Machia'h arrive, le saviez-vous?
En chaque génération vit un homme qui attend avec impatience de pouvoir libérer son peuple de l’exil

jeudi 30 octobre 2014


L’histoire du monothéisme
Basé sur les enseignements du Rabbi de Loubavitch
Merci à  MeaningfulLife.com


L’essence du judaïsme est la croyance en un D.ieu Unique. De fait, toutes les religions monothéistes font remonter leur origine à Abraham, le découvreur (ou re-découvreur) de cette vérité.
La croyance juive en D.ieu est exprimée dans les deux premiers des Dix Commandements. Le premier affirme la vérité de Son être. Le second est le complément négatif du premier, c’est-à-dire le désaveu de l’idolâtrie. L’idolâtrie n’est pas nécessairement un manque de croyance en D.ieu ; le deuxième commandement commence d’ailleurs par : « Tu n’auras pas d’autres dieux devant Moi... » L’idolâtrie inclut également toute négation de l’unicité de D.ieu, de Son  absolue singularité, unité et exclusivité de l’être. Attribuer des divisions ou des compartimentations à l’être divin, ou croire que D.ieu a des partenaires ou des intermédiaires dans Son œuvre de création et de maintien de l’univers, revient à transgresser l’interdiction de l’idolâtrie.
Les détails des lois de l’idolâtrie sont énoncés par Maïmonide dans son Michné Torah, dans une section de douze chapitres intitulée Lois Relatives à l’Idolâtrie et ses Pratiques. Maïmonide y définit l’idolâtrie et examine les diverses formes de culte des idoles et les pratiques qui les accompagnent, les peines que l’on encourt en s’y adonnant, le statut d’un idolâtre, etc.
Dans le premier chapitre des Lois Relatives à l’Idolâtrie, Maïmonide retrace l’histoire de la reconnaissance par l’homme de la vérité du D.ieu Unique. À l’origine, l’homme connaissait son Créateur, mais « dans la génération d’Énoch (petit-fils d’Adam), l’humanité s’égara gravement, et le discernement des sages de cette génération se détériora ; Énoch lui-même fut parmi ceux qui s’égarèrent. Leur erreur résidait dans leur croyance qu’il serait agréable à D.ieu qu’ils vénèrent les forces de la nature qui Le servent, tout comme un roi désire que ses ministres et ses fonctionnaires soient honorés. Bientôt, ils érigèrent des temples et des autels à la gloire du soleil et des étoiles, leur offrant des sacrifices et des chants de louange, persuadés que c’était-là la volonté de D.ieu. »
Dans les générations suivantes, poursuit Maïmonide, « de faux prophètes apparurent... avec d’autres charlatans qui prétendaient avoir reçu des messages des différents corps célestes sur la façon dont ils devaient être servis et quelles étaient les images qui devaient les représenter. Au fil des années, le vénérable et redoutable nom de D.ieu disparut des bouches et des esprits de l’humanité ; les hommes n’avaient plus aucune conscience de Lui. Les gens du commun ne connaissaient que l’image de bois ou de pierre dans son temple de pierre devant lesquelles on leur avait appris à se prosterner et au nom desquelles ils juraient depuis leur enfance ; les plus sages parmi eux croyaient en les étoiles et les constellations que ces images représentaient ; mais personne ne reconnaissait plus ou n’avait même la notion du Créateur, à l’exception de rares individus comme Énoch, Mathusalem, Noé, Chem et Eber. Et telle fut la conduite du monde jusqu’à ce que naquit le pilier de l’univers, notre père Abraham.
« Quand [Abraham] fut sevré, son esprit commença à chercher et à s’interroger, alors qu’il n’était qu’un petit enfant : Comment les corps célestes pouvaient-ils parcourir leur orbite sans une force qui les mette en mouvement ? Qui les faisait se déplacer ? Ils ne pouvaient pas le faire d’eux-mêmes ! Vivant parmi les idolâtres insensés d’Our Casdim, il n’avait personne pour lui enseigner quoi que ce soit ; son père, sa mère et ses compatriotes, et lui avec eux, tous adoraient les idoles. Mais son cœur cherchait, et il découvrit finalement qu’il y a un D.ieu unique... qui a tout créé et que, dans toute l’existence, il n’est rien d’autre que Lui. Il sut que le monde entier s’était égaré...
« À l’âge de quarante ans, Abraham reconnut son Créateur... Il commença à débattre avec les gens d’Our Casdim... Il brisa les idoles, et commença à enseigner au peuple qu’il convient de servir seulement le D.ieu unique... Il continua de s’adresser d’une voix forte au monde et d’apprendre aux hommes qu’il n’y a qu’un D.ieu pour l’univers entier, et que Lui seul est digne d’être adoré. Il porta son message de ville en ville et de royaume en royaume... Beaucoup se rassemblèrent pour l’interroger sur ses paroles, et il expliquait à chacun selon sa compréhension, jusqu’à ce qu’il lui ait montré le chemin de la vérité. Des milliers, puis des dizaines de milliers se joignirent à lui... et il implanta ce grand principe dans leurs cœurs et écrivit de nombreux livres à ce sujet. Après le décès d’Abraham, Isaac, puis Jacob poursuivirent son œuvre, jusqu’à ce que les descendants de Jacob, et ceux qui se joignirent à eux, formèrent une nation qui connaissait D.ieu.
« Toutefois, lorsque le peuple d’Israël eut résidé en Égypte de nombreuses années, il régressa au point d’apprendre du comportement des Égyptiens et d’adorer les idoles avec eux... il s’en fallut de peu que le grand principe implanté par Abraham soit déraciné, et que les descendants de Jacob retombent dans l’erreur de l’humanité et dans ses mauvais chemins. Mais par amour de D.ieu pour nous, et eu égard au serment qu’Il avait fait à Abraham... D.ieu choisit les Enfants d’Israël pour être Siens, les couronna des mitsvot, et leur ordonna la manière de Le servir, et les lois concernant l’idolâtrie et ceux qui s’égarent en elle. »

