Machia'h arrive, le saviez-vous?
En chaque génération vit un homme qui attend avec impatience de pouvoir libérer son peuple de l’exil

jeudi 6 novembre 2014


Rav Chmouel "Moulé" Azimov fut l’artisan d’un renouveau juif en France et au-delà

Guide spirituel et enseignant, il a amené plus de 450 émissaires à servir la population juive de France

par Menahem Posner


Rav Chmouel Azimov, renommé dans le monde entier pour son action éducative en France et pour avoir dirigé le renouveau juif dans ce pays et au-delà, est décédé ce mercredi 5 novembre 2014 à l’âge de 69 ans.
Connu sous le surnom affectueux de « Moulé », le Rav Azimov a eu un impact profond sur des dizaines de milliers de Juifs de France en tant que directeur du Beth Loubavitch à Paris. Il y a aujourd’hui plus de 450 émissaires dans 115 centres ‘Habad-Loubavitch dans 95 villes en Île-de-France – le résultat direct de son travail – dont beaucoup furent ramenés par lui au Judaïsme et pour lesquels il était un guide personnel et un mentor spirituel.
Au-delà de la France, il était membre du comité exécutif de Agudath ‘Hassidei ‘Habad International, l’organisation cadre du mouvement ‘Habad-Loubavitch mondial, et il fut le conseiller et le mentor d’innombrables émissaires du Rabbi de Loubavitch à travers le monde.
Rav Azimov naquit en ex-Union soviétique en 1945 de Rav Haïm Hillel et Richa Azimov. Étant parvenu à fuir le Rideau de fer, son père devint le directeur du réseau de Talmud Torah Loubavitch à Paris. Le jeune Chmouel fut élève de la yéchiva de Brunoy puis poursuivit ses études à la yéchiva Loubavitch centrale, le « 770 », à Brooklyn, où il devint profondément lié au Rabbi, Rabbi Mena’hem Mendel Schneerson, de mémoire bénie.
En 1968, il épousa Bassie, fille du célèbre ‘hassid Rav Bentsion Shemtov. En l’honneur du mariage de son jeune élève, le Rabbi corrigea un discours ‘hassidique en vue de sa publication en tant que sa participation, ce qui constitue une rare distinction.
Cette même année, le Rabbi envoya les Azimov à Paris pour y être ses émissaires. Avant leur départ, le Rabbi les bénit, leur souhaitant « un succès au-delà de l’imagination ».
Rav Azimov recevant un dollar et une bénédiction du Rabbi de Loubavitch. (Photo: JEM/The Living Archive)
Rav Azimov recevant un dollar et une bénédiction du Rabbi de Loubavitch. (Photo: JEM/The Living Archive)
Homme humble et affable, le rav Azimov édifia un empire éducatif, amenant des dizaines d’autres émissaires pour servir dans tous les quartiers de la capitale française et ses environs. Beaucoup de couples émissaires ‘Habad-Loubavitch furent eux-mêmes des disciples du rav qui adoptèrent un mode de vie ‘hassidique et furent inspiré à le partager avec les autres.

