Machia'h arrive, le saviez-vous?
En chaque génération vit un homme qui attend avec impatience de pouvoir libérer son peuple de l’exil

jeudi 18 décembre 2014



La vase des marais hellènes

Ne pas s'y enliser

Basé sur les enseignements du Rabbi de Loubavitch
Et il m’a tiré d’un puits tumultueux, de la fange de Yavane
Psaumes 40, 3
Yavane signifie la boue
Rachi, ibid
 ‘Hanouccah célèbre la victoire de la Judée sur la Grèce, d’une petite troupe de Juifs sur ceux qui tentaient de subvertir leur foi et profaner la sainteté de leur vie.
Dans le cours de presque cinq millénaires de l’histoire juive, de nombreuses idéologies et cultures ont cherché à compromettre notre allégeance à D.ieu et à Sa Torah. Mais quelque chose d’unique caractérise le défi lancé par les Hellénistes, il y a de cela vingt et un siècles, quelque chose qui marque ‘Hanouccah comme le triomphe ultime de l’esprit sur la matière et de la lumière sur l’obscurité.

La terre et la matière

En général, les facteurs qui peuvent miner l’intégrité de la foi d’un Juif et son engagement pour D.ieu entrent dans deux catégories.
Les plus flagrantes sont ceux d’ordre matériel. Le Juif qui vivait dans l’Europe du moyen-âge avait le choix : soit il restait attaché à sa foi et souffrait d’humiliations, de pauvreté, de fréquentes expulsions ou de massacres, soit il acceptait de se soumettre à la foi de ses «hôtes». L’Amérique et l’Europe du vingtième siècle offraient le même choix, quoiqu’en termes plus humains, invitant les Juifs à délaisser le Chabbat, les Téfilines et la Cacheroute pour une lente dissolution dans le « melting pot », la culture environnante et faciliter ainsi l’accession au « rêve américain » ou à l’« européanisation ». Au niveau individuel, nous sommes chaque jour en prise au choix de consacrer notre vie à servir notre Créateur et accomplir le but de notre création ou de poursuivre notre quête de gratifications et de gains matériels.
Les défis idéologiques sont plus subtils : il s’agit de doctrines et de philosophies qui clament  n’avoir pour but que la vérité et peuvent même épouser des comportements altruistes et des buts transcendants. Mais elles n’en sont pas moins étrangères à l’âme juive. Un Juif séparé de ses racines et ignorant ou dépréciant son héritage est une proie toute prête pour ces « eaux étrangères » qui lui offrent d’apaiser sa soif spirituelle.
La troisième catégorie est infiniment plus nocive : il s’agit de doctrines qui brassent le matérialisme et les fontaines de la raison pour en faire une boue mortelle.
Un individu enterré dans la matérialité peut creuser et se frayer un chemin qui le mènera vers le soleil. Un homme qui sombre dans la mer d’une rationalisation erronée peut se débattre, faire surface et nager vers la rive. Mais celui qui a ajouté de l’eau à sa terre, qui sature son matérialisme de liquide intellectuel fabrique un bourbier dont il est plus difficile de s’extirper. Quand son âme tente de se détacher de la mondanité et du matérialisme, une armée de rationalisations se soulève pour faire taire cette aspiration. Et quand son esprit commence à s’éveiller devant la fausseté des principes étrangers, la matérialité le saisit et le fait redescendre. Il est constamment récupéré et tous les efforts de l’esprit et de la volonté qu’il investit pour s’ériger au-dessus de son enlisement sont contrés par la tourbière d’un hédonisme idéalisé.
Tel est le défi que durent affronter nos ancêtres durant la domination grecque sur la Terre Sainte. Yavane, le mot hébreu pour désigner la culture helléniste, signifie «boue» (comme dans le verset des Psaumes cité ci-dessus). Les réformateurs hellénistes firent plus que d’attirer et forcer le peuple d’Israël à embrasser le culte du corps grec. Ils cherchèrent également à les endoctriner avec une philosophie qui exaltait la matérialité et faisait de son culte son idéal. Le Grec n’était pas simplement un païen, c’était un païen esthétisé par l’art, glorifié par la poésie et dévoué à la raison. Le Grec n’était pas simplement un matérialiste mais celui qui avait pétri ses aspirations matérialistes dans les eaux sublimes de son intellect pour former un amalgame qui adhérait à l’âme et l’attirait petit à petit, membre par membre dans la boue de Yavane.
Contrairement à l’eau dans laquelle on peut sombrer lentement jusqu’au fond mais d’où l’on peut également remonter, la boue de Yavane agit lentement, attirant la personne vers le bas, peu à peu, pas à pas. Mais son enlisement est régulier et risque d’être irréversible. En fait, tous les efforts pour l’en extraire en utilisant les moyens ordinaires sont voués à l’échec ; il faut faire agir la toute puissance de la foi pour y parvenir.