L’Histoire comme loi

C’est ainsi que Maïmonide conclut le premier chapitre des Lois Relatives à l’Idolâtrie. Dans les onze chapitres suivants, il précise les particularités juridiques de « l’idolâtrie et ceux qui s’égarent en elle. »
Le Michné Torah est un ouvrage purement halakhique, c’est-à-dire juridique. Dans les rares occasions où Maïmonide digresse avec un fait historique ou une idée philosophique, cela se révèle toujours être, après examen, un point instructif au plan juridique. La même chose est vraie du premier chapitre desLois Relatives à l’Idolâtrie : chaque détail de cette longue histoire est une Halakha, une composante essentielle de l’interdiction de l’idolâtrie dans la Torah. Dans cet essai, nous nous arrêterons sur deux des principes importants que Maïmonide établit dans ce chapitre.
Le premier principe de Maïmonide est que l’idolâtrie n’est pas seulement un péché religieux, mais également une erreur du point de vue rationnel. La génération de Énoch « s’égara gravement, et le discernement des sages de cette génération se détériora » ; l’humanité fut trompée par de faux prophètes et des charlatans. Abraham parvint à la vérité de l’unicité de D.ieu non pas grâce à une révélation divine ou des pouvoirs surnaturels, mais à travers un processus dans lequel « son esprit commença à chercher et à s’interroger... jusqu’à ce qu’il ait saisi la vérité et compris quel est le chemin vertueux dans sa grande sagesse ». Il rallia des adhérents à sa foi, non en accomplissant des miracles ou en prophétisant au nom de D.ieu, mais en expliquant à chacun selon sa compréhension, jusqu’à ce qu’il lui ait montré le chemin de la vérité. Maïmonide ne fait pas mention des nombreuses révélations de D.ieu à Abraham (voir Genèse 12, 1 ; 12, 7 ; 15, 1-21, et al), non plus que des nombreuses prophéties et des miracles qui accompagnèrent le développement de la nation qui connaissait D.ieu dans ses jeunes années. Car, même si rien de tout cela n’était arrivé, l’homme aurait tout de même été en mesure de reconnaître l’unicité de D.ieu, et censé le faire. L’idolâtrie est irrationnelle. L’homme, en n’utilisant rien de plus que sa capacité de raisonnement, peut en discerner la fausseté et découvrir la vérité.
[Ceci est également souligné par Maïmonide, quand il affirme qu’« à l’âge de quarante ans, Abraham reconnut son Créateur ». Il existe plusieurs opinions quant à l’année de la découverte d’Abraham. Le Talmud affirme qu’Abraham reconnut son Créateur à l’âge de trois ans ; d’autres sources donnent l’âge de 48 ans, d’autres encore, 50 ans. La source de Maïmonide semble être une variante du Midrache selon lequel il avait alors 48 ans. Comme le suggèrent de nombreux commentaires, il n’y a pas de contradiction entre ces avis : chacun représente un certain niveau de reconnaissance atteint par Abraham. Maïmonide lui-même nous informe d’ailleurs que sa quête avait commencé « à peine fut-il sevré, alors qu’il n’était qu’un petit enfant ». Pourquoi, dans ce cas, Maïmonide choisit-il de parler spécifiquement du degré de reconnaissance de D.ieu qu’Abraham atteignit à l’âge de quarante ans ? Et, plus généralement, quelle est donc la portée de l’âge d’Abraham sur le plan halakhique ? De fait, le propos de Maïmonide est à nouveau de souligner que la réfutation de l’idolâtrie d’Abraham était rationnelle. Quarante ans est en effet décrit par nos Sages comme étant « l’âge de la compréhension », le moment à partir duquel les capacités cognitives d’une personne atteignent leur pleine maturité. Ainsi, le niveau de découverte qu’Abraham atteignit à l’âge de quarante ans représente sa parfaite compréhension de la vérité divine.]