Il édifia des dizaines de communautés

À partir de son institution phare, le Beth Loubavitch de Paris, le rav Azimov édifia des dizaines de communautés juives et a influença d’innombrables personnes. Aujourd’hui, le complexe scolaire Beth ‘Haya Mouchka accueille 1500 filles, ce qui en fait la plus grande école juive en France. Quelque 115 centres ‘Habad-Loubavitch et plus de 450 représentants servent actuellement la population juive de France, la plus grande d’Europe occidentale, estimée à environ 500 000 âmes.
En plus de son programme d’enseignement quotidien, ses « farbrenguens » informelles furent le ferment de la culture ‘hassidique française, formant une communauté de cadres communautaires érudits, inspirés et actifs.
Malgré le développement de leur réseau d’institutions, le rav Azimov et son épouse demeurèrent accessibles à leurs élèves – ainsi qu’aux enfants et aux élèves de leurs élèves – qu’ils traitaient comme des membres de leur propre famille. Quand un des jeunes étudiants de yéchiva avait besoin de conseils pour trouver l’âme sœur ou lorsqu’un couple avait besoin de soutien dans n’importe quel domaine de la vie, ils savaient qu’ils pouvaient se tourner vers le rav et son épouse.
« Il était unique en ce qu’il était totalement dévoué à son peuple », se souvient le rav Chmouel Lubecki dont les parents avaient retrouvé le chemin de l’observance juive sous l’influence du rav. « Il n’avait pas de vie privée. Même à l’hôpital, il parlait sans cesse aux membres de la communauté, prenant soin d’eux et de leurs enfants. »
Même lorsque sa communauté se développa jusqu’à compter des centaines de familles, il se faisait un point d’honneur d’assister réjouissances familiales, petites et grandes.
Son dévouement à l’observance juive était légendaire, dit le rav Lubecki. Par exemple, à une certaine époque, le rav prenait lui-même le train jusqu’à la ville d’Orly pour y livrer du lait casher frais, de sorte que cinq familles soient en mesure d’observer la casherout au plus haut niveau.
Même après avoir subi un accident vasculaire cérébral invalidant en 1998, il continua à enseigner la Torah et gérer des institutions d’un budget global de plusieurs millions d’euros qui ne cesse de grossir chaque année.
L'année des dernière, parlant avec des dignitaires au grand allumage public de 'Hanouka près de la tour Eiffel à Paris.
L'année des dernière, parlant avec des dignitaires au grand allumage public de 'Hanouka près de la tour Eiffel à Paris.
Le rav a également dirigé la publication de l’hebdomadaire La Sidra de la Semaine, qui est une source d’information juive et d’inspiration pour des milliers de personnes dans le monde juif francophone, en plus de nombreux livres sur le judaïsme et la philosophie ‘Habad.
Le rav Azimov avait perdu son épouse Bassie en 2011. Ils laissent derrière eux leurs enfants, le rav Mendel Azimov, Mme Esther Marasov et le rav Lévi Azimov, tous trois des émissaires du Rabbi à Paris, et de nombreux petits-enfants.
Les funérailles auront lieu au mont des Oliviers, à Jérusalem.
Que D-ieu protège et guérisse miraculeusement tous nos soldats comme chacun des enfants d'Israël, partout dans le monde, Qu'il venge leur sang, et qu'Il ne nous prodigue à partir de maintenant que des douceurs palpables à l’œil nu.


En chaque génération vit un homme qui attend avec impatience de pouvoir libérer son peuple de l’exil.


