Machia'h arrive, le saviez-vous?
En chaque génération vit un homme qui attend avec impatience de pouvoir libérer son peuple de l’exil

jeudi 11 juin 2015


Le voeu

Une histoire du Baal Chem Tov



Un certain jour, Rabbi David Firkus, disciple du Baal Chem Tov, se trouva dans une situation désespérée. Il lui fallait de l'argent, coûte que coûte. N'ayant pu obtenir les fonds sur lesquels il comptait, il se rendit à Medziboz rendre visite à son maître et lui demander conseil. Comment pourrait-il surmonter les difficultés dans lesquelles il se trouvait actuellement ? Après avoir conté avec force détails toute son histoire à son maître, celui-ci dit simplement : « D.ieu, béni soit-Il, vous aidera ».
Rabbi David revint chez lui tranquillisé, mais au fur et à mesure que les jours passèrent sans que vînt l'aide tant espérée, l'inquiétude s'empara de lui et il décida de se rendre à nouveau auprès du Baal Chem Tov. Celui-ci prêta attentivement l'oreille au cas soumis par son disciple, et, comme la première fois, il répéta : « D.ieu, béni soit-Il, vous aidera ».
En entendant cette réponse, Rabbi David fut bien déçu. Il s'était attendu à ce que le Baal Chem Tov lui donnât un conseil plus matériel comment vraiment trouver l'argent nécessaire, et non pas simplement une leçon de foi. Cependant, il se consola rapidement de cette déception, et toujours plein de confiance en son maître, il retourna chez lui.
Dès son retour, il constata qu'il avait plus que jamais besoin de la somme envisagée, et il prit la décision de ne plus revenir les mains vides la prochaine fois qu'il se rendrait chez le Baal Chem Tov. En prenant la route pour retourner chez son maître, il remarqua un beau carrosse qui roulait dans la direction même vers laquelle il se dirigeait. Il put le rattraper et entendit un homme dans le carrosse s'enquérant de l'adresse exacte de la maison du Baal Chem Tov. L'étranger et Rabbi David se rendirent alors à cette adresse. De concert ils entrèrent, mais tandis que le Baal Chem Tov fit un accueil chaleureux à Rabbi David, il parut ignorer complètement celui qui l'accompagnait.
Après avoir conversé pendant quelques minutes, le Baal Chem Tov dit à Rabbi David : « Écoutez bien ce que j'ai à vous raconter. C'est une histoire surprenante. » Rabbi David se rapprocha de son maître afin de ne pas perdre un seul mot de cette histoire qui promettait d'être si étonnante. L'étranger, qui se tenait près de la porte, avança la tête pour pouvoir mieux saisir les paroles du saint homme :
– Il y avait un commerçant qui expédiait des péniches de bois vers des cités diverses. Un jour qu'il était à bord de son bateau, une terrible tempête s'éleva sur le fleuve, et tous ses confrères perdirent leur cargaison sauf toutefois notre commerçant. Celui-ci devenant le seul négociant à posséder du bois, le vendit à un prix très supérieur au prix habituel, faisant ainsi une rapide et très grosse fortune. Il pouvait maintenant revenir chez lui.
Aimant la vie opulente de riche commerçant, il engagea deux domestiques, l'un pour s'occuper de sa fortune, l'autre pour entretenir son carrosse et ses chevaux. Lorsque les deux hommes surent quelle immense richesse le commerçant possédait, ils complotèrent de le tuer. Cependant, ils craignaient fort que le cocher révélât leur crime et projetèrent de se débarrasser d'abord de lui. Un jour, alors qu'ils voyageaient sur la route, ils cherchèrent querelle à ce pauvre homme, le poignardèrent, et cachèrent son corps au milieu des taillis qui longeaient le chemin. Un des domestiques saisit alors les rênes et conduisit la voiture loin au milieu de la forêt. Là ils s'arrêtèrent et ordonnant au riche commerçant de descendre de la voiture, lui déclarèrent : « Nous allons te tuer, et il faut te résigner à mourir. »
Le commerçant, pris d'une peur effroyable, les supplia à genoux de l'épargner. « Prenez la moitié de ma fortune, cria-t-il, prenez-la toute, mais ne me tuez pas. Ayez pitié non pas de moi, mais de ma femme innocente et de mes enfants. »
Les deux hommes ne voulurent rien entendre. « Si tu vis, notre vie est en danger », disaient-ils. Se rendant bien compte que tous ses efforts étaient vains, le pauvre homme les pria alors de lui accorder quelques minutes pour qu'il puisse faire ses dernières prières. Après l'avoir ligoté et attaché à un arbre, les deux hommes acquiescèrent à sa demande. Alors le commerçant commença ses prières avec un grand soupir et tournant la tête vers le ciel, il supplia : « D.ieu de l'univers ! Fais en sorte que je puisse revenir chez moi et je donnerai immédiatement la moitié de ma fortune aux pauvres. »
À peine eût-il prononcé ces mots, qu'on entendit au loin un bruit, comme une galopade de chevaux, se rapprochant rapidement. Les criminels, effrayés, s'enfuirent. Effectivement, quelques minutes après, un groupe d'hommes, à la tête duquel se trouvait un noble d'une ville voisine, arriva sur place. Ils délivrèrent notre commerçant et dès que celui-ci eut repris suffisamment de forces, il leur raconta sa terrible aventure.
Le noble et ses compagnons accompagnèrent alors le commerçant à sa maison. Là, celui-ci leur souhaita aD.ieu en les remerciant chaleureusement de lui avoir sauvé la vie.