D’un autre côté, vers la fin de l’historique, Maïmonide exprime un point diamétralement opposé : sans intervention divine, la foi fondée par Abraham n’aurait pas subsisté.
La raison humaine n’est pas suffisante. Elle peut dénoncer les sophismes, découvrir la vérité, transformer une vie, convaincre des milliers de personnes, fonder une nation. Mais elle est seulement aussi forte que l’être humain dont elle jaillit. Elle peut être déformée et étouffée par les vicissitudes de la vie : brisez la personne et vous avez invalidé ses idées. L’exil et la misère vécus par les enfants d’Israël en Égypte détruisirent presque la nation qui connaissait D.ieu. Si D.ieu ne s’était pas révélé à nous au Sinaï, le grand principe implanté par Abraham aurait disparu.

L’esprit et plus

Dans le premier chapitre des Lois Relatives à l’Idolâtrie, Maïmonide nous enseigne comment la mitsva « Tu n’auras pas d’autres dieux devant Moi » doit être observée.
Il ne suffit pas de dire : « D.ieu s’est révélé à nous au Sinaï et nous a dit qu’il n’y a pas d’autres divinités ou forces qui soient partenaires de Son être et de Sa domination sur l’univers. Donc je sais qu’il en est ainsi. S’il l’a dit, cela me suffit. La logique de cette vérité n’est pas importante. » Non, dit Maïmonide. Le deuxième commandement impose au Juif que son entendement, et non seulement ses convictions, rejette la possibilité qu’il y ait d’autres dieux. Il doit non seulement accepter qu’il en est ainsi, mais aussi comprendre que, rationnellement, il ne peut en être autrement. Chaque Juif est commandé de développer la reconnaissance de la vérité divine atteinte par Abraham : une reconnaissance si absolue qu’elle peut, par la force de la seule raison, dissiper une doctrine universellement acceptée et convaincre des milliers de personnes de transformer leur vie.
D’un autre côté, une personne pourrait pousser cette idée à l’extrême et affirmer : « L’unicité de D.ieu n’est pas une question de foi, c’est un fait. La nature de la réalité en atteste ; je peux le prouver à n’importe qui. C’est la révélation du Sinaï qui est inutile. Le monothéisme est une vérité rationnelle, étayée par des arguments irréfutables. »
Cela peut être vrai, dit Maïmonide, mais le refus du Juif de dieux étrangers est plus qu’une philosophie irréfutable. C’est une foi implantée dans l’essence de nos âmes, qui perdure même lorsque la logique cesse de fonctionner et que la raison est rendue impuissante. Pour croire véritablement, il faut comprendre, mais la compréhension à elle seule n’est que l’ombre mortelle de la foi immortelle. La foi-philosophie d’Abraham survécut à peine à l’Égypte ; la foi suprarationnelle que nous avons atteinte au Sinaï, où D.ieu choisit Israël pour être Sien, le couronna de mitsvot et lui ordonna la manière de Le servir, a survécu à une centaine d’Égyptes et à toutes les folies de l’histoire.
Adapté d’un discours du Rabbi de Loubavitch
– Likoutei Si’hot vol. 20, p. 13