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mercredi 5 novembre 2014


Les enjeux de la paracha Vayéra

à la lumière de la 'Hassidout

Adapté des enseignements du Rabbi de Loubavitch


La paracha Vayéra est la seconde des deux parachiot entièrement consacrées à la vie et à l’époque d’Abraham. Bien que nous faisons sa connaissance dans parachat Noa’h et que ses dernières années soient relatées dans parachat Hayé Sarah, Abraham y apparaît seulement dans la préparation de l’œuvre maîtresse de sa vie ou bien après celle-ci. Dans Noa’h, nous le voyons s’opposer à la spirale de déclin qui a marqué l’histoire humaine jusqu’à lui et ainsi mériter l’appel de D.ieu à commencer l’histoire du peuple élu. Dans ‘Hayé Sarah, nous le voyons assurer la perpétuation de son héritage en le transmettant à son successeur. Seules les parachiot de Lekh Lekha et Vayérase concentrent directement sur la vie d’Abraham elle-même.
Le fait que la vie d’Abraham soit relatée dans ces deux parachiot indique qu’elle fut constituée de deux phases distinctes. En fait, un examen attentif des événements rapportés dans ces deux sections laisse l’impression qu’Abraham répète dans parachat Vayéra pratiquement tout ce qu’il a fait dans parachatLekh Lekha. Les deux parachiot s’ouvrent avec une révélation divine et la promesse d’une progéniture ; dans les deux parachiot, sa femme Sarah est enlevée par un roi païen ; dans les deux parachiot, il engendre un fils, bannit Hagar et conclut des traités; dans les deux parachiot, son comportement vertueux est mis en contraste avec le comportement immoral de son neveu Lot; dans les deux parachiot, il défend les cités de la plaine – dans Lekh Lekhacontre des assaillants humains et dans Vayéra contre le décret divin consécutif à la propre corruption de ces villes. C’est comme si Abraham devait répéter tout ce qu’il avait vécu dans la première paracha – sa première « vie » ou niveau d’existence –, mais à un niveau différent, pour imprégner ses accomplissements passés d’un nouveau niveau de conscience divine.
Puisque, comme nous le savons, le nom de chaque paracha véhicule l’essence de son contenu, l’essence de chacune de ces deux phases de la vie d’Abraham doit se refléter dans le nom de la paracha qui la décrit.
L’événement charnière qui divise la vie d’Abraham en deux périodes spirituelles distinctes est sa circoncision. Elle est relatée à la fin de Lekh Lekha de sorte qu’Abraham commence sa vie de Juif circoncis seulement dans Vayéra. Il s’ensuit donc que sa vie avant la circoncision était une vie de Lekh Lekha : « va vers ton véritable être », alors que sa vie d’après la circoncision, est une vie deVayéra : « D.ieu lui apparut ». Dans Lekh Lekha, Abraham progresse par lui-même, gravissant avec constance l’échelle du progrès spirituel, autant que des efforts humains le lui permettaient. Dans Vayéra, D.ieu lui apparaît et l’élève à un niveau de vie spirituelle inatteignable par des efforts humains.
Certes, D.ieu apparut à Abraham à trois reprises dans la parachat Lekh Lekha,1 mais ces révélations étaient voilées et vagues comparées à Sa révélation dans la parachat Vayéra.2 La raison de cela est simple : jusqu’à la circoncision, la progression d’Abraham était, comme nous l’avons dit, soumise aux limites de sa propre nature humaine. Il ne pouvait parvenir que là où son propre intellect et son propre cœur pouvaient l’amener. Il était donc impossiblepour D.ieu de se révéler « directement » à Abraham ; Abraham pouvait seulement percevoir D.ieu à travers le prisme de son propre être.
Quelle est donc la qualité si spéciale de la circoncision qui changea tout cela, permettant à Abraham de transcender les limites de sa propre humanité et de connaître une révélation directe de D.ieu ?
Tout d’abord, la circoncision était le premier commandement qu’Abraham observait en réponse à une directive explicite de D.ieu. La Torah et ses traditions étaient déjà connues avant même l’époque d’Abraham et celui-ci les accomplissait fidèlement au mieux de ses capacités. Mais, dans la mesure où cette observance était volontaire, il lui manquait l’effacement et l’humilité qui caractérisent la soumission d’un serviteur à la volonté de son maître. C’est précisément la raison pour laquelle Abraham ne se circoncit pas avant que D.ieu lui en donne l’ordre, bien qu’il observa tous les autres commandements de la Torah : puisque la circoncision, contrairement aux autres commandements, ne peut être accomplie qu’une seule fois, s’il s’était circoncis de lui-même, il n’aurait jamais plus été en à même de le faire sur l’ordre explicite de D.ieu.
Ainsi, en se circoncisant en réponse au commandement direct de D.ieu, Abraham entrait dans une relation avec Lui d’un type entièrement nouveau. En annulant sa propre volonté devant celle de D.ieu, il parvint à un niveau d’abnégation qu’il n’aurait jamais pu atteindre auparavant. Son ego pouvait désormais se dissoudre et cesser de s’interposer entre D.ieu d’un côté et ses propres facultés intellectuelles et émotionnelles de l’autre.
Et pourtant, bien que la circoncision fût le seul commandement de la Torah que D.ieu lui commanda spécifiquement d’observer, Il lui avait déjà ordonné d’accomplir d’autres choses auparavant, comme quitter la maison de son père et partir en Terre d’Israël, voyager à travers le pays et accomplir les rites associés à l’Alliance entre les Parties. Dans chaque cas, Abraham avait toujours obéi à la parole de D.ieu. Que recelait donc la circoncision qui conduisit Abraham à un tel niveau de dévouement ?
La réponse à cette question apparaît dans la façon dont D.ieu formula Son commandement à Abraham : « Mon alliance sera dans ta chair ».3 La circoncision a ceci d’unique parmi tous les commandements qu’elle transforme le corps lui-même. La chair même du corps devient une concrétisation de la volonté divine. Les Sages4 enseignent que la circoncision conféra à Abraham le contrôle absolu sur tous ses instincts corporels. Dès lors, à travers la circoncision, le corps peut s’associer à l’effacement de l’esprit devant D.ieu, cessant ainsi d’être une entrave à la relation de l’homme avec son Créateur.