Le vœu inaccompli

À quelque temps de là, le commerçant réunit toute sa famille et tous les habitants de la ville autour d'une immense table chargée de victuailles. Il leur raconta son odyssée et comment D.ieu l'avait sauvé à la dernière minute. En même temps, il distribua le quart de sa fortune aux pauvres membres de sa famille, mais lorsque le moment arriva de donner l'autre quart aux pauvres, comme il l'avait si bien promis, il hésita. « Rien ne presse, pensa-t-il. Je peux en donner un petit peu maintenant et le reste pendant les années à venir. Pourquoi donner tout à la fois ? »
À peine eut-il manqué à la promesse faite à D.ieu, qu'il en fut immédiatement puni. Sa femme tomba très malade et il fut obligé de dépenser des sommes considérables pour tenter de la guérir. Il se rendait à Paris et à Vienne, partout où il pensait trouver un moyen de guérison, mais ses efforts restèrent vains. Un jour, son épouse épuisée lui dit : « Aucun médecin ne peut m'aider. Tu devrais peut-être aller chez le Baal Chem Tov dont la puissance est grande et les miracles connus. C'est sans doute lui qui sera seul à même de me guérir. » Et c'est aujourd'hui que ce commerçant est arrivé.
C'est avec ces paroles que le Baal Chem Tov se tourna vers l'homme se tenant à la porte, et il ajouta : « Chalom Aleikhem ! Je vous demande de calculer la somme que vous avez dépensée pour soigner votre femme et de me donner le supplément nécessaire pour constituer le quart de la fortune que vous avez acquise. C'est ainsi que vos actes charitables apporteront la guérison à votre femme. »
Le commerçant était figé par la puissance étonnante émanant du Baal Chem Tov qui avait raconté sa propre histoire dans les moindres détails. Sans dire un mot, l'homme s'assit pour calculer la somme qu'il avait encore à donner pour respecter la promesse qu'il avait faite. Cette somme était de quatre mille pièces d'argent, exactement celle dont Rabbi David Firkus avait besoin. Le commerçant courut vers sa voiture pour revenir, portant une petite boîte. Il en sortit la somme fixée, la donna au Baal Chem Tov, qui la remit à Rabbi David. Les deux hommes prirent alors congé du grand homme. Le commerçant, rentrant chez lui, trouva sa femme en parfaite santé, et Rabbi David revint content aussi et en même temps enrichi par une leçon de foi.
Que D-ieu protège et guérisse miraculeusement tous nos soldats comme chacun des enfants d'Israël, partout dans le monde, Qu'il venge leur sang, et qu'Il ne nous prodigue à partir de maintenant que des douceurs palpables à l’œil nu.


En chaque génération vit un homme qui attend avec impatience de pouvoir libérer son peuple de l’exil.


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Pourquoi le Machia'h ?
par Menahem Brod


La foi en la venue du Machia'h – le Messie – est un élément central de la religion juive, l'un des « treize principes de la foi » énoncés par Maïmonide selon lequel chaque Juif se doit de croire en lui et d'attendre sa venue. Parmi les dix-huit bénédictions que compte la prière tri-quotidienne de la Amida, pas moins de six expriment la demande à D-ieu que la Délivrance intervienne au plus tôt.
Pourquoi ce sujet, qui semble a priori secondaire en regard de l'importance de croire en D-ieu et d'accomplir Ses commandements, revêt-il un caractère si fondamental ?
De prime abord, il semble que la venue du Messie soit un fait qui ne concerne que l'avenir. La Torah écrite contient de nombreuses prophéties qui traitent de « la fin des temps » en lesquelles, en tant que Juifs croyants, nous avons évidemment foi. Cependant, concernant le Machia'h, la Torah nous enseigne que la simple « foi » n'est pas suffisante. Au-delà de la croyance, il nous est requis au quotidien une attente « active » et impatiente, une prière continuelle, une expectative empreinte d'un espoir vers lequel s'oriente toute notre vie. Ceci nécessite d'être bien compris car, en effet, pourquoi un « bon Juif » ne pourrait-il pas étudier la Torah et servir convenablement son Créateur sans qu'on exige de lui d'attendre la venue du Machia'h avec une telle intensité ?
La question est d'autant plus forte si l'on considère qu'à notre époque il nous est possible de vivre un judaïsme riche et entier. Le temps des pogroms, des autodafés et des conversions forcées est en effet révolu. Le temps où les Juifs étaient exclus de la plupart des métiers et vivaient dans la misère l'est également. Aujourd'hui, au contraire, les institutions vouées à l'étude de la Torah et du Judaïsme ne cessent de prospérer. Il peut, dès lors, sembler paradoxal de réclamer à cor et à cri un Messie qui vienne arranger nos problèmes. Que manque-t-il donc de nos jours à un Juif qui souhaite servir D-ieu de tout son cœur, pour qu'il souhaite la venue du Machia'h avec tellement d'ardeur ?
La plénitude
La réponse à ces questions est contenue en substance dans le corpus législatif de Maïmonide, au onzième chapitre des « Lois des Rois » : « Le Roi Machia'h se lèvera un jour pour restaurer la royauté de David telle qu'elle était jadis. Il reconstruira le Sanctuaire et rassemblera les exilés d'Israël et toutes les lois seront rétablies comme auparavant. » Fait remarquable, dans cette définition « halakhique » du Machia'h, Maïmonide ne parle nullement des changements miraculeux dans le monde que les Ecritures annoncent pour l'ère messianique. Il ne traite que de la plénitude de la Torah et du Judaïsme qui reviendra par l'action du Machia'h.
En effet, l'attente du Machia'h exprime en premier lieu le souhait d'un Juif de parvenir à la perfection dans l'accomplissement de la Torah et des Mitsvot. Nous savons qu'il est aujourd'hui impossible d'accomplir toutes les lois de la Torah. Pas seulement à cause de nos ennemis ou du mal présent dans le monde mais aussi parce que des parties entières de la Torah sont hors de notre portée. Parmi les 613 Commandements que celle-ci nous ordonne, nous ne pouvons actuellement en accomplir que 207. Toutes les Mitsvot concernant le Roi, le Sanhédrine (le grand tribunal rabbinique), le Temple et son service, l'année chabbatique et celle du jubilé, etc.. nous sont aujourd'hui inaccessibles. Il ne s'agit pas là que d'un problème quantitatif. La vie juive dans son ensemble s'organise actuellement autour de l'individu et non de l'ensemble en tant que peuple, à l'opposé de la structure prévue par la Torah. La Torah est ainsi aujourd'hui majoritairement théorique et non pratique.
En son for intérieur, un Juif ne peut se résoudre à une situation dans laquelle la Torah ne peut être vécue intégralement. Il croit en la Torah et en son caractère éternel et refuse qu'une partie si importante et essentielle soit mise de côté. Il est persuadé qu'en définitive cette situation ne peut être que temporaire et que très bientôt les conditions qui permettent son plein accomplissement seront rétablies. C'est là la teneur de la foi en la venue du Machia'h : la foi en l'avènement d'une ère de plénitude dans l'accomplissement de la Torah et des Mitsvot.
Le Machia'h ne se contentera pas de restaurer la situation qui prévalait avant l'exil mais amènera une plénitude jamais connue auparavant. L'une des preuves sur lesquelles s'appuie Maïmonide pour démontrer que le sujet du Machia'h est mentionné dans le Pentateuque est l'un des verset qui concerne les « villes de refuge ». La Torah nous ordonne en effet : « Lorsque D-ieu élargira ta frontière, tu ajouteras trois autres villes » (Deutéronome 19, 8). Or, cet évènement ne s'est pas encore accompli. C'est donc le Machia'h, au temps duquel s'accomplira la promesse « Lorsque D-ieu élargira ta frontière », qui dirigera la manière dont le Peuple Juif « ajoutera trois autres villes ».
Etre disponibles
Tous les prodiges que le Machia'h accomplira auront pour but d'atteindre cette plénitude dans le Judaïsme : Plus aucun ennemi n'aura la capacité de gêner le Peuple Juif dans son service divin ; l'abondance des bienfaits permettra à chacun d'être disponible pour s'adonner à l'étude de la Torah ; le dévoilement des secrets de la Torah par le Machia'h permettra de s'attacher toujours plus profondément à D-ieu.
La centralité de la croyance en la venue du Machia'h est, dès lors, tout à fait compréhensible. Un Juif qui a foi en la Torah et les Mitsvot et qui sait que leur accomplissement ne peut se faire pleinement à l'heure actuelle a donc nécessairement foi en l'avènement d'un jour où ceci sera rectifié. Et lorsque la Torah et les Mitsvot sont pour quelqu’un sa raison de vivre, cette foi se traduit par une attente impatiente et un espoir constant.
Que D-ieu protège et guérisse miraculeusement tous nos soldats comme chacun des enfants d'Israël, partout dans le monde, Qu'il venge leur sang, et qu'Il ne nous prodigue à partir de maintenant que des douceurs palpables à l’œil nu.