La boue sainte

Quelle que soit la composition de la boue, même si l’eau utilisée provient du puits le plus pur, quand elle est mêlée à la terre, elle donne de la boue.
C’est la raison pour laquelle nos Sages ont dit : « si l’étudiant en Torah est méritant, la Torah devient pour lui un élixir de vie ; s’il ne le mérite pas, elle devient une potion mortelle pour lui » (Talmud Yona 72b). Le mot hébreuze’hout (« mérite ») signifie également « raffinement ». Ainsi les paroles que l’on vient de citer peuvent aussi se lire : si l’étudiant dans la Torah se raffine, la Torah devient pour lui un élixir de vie, s’il ne se raffine pas, elle devient une potion mortelle pour lui. S’il ne raffine pas son âme, ne nettoie pas son caractère de la souillure de ses instincts les plus bas, les eaux de la Torah deviennent pour lui un puits de dépravation. Au lieu de sustenter son âme, sa sagesse et sa connaissance, elles ne font que nourrir son ego, justifier ses iniquités et l’aider dans ses manipulations et la distorsion de la vérité.
C’est là la leçon éternelle de ‘Hanouccah : l’intellect peut être la faculté la plus élevée mais il peut également être l’instrument de sa chute vers les abîmes les plus profonds. ‘Hanouccah célèbre la purification du Temple de la corruption helléniste, le triomphe de l’essence la plus pure du Judaïsme représentée par la petite fiole d’huile pure qui brûla dans la Ménorah pendant huit jours, par-dessus la boue de la Grèce.
Chacun de nous possède une telle petite fiole d’huile dans le puits de notre âme, une réserve d’engagement supra rationnel à l’égard de notre Créateur et qui possède la force d’illuminer notre vie d’une lumière pure et inviolable, une lumière qui assure que notre quête d’eau ne nous laisse pas nous enliser dans la boue.
Que D-ieu protège et guérisse miraculeusement tous nos soldats comme chacun des enfants d'Israël, partout dans le monde, Qu'il venge leur sang, et qu'Il ne nous prodigue à partir de maintenant que des douceurs palpables à l’œil nu.


En chaque génération vit un homme qui attend avec impatience de pouvoir libérer son peuple de l’exil.


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Pourquoi le Machia'h ?
par Menahem Brod

La foi en la venue du Machia'h – le Messie – est un élément central de la religion juive, l'un des « treize principes de la foi » énoncés par Maïmonide selon lequel chaque Juif se doit de croire en lui et d'attendre sa venue. Parmi les dix-huit bénédictions que compte la prière tri-quotidienne de la Amida, pas moins de six expriment la demande à D-ieu que la Délivrance intervienne au plus tôt.
Pourquoi ce sujet, qui semble a priori secondaire en regard de l'importance de croire en D-ieu et d'accomplir Ses commandements, revêt-il un caractère si fondamental ?
De prime abord, il semble que la venue du Messie soit un fait qui ne concerne que l'avenir. La Torah écrite contient de nombreuses prophéties qui traitent de « la fin des temps » en lesquelles, en tant que Juifs croyants, nous avons évidemment foi. Cependant, concernant le Machia'h, la Torah nous enseigne que la simple « foi » n'est pas suffisante. Au-delà de la croyance, il nous est requis au quotidien une attente « active » et impatiente, une prière continuelle, une expectative empreinte d'un espoir vers lequel s'oriente toute notre vie. Ceci nécessite d'être bien compris car, en effet, pourquoi un « bon Juif » ne pourrait-il pas étudier la Torah et servir convenablement son Créateur sans qu'on exige de lui d'attendre la venue du Machia'h avec une telle intensité ?
La question est d'autant plus forte si l'on considère qu'à notre époque il nous est possible de vivre un judaïsme riche et entier. Le temps des pogroms, des autodafés et des conversions forcées est en effet révolu. Le temps où les Juifs étaient exclus de la plupart des métiers et vivaient dans la misère l'est également. Aujourd'hui, au contraire, les institutions vouées à l'étude de la Torah et du Judaïsme ne cessent de prospérer. Il peut, dès lors, sembler paradoxal de réclamer à cor et à cri un Messie qui vienne arranger nos problèmes. Que manque-t-il donc de nos jours à un Juif qui souhaite servir D-ieu de tout son cœur, pour qu'il souhaite la venue du Machia'h avec tellement d'ardeur ?
La plénitude
La réponse à ces questions est contenue en substance dans le corpus législatif de Maïmonide, au onzième chapitre des « Lois des Rois » : « Le Roi Machia'h se lèvera un jour pour restaurer la royauté de David telle qu'elle était jadis. Il reconstruira le Sanctuaire et rassemblera les exilés d'Israël et toutes les lois seront rétablies comme auparavant. » Fait remarquable, dans cette définition « halakhique » du Machia'h, Maïmonide ne parle nullement des changements miraculeux dans le monde que les Ecritures annoncent pour l'ère messianique. Il ne traite que de la plénitude de la Torah et du Judaïsme qui reviendra par l'action du Machia'h.
En effet, l'attente du Machia'h exprime en premier lieu le souhait d'un Juif de parvenir à la perfection dans l'accomplissement de la Torah et des Mitsvot. Nous savons qu'il est aujourd'hui impossible d'accomplir toutes les lois de la Torah. Pas seulement à cause de nos ennemis ou du mal présent dans le monde mais aussi parce que des parties entières de la Torah sont hors de notre portée. Parmi les 613 Commandements que celle-ci nous ordonne, nous ne pouvons actuellement en accomplir que 207. Toutes les Mitsvot concernant le Roi, le Sanhédrine (le grand tribunal rabbinique), le Temple et son service, l'année chabbatique et celle du jubilé, etc.. nous sont aujourd'hui inaccessibles. Il ne s'agit pas là que d'un problème quantitatif. La vie juive dans son ensemble s'organise actuellement autour de l'individu et non de l'ensemble en tant que peuple, à l'opposé de la structure prévue par la Torah. La Torah est ainsi aujourd'hui majoritairement théorique et non pratique.
En son for intérieur, un Juif ne peut se résoudre à une situation dans laquelle la Torah ne peut être vécue intégralement. Il croit en la Torah et en son caractère éternel et refuse qu'une partie si importante et essentielle soit mise de côté. Il est persuadé qu'en définitive cette situation ne peut être que temporaire et que très bientôt les conditions qui permettent son plein accomplissement seront rétablies. C'est là la teneur de la foi en la venue du Machia'h : la foi en l'avènement d'une ère de plénitude dans l'accomplissement de la Torah et des Mitsvot.
Le Machia'h ne se contentera pas de restaurer la situation qui prévalait avant l'exil mais amènera une plénitude jamais connue auparavant. L'une des preuves sur lesquelles s'appuie Maïmonide pour démontrer que le sujet du Machia'h est mentionné dans le Pentateuque est l'un des verset qui concerne les « villes de refuge ». La Torah nous ordonne en effet : « Lorsque D-ieu élargira ta frontière, tu ajouteras trois autres villes » (Deutéronome 19, 8). Or, cet évènement ne s'est pas encore accompli. C'est donc le Machia'h, au temps duquel s'accomplira la promesse « Lorsque D-ieu élargira ta frontière », qui dirigera la manière dont le Peuple Juif « ajoutera trois autres villes ».
Etre disponibles
Tous les prodiges que le Machia'h accomplira auront pour but d'atteindre cette plénitude dans le Judaïsme : Plus aucun ennemi n'aura la capacité de gêner le Peuple Juif dans son service divin ; l'abondance des bienfaits permettra à chacun d'être disponible pour s'adonner à l'étude de la Torah ; le dévoilement des secrets de la Torah par le Machia'h permettra de s'attacher toujours plus profondément à D-ieu.
La centralité de la croyance en la venue du Machia'h est, dès lors, tout à fait compréhensible. Un Juif qui a foi en la Torah et les Mitsvot et qui sait que leur accomplissement ne peut se faire pleinement à l'heure actuelle a donc nécessairement foi en l'avènement d'un jour où ceci sera rectifié. Et lorsque la Torah et les Mitsvot sont pour quelqu’un sa raison de vivre, cette foi se traduit par une attente impatiente et un espoir constant.
Que D-ieu protège et guérisse miraculeusement tous nos soldats comme chacun des enfants d'Israël, partout dans le monde, Qu'il venge leur sang, et qu'Il ne nous prodigue à partir de maintenant que des douceurs palpables à l’œil nu.


