi Baroukh s’arrête chez elle lors de son retour : à cause de son grand âge et d’une certaine faiblesse, elle ne pouvait pas se rendre chez lui comme cela aurait convenu.
Rabbi Baroukh accepta de s’arrêter devant chez elle pour rendre visite à cette personne respectable.
Accompagné de quelques-uns de ses proches, il entra.
« Soyez les bienvenus ! s’exclama la veille dame. D.ieu soit loué, j’ai eu le privilège d’accueillir un des Grands de notre génération ! »
Rabbi Baroukh comprit qu’elle pesait chacun de ses mots et il demanda : « Et comment savez-vous qui figure parmi les Grands de notre génération ? »
La Rabbanit réfléchit et déclara : « C’est une longue histoire ! Qui s’est produite il y a bien longtemps, mais je m’en souviens comme si c’était aujourd’hui. Un jour, on entendit dans la rue un grand vacarme. Je me suis approchée de la fenêtre et j’ai aperçu un spectacle effrayant : un jeune homme, entouré d’une foule en colère, était abreuvé d’injures et traité de façon humiliante par tous, jeunes et vieux. On lui lança même de la boue et des ordures... J’ai bien regardé cet homme et j’ai aperçu un visage aux traits distingués qui reflétait une grande conscience de la Présence de D.ieu. Je ne pouvais pas admettre qu’un homme si pur soit ainsi traîné dans la boue !
Soudain, j’ai réalisé que mon mari – que D.ieu bénisse sa mémoire – contemplait lui aussi avec effroi cette scène et soupirait : « Si seulement je méritais d’être aussi pur et saint que ce jeune homme si remarquable ! Il ne peut pas prouver son innocence face à cette foule furieuse, influencée par de la médisance et des mensonges aussi grossiers ! »
Puis il ajouta : « Je suis persuadé que ce jeune homme a un mérite extraordinaire puisqu’il est écrit : « Heureux celui que l’on soupçonne pour rien ! » A la suite de cette terrible humiliation, il méritera un grand privilège : son fils épousera la fille d’un Grand de la génération ! »
Et la Rabbanit âgée conclut : « Sachez, Rabbi, que ce jeune homme n’est autre que le père de votre gendre ! La prophétie de mon défunt mari s’est donc réalisée. Vous comprenez maintenant comment j’ai pu affirmer que vous étiez l’un des Grands de la génération ! »
Le mystère de cet étrange mariage était enfin résolu !


En chaque génération vit un homme qui attend avec impatience de pouvoir libérer son peuple de l’exil.