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Choisir notre mission
Adapté des enseignements du Rabbi de Loubavitch par Eli Touger

Un pilier de notre foi

Le Rambam écrit1 :
« Chacun peut devenir un juste comme Moïse notre Maître, ou mauvais comme Yerovam... Personne ne l’oblige, ne décrète son comportement ou le mène dans l’une de ces deux voies. Mais c’est lui, par sa propre initiative et sa propre pensée, qui se dirige vers le chemin qu’il désire...
Ce principe est un concept fondamental et un pilier [sur lequel reposent] la Torah et ses commandements, comme il est écrit2 : « Voici, J’ai placé devant toi ce jour la vie [et le bien, la mort et le mal]… c'est-à-dire que le choix est entre tes mains
Tout mortel agit comme il le veut et comme il le peut, que ce soit en bien comme en mal. Le Créateur n’oblige ou ne décrète aucunement que les gens fassent le bien ou le mal. Tout est laissé  entre leurs mains ».
D.ieu n’a pas créé l’homme pour qu’il soit un automate. Il lui a donné, au contraire, un potentiel unique, le libre arbitre, qui le distingue de toute autre créature vivante.3 Toutes les autres sont régies par les lois de la nature ou par leurs instincts. Par contre, l’homme a la force de contrôler sa conduite et d’agir selon sa propre initiative.

Deux types de choix

L’exercice de notre libre arbitre réside au cœur de notre service divin. Nous avons la possibilité d’accomplir la volonté de D.ieu ou de l’ignorer, à D.ieu ne plaise, et le défi que nous devons relever est de « choisir » la vie,4 c’est-à-dire vivre notre vie selon le désir de D.ieu.
Il est, en particulier, attendu de nous deux types de choix positifs :
a) l’obéissance aux Mitsvot de la Torah : D.ieu nous a donné une série d’actes divers à accomplir et d’autres dont nous devons nous abstenir. Parfois l’accomplissement de ces actes ou l’observance des interdictions suscite en nous un combat car en agissant ainsi, nous allons à l’encontre de notre tendance naturelle ou de nos désirs. Notre liberté de choix nous permet d’avoir le contrôle et de nier tous les obstacles intérieurs qui contrent l’accomplissement de la volonté divine.
b) Former notre caractère en conformité avec la volonté divine même en dehors de tout commandement explicite. Il existe un domaine entier d’activités auquel on se réfère comme au Rechout, « ce qui est permis ». Il ne nous est pas dit quoi faire et quoi ne pas faire. Mais cela ne signifie pas qu’il n’y ait pas un mode de conduite approprié à toutes les situations, en accord avec l’esprit de ce que D.ieu demande de nous. Néanmoins, l’initiative est entre nos mains. Nous devons aspirer à découvrir en nous-mêmes la volonté de D.ieu et modeler nos caractères dans cette perspective.
Ces deux élans sont impliqués dans la Michna5 : « Fais de Sa volonté ta volonté de sorte qu’Il puisse accomplir ta volonté comme si elle était Sa volonté. Mets de côté tes désirs devant Ses désirs de sorte qu’Il puisse mettre de côté les désirs des autres avant les tiens ».
Mettre de côté notre volonté pour la Sienne , c’est relever le défi d’abandonner nos propres désirs pour obéir aux commandements de D.ieu.
Faire de Sa volonté la nôtre, c’est relever un plus grand défi encore, c’est former notre caractère pour qu’il reflète et exprime la volonté de D.ieu même dans des situations où le commandement de D.ieu n’est pas spécifique.