BASÉ SUR LES ENSEIGNEMENTS DU RABBI DE LOUBAVITCH
Basé sur les enseignements du Rabbi de Loubavitch, Rabbi Mena'hem Mendel Schneerson ; adapté par Yanki Tauber.
Traduction d'un article publié originellement dans "Week in Review"
Reproduit avec la permission de MeaningfulLife.com. Si vous souhaitez reproduire cet article dans une publication ou un site internet, veuillez écrire à permissions@meaningfullife.com

Que D-ieu protège et guérisse miraculeusement tous nos soldats comme chacun des enfants d'Israël, partout dans le monde, Qu'il venge leur sang, et qu'Il ne nous prodigue à partir de maintenant que des douceurs palpables à l’œil nu.


En chaque génération vit un homme qui attend avec impatience de pouvoir libérer son peuple de l’exil.


mercredi 29 octobre 2014


Le palais en flammes
par Yossef Y. Jacobson


Comment naquit la foi juive ?
Le Midrache raconte la naissance du judaïsme à travers cette énigmatique parabole :
« Et D.ieu dit à Abraham : “Quitte ton pays, ta patrie, et la maison de ton père...” » (Genèse 12, 2) – À quoi cela peut-il être comparé ? À un homme qui voyageait de lieu en lieu lorsqu’il vit un palais en flammes. Il se demanda : « Est-il possible que ce palais n’ait pas de propriétaire ? » Le propriétaire du palais regarda au-dehors et dit : « Je suis le propriétaire du palais. » De même, Abraham notre père dit-il : « Est-il possible que le monde n’ait pas de maître ? » D.ieu regarda au-dehors et lui dit : « Je suis le maître, le Souverain de l’univers. »
La perplexité d’Abraham est bien compréhensible. Cet homme sensible contemple un univers magnifiquement structuré, une splendide œuvre d’art. Il est ému par la grandeur d’un coucher du soleil et par le miracle de la naissance ; il s’émerveille des rugissantes vagues de l’océan et du battement silencieux et régulier du cœur humain. Le monde est effectivement un palais.
Mais le palais est en flammes. Le monde est plein de crime, d’injustice et de conflits. Des voyous, des agresseurs, des violeurs, des kidnappeurs et des assassins sont continuellement en train de démolir le palais, faisant de notre monde un champ de bataille ou la douleur le dispute à l’horreur.
« Qu’est-il arrivé au propriétaire du palais ? » crie Abraham. Pourquoi D.ieu permet-Il à l’homme de détruire Son monde ? Pourquoi laisse-Il un si beau palais brûler de la sorte ? Se pourrait-il que D.ieu ait créé le monde pour l’abandonner ensuite ? Mais qui construirait un palais pour l’abandonner ?
Le Midrache donne la réponse de D.ieu : « Le propriétaire du palais regarda au-dehors et dit : “Je suis le propriétaire du palais.” D.ieu regarda au-dehors et dit à Abraham : “Je suis le maître, le Souverain de l’univers.” »
Que signifie la réponse de D.ieu ?
Remarquez que le propriétaire du palais n’essaie pas de s’extraire de l’incendie ou d’éteindre le feu. Il ne fait qu’annoncer qu’Il est le propriétaire de ce palais qui part en fumée. C’est comme si, au lieu de s’enfuir, le propriétaire appelait à l’aide. D.ieu a fait le palais, l’homme y a mis le feu, et seul l’homme peut éteindre les flammes. Abraham demande à D.ieu : « Où es-Tu ? » D.ieu répond : « Je suis là. Mais où es-tu, toi ? » L’homme demande à D.ieu : « Pourquoi as-Tu abandonné le monde ? » D.ieu demande à l’homme : « Pourquoi M’as-tu abandonné ? »
C’est ainsi qu’a commencé la révolution du judaïsme, la courageuse entreprise humaine d’éteindre les flammes de l’immoralité et du sang pour refaire du monde le palais harmonieux et sacré qu’il aurait toujours dû être. La rencontre d’Abraham avec D.ieu devant un palais en flammes a donné naissance à la mission du judaïsme : être obsédé par le bien et horrifié par le mal.
(Midrache Rabba Béréchit 39:1 ; tel qu’interprété par le grand rabbin lord Jonathan Sacks dans Radical Then, Radical Now, Harper Collins, 2000).
Que D-ieu protège et guérisse miraculeusement tous nos soldats comme chacun des enfants d'Israël, partout dans le monde, Qu'il venge leur sang, et qu'Il ne nous prodigue à partir de maintenant que des douceurs palpables à l’œil nu.