Comme nous l’avons rappelé, Abraham entama le renversement du processus de dégénérescence spirituelle qui avait commencé avec le péché d’Adam et Ève et s’était poursuivi dans les générations suivantes. Le processus qu’il mit en mouvement allait culminer sept générations plus tard avec le Don de la Torah au mont Sinaï.
Pour pouvoir établir les bases de la transformation du monde en résidence pour D.ieu à travers le Don de la Torah, Abraham dut constituer un exemple de sa propre vie. Dans ce contexte, sa circoncision constitua sa « Réception de la Torah » personnelle, un microcosme de ce qui se jouerait plus tard au mont Sinaï à une échelle nationale. En vivant la transition de l’effort humain limité à la révélation divine infinie, il préparait le terrain à la création d’un peuple dont le but serait d’élever la réalité au-delà de ses limites naturelles en révélant le D.ieu infini au sein du monde fini.
Une fois que la transformation personnelle d’Abraham fut devenue la pierre angulaire de l’identité nationale du peuple juif, elle devint l’héritage personnel de chaque Juif. Nous avons tous à apprendre de la vie d’Abraham. Tout au long de sa vie, celui-ci aspira à être un vecteur le plus transparent possible de l’expression de la présence de D.ieu sur terre. Et, quels que soient ses succès en la matière, il sut toujours qu’il y avait encore beaucoup à accomplir, qu’il n’avait pas encore atteint l’ultime degré de l’effacement de soi. C’est précisément en mérite de cela que D.ieu exauça son souhait et lui permit, à travers le commandement de la circoncision, de se libérer des contraintes de l’ego humain.
Nous aussi devrions toujours aspirer à une relation encore plus élevée avec D.ieu et ne jamais nous satisfaire de notre niveau spirituel actuel. Tout en étant conscients de nos accomplissements, nous devons nous habituer à ne considérer seulement comme une version imparfaite et approximative de ce à quoi nous aspirons ultimement. Lorsque nous menons ainsi nos vies, nous savons que D.ieu répondra à nos aspirations et Se révélera dans notre existence en proportion.5

NOTES
1.Genèse 12,7 – 15,1 – 17,1.
2.Zohar I 88b, 98a.
3.Genèse 17,13.
4.Sur Genèse 17,1.
5.Likoutei Si’hot vol. 10, pp. 49-54.
Que D-ieu protège et guérisse miraculeusement tous nos soldats comme chacun des enfants d'Israël, partout dans le monde, Qu'il venge leur sang, et qu'Il ne nous prodigue à partir de maintenant que des douceurs palpables à l’œil nu.


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mardi 4 novembre 2014


Pure hypocrisie

Et pourtant...