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Téhéran, 1980
par Eli & Malka Touger

« J’ai rencontré pour la première fois le Rabbi du vivant de son beau-père et prédécesseur, Rabbi Yossef Yits’hak de Loubavitch, » a raconté le Rav Abraham Mordekhai Hershberg, l’ancien Grand Rabbin du Mexique. « J’avais demandé l’avis du Rabbi précédent au sujet d’un poste rabbinique qu’on m’offrait à Chicago. Il m’a dit de consulter son gendre. »
« J’ai passé, a-t-il témoigné, presque une nuit entière avec le Rabbi. Notre discussion a porté sur le Talmud que nous avons évoqué traité après traité. L’étendue du savoir du Rabbi et son génie m’ont laissé stupéfait. Depuis cette nuit-la, je suis resté en relation avec le Rabbi que j’ai consulté à propos de nombreuses questions tant personnelles que communautaires. »
En 1980, pendant l’occupation iranienne de l’ambassade américaine, le Rav Hershberg s’est vu proposer de participer à un voyage en Iran dans le cadre d’un certain projet caritatif. A cause de la tension qui régnait à l’époque, de nombreuses personnes tentèrent de le persuader de repousser son voyage. Le Rabbi, à l’inverse, l’encouragea. « La bénédiction vous accompagnera, lui dit-il. Vous allumerez certainement la ménorah de ‘Hanouccah en Iran. »
Le Rav Hershberg était particulièrement surpris de ces derniers mots : il n’était pas nécessairement prévu que son voyage se prolonge jusqu’à ‘Hanouccah, mais, si cela devait être le cas, il était évident qu’il allumerait une ménorah. Il ne comprenait pas à quoi le Rabbi faisait référence, ni le ton résolu de sa voix.
Mais, après, tout devint clair. La mission du Rav Hershberg fut plus longue qu’attendue et le Rav eut l’occasion de nouer des contacts avec des officiels iraniens. Il savait qu’il y avait six Juifs parmi les otages américains de l’ambassade et il demanda l’autorisation d’allumer avec eux les lumières de ‘Hanouccah. « De même que nous avons permis à un prêtre de rencontrer les otages chrétiens pour leur fête, dirent les iraniens, nous vous permettront de rentrer également. »
Et c’est ainsi que, dans l’ambassade américaine barricadée à Téhéran, le Rav Hershberg alluma la ménorah de ‘Hanouccah cette année-la.
Que D-ieu protège et guérisse miraculeusement tous nos soldats comme chacun des enfants d'Israël, partout dans le monde, Qu'il venge leur sang, et qu'Il ne nous prodigue à partir de maintenant que des douceurs palpables à l’œil nu.