Prendre l’initiative

Cette tâche représente une expression plus complète de notre possibilité d’exercer notre libre arbitre.
Le fait que D.ieu nous ait donné un commandement, bien que nous ayons l’option d’y obéir ou non, nous éperonne pour obtempérer car chaque Juif possède en lui un désir naturel de servir D.ieu et de se conformer à Sa volonté.6
Bien plus, et à un niveau plus concret, quand la volonté de D.ieu est explicite, le choix est clair. En revanche, là où D.ieu n’a pas donné de commandement explicite, l’homme doit s’élever et se raffiner jusqu’à réaliser ce qui est attendu de lui. Le défi qu’il rencontre alors et le choix qu’il doit faire ont une portée bien plus profonde.

Une nouvelle phase

Cette approche du service divin représente la nouvelle dimension qu’apporte la lecture de la Paracha de cette semaine.
La lecture de Chela’h commence ainsi7 : Chela’h lekha, « Envoie pour toi ». Rachi explique que le peuple était venu vers Moïse avec la demande d’envoyer des explorateurs pour visiter Erets Israël et Moïse avait porté leur requête devant D.ieu.
D.ieu répondit : « cela dépend de toi. Je ne te donne aucun ordre. Si tu le veux, envoie-les ».
Cela représente une nouvelle phase dans la relation entre notre peuple et D.ieu. Auparavant, la Torah avait rapporté les commandements que D.ieu avait donnés à Moïse concernant la conduite du peuple. Elle avait aussi décrit certaines situations, comme par exemple la seconde opportunité pour offrir un sacrifice pascal8 : les Juifs avaient porté cette requête à Moïse qui, à son tour, l’avait relayée à D.ieu.
Mais même lors de ces occasions, D.ieu avait répondu par un commandement explicite. C’est là le premier cas où D.ieu laisse la décision à Moïse.

Construire l’édifice de D.ieu

Cette nouvelle approche, où l’initiative est donnée à l’homme, est associée à l’objectif de la mission des explorateurs, l’entrée de notre peuple en Erets Israël. Le but de la vie en Israël est de construire un édifice pour D.ieu dans les réalités de l’expérience quotidienne.
Et plus particulièrement cette résidence doit être entreprise par l’initiative humaine. Si elle avait été établie par une révélation céleste, elle aurait été incomplète. L’homme, comme il existe dans propre contexte et avec la force de créativité qu’il possède, n’aurait pu y être associé.
Quand, par contre, il transforme sa propre volonté et, sur la base de cette métamorphose intérieure, se met à agir sur son environnement, la demeure de D.ieu s’intériorise alors dans son existence.

Affronter l’échec

Puisque l’accent est mis sur l’initiative de l’homme, il existe une possibilité d’erreur.9 Le terme même de « libre arbitre » implique que l’on puisse prendre la mauvaise décision.
En fait, dans le récit de la Paracha, non seulement ce potentiel était présent, mais le mauvais choix fut celui des explorateurs. A leur retour, ils suscitèrent la panique dans le peuple juif, ce qui les fit redouter d’entrer en Israël.
Cependant, comme l’indique le récit de la Paracha,10 cette erreur peut être corrigée par la Techouva, le retour sincère vers D.ieu.
Là encore, c’est l’initiative humaine qui est soulignée. Car la Techouva implique que la personne pénètre dans le cœur de son être et fait jaillir cette force intérieure qui lui permet de rétablir le lien avec D.ieu ébranlé par un comportement impropre.
En fait, par la Techouva, l’homme atteint un niveau supérieur dans son service divin. Comme nous l’enseignent nos Sages11 : « les Justes parfaits ne peuvent se tenir devant un Baal Techouva ».
Néanmoins, la possibilité de Techouva existe même lorsqu’il n’y a pas de péché. Comme l’affirment nos Sages12 : « Machia’h motivera les Justes à se tourner vers D.ieu dans la Techouva ». Par de tels efforts, le niveau auquel conduit la Techouva n’aurait pu être atteint sans l’étape précédente.
C’est là l’expression ultime de la force d’accomplissement de l’homme : s’engager de sa propre initiative pour atteindre son objectif et se tourner vers D.ieu, animé par le lien incommensurable établi grâce à sa Techouva.

La mission de notre peuple

Les concepts que l’on vient d’aborder sont implicites dans le nom même de la Paracha. Chela’h signifie « envoie », indiquant que chaque personne, et au sens large le peuple juif en tant qu’entité, est envoyée, obligée de quitter son environnement naturel et chargée d’une mission.
Cette mission permet, à la fois pour l’individu et pour la collectivité, d’avancer et d’atteindre un niveau supérieur.
Au sens individuel, cela se réfère à la mission de chaque âme envoyée des royaumes spirituels pour se revêtir du corps et de l’existence matérielle.
C’est « une descente pour une ascension, »13 car l’âme utilisant des entités matérielles dans un but spirituel parvient à un palier supérieur.
Dans un sens plus large, cela se réfère à la mission du peuple Juif de faire de ce monde matériel une résidence pour D.ieu.
«  Envoie » de continent en continent : notre peuple a œuvré dans cet objectif depuis des milliers d’années, ajoutant une dimension spirituelle à l’existence du monde par l’intermédiaire de son observance de la Torah et des Mitsvot.
Cet objectif n’est pas un but abstrait. Au contraire, nous sommes au seuil de la Rédemption et nous allons mériter l’accomplissement complet de la promesse de la lecture de notre Torah14 : « Je les ramènerai et ils connaîtront la terre ».