Adapté des enseignements du Rabbi de Loubavitch

A Beer Chéva, Avraham avait établi une auberge – Echel –, ouverte aux quatre vents. Le Talmud explique qu’en dehors de permettre d’accorder l’hospitalité aux voyageurs, l’auberge d’Avraham lui servait également de centre pour faire connaître la vérité du D.ieu unique au monde païen. Quand les invités d’Avraham désiraient le bénir pour sa générosité, il s’exclamait : « La nourriture que vous avez consommée vous a-t-elle été fournie par moi-même ? Vous devriez remercier, louer et bénir Celui qui a fait exister le monde ! »
Mais avec ceux qui, malgré tout, se refusaient à reconnaître D.ieu comme leur Créateur, Avraham utilisait une tactique moins aimable. Le Midrache relate qu'Avraham réclamait alors un prix exorbitant pour la nourriture qui avait été consommée. Quand l’homme protestait, Avraham rétorquait : « Qui vous donne du vin en plein désert, qui vous donne de la viande en plein désert, qui vous donne du pain en plein désert ? ». Et quand l’invité réalisait dans quelle spirale il était tombé, conclut le Midrache, il cédait et proclamait « Béni soit le D.ieu du monde dont la Providence nous a permis de nous restaurer ».
Mais, pourrions-nous nous interroger : quelle valeur une telle proclamation obtenue sous la pression peut-elle posséder ? Ne sont-ce pas que de simples mots, vides de toute conviction quant à la vérité du D.ieu Un et ou de tout désir de Le remercier pour Sa Providence ?
Cependant Avraham avait une vision de l’humanité qui le persuadait que chaque acte, chaque mot, chaque parole ou chaque pensée positifs a de la valeur, quelque « superficiel » ou « hypocrite » qu’il puisse paraître à un œil moins averti. Car, quand Avraham regardait ses hôtes, il ne voyait pas en eux des païens, mais des créatures de D.ieu créées à l’image divine et capables de reconnaître le Créateur et servir Sa volonté.
La plupart du temps, un mot gentil, une main secourable peuvent mettre en lumière ce potentiel. Mais parfois, une âme peut être si enfouie sous les influences négatives et un caractère corrompu qu’une certaine « pression » est nécessaire pour faire céder sa résistance devant un acte divin. (Bien sûr, toutes ces formes de « pression » doivent se faire en accord avec la démarche de la Torah dont les voies sont « des voies de gentillesse et de paix », comme dans le cas de la demande de paiement parfaitement légitime d’Avraham .)
Avraham avait compris que jamais une reconnaissance de D.ieu ne sera hypocrite. Au contraire : la foi et le comportement païens constituent eux l’hypocrisie ultime, car ils dévient du moi et de la volonté profonde de la personne. Quand une créature de D.ieu proclame : « Béni soit le D.ieu du monde dont la Providence nous a permis de nous restaurer », rien ne peut être plus en accord avec son moi le plus profond.
Que D-ieu protège et guérisse miraculeusement tous nos soldats comme chacun des enfants d'Israël, partout dans le monde, Qu'il venge leur sang, et qu'Il ne nous prodigue à partir de maintenant que des douceurs palpables à l’œil nu.


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lundi 3 novembre 2014


La ligature d'Isaac

Quelle fut réellement l'épreuve d'Abraham?

Adapté des enseignements du Rabbi de Loubavitch par Yanki Tauber


Le fondateur du ‘hassidisme ‘Habad, Rabbi Chnéour Zalman de Lyadi, raconta un jour :
À Mézeritch il était extrêmement difficile d’être accepté comme disciple de notre maître, Rabbi DovBer. Il y avait un groupe de ‘hassidim qui, n’ayant pu avoir le mérite d’étudier directement auprès de notre maître, désiraient au moins servir ses élèves : leur apporter de l’eau pour se laver les mains au réveil, balayer le sol de la salle d’étude, allumer les fourneaux au cours des mois d’hiver, etc. Ils étaient connus sous le nom de « chauffeurs de fourneaux ».
Une nuit d’hiver, alors que j’étais étendu sur un banc dans la salle d’étude, j’entendis une conversation entre trois chauffeurs de fourneaux. « En quoi l’épreuve de la akéda (ligature d’Isaac) fut-elle particulière ? demanda le premier. Si D.ieu S’était révélé à moi et m’avait demandé de sacrifier mon fils unique, n’aurais-je pas obéi ? »
Répondant à sa propre question, il dit : « Si D.ieu me demandait de sacrifier mon fils unique, je repousserai mon geste un certain temps, pour le garder auprès de moi encore quelques jours. La grandeur d’Abraham réside dans le fait qu’il se leva de bon matin pour accomplir immédiatement la volonté de D.ieu. »
Le second déclara : « Si D.ieu me demandait de sacrifier mon fils unique, moi non plus je ne perdrais pas un instant pour accomplir Son commandement. Mais je le ferais d’un cœur lourd. La grandeur d’Abraham réside dans le fait qu’il s’en fut faire la akéda d’un cœur joyeux d’avoir l’occasion d’accomplir la volonté de D.ieu. »
Le troisième dit alors : « Moi aussi, j’aurais accompli la volonté de D.ieu avec joie. Je pense que la particularité d’Abraham réside dans sa réaction quand il découvrit que tout cela n’était qu’une épreuve. Quand D.ieu lui demanda : “Ne touche pas à l’enfant, ne lui fais rien”, Abraham fut envahi par la joie, non parce que son fils unique n’allait pas mourir, mais parce qu’il lui était donné l’occasion d’accomplir un nouveau commandement de D.ieu. »
Rabbi Chnéour Zalman conclut : « Pensez-vous qu’il s’agissait d’une simple conversation  ? Chacun d’entre eux décrivait le degré de sacrifice de soi que lui-même avait atteint dans son service de D.ieu. »