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Le Rabbi de Loubavitch: Nous voulons Machia'h maintenant

mercredi 17 décembre 2014


Un roi monté sur un âne
par Menahem Brod

L’imagerie populaire représente souvent le Machia’h se révélant en chevauchant un âne. La source de cette idée est sans doute le verset de Zacharie1 :
« Réjouis-toi fort, fille de Sion, jubile, fille de Jérusalem ! Voici que ton roi vient à toi juste et victorieux,pauvre et monté sur un âne, sur le petit de l'ânesse. »
D’après le Talmud, c’est là l’un des scénarios possible de la délivrance messianique :
« Si [le peuple juif] n’est pas méritant, [ce sera sous la forme de] “pauvre et monté sur un âne” »2
Toutefois, les commentateurs du Talmud expliquent qu’il ne s’agit pas là d’une description factuelle de l’avènement messianique, mais de la métaphore d’un processus qui serait revêtu dans les voies de la nature et qui se déroulerait pas à pas, sans précipitation.3 D’autres sources enseignent que cette allégorie vient nous édifier sur la personnalité et la grandeur du Machia’h lui-même.

Grandeur et humilité

Le Maharal de Prague4 explique que « monté sur un âne » exprime  l’idée de domination de la matérialité. « Âne » se dit en effet ‘hamor en hébreu, à rapprocher de ‘homer, « la matière ». Il écrit ainsi : « Il “montera le ‘homri – le matériel”, s’élevant au-dessus et le chevauchant, car il sera séparé de la matière. »
Dans les ouvrages de ‘Hassidout, il est expliqué que cette image exprime l’immense humilité qui sera celle du Machia’h. Certes, il sera roi (« Voici que ton roi vient à toi »), ce qui implique d’être élevé au-dessus du peuple, mais il sera pourtant extrêmement humble (« pauvre et monté sur un âne »).
Parmi les animaux, l’âne représente la simplicité.5 C’est également ce qui caractérisera le Machia’h : il se comportera avec la grandeur, la puissance et la gloire qui sied à la royauté, mais il aura l’humilité et la simplicité des gens du peuple.
Le Rabbi « Tséma’h Tsédek » de Loubavitch disait6 que le Machia’h tirera sa plus grande satisfaction de sa relation avec les Juifs simples faisant preuve d’abnégation (« messirout néfech »).  Bien qu’il enseignera à tout le peuple les secrets de la Torah qui seront alors révélés, y compris aux grands parmi les grands, il aura l’humilité et l’abnégation totale de s’adresser de la même façon aux gens les plus simples et de leur enseigner selon leur niveau.

Il rassemblera toutes les qualités

Le Machia’h aura donc des qualités contraires, voire contradictoires. C’est l’une des raisons pour lesquelles la tradition lui donne plusieurs noms. Le Talmud7rapporte que différentes maisons d’étude avaient chacune leur opinion sur ce que serait le nom du Machia’h : « Son nom est Shiloh », « Son nom est Yinone », « Son nom est ‘Hanina », « Son nom est Mena’hem ben ‘Hizkiyah ».8
Un nom est en effet représentatif de certaines qualités (comme D.ieu le dit à Moïse quand celui-ci lui demanda : « Ils me demanderont “Quel est son nom ?” », la réponse fut : « Selon Mes actions Je suis appelé »). Les différents noms du Machia’h sont ainsi l’expression de ses diverses qualités. C’est pourquoi, lorsque les disciples de telle maison d’étude se penchèrent sur le sujet des qualités du Machia’h, ils trouvèrent en lui les qualités de leur maître et déclarèrent que le nom du Machia’h était celui de leur maître, signifiant qu’il posséderait ses qualités caractéristiques. Car, de fait, le Machia’h possèdera toutes les qualités.
Toutefois, il est rapporté dans la suite du Talmud que le nom du Machia’h sera « le lépreux9 de la maison de Rabbi ». Comment le Machia’h peut-il être qualifié de « lépreux » ? Le Maharal10 explique qu’il y a là une allusion profonde à la nature essentielle du Machia’h : « Le lépreux est banni du camp des Israélites et il n’a pas de relations avec le monde, c’est pourquoi il est écrit à son sujet : “Seul, il demeurera”. Du fait que le Machia’h sera totalement séparé de ce monde, il est, avant sa révélation, comparé à un lépreux... Car le Machia’h est totalement intellectuel, alors que ce monde est matériel. » C’est ainsi que sera le Machia’h avant de se révéler.11
Que D-ieu protège et guérisse miraculeusement tous nos soldats comme chacun des enfants d'Israël, partout dans le monde, Qu'il venge leur sang, et qu'Il ne nous prodigue à partir de maintenant que des douceurs palpables à l’œil nu.