NOTES
1.Michné Torah, Lois sur la Techouva 5:2-3.
2.Deutéronome 30,15.
3.Rambam, loc. cit. ; voir aussi Likoutei Torah, Vayikra 38b.
4.Deutéronome 30,19.
5.Avot 2:4.
6.Rambam, Michné Torah, Lois du divorce, fin du chap. 2.
7.Nombres 13,2.
8.Voir Nombres chap. 9.
9.Voir le commentaire de Rachi sur Nombres 13,2.
10.Voir le dialogue de Moïse avec D.ieu, Nombres chap. 14.
11.Berakhot 34b, cité par le Rambam (Michna Torah, Lois sur la Techouva 7 :4).
12.Zohar III, p. 153b ; voir aussi Likoutei Torah, Chir HaChirim 45a.
13.Cf. Makkot 8b.
14.Nombres 14,31.

Que D-ieu protège et guérisse miraculeusement tous nos soldats comme chacun des enfants d'Israël, partout dans le monde, Qu'il venge leur sang, et qu'Il ne nous prodigue à partir de maintenant que des douceurs palpables à l’œil nu.


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A farbrengen on the occasion of the Rebbe’s 74th birthday

mercredi 10 juin 2015



Les sept mitswoth des Bnei Noah



De quelle façon peut-on suivre les sept mitswoth ?
 
Regardons de plus près les mitswoth et ce qu'elles entraînent.
 
1. Ne pas prier des faux dieux
 
L'essence des sept lois de Noah est l'interdiction formelle de vénérer des idoles ou faire de l'idolâtrie. Il nous est interdit de servir ou de vénérer toute autre création : être humain, ange, plante, étoile ; entrent également dans cette interdiction les quatre éléments fondamentaux (la terre, l'eau, le feu et l'air), ainsi que tout ce qui découle d'eux. Afin de respecter correctement l'interdit de ne pas faire de l'idolâtrie, on doit être conscient que D-ieu est unique.
 
Qu'est-ce que cela signifie ?
 
1.  On ne doit pas croire qu'il y a une autre divinité que D-ieu.
2.  On ne doit pas posséder d'idole, ou se faire une idole, ou demander à une tierce personne de le faire pour nous.
3.  On ne doit pas prier un autre D-ieu.
4.  On ne doit pas se pencher devant un autre D-ieu, faire un sacrifice pour un autre D-ieu.
 5.  On ne doit pas se rapprocher de l'idolâtrie : en paroles, en pensées, par des actes ou tout autre moyen qui nous amènerait à un culte. 

                                                        Breslev Israël 2004 – 2014 © Tous droits réservés                                                                 
Que D-ieu protège et guérisse miraculeusement tous nos soldats comme chacun des enfants d'Israël, partout dans le monde, Qu'il venge leur sang, et qu'Il ne nous prodigue à partir de maintenant que des douceurs palpables à l’œil nu.

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Le Rabbi de Loubavitch: A l'offensive


MESDAMES (vous qui êtes mariées), MESDEMOISELLES (dès l’âge de trois ans) : Pensez à allumer les Bougies de Chabbat et de Yom Tov (jours de fêtes juives) avant l’entrée de Chabbat et des jours de fêtes.

Pour l’amour de la Torah

Une histoire du Baal Chem Tov

par Nissan Mindel

Ce récit a été raconté par Rabbi Yossef Its'hak Schneerson, le précédent Rabbi de Loubavitch de mémoire bénie. Il le tenait de son arrière-grand-père, l'auteur du « Tséma'h Tsédek », lequel le tenait de son aïeul le « Vieux Rabbi », Rabbi Chnéour Zalman de Lyadi, auteur du Tanya et du Choulkhane Aroukh, et fondateur de ‘Habad.
Cet épisode eut lieu au temps du Baal Chem Tov, avant qu'il se fût révélé comme le fondateur de la doctrine 'hassidique, et le chef du 'Hassidisme. En cette période de sa vie, le Baal Chem Tov allait par les villes et les villages apporter foi et réconfort à ses frères.
Dans une petite communauté juive vivait un jeune orphelin. Il avait eu le malheur de perdre son père à l'âge de trois ou quatre ans, puis sa mère une à deux années plus tard. Un oncle recueillit le jeune garçon chez lui, et lui fit suivre les cours d'un melamed (maître) pour qu'il lui enseignât ce qu'un enfant juif doit apprendre.
Le nom de ce garçon ne nous est pas connu, aussi l'appellerons-nous Jacob. Il présentait ce trait contradictoire qui allait devenir pour lui une source de grands soucis : d'une part un fort penchant pour l'étude, et de l'autre, aucun don, aucune aptitude pour la mener à bien. Les prières du Siddour l'intéressaient, l'attiraient, mais il lui était difficile de retenir même les lettres de l'Aleph-Beth et encore moins les petits signes étranges placés au-dessus ou au-dessous et qui, comme l'on sait, font fonction de voyelles. Ses camarades de 'Hédère, eux, apprenaient facilement les unes et les autres, mais le pauvre Jacob avait toutes les peines du monde à les imiter. Lettres et signes formaient dans sa tête un mélange confus où, quoi qu'il fît, il lui était presque impossible de se retrouver. Sous l'influence bénéfique du maître, les camarades de Jacob, au lieu de laisser libre cours à la cruauté si commune aux enfants et de souligner son infériorité pour mieux en rire, au contraire compatissaient à ses difficultés et faisaient même de leur mieux pour l'aider. Toutes ces bonnes volontés s'ajoutant à la sienne donnèrent bien, à la longue, quelques résultats. Le jeune garçon finit par apprendre tant bien que mai à lire et à réciter les simplesberakhoth (bénédictions) sur les différentes espèces de nourriture.
Le temps passait. Enfin, les progrès de Jacob ayant été jugés trop lents, il fut transféré au Talmud-Torah de la communauté, dont les cours étaient gratuits. Là, il reprit ses efforts, qui durèrent quelques années encore, mais ne donnèrent, comme par le passé, que des résultats fort médiocres. Les dirigeants de la communauté durent finalement se rendre à l'évidence. Cela sautait aux yeux de tous : le pauvre orphelin ne serait jamais un érudit. Aussi l'oncle prit-il la résolution de lui apprendre un métier. Il avait déjà douze ans, il fut placé comme apprenti chez un rétameur des environs.

