Le paradoxe de
la souffrance (II)
Le mal peut-il être source de bien?
par Ari Sollish
25 Tamouz 5774
À l’opposé de notre perception de ces moments d’épreuve, la Torah
nous dit que « rien de mal ne descend d’En Haut ».
Pour pouvoir résoudre cette apparente contradiction, nous devons
au préalable examiner la dimension profonde de ces éléments : la Terre
d’Israël et l’exil.
Dans les autres pays, cependant, D.ieu a choisi de cacher Sa
présence sous le vêtement de la nature. En conséquence, nous associons notre
subsistance avec le travail de nos propres mains et non avec les bénédictions
divines. C’est là l’essence même de l’état d’exil. « Nous ne voyons plus
Tes merveilles »9 se lamente le Juif exilé. En réalité,
rien n’a changé, le monde est toujours contrôlé par le divin Créateur de
l’humanité, c’est seulement notre perception qui a été modifiée.
Bien
qu’Erets Israël et l’exil soient des états diamétralement opposés, c’est
précisément la Terre d’Israël – ou plus précisément ses frontières – qui
donnent à l’exil la possibilité d’exister. Tout comme au sens matériel, les
frontières mentionnées dans la paracha délimitent le territoire d’Erets Israël
et permettent donc l’existence « d’autres terres »,10 il en va de même dans le domaine
spirituel : le fait que la Divinité ne soit révélée que dans un
« espace » limité signifie que tous les autres espaces restent
« vides » de cette révélation.11Ainsi, les frontières d’Erets
Israël, c’est-à-dire les limites données à la révélation divine, créent
« l’espace » dans lequel le galout – un temps dans lequel la révélation
divine est voilée – peut exister. En d’autres termes, le fait que la Divinité
soit masquée vient du fait que Sa manifestation est limitée.
Ainsi, la possibilité de l’exil, le temps où la Divinité est obscurcie (le
thème des Trois Semaines) est le résultat direct des limites placées sur la
« Terre d’Israël » (le thème de Massei).
Cette explication éclaire le lien entre la Paracha Massei et « bein hamétsarim »
d’une lumière quelque peu négative : le fait que les limites d’Erets
Israël permettent des tragédies comme celles qui se produisirent le 17 Tamouz
et le 9 Av. Néanmoins, une analyse un peu plus profonde nous ouvre une
perspective complètement différente.
Des moments d’épanouissement
Bien qu’en surface le galout apparaisse seulement comme une
punition terrible pour nos fautes, à un niveau plus profond, c’est tout le
contraire : l’épreuve de l’exil est ce qui révèle les forces les plus
puissantes de notre âme.
Pendant environ 2000 ans, nous avons souffert aux mains
d’étrangers. Nous avons été torturés, asservis et bannis. Et pourtant, malgré
tous les régimes qui nous ont opprimés à différentes époques et en différents
lieux, une donnée est restée constante : notre foi immuable en
D.ieu, en Sa Torah et en la Rédemption ultime. Rien de ce que le peuple Juif
qui vécut durant « l’âge d’or » de Jérusalem aurait pu faire, ne
pouvait exprimer un tel engagement de l’âme. C’est nous, qui vivons dans
l’obscurité de l’exil, qui avons reçu le défi d’exploiter les ressources les
plus puissantes et les plus profondes de notre âme, notre être essentiel où
« Israël et D.ieu sont complètement unis ». Comme l’écrit le
Psalmiste : « Du tréfonds de la détresse, j’ai appelé D.ieu ;
avec abondance D.ieu m’a répondu. »12 Par la détresse, nous parvenons à
atteindre notre essence infinie, l’étincelle de D.ieu qui est notre âme. C’est
là le véritable but de l’exil : nous permettre d’accéder à nos aptitudes
infinies et de les exprimer.13
Il en va de même pour les frontières de la Terre d’Israël. Bien
qu’elles représentent les limites de la manifestation de D.ieu dans le monde,
c’est précisément ce voilement qui réveille le véritable potentiel de l’âme. C’est là la leçon que nous pouvons tirer de la Paracha Massei et de la période de « bein
hamétsarim ». Nous ne devons pas envisager les difficultés comme une
expérience totalement négative, mais comme le plus grand facteur de
développement, car elles nous obligent à puiser au plus profond de nous le
trésor de ressources qui s’y trouve enfoui.
Et bien que ces situations échappent souvent à notre contrôle,
l’attitude avec laquelle nous les abordons est, elle, entre nos mains. Nous
avons l’aptitude d’accepter ces défis comme ce qu’ils sont : des
occasions de grandir et de nous développer. Et bien qu’il soit possible que
nous ne comprenions jamais pourquoi certaines choses arrivent, celles-ci
peuvent – et donc doivent – faire de nous des personnes meilleures.
Que D-ieu protège et guérisse
miraculeusement tous nos soldats comme chacun des enfants d'Israël, partout
dans le monde, Qu'il venge leur sang, et qu'Il ne nous prodigue à partir de
maintenant que des douceurs palpables à l’œil nu.
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