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Des bougies derrière les barreaux
par Eli & Malka Touger

En décembre 1978, Rav Shabtai Katz, grand-rabbin de Pretoria et aumônier des prisons en Afrique du Sud, se rendit pour la troisième fois chez le Rabbi de Loubavitch. Durant leur entrevue privée, le Rabbi demanda à son visiteur ce qui était fait en faveur des détenus dans son pays. Rav Katz répondit que les conditions de détention y étaient bien plus dures qu’à New York, mais que les prisonniers n’étaient pas obligés de travailler Roch Hochana, Yom Kippour et Pessa’h. De plus on leur fournissait pour Pessa’h de la nourriture certifiée « Cachère LePessa’h » par le Rabbinat de Pretoria.
Le Rabbi demanda : « Et qu’en est-il de ‘Hanouccah ? Peuvent-ils allumer les bougies de ‘Hanouccah ? » Le Rabbi ajouta qu’on doit considérer combien il est important pour une personne isolée dans une cellule d’allumer le chandelier de ‘Hanouccah. On ne peut imaginer, disait-il, la chaleur et l’espoir que ces bougies peuvent apporter, combien cette lumière peut éclairer l’obscurité de leur environnement.
Rav Katz promit que, dès son retour en Afrique du Sud, il s’attellerait à ce projet qui serait mis en place l’année suivante. Mais cette réponse ne satisfit pas le Rabbi : « Et pour ce ‘Hanouccah qui approche ? »
Étonné, Rav Katz fit respectueusement remarquer qu’il ne restait plus que quelques jours d’ici ‘Hanouccah et, comme il se trouvait actuellement à New York, il n’avait pas la possibilité d’agir sur place. Le Rabbi répondit que, dès la fin de leur entretien, Rav Katz devrait utiliser les téléphones disponibles au secrétariat pour passer tous les appels nécessaires. Rav Katz rappela alors au Rabbi qu’il était à ce moment-là quatre heures du matin en Afrique du Sud : on ne pouvait pas passer des appels administratifs à cette heure-là !
Encore une fois, le Rabbi balaya l’argument d’un revers de la main : « Au contraire ! dit-il. Quand le général chargé des prisons constatera que l’affaire est si importante qu’on l’appelle de l’étranger au milieu de la nuit, il sera si impressionné qu’il comprendra le besoin des détenus juifs de pouvoir allumer les bougies de ‘Hanouccah cette année. »
Effectivement, dès sa sortie du bureau, Rav Katz fut dirigé par un des secrétaires vers les téléphones dont il put disposer à sa guise. Il appela d’abord son propre secrétaire à Pretoria pour qu’il lui donne le numéro de téléphone personnel du Général Stephton qui était le délégué de l’Église hollandaise réformée et aumônier général des prisons. En même temps, il demanda à son secrétaire de prévenir le Général qu’il recevrait d’ici quelques minutes un appel des États-unis. C’est ainsi que lorsqu’il appela le Général, celui-ci était déjà réveillé et curieux de savoir quel était ce message si urgent. Il demanda immédiatement comment il pouvait aider.
Rav Katz expliqua qu’il sortait justement d’un entretien privé avec un des maîtres du Judaïsme mondial qui s’était soucié des besoins des prisonniers juifs d’Afrique du Sud. Le Rabbi avait insisté, disait-il, sur l'importance pour les détenus d’allumer les bougies de ‘Hanouccah, combien cela éclairerait leur triste quotidien.
Le Général Stephton était impressionné : son bureau aurait dû être fermé ce jour-là, (on était le 24 décembre) – mais puisque Rav Katz téléphonait de l’étranger à cette heure-ci de la nuit, c’était certainement la preuve que l’affaire était urgente. Dès qu’il se rendrait à son bureau le lendemain matin, déclara-t-il, il enverrait un télex à toutes les prisons d’Afrique du Sud pour leur recommander de permettre à tous les détenus juifs d’allumer les bougies pour cette fête de ‘Hanouccah qui approchait.
Le lendemain matin, quand le Rabbi arriva devant son bureau dans la synagogue du 770, Eastern Parkway, Rav Katz se tenait devant l’escalier. Le Rabbi lui fit un signe : « Alors ? » Rav Katz raconta tout ce qui s’était passé et le Rabbi, heureux du déroulement des événements, lui fit un grand sourire en lui demandant de revenir le voir après la prière du matin.
Quand Rav Katz entra à nouveau dans le bureau, le Rabbi lui dit qu'il y à 50 États dans les Etat-Unis d'Amérique et tous, sauf un permettent aux détenus juifs d’allumer les bougies de ‘Hanouccah  : « Le croirez-vous ? dit le Rabbi, Il n’y a qu’ici, dans l'État de New York, que les prisonniers juifs ne peuvent pas allumer une ménorah pour ‘Hanouccah ! »
Et le Rabbi demanda alors à Rav Katz d’agir afin que les prisonniers juifs de New York puissent eux aussi, à l’exemple des prisonniers d’Afrique du Sud, allumer les bougies de ‘Hanouccah.
Rav Katz était abasourdi : comment agir ? Qui contacter ? Par où commencer ? Le Rabbi répondit : « Demandez à Rav J. J. Hecht, cela fait longtemps qu’il s’occupe de cette affaire et il saura à qui vous adresser. »
Quand Rav Katz contacta Rav Hecht, celui-ci ne cacha pas sa stupéfaction : on était déjà le 24 décembre après-midi et aucun fonctionnaire ne pourrait être joint à son bureau ! Mais en entendant comment le Rabbi avait réussi à modifier la loi pénitentiaire en Afrique du Sud, il n’eut aucun doute que cela réussirait aussi à New York.
Après quelques coups de fil, Rav Hecht parvint à localiser le directeur des prisons de New York et celui-ci était d’excellente humeur. Rav Hecht l’informa que Rav Katz était justement là, que les prisonniers d’Afrique du Sud pourraient cette année allumer les bougies de ‘Hanouccah : ne serait-il pas normal que ceux de New York puissent le faire également ? Le directeur accepta immédiatement la suggestion, en remarquant qu’en Afrique du Sud, la communauté juive était minoritaire pour rapport à celle de New York. Il promit de tout mettre en place pour ‘Hanouccah.
Dans quelques minutes, à 15h15, le Rabbi descendrait dans la synagogue pour la prière de Min’ha. Rav Katz retourna rapidement au 770 et, quand le Rabbi l’aperçut et apprit que sa mission avait réussi, il lui dit qu’il lui parlerait après Min’ha.
Quelle mission l’attendait donc encore ? Non, le Rabbi ne lui demanda plus rien, mais il désirait le remercier. Être remercié par le Rabbi qui l’avait si souvent conseillé – avec succès – dans le passé, qui lui avait permis de participer à d’aussi grandes Mitsvot ? Mais le Rabbi insistait : Rav Katz réfléchit alors à toute vitesse et déclara que son fils apprécierait certainement de recevoir le livre du Tanya, de Rabbi Chnéour Zalman. Le Rabbi répondit qu’il pourrait le prendre au secrétariat dans quelques heures.
Effectivement, Rav Katz reçut plusieurs livres : un Tanya en hébreu pour lui-même, une très belle édition du Tanya avec traduction en anglais pour son fils, un livre « Challenge » sur les activités du mouvement Loubavitch dans le monde pour le Général Sephton et le livre « Woman of Valor » (réflexions sur le rôle de la femme dans la perspective ‘hassidique) pour l’épouse du général.
Dès que Rav Katz arriva en Afrique du Sud, il téléphona au général qui l’assura que les prisonniers juifs avaient pu allumer les bougies de ‘Hanouccah. En entendant que le Rabbi lui faisait parvenir un cadeau, il sauta dans sa voiture et, en moins d’une heure, se trouva dans le salon de Rav Katz. Celui-ci lui demanda pourquoi il s’était dépêché à ce point ; il répondit : « Si quelqu’un à New York se soucie à ce point de ceux qui habitent à l’autre bout du monde – et surtout de détenus coupables de toutes sortes de méfaits – et cherche à leur apporter lumière et réconfort, c’est qu’il est véritablement un maître désintéressé. Et s’il m’envoie un cadeau, je désire le recevoir aussi vite que possible ! »
Que D-ieu protège et guérisse miraculeusement tous nos soldats comme chacun des enfants d'Israël, partout dans le monde, Qu'il venge leur sang, et qu'Il ne nous prodigue à partir de maintenant que des douceurs palpables à l’œil nu.