Cette question particulière – Qu’est-ce qui différencie la akéda des innombrables autres cas de martyr et de sacrifice de soi ? – est soulevée par presque tous les commentateurs et exégètes de la Torah.
Car la ligature d’Isaac en est venue à représenter le summum de la dévotion d’un Juif envers D.ieu. Chaque matin, nous lisons avant nos prières le récit de la akéda dans la Torah, puis nous disons : « Maître de l’univers ! Tout comme Abraham notre père a écarté sa compassion envers son fils unique pour accomplir Ta volonté d’un cœur entier, puisse Ta compassion écarter Ta colère contre nous et puisse Ta Miséricorde prévaloir sur Tes attributs de stricte justice. »
Et à Roch Hachana, quand le monde tremble devant le jugement de D.ieu, nous évoquons la ligature d’Isaac en sonnant de la corne d’un bélier (qui rappelle le bélier qui remplaça Isaac comme offrande), comme pour dire : « Si nous n’avons pas d’autres mérites, rappelle-Toi de ce que fit Abraham. Rappelle-toi comment le premier Juif lia toutes les générations de Juifs à venir avec Toi dans une alliance de sacrifice de soi. »
Il est clair que l’épreuve suprême pour la foi est le fait d’être prêt à sacrifier sa vie pour celle-ci. Mais qu’y avait-il de si spécial dans le sacrifice d’Abraham ? D’innombrables milliers de Juifs n’ont-ils pas donné leur vie plutôt que de renoncer à leur alliance avec le Tout Puissant ?
On peut peut-être expliquer que d’être prêt à sacrifier son enfant est une plus grande démonstration de foi que de renoncer à sa propre vie. Mais en cela également, Abraham ne fut pas unique. À de nombreuses occasions à travers les générations, des Juifs ont encouragé leurs enfants à aller vers la mort plutôt que de violer leur foi. L’histoire de ‘Hanna est caractéristique. Elle qui, voyant ses sept fils être torturés à mort plutôt que de s’incliner devant une idole grecque, proclama : « Mes enfants ! Rendez-vous chez Abraham votre père et dites-lui : Tu as lié une offrande sur l’autel et moi, j’en ai lié sept... »
Plus encore, alors qu’Abraham fut prêt à sacrifier son fils, dans les milliers d’akédas à travers notre histoire, des Juifs ont concrètement donné leur vie et celles de leurs familles tout entières. Et, contrairement à ce qu’Il avait fait avec Abraham, D.ieu ne s’était pas adressé directement à eux pour demander leur sacrifice. Leur acte était basé sur leur propre conviction et sur la force de leur engagement envers un D.ieu invisible et souvent insaisissable. Et bon nombre donnèrent leur vie plutôt que de transgresser même un aspect mineur de leur foi, même dans des cas où la Torah ne demandait pas à un Juif de le faire.
Néanmoins, comme l’écrit Abarbanel dans son commentaire sur la Genèse, c’est la ligature d’Isaac « qui est pour toujours sur nos lèvres dans nos prières... Car en elle réside toute la force d’Israël et son mérite devant Son Père Céleste... » Pourquoi cela ? Qu’en est-il des milliers d’autres qui firent le sacrifice suprême en réaffirmant notre loyauté à D.ieu ?
La même question peut être posée au sujet d’Abraham lui-même. La akéda fut la dixième et dernière « épreuve » dans la vie d'Abraham. La première fois que sa foi fut mise à l’épreuve, Abraham fut jeté dans une fournaise ardente pour son refus de reconnaître la divinité de Nimrod en tant qu’idole suprême d’Our Casdim, son pays natal, et pour son engagement continuel à enseigner au monde la vérité d’un D.ieu unique, non corporel et tout-puissant. Tout celaavant que D.ieu se soit révélé à lui et l’ait choisi, lui et ses descendants, pour servir de « lumière pour les nations » et de relais de Sa parole à l'humanité.