3 Tamouz 5754 (1994) : Le vrai sens de cette date

En 1927 Rabbi Yossef Its'hak fut emprisonné dans la prison de Chpalerka à Leningrad pour avoir diffusé le judaïsme en Russie. Condamné originellement à la peine de mort, sa peine fut commuée en exil. C'est le 3 tamouz 5687 (1927) qu'il put quitter ses geôliers pour être dirigé vers sa ville d'exil, Kostroma.
Arrivé à destination, il apprit neuf jours plus tard qu'il était libre. Un an plus tard en 1928, Rabbi Yossef Its'hak déclara : « à travers ma libération les 12 et 13 tamouz de l'année échue, c'est chaque membre du peuple juif qui a été libéré ». Ces deux jours sont depuis lors, sources de grandes réjouissances au sein de multiples communautés de notre peuple.
Avec le recul, il apparaît que le 3 tamouz fut le point de départ de ce grand miracle. Alors que de nombreux 'hassidims étaient retenus pour des décennies en exil, Rabbi Yossef Itzhak fut libéré après quelques jours.
Cependant, une question se pose à nous. Etant donné que D-ieu avait prévu de libérer Rabbi Yossef Its'hak de façon miraculeuse, pourquoi divisa t-il l'événement en deux temps ? Quitter miraculeusement la prison de Chpalerka le 3 tamouz pour l'exil, puis libérer de façon tout aussi surnaturelle Rabbi Yossef Itsh'ak d'exil neuf jours plus tard ? Il aurait été plus simple que D-ieu le libère définitivement de toute emprise le 3 tamouz ?
L'Eternel désire être révélé ici-bas grâce à nos actes. C'est dans ce même esprit qu'il recrée le monde à chaque instant souligne la 'hassidout afin justement que chacune de nos actions souligne avec plus d'intensité notre lien avec le créateur. L'attachement qui nous unit à D-ieu aurait été moins fort, si l'Eternel avait d'emblé donné la possibilité à la création d'exister pour un certain temps, sans qu'Il n'intervienne. Mais cela n'est pas le cas. En recréant le monde à chaque instant, Il désire que nous ressentions le lien étroit qui nous lie à Lui.
Le monde et son habitacle naturel sont donc par excellence le lieu où l'Eternel désire que nous lui fassions honneur. Cette dimension ne peut être atteinte, que si l'Eternel intervient en « évitant » d'occulter le cours naturel des choses.
C'est pourquoi il libéra Rabbi Yossef Its'hak en deux temps. En effet, pour que les mêmes hommes qui s'étaient battus pour l'emprisonner, contribuent pleinement à sa libération, il fallait que Rabbi Yossef Its'hak parte en exil (le 3 tamouz), et que le puissant régime communiste qui l'avait contraint à quitter sa famille, soit celui qui oeuvre pour le ramener parmi les siens (les 12 et 13 tamouz).
A travers ce miracle qui emprunta les voies de la nature, l'honneur de D-ieu fut grandi dans une dimension bien plus élevée que si un prodige « pleinement »  surnaturel s'était produit.
Ce grand miracle débuta le 3 tamouz ! 
De 1927 à 1994 biens des années s'écoulèrent. L'actuel Rabbi de Loubavitch succéda à Rabbi Yossef Its'hak, et dirigea à son tour les 'Hassidims avec brio. Le 3 Tamouz 5754 (1994), nos yeux crurent saisir que l'actuel Rabbi de Loubavitch s'était voilé pour un instant. Pour autant la 'Hassidout nous enseigne qu'en ce saint jour il se révéla davantage matériellement. A l'image de ce 3 tamouz 1927 où nous surent rétroactivement (dès les 12 et 13 tamouz 1927) qu'il était la date où débuta la libération de Rabbi Yossef Its'hak.
 Que D-ieu fasse que ce dévoilement qui a débuté le 3 Tamouz 5754 (1994) se cristallise pleinement en la veille de ce 3 tamouz 5775 en recevant pleinement le  Rabbi qui est notre juste Machia'h.

Issu d'un Discours du Rabbi de Loubavitch- Séfer Hitvaadouyot 5751- Paracha Korah'



En chaque génération vit un homme qui attend avec impatience de pouvoir libérer son peuple de l’exil.



La personnalité du Machia’h
par Menahem Brod

Que savons-nous du Machia’h ? Quel genre de personnage sera-t-il ?
Il ressort des différentes sources en la matière qu’il s’agira d’une personnalité d’une envergure telle qu’il n’en a jamais existé dans l’histoire. Sur le verset d’Isaïe (52,13) : « Voyez, Mon serviteur prospèrera ; il s’élèvera, grandira, sera placé très haut. », le Midrache1 commente :
« Il s’élèvera » plus haut qu’Abraham... il « grandira » plus que Moïse... il « sera placé très haut », plus haut que les anges du service divin.
Il est également expliqué que, dans l’expression « il sera placé très haut », le mot « très », en hébreu « méod », fait allusion au fait qu’il sera d’un niveau supérieur même à celui d’Adam, le premier homme (méod ayant en hébreu les mêmes lettres que adam).
Il apparaît également que le Machia’h n’atteindra pas ce niveau d’un seul coup. Il s’élèvera progressivement à mesure qu’avancera le processus de la Délivrance, jusqu’à atteindre sa plénitude lorsque celle-ci aura totalement abouti. Sur le verset des Psaumes (2,7) : « Je t’ai aujourd’hui enfanté », qui fait référence au Machia’h, le Midrache Téhilim enseigne qu’au moment de la Délivrance, le Machia’h sera comme une personne qui naît de nouveau, car il recevra alors des forces nouvelles : « Lorsque viendra son heure, D.ieu leur dira : “Je dois faire de lui une créature nouvelle.” » Il ressort que le Machia’h lui-même connaîtra des transformations – au point d’être une « créature nouvelle » – dans le processus messianique.

Et lui ne le saura pas...