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'Hanouka : l'histoire intérieure


« L'âme de l'homme est la lanterne de D.ieu. »
Proverbes 20, 27
Une âme est placée dans un corps et dans le monde pour qu'elle diffuse sa lumière à toute la création.
À l'époque du Temple, les flammes de la Ménorah diffusaient une lumière sainte au monde entier.
À la différence de la Ménorah du Temple qui comprenait sept flammes, celle que nous allumons aujourd'hui à ‘Hanouka en comprend huit. De plus, la Ménorah du Temple était placée à l'intérieur de ce dernier, tandis que la Ménorah de ‘Hanouka doit être placée « sur le seuil extérieur de la porte », ou devant une fenêtre bien visible de la rue.

La Ménorah

Les sept flammes de la Ménorah font référence à la perfection telle qu'elle se décline dans l'ordre naturel, illustrée par les sept jours de la semaine et les sept attributs de la psychologie humaine.
Au sein de la très diversifiée communauté des humains, certains brillent par leur 'Hessed (amour, bonté), d'autres par leur Guevourah (rigueur, crainte de D.ieu); d'autres encore personnifieront Tiferet (harmonie, compassion), Netsa'h(ambition), Hod (humilité, dévotion), Yessod (communication) ou Mal'hout(royauté, réceptivité).
La Ménorah du Temple fut ciselée à partir d'un seul bloc d'or, à l’instar des âmes qui proviennent toutes d'une seule et même source. Les flammes étaient tournées vers le centre de la Ménorah, tout comme les âmes restent orientées vers leur unique source, aspirant toutes au même but ultime. Toutes sont pareillement « une parcelle du divin d'En-Haut », chacune avec sa propre personnalité.
À l'époque du Saint Temple, quand la Divinité était dévoilée, les sept lampes constituaient une illumination suffisante.
Toutefois, les lumières de ‘Hanouka qui repoussent l'obscurité de l'exil doivent transcender les limites de l'ordre de la nature. Une telle lumière est produite par les huit bougies que nous allumons à ‘Hanouka. Car le chiffre huit désigne une lumière qui transcende toute limite.