En chaque génération vit un homme qui attend avec impatience de pouvoir libérer son peuple de l’exil.


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lundi 27 octobre 2014


La quête de soi

«Va vers toi», dit D.ieu à Abraham...

Adapté des enseignements du Rabbi de Loubavitch par Yanki Tauber



Dans le livre de Zacharie, il y a un passage qui décrit la rencontre entre un être humain et une armée d’anges. L’homme y est défini comme « un voyageur parmi les sédentaires. »
« Le Voyageur » est une appellation plus qu’appropriée pour notre espèce remuante. D’autres créatures se déplacent également de lieu en lieu, mais seules les migrations de l’homme sont motivées par le désir d’être ailleurs que là où il se trouve. Contrairement aux souris, aux érables et aux anges, qui sont heureux d’être ce qu’ils sont et où ils sont, l’être humain est constamment en mouvement, toujours à chercher à se rendre quelque part, de préférence là où personne n’est encore allé.
Le problème, c’est qu’il ne reste nulle part où aller.
Il y a cent ans, c’était la ruée vers l’Ouest. Alors, les jeunes allèrent vers l’ouest, jusqu’à ce qu’il n’y ait plus d’ouest. Alors un homme gagna la course vers le Pôle Nord, et un autre vers le Pôle Sud. Un autre être humain fut le premier à atteindre le sommet de l’Everest (bien que l’identité du premier fasse encore débat à ce jour), et puis un autre fit le « pas de géant » qui laissa la première empreinte de botte sur la lune.
Alors, que nous reste-t-il ? Un voyage vers une autre galaxie ? Une incursion dans le futur ? Ces destinations, si toutefois elles sont jamais atteintes, satisferont-elles la curiosité du Voyageur ?