Dans les ouvrages de Kabbale,2 ce sujet est rapporté de manière encore plus explicite :
Le roi Machia’h sera assurément un tsadik [un homme vertueux], fruit de l’union d’un homme et d’une femme, mais en ce jour sa vertu s’accroîtra... et alors, en ce jour-là, l’échéance arrivée, l’âme de son âme qui se trouvait jusqu’alors dans le Jardin d’Éden sera donnée à ce tsadik et il deviendra alors le Libérateur. Il sera à l’image de notre maître Moïse, qui était un être humain et qui s’éleva petit à petit jusqu’à atteindre la plénitude de son âme.
Le verset « Je t’ai aujourd’hui enfanté » y est interprété comme se rapportant « au degré de “l’âme de son âme” qui naîtra alors. »
Le ‘Hatam Sofer3 écrit dans le même esprit :
Tout comme notre maître Moïse, le premier libérateur, qui atteint l’âge de 80 ans sans savoir et sans ressentir qu’il serait le libérateur d’Israël... ainsi sera, si D.ieu le veut, le dernier libérateur... Et lorsque le moment sera venu, D.ieu se révélera à lui, suscitant ainsi l’esprit du Machia’h qui demeure caché et enfoui En Haut jusqu’à sa venue... Et ce tsadik lui-même ne sait pas... Cependant, quand viendra le moment, si D.ieu le veut, D.ieu se révélera à lui comme Il s’est révélé à Moïse dans le buisson.
Le livre Or Ha’hama précise la nature de ce processus. Dans son commentaire sur le Zohar, il rapporte au nom de Rabbi ‘Haïm Vital que, lorsque le Zohar parle de la révélation du Machia’h en terme d’« éveil », la raison en est que :
C’est comme si le Machia’h était en sommeil, et quand il recevra « l’âme de l’âme », il recevra le don de prophétie et s’éveillera de son sommeil... Alors le Machia’h recevra ce degré de l’âme, celui-ci se révélera en lui et il aura alors conscience qu’il est le Machia’h, car cela n’était pas perceptible en lui jusqu’alors, toutefois les autres hommes ne le reconnaîtront pas encore... Ensuite, le Machia’h se révélera totalement et tout Israël le reconnaîtra alors et se ralliera à lui.
Il apparaît donc que le processus de la révélation du Machia’h sera graduel, depuis l’état de tsadik qui n’a pas conscience d’être le Machia’h, jusqu’à s’élever de plus en plus, au point de recevoir des forces très hautes ainsi que l’âme du Machia’h qui demeurait jusqu’alors sous le Trône Céleste. À ce stade, il saura qu’il est le Machia’h, mais le peuple ne le saura pas, jusqu’à ce qu’il se révèle en parvenant à sa plénitude.

Roi et prophète

Le Machia’h sera un roi, un prophète et un guide. Maïmonide décrit la personnalité du Machia’h en deux endroits : à la fin des Lois des Rois,4 il le décrit comme un roi qui « s’adonnera à l’étude de la Torah et accomplira les mitsvot comme son ancêtre David », il ramènera le peuple juif dans le chemin de la Torah, il combattra les peuples qui persécutent Israël, pour finalement préparer « le monde entier à servir D.ieu ensemble » ; dans les Lois du Repentir,5 il le décrit comme un grand prophète et comme un guide : « Ce roi qui se lèvera de parmi la descendance de David sera sage, plus encore que Salomon, ainsi qu’un grand prophète, proche de notre maître Moïse. C’est ainsi qu’il enseignera à tout le peuple et lui indiquera le chemin de D.ieu. »
De fait, le processus messianique connaîtra deux périodes6 :
Dans une première période, le Machia’h aura pour tâche de ramener le peuple juif dans le chemin de la Torah, d’affronter certaines nations et d’éliminer le mal du monde, il se manifestera essentiellement en tant que « roi » ; lorsque le monde aura été amendé et élevé, cette démarche de « royauté » deviendra alors secondaire et ce sont alors ses qualités de « prophète » et de « rav » qui deviendront prépondérantes.7 Il enseignera à tout le peuple et l’amènera à ce que « les Juifs seront tous de grands Sages, connaissant les choses cachées, comprenant l’intention de leur Créateur comme ce que peut en saisir l’Homme ».8
Que D-ieu protège et guérisse miraculeusement tous nos soldats comme chacun des enfants d'Israël, partout dans le monde, Qu'il venge leur sang, et qu'Il ne nous prodigue à partir de maintenant que des douceurs palpables à l’œil nu.

En chaque génération vit un homme qui attend avec impatience de pouvoir libérer son peuple de l’exil.


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