Un bon artisan

Ce dernier n'avait pas beaucoup d'instruction. Il en avait cependant plus que Jacob et décida de l'aider dans ce domaine dans la mesure de ses possibilités. Elles n'étaient pas étendues, nous venons de le dire ; il pouvait néanmoins veiller à ce que Jacob ne confondît point entre elles les Actions de grâces, et sût laquelle réciter en chaque circonstance. Le garçon n'avait pas perdu son grand penchant pour l'étude ; aussi, afin de les fixer dans son ingrate mémoire, se mit-il à répéter à haute voix les Actions de grâces pendant le travail. Mais le rétameur lui rappela qu'on ne devait pas prononcer le nom de D.ieu en vain, et que les bénédictions ne pouvaient être récitées qu'avant de porter un aliment à sa bouche. Jacob, obéissant, s'en abstint. Il cessa ces récitations intempestives et leur substitua l'Aleph-Beth qu'il prit l'habitude de répéter par cœur, en chantonnant et scandant les lettres au rythme du travail : kamatz aleph-« A »,kamatz beth-« Ba », et ainsi de suite.
Si les progrès de Jacob dans l'étude n'étaient pas brillants, en revanche il réussit mieux dans le métier, qu'il apprit assez vite. Il passa encore quelque temps auprès du rétameur, consolidant ainsi l'expérience acquise, puis, prêt à voler de ses propres ailes, il se chercha un atelier et s'installa à son compte.

Jacob s'enrichit

Quand il fut en âge de se marier, il trouva une jeune fille pleine de qualités qu'il épousa. C'était la fille d'un Juif pauvre et laborieux qui vivait au village voisin. Il gagnait péniblement sa vie en recueillant la sève des arbres dans les bois et en en faisant de la poix. Une fois marié, Jacob alla s'installer au village de son beau-père. Là il réussit encore mieux. Ses affaires prospérèrent au point que, peu de temps après, non seulement il gagnait largement sa vie, mais aussi, comparé aux habitants du village, on pouvait le considérer comme riche. Il continua à être charitable envers ses semblables et le fut même davantage, en ayant les moyens. En un mot, il avait tout pour être heureux ; du moins pouvait-on être tenté de le croire. Mais il y avait en lui l'ancien tourment, le tourment que lui causait son ignorance en matière de Torah et qui ne le quittait point. Il était sans instruction, il le savait, et ne s'en consolait pas. La Torah demeurait pour lui son grand, son terrible souci.
Dans son village vivaient quelques Juifs et leurs familles, dont un cho'het(abatteur rituel), un melamed et un érudit en Torah. Ils disposaient d'une petite synagogue où ils allaient faire leurs dévotions. Un jour, n'y tenant plus, Jacob s'ouvrit à l'érudit et exhala son cœur. Il lui dit ses peines, il souffrait de n'être pas capable d'étudier la Torah. L'érudit lui expliqua qu'il n'était pas donné à tout Juif d'avoir une grande culture toranique ; en revanche, lui, Jacob, avait d'autres raisons d'être heureux. S'il ne pouvait entrer dans la famille des érudits, du moins avait-il la possibilité, avec les moyens matériels que D.ieu lui avait dispensés, de leur venir en aide. Il lui conseilla de pourvoir autant qu'il le pouvait aux besoins matériels des institutions toraniques et des étudiants qui les fréquentaient, ajoutant que plus il le ferait avec discrétion, en secret même, plus son geste serait méritoire ; car il importait que personne ne le sût. Ainsi il accomplirait la grande mitsva de Tsédaka et, de ce fait, aurait une part dans la Torah que les autres étudiaient. Jacob promit à l'érudit de suivre son conseil.

Jeûnes et mortifications

Une belle coutume existait dans ce village. Quand un coreligionnaire de passage y arrivait, les Juifs tiraient au sort afin de savoir lequel d'entre eux l'aurait comme invité. Un jour, un Juif, dont la mine trahissait une santé fort éprouvée, s'y présenta. Il était très malade. Le sort désigna pour être son hôte : Jacob. Heureux, celui-ci emmena l'étranger dans sa maison, lui donna tous les soins dont il avait besoin et s'occupa de lui avec tant de sollicitude que l'étranger finit par se rétablir. Au hasard d'une conversation, Jacob lui demanda un jour la cause de sa maladie et de la grande faiblesse physique dans laquelle il se trouvait en arrivant au village. L'homme lui répondit que c'étaient les jeûnes prolongés et les mortifications répétées auxquels il se livrait dans le but d'acquérir une connaissance plus grande de la Torah.
Quand vint le jour de son départ, l'étranger remercia vivement son hôte et prit congé de lui. Lui parti, Jacob, incité par son exemple, résolut de s'infliger, lui aussi, de sévères mortifications. Cela peut-être lui réussirait-il !
Il demanda à D.ieu de lui envoyer toutes sortes de peines et de souffrances ; il les supporterait avec joie si seulement le Tout-Puissant voulait bien lui ouvrir un peu l'esprit pour qu'il comprît la Torah. Mais D.ieu ne lui envoya aucune peine, aucune souffrance. Jacob eut alors recours aux jeûnes. Il le fit plusieurs fois par semaine, et pour plusieurs semaines. Il alla dans les bois, se coucha sur des fourmilières afin de se faire piquer par les fourmis. Il pria, pleura, il récita tous les Psaumes que sa mémoire avait retenus et supplia le Tout-Puissant de lui donner un esprit apte à comprendre la Torah.