Ce premier acte de sacrifice de soi semble, à certains égards, être encore plus grand que les actes ultérieurs. Un homme en vient à reconnaître tout seul la vérité et se consacre à sa diffusion, au point où il est même prêt à sacrifier sa vie à cette fin. Tout cela sans un ordre, ni même un signe, d’En Haut.
Et pourtant, c’est la ligature d’Isaac qui est considérée comme la plus importante mise à l’épreuve de la foi d’Abraham. Le Talmud demande : « Pourquoi D.ieu a-t-Il dit, en donnant à Abraham l’ordre de la akéda : “S’il te plaît, prends ton fils ?” » Ce à quoi le Talmud répond : « D.ieu dit à Abraham : “Je t’ai soumis à de nombreuses épreuves, et tu les as toutes surmontées. Maintenant, Je t’en supplie, surmonte cette épreuve pour Moi, de peur qu’on dise que les précédentes étaient sans substance” » (Talmud, Sanhédrine 89b).
Encore une fois, nous demandons : pourquoi ? En admettant que la akéda fut l’épreuve la plus difficile de toutes, pourquoi les autres seraient-elles « sans substance » sans elle ?
Les maîtres ‘hassidiques expliquent l’importance de la akéda par une métaphore.
Il y avait une fois une étendue sauvage inexplorée. Personne n’avait jamais pénétré ses épais taillis, aucune carte n’avait décrit son terrain inculte. Mais un jour vint un homme qui accomplit l’impossible : il traça un chemin dans cette terre imprenable.
Beaucoup s’engagèrent à sa suite. C’était encore un voyage difficile, mais ils pouvaient consulter ses plans et suivre ses traces. Au fil des années, d’autres firent le voyage dans des conditions plus difficiles encore que celles qu’avait dû endurer le pionnier. Alors qu’il avait cheminé en plein jour, ils tâtonnèrent dans la noirceur de la nuit ; alors qu’il n’avait que sa détermination pour compagnon, ils firent le voyage alourdis par de pesantes charges. Mais tous lui étaient redevables. Tous savaient que ce qu’ils accomplissaient n’était qu’une extension de sa grande réalisation.
Abraham fut le pionnier du sacrifice de soi. Et le premier cas de véritable sacrifice de soi de l’histoire fut la ligature d’Isaac.
Car se sacrifier soi-même, sacrifier son être, n’est pas la même chose que de sacrifier sa vie. Il y a un monde de différence entre les deux.
L’histoire humaine comporte de nombreux chapitres de sacrifice héroïque. Chaque génération, chaque société a eu ses martyrs, des personnes qui ont donné leur vie pour leur foi, pour leur patrie et pour pratiquement toutes les causes sous le soleil. Ils l’ont fait pour un ensemble de raisons. Pour certains, c’était un acte de désespoir. Pour eux, la vie ne valait pas d’être vécue si un certain objectif n’était pas atteint. D’autres croyaient que leur acte serait richement récompensé dans l’au-delà, de sorte qu’ils échangèrent facilement les avantages temporels de la vie physique pour le bénéfice éternel de l’âme. Enfin, il y eut ceux pour qui leur cause avait grandi au point de devenir plus importante pour eux que leur propre vie. Ils en étaient venus à s’identifier si complètement avec un certain but que celui-ci était devenu une partie plus intégrante de leur être que leur existence en tant qu’individus.
Dans tous les cas énoncés ci-dessus, le martyr sacrifie sa vie, mais pas son être. Il sacrifie sa vie physique pour le bien de son être, que ce soit pour l’amour de l’être projeté par son obsession, pour l’être spirituel de son âme immortelle ou un « être » plus vaste, plus universel auquel il s’identifiait. En définitive, son acte est un acte égoïste, « égoïste » dans le sens le plus positif et altruiste du mot – car voilà une personne qui a réussi à transcender l’étroite définition matérialiste de l’« égo » qui domine notre monde matériel –, mais égoïste tout de même.
Abraham avait une mission. Une mission pour laquelle il a tout sacrifié, une mission plus importante pour lui que sa propre vie.