L'Huile

L'huile symbolise l'essence d'une chose. Elle est distincte et séparée, pourtant elle infiltre tout ce qui l'entoure : l'huile flottera à la surface de tous les autres liquides, mais, alors que les autres liquides restent en place une fois répandus, l'huile, comme l'âme, pénètre tout, s'infiltre au plus profond de tout. En souillant l'huile sacrée de la Ménorah, les Grecs tentèrent de détruire l'essence de l'âme juive.

La Mèche

Une mèche sans huile ne produit qu'une faible lumière. Une vie sans Torah et Mitsvot – bien que brûlant du désir de se lier à D.ieu – est incapable d'entretenir sa flamme. Elle peut éprouver d'intenses moments d'extase spirituelle, mais manquant de l'huile essentielle de la substance du divin, elle s'éteint bien vite, ne réussissant pas à amener une lumière durable dans le monde. Mais lorsque la mèche est trempée dans l'huile puis allumée, elle se fait le vecteur de cette huile et la transforme en une lumière régulée et stable.

Les Flammes

Les lumières de ‘Hanouka sont sacrées. Nous n'avons pas le droit d'en faire un quelconque usage, seulement de les regarder. Ainsi affirmons-nous la suprématie de la lumière divine sur nos humanités limitées.
L'effort de la vie est de canaliser la lumière du jour pour qu'elle illumine la nuit : nous nous efforçons de cultiver tout ce qui est bon et divin, et de diriger ces ressources positives pour surmonter et transformer les aspects négatifs du « côté obscur » de la création. Ce processus était symbolisé par l'allumage de la Ménorah du Temple : allumée avant la fin du jour est placée dans le Sanctuaire, la Ménorah irradiait son éclat divin par delà les murs du Temple vers le monde obscur au dehors.
Il y a des fois où l'obscurité envahit le Temple comme une marée noire submergeant un phare, éteignant la Ménorah et souillant son huile sainte. Des circonstances où nous ne pouvons plus puiser dans le jour pour éclairer la nuit.
Dans des moments pareils, nous devons chercher la « petite fiole d'huile pure » là où elle se cache, l'essence de la création qui est intacte et inaltérable. Nous devons dépasser les dimensions apparentes du « jour » et de la « nuit » afin de dévoiler la particularité originelle de la lumière et des ténèbres.
Placée en un endroit d'où elle peut être vue de la rue, la Ménorah de ‘Hanouka nous enseigne que nous devons diffuser la lumière de la Torah à tout notre entourage.
Allumée après la tombée de la nuit, la Ménorah de ‘Hanouka nous rappelle que même dans nos moments les plus sombres, la lumière de la connaissance peut briller intensément ; alors la délivrance et le Machia'h seront à notre portée si nous décidons d’allumer aujourd’hui ne serait ce qu'une autre petite flamme.
Que D-ieu protège et guérisse miraculeusement tous nos soldats comme chacun des enfants d'Israël, partout dans le monde, Qu'il venge leur sang, et qu'Il ne nous prodigue à partir de maintenant que des douceurs palpables à l’œil nu.


En chaque génération vit un homme qui attend avec impatience de pouvoir libérer son peuple de l’exil.