L'inconnu dans les bois

Un jour qu'il priait et pleurait assis dans les bois, un Juif auréolé de sainteté vint à lui. Il tenait, comme tous les voyageurs juifs du temps, un bâton d'une main et un baluchon de l'autre. Mais cela ne suffisait pas à le confondre avec les autres ; quelque chose à la fois de précis et d'indéfinissable l'en distinguait. Une sorte de lumière surnaturelle émanait de lui. Il demanda à Jacob la cause de son chagrin. Le jeune rétameur lui parla de sa peine, de sa grande peine ; il essayait de se changer, de devenir comme il aurait voulu être et, ayant tout essayé en vain, il avait maintenant recours aux jeûnes et aux mortifications.
– J'ai un meilleur moyen, dit l'homme après l'avoir écouté. Si tu es disposé à renoncer en ma faveur à tout ce que tu possèdes, à abandonner femme et enfants et à me suivre pendant trois ans, je peux t'aider à devenir un érudit en Torah.
– Je le ferais sans la moindre hésitation, dit Jacob d'une voix ferme.
– Tout doux, mon bon jeune homme, reprit l'inconnu. Tu as une femme, il serait juste que tu lui demandes son avis ; et que tu demandes aussi à ton beau-père ce qu'il en pense. Si, après avoir parlé à l'une et à l'autre, tu persistes dans cette idée, viens me retrouver ici même dans huit jours.
Le jeune rétameur se hâta de regagner son foyer ; il conta aussitôt à sa femme sa rencontre avec l'inconnu dans les bois, et ce que ce dernier lui avait dit.
– Mon cher époux, lui répondit-elle, petite ou grande, à quoi te sert donc ta fortune ? Je connais ta peine ; elle est si profonde que tu ne prends goût à rien. La seule chose que tu désires réellement c'est d'être capable d'apprendre la Torah. Consciente de cela, comment n'abonderais-je pas dans ton sens ? Donne, mon ami, donne tout ce que tu possèdes ; ce n'est pas payer trop cher le seul bonheur auquel véritablement tu aspires. Je partagerai ta pauvreté avec joie ; mieux vaut avoir un mari démuni mais heureux, que riche et malheureux. J'y mettrai cependant, si tu le permets, une condition : que tu dises à cet inconnu qu'avant de renoncer à tout ce que nous possédons, nous désirerions qu'il soit notre invité pour un repas chez nous, le dernier de la situation aisée que nous sommes sur le point d'abandonner.
Jacob en fut très heureux. Il alla trouver son beau-père, lui fit part de la décision qu'ils avaient prise, lui et sa femme, et lui demanda ce qu'il, en pensait.
La question ne laissa pas de troubler quelque peu le père de la jeune femme.
– Il est vrai, dit-il après un bref silence, que la Torah est plus précieuse que tout l'or et l'argent du monde. Mais il se trouve que tu as femme et enfants. Que fais-tu de tes devoirs envers eux ? Je me demande si, en fin de compte, ce ne serait pas une erreur de t'engager délibérément dans une vie de pauvreté. Tu es ignorant, dis-tu ? Et alors ? Après tout, ton cas n'est pas unique. Il n'est même pas rare ; bien des Juifs existent qui n'ont pas d'aptitude pour l'étude ; ils n'en ont pas moins une part dans la Torah, et ce, par le moyen de l'aide financière qu'ils fournissent à ceux qui peuvent étudier à leur place. Songe aux nombreuses mitsvot, aux nombreuses bonnes actions que tu peux accomplir avec l'argent que tu possèdes !
Ces paroles jetèrent la confusion dans l'esprit du pauvre Jacob. Il rentra, sombre et fort soucieux, et mit sa femme au courant des propos que lui avait tenus le père de celle-ci.
– Je t'ai dit mon sentiment là-dessus, répondit-elle. À toi de réfléchir. Sache, en tout cas, que quoi que tu décides, tu me trouveras toujours à tes côtés.

« Je suis décidé ! »

Les quelques jours qui suivirent, Jacob observa un jeûne et pria avec plus de ferveur que jamais. Mais, quand vint le huitième jour, il en était toujours au même point. La lumière ne s'était pas, hélas, faite dans son esprit, et il n'avait pris aucune décision, ni dans un sens ni dans l'autre. Il répéta encore une fois à sa femme les paroles du beau-père, et lui dit que son esprit était si troublé qu'il ne savait à quoi se résoudre.
Tant d'indécision inquiéta l'épouse. Jusque-là, elle n'était pas allée jusqu'au bout de sa pensée. Maintenant elle devait à son mari de lui parler sans détour.
– Pardonne-moi, fit-elle, quelque pénible que puisse être parfois la franchise, je suis sûre que tu m'approuveras de la préférer à tout, surtout dans une circonstance aussi grave. Si tu as des doutes quant à la décision qui s'impose, cela veut dire simplement que tes larmes, tes angoisses même, au sujet de ton inaptitude à étudier la Torah n'étaient pas aussi profondes que tu le croyais. De telles erreurs peuvent se produire. Cherche bien au-dedans de toi. Si ton désir de t'adonner à cette étude était si intense, hésiterais-tu maintenant ?
Ces paroles lucides et franches firent sur l'esprit de Jacob l'effet d'une bourrasque ; comme les nuages qu'un grand vent disperse, ses doutes furent balayés sur-le-champ. Il quitta la maison et marcha d'un pas ferme vers le lieu du rendez-vous dans les bois. Il vit bientôt arriver le Juif qui tenait toujours son bâton et son baluchon. Il lui fit part de sa décision, ponctuant sa déclaration d'un profond soupir qui n'échappa pas à son interlocuteur.
– Peut-être, hasarda ce dernier, n'es-tu pas tout à fait décidé ; il est encore temps de changer d'avis.
– Non, non, répondit Jacob avec force ; et il fit le récit de son entretien avec son beau-père.
– Il y a beaucoup de vrai dans ce qu'il t'a dit, convint l'homme. Ce n'est pas tout que d'étudier ; les actes dépassent en importance les connaissances les plus étendues.
– Mais ma résolution est prise, insista Jacob. Je suis prêt à t'accompagner trois ans durant comme tu me l'as proposé.
Il lui parla ensuite du consentement de sa femme et de la condition qu'elle y avait posée. L'inconnu l'accepta ; il serait leur invité au dernier repas avant que le rétameur renonçât à toutes ses possessions terrestres.