Pendant de nombreuses années, il avait souffert de n’avoir pas d’héritier qui poursuivrait sa mission, à l’idée que son travail d’apporter à un monde païen les croyances et les principes moraux du monothéisme s’arrêterait à sa mort. Puis vint la promesse divine : miraculeusement, à l’âge de cent ans, il aurait un fils, duquel sortirait le peuple d’Israël. « Tu l’appelleras Isaac, dit D.ieu. Et J’établirai Mon alliance avec lui en une alliance éternelle, et avec ses descendants après lui. »
Et c’est alors que D.ieu lui demanda de détruire tout cela.
Quand Abraham lia Isaac sur l’autel, il n’agissait pas au service d’une cause quelconque. De fait, cela allait même à l’encontre de tout ce en quoi il croyait et qu’il avait enseigné, contre tout ce pourquoi il avait sacrifié sa vie, contre tout ce que D.ieu Lui-même lui avait dit. Il ne pouvait voir aucune raison ni but à cet acte. Chaque partie de son être criait contre cela : son être matériel, son être spirituel, son être transcendant et altruiste. Mais il le fit néanmoins. Pourquoi ? Parce que D.ieu le lui avait ordonné.
Abraham fut le pionnier du sacrifice de soi. Avant Abraham, le soi était un territoire inviolable. L’homme pourrait éclairer les priorités du soi, il pouvait même l’élargir et sublimer, mais il ne pouvait pas le supplanter. En effet, comment l’aurait-il pu ? En tant que créature dotée du libre arbitre, toute action de l’homme vient de l'intérieur. Chacun de ses actes a un motif (conscient ou pas), et chacun de ses motifs a une logique, une raison selon laquelle il est bénéfique pour sa propre existence. Alors, comment pourrait-il être motivé pour anéantir son propre soi ? L’instinct de préserver et d’améliorer son soi est la source et le but de chaque désir d’une créature. L’homme n’est pas plus en mesure de le transcender que de se soulever en tirant sur ses propres cheveux.
Et pourtant Abraham fit l’impossible. Il sacrifia son soi pour quelque chose qui dépasse le niveau le plus transcendant de l’identité. S’il ne l’avait pas fait, aucun autre acte de sacrifice de soi – précédent ou ultérieur, de sa part ou de ses descendants – n’aurait pu être d’une quelconque « substance », plus qu’un produit du soi. Mais quand Abraham lia son fils unique sur l’autel, une voix divine proclama : « Maintenant Je sais que tu crains D.ieu. » Maintenant Je sais que la volonté de D.ieu supplante même tes instincts les plus élémentaires. Maintenant Je sais que toutes tes actions, y compris celles qui pourraient être décrites comme égoïstes, sont par essence mues par le désir de servir ton Créateur. Maintenant Je sais que toute ta vie a été d’une substance véritable et désintéressée.
Ainsi, lorsque nous parlons de la akéda, nous parlons également de ceux qui ont suivi le chemin tracé par cet acte. Des innombrables milliers qui moururent pour la foi d’Abraham, des millions qui vécurent par elle. Leurs sacrifices – grands ou petits, cataclysmiques ou quotidiens – peuvent sembler découler de leurs croyances et aspirations personnelles : louables et extraordinaires, mais seulement la réalisation de l’identité d’une âme particulière. Mais la akédarévéla qu’ils furent bien plus que cela.
Car Abraham transmit à ses descendants l’essence de leur judaïsme : qu’au cœur de l’être réside non pas le soi, mais l’engagement envers le Créateur. Et que, au final, chacun de nos choix et de nos actes est une expression de cette « étincelle de divinité » qui réside en nous.
Que D-ieu protège et guérisse miraculeusement tous nos soldats comme chacun des enfants d'Israël, partout dans le monde, Qu'il venge leur sang, et qu'Il ne nous prodigue à partir de maintenant que des douceurs palpables à l’œil nu.


En chaque génération vit un homme qui attend avec impatience de pouvoir libérer son peuple de l’exil.


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