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mardi 16 décembre 2014



Le 'Hanouka de Natan Sharansky

Jeté en prison en 1977 pour avoir osé demandé à émigrer en Israël, Natan (Anatoly) Sharansky passa huit ans au Goulag en Sibérie. Ce génie en mathématiques fut finalement libéré lors d’un échange de prisonniers entre l’Union Soviétique et les Etats-Unis en 1986. Après avoir longtemps joué un rôle important en Israël, il vient d’abandonner toute activité politique.
‘Hanouccah approchait. J’étais le seul Juif dans ma prison, mais quand j’expliquai à mes codétenus que ‘Hanouccah symbolisait la liberté d’une nation, la renaissance d’une culture face à des envahisseurs puissants et cruels, mes camarades décidèrent de célébrer la fête avec moi. Ils confectionnèrent même une Menorah en bois, la décorèrent et trouvèrent quelques bougies.
Le soir, je pus allumer la première bougie et récitai une courte prière que j’avais inventée pour l’occasion. On servit du thé et je décrivis le combat héroïque des Maccabim pour sauver leur peuple. Chaque Zek (prisonnier du Goulag) qui m’écoutait avec attention ressentait personnellement l’importance de cet épisode. A un moment, l’officier de garde apparut, procéda à l’appel de tous les détenus présents mais ne fit aucun commentaire.
Chaque soir, je pus ainsi allumer une bougie supplémentaire avec ma prière si personnelle. Puis j’éteignais les bougies pour les réserver pour le soir suivant car je n’en disposais pas d’autres. Gavriliuk, le gardien dont la paillasse se trouvait face à la mienne, regardait et grommelait : «N’importe quoi ! Il se croit à la synagogue ! Et si jamais un incendie se déclarait ?»
La sixième nuit de ‘Hanouccah, les autorités confisquèrent mon matériel sous prétexte que le chandelier avait été confectionné avec du bois volé à l’état. De plus, les autres prisonniers prétendaient que les risques d’incendie étaient énormes.
J’insistai : il n’y en avait plus que pour deux jours et je promettais de «rendre à la glorieuse Mère Russie» ce morceau de bois qui menaçait sans doute de l’acculer à la ruine… L’officier de garde hésita, téléphona à son supérieur – bref mit en branle toute la bureaucratie soviétique – et reçut la réponse suivante : «Un camp n’est pas une synagogue et nous n’autorisons aucun Zek à prier ici !»
Outré par la sécheresse de cette remarque, je déclarai une grève de la faim. J’ignorai qu’une commission devait venir de Moscou pour inspecter le camp, ce qui explique sans doute pourquoi je fus convoqué, le dernier jour de ‘Hanouccah, dans le bureau d’Osin, le commandant.
Cet Osin était un homme énorme, gonflé, avec des yeux minuscules perdus dans une masse de graisse. Tout ce qui l’intéressait semblait être la nourriture mais aussi les intrigues et le pouvoir. Il aimait voir souffrir les Zeks mais ne perdait pas de vue que ceux-ci étaient la clé de l’avancement de sa carrière.
Osin me toisa d’un regard qui se voulait bienveillant pour me persuader de cesser ma grève de la faim, sans doute pour ne pas avoir de problème avec sa hiérarchie. Il me promit de veiller dorénavant à ce que personne ne m’empêche de prier.
- Alors quel est le problème ? rétorquai-je. Rendez-moi ma Menorah et laissez-moi allumer les dernières bougies de la fête !
- Qu’est-ce qu’une Menorah ?
- Mon chandelier.
Le problème était que les documents concernant ce terrible vol de la propriété publique avaient déjà été signés et Osin ne pouvait se ridiculiser devant tout le camp. Tandis que je regardais ce prédateur, assis de l’autre côté d’une élégante table vernie, j’eus une idée amusante : «Pour moi, cette dernière nuit de ‘Hanouccah est très importante. Je pourrais allumer les bougies ici, maintenant, je réciterai les prières et je cesserai ma grève de la faim !»
Osin réfléchit un instant puis… la Menorah confisquée apparut comme par hasard sur la table. Il ordonna à Graviliuk d’apporter une grande bougie.
«J’ai besoin de huit bougies !» affirmais-je sans sourciller (de fait il m’en fallait neuf avec le Chamach – mais j’ignorai à l’époque tous les détails du rituel). Gavriliuk prit un couteau et tenta de couper la bougie en huit. Mais son couteau n’était pas très efficace ; alors Osin sortit de sa poche un magnifique canif et coupa prestement huit morceaux de bougie.
«Partez !» ordonna-t-il à Gavriliuk. Celui-ci ne pouvait qu’obéir, mais il me jeta un regard furieux.
Je disposai les bougies, pris mon chapeau sur la patère à manteau tout en expliquant à Osin que : «Durant la prière, vous devez avoir la tête couverte et, à la fin, vous répondrez Amen !»
Docilement, il mit sa casquette d’officier et se leva. J’allumai les bougies en récitant une prière que j’avais moi-même rédigée en hébreu : «Béni sois-Tu, Eternel notre D.ieu pour m’avoir permis de fêter notre libération, la fête où nous retrouvons les traditions de nos pères. Béni sois-Tu D.ieu qui me permet d’allumer ces bougies. Puisses-Tu me laisser allumer ces bougies de ‘Hanouccah dans ta ville sainte Jérusalem, avec mon épouse Avital !»
Inspiré par le spectacle réjouissant d’un Osin au garde à vous devant mes bougies, je rajoutai en hébreu : «Que vienne le jour où tous nos ennemis – tous ceux qui aspirent à notre destruction – se tiendront respectueusement devant nous, écouteront nos prières et répondront : Amen !»
- Amen ! répondit Osin en écho. Soulagé, il reprit son souffle, s’assit et ôta son couvre-chef. Ensemble nous avons longuement contemplé en silence les bougies qui brûlaient. Puis leurs bouts fondirent et la cire se répandit joyeusement sur la surface vernie de la table. Osin se reprit comme s’il se réveillait brusquement et appela Graviliuk pour qu’il nettoie.
Je retournai à la baraque dans un état d’extase impossible à décrire. Mes camarades me servirent du thé et ensemble nous avons célébré la «presque» conversion d’Osin : à ce moment-là, je sus avec certitude qu’un jour je serais libéré !
Que D-ieu protège et guérisse miraculeusement tous nos soldats comme chacun des enfants d'Israël, partout dans le monde, Qu'il venge leur sang, et qu'Il ne nous prodigue à partir de maintenant que des douceurs palpables à l’œil nu.


En chaque génération vit un homme qui attend avec impatience de pouvoir libérer son peuple de l’exil.


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