« Hakhnassath or'him »

Tout étant désormais réglé, Jacob emmena le Juif chez lui. Il faut croire que sa femme savait que son invitation serait à coup sûr acceptée, car les deux hommes trouvèrent qu'un véritable banquet les attendait. La nappe des grands jours couvrait la table sur laquelle les chandelles répandaient leur douce clarté. Les mets les plus délicats et les plus fins y étaient disposés.
– Que signifie cette somptueuse réception ? demanda le convive.
– Je ne sais, répondit Jacob, surpris. Ma femme est seule à pouvoir nous l'expliquer.
– Eh bien, fit-elle humblement, j'ai deux raisons à vous donner. Celle qui vient en premier : la mitsva d'Hakhnassath Or'him, surtout que nous n'avons pas souvent l'occasion de recevoir des invités de votre importance ; la seconde : il faut célébrer comme il se doit ce grand témoignage de la bonté divine. D.ieu a tant de manières différentes d'enlever aux hommes ce qu'ils possèdent ! Qu'il le fasse avec nous d'une façon non seulement agréable, mais généreuse aussi, puisqu'il nous donne tant en retour, cela ne mérite-t-il pas d'être dignement fêté ?
Le repas achevé, Jacob et sa femme réunirent tous les objets d'or et d'argent se trouvant dans la maison ; ils y joignirent le montant en liquide qu'ils détenaient et mirent le tout dans un grand sac. Puis, un document fut rédigé, aux termes duquel le rétameur faisait don à l'inconnu de toutes ses propriétés, maisons, champs et terrains, ainsi que les biens meubles. On fit appel à deux voisins qui servirent de témoins et contresignèrent l'acte.
Le lendemain, Jacob se prépara à partir avec son compagnon pour un voyage qui allait durer trois ans. Avant le départ, l'inconnu dit à la femme :
– Étant maintenant seul propriétaire de cette maison, je t'autorise à y vivre avec tes enfants pour la durée de ces trois années, c'est-à-dire jusqu'au retour de ton mari. Tu pourras tirer parti du jardin qui entoure la maison et y faire pousser salades et légumes ; tu profiteras aussi des fruits du verger. Maison, jardin, verger, tout cela vous aidera à subsister.
Et les deux hommes partirent.

Retour de Jacob

Trois années s'étaient écoulées quand la femme et les enfants virent revenir Jacob. Il était transformé. Les connaissances en Torah qu'il désirait tant posséder, il les avait enfin acquises. Il était heureux. L'humilité où l'avait mis la conscience de son ignorance passée, loin de diminuer, s'était accrue, car son compagnon lui avait montré la voie de la bonté et de la sainteté.
On l'aura compris, ce compagnon n'était autre que le Baal Chem Tov en personne.
Jacob et sa famille s'établirent dans un autre village, où lui et sa femme connurent une longue et heureuse vieillesse qu'occupèrent principalement, mais sans que personne autour d'eux le sût, des œuvres charitables de toutes sortes. Le reste du temps, Jacob l'employait à étudier la Torah et la 'Hassidouth, n'oubliant pas que ce bonheur véritable qu'il connaissait, il le devait à sa femme, à sa sagesse et à la crainte quelle avait toujours eue de D.ieu. Elle avait, en effet, joué un rôle déterminant dans cet épisode, grâce à son courage, son abnégation et la joie avec laquelle elle avait accepté les sacrifices pour l'amour de la Torah et des mitsvot.
Quand le précédent Rabbi de Loubavitch contait cette histoire, il ajoutait que le « Vieux Rabbi », Rabbi Chnéour Zalman, le faisait en la rattachant au Cantique de la Mer, au Cantique de Déborah et au Cantique de David.

Une grande juive

Le Cantique de la Mer (dans la paracha Bechala'h) est lu en deux occasions dans l'année : la première, à Chabbat Chirah quand nous lisons la section hebdomadaire de Bechala'h. C'est le Cantique qu'entonnèrent Moïse et les enfants d'Israël quand ils eurent traversé la Mer Rouge après le merveilleux miracle de Kriath Yam Souf, qui la coupa en deux, leur permettant de passer à sec et ensuite causant, par la réunion soudaine des eaux, la mort des Égyptiens qui, lancés à la poursuite des Israélites, y furent engloutis. La Haftarah est alors le Cantique de Déborah ; la seconde occasion nous est fournie par le septième jour de Pessa'h.
Et le « Vieux Rabbi » expliquait : quand les enfants d'Israël eurent traversé la Mer Rouge, Miriam et toutes les femmes juives inspirèrent le peuple en jouant de leurs tambourins et en dansant de joie. C'est grâce à elles que nos ancêtres furent délivrés du joug égyptien. C'est pourquoi, dans le premier cas, la Haftarah est le Cantique de Déborah, en l'honneur d’une autre grande femme juive : la prophétesse Déborah.
Et quand le Tséma'h Tsédek contait cette histoire, il ajoutait : le septième jour de Pessa'h nous rappelle la Rédemption finale à venir, par l'intermédiaire de notre juste Machia'h qui sera un descendant de David. C'est la raison pour laquelle à la seconde occasion nous lisons la Haftarah du Cantique de David.
Que D-ieu protège et guérisse miraculeusement tous nos soldats comme chacun des enfants d'Israël, partout dans le monde, Qu'il venge leur sang, et qu'Il ne nous prodigue à partir de maintenant que des douceurs palpables à l’œil nu.


En chaque génération vit un homme qui attend avec impatience de pouvoir libérer son peuple de l’exil.


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