Nous avons tous entendu l’histoire du pauvre villageois qui avait rêvé qu’un trésor était enfoui sous un pont à Cracovie. Arrivé dans la grande ville, il reconnait le pont de son rêve. Le préposé au péage du pont, remarquant un rôdeur avec une pelle et des intentions suspectes, prend le pauvre à partie, qui avoue la raison de sa présence. « Des rêves ! » s’exclama le gardien ironiquement. « Tiens, la nuit dernière justement, j’ai rêvé que dans la maison de ‘Haïm Yankel le colporteur, du village d’Usseldorf, un coffre de pièces d’or était enterré sous le mur derrière le fourneau. Est-ce que je vais voyager jusqu’à Usseldorf pour briser le mur d’un pauvre péquenaud ? » ‘Haïm Yankel se précipita chez lui, démolit le mur derrière son fourneau de sa maison et vécut heureux de longues années grâce à son trésor caché.
Une fois que tous les voyages ont été achevés, que toutes les quêtes ont été réalisées, il reste encore une frontière que peu de gens ont traversée, un territoire que moins de gens encore ont conquis : la frontière de soi. Nous parcourons le monde, et au-delà, nous cartographions l’univers et la structure de l’atome, en quête d’indications, d’un signe, sur le sens des choses, mais combien parmi nous ont-ils pénétré à l’intérieur de nos âmes ?
Lékh Lékha, ces mots qui débutent l’appel de D.ieu à Abraham qui mit en route et définit l’histoire juive, signifie littéralement « Va vers toi ». «Va vers toi, ordonna D.ieu au premier Juif, de ta terre, de ton pays natal et de la maison de ton père, vers la terre que Je te désignerai. »
Quand l’appel divin résonna, Abraham pouvait se prévaloir d’une vie de découvertes et d’accomplissements sans précédent. Il était l’homme qui avait découvert la vérité du D.ieu Unique, celui qui avait affronté le roi le plus puissant de son temps, bravé la mort dans une fournaise ardente au nom de ses croyances et converti des milliers de gens à la foi et aux valeurs monothéistes. Tout cela, il y était arrivé entièrement par lui-même, sans maître, guide ou voix divine pour le diriger, avec rien d’autre que son immense esprit et sa quête passionnée de la vérité pour le conduire.
Et puis, dans sa soixante-quinzième année, survint le commandement divin : « Va vers toi-même ! » Maintenant que tu as achevé tes explorations et atteint tes objectifs, tourne-toi vers l’intérieur et entame un voyage dans l’essence de ton propre être.

Paradoxalement, plus notre voyage est personnel, plus nous avons besoin d’être guidés et aidés.
Un bon sens de l’orientation peut nous guider à travers le circuit routier le plus labyrinthien ; un sens aigu des relations humaines nous permet d’appliquer les politiques de management les plus tortueuses ; les données et les systèmes cognitifs stockés dans notre cerveau facilitent notre recherche de nouveaux domaines d’études. Mais si nous cherchons une voie vers le centre de nous-mêmes, le savoir et les aptitudes d’une vie entière se révèlent soudain inefficaces. Nous nous retrouvons dans l’obscurité, n’ayant pour seul recours que d’invoquer notre Créateur : « D.ieu, qui suis-je ? », crions-nous. « Donne-moi un indice. Dis-moi pourquoi Tu m’as fait ! »
Ce paradoxe est implicite dans la première directive au premier Juif mentionnée dans la Torah. Quand il est ordonné à Abraham « Va vers toi-même », il est enjoint à cet homme ingénieux, artisan de sa propre réussite, de mettre de côté ses talents innés (« ta terre »), la personnalité qu’il a développée pendant sept décennies et demie d’interaction avec son environnement (« ton pays natal ») et la sagesse découverte et formulée par son esprit phénoménal (« la maison de ton père ») et de suivre « aveuglément » D.ieu « vers la terre que Je te désignerai ».
Dans nos voyages extérieurs, notre savoir, nos talents et notre personnalité sont les instruments de notre exploration du monde autour de nous. Mais dans la quête de notre véritable soi, ces mêmes instruments – qui constituent en eux-mêmes un « soi » extérieur et superposé à notre essence – dissimulent autant qu’ils révèlent, déforment alors même qu’ils éclaircissent.
Nous utilisons ces instruments dans notre quête – nous n’en avons pas d’autres. Mais si notre voyage doit nous conduire à l’essence de nous-mêmes plutôt que vers un mirage, il doit être guidé par Celui qui nous a créés à Son image et a inscrit le schéma de nos âmes dans Sa Torah.
Que D-ieu protège et guérisse miraculeusement tous nos soldats comme chacun des enfants d'Israël, partout dans le monde, Qu'il venge leur sang, et qu'Il ne nous prodigue à partir de maintenant que des douceurs palpables à l’œil nu.


En chaque génération vit un homme qui attend avec impatience de pouvoir libérer son peuple de l’exil.


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