La justice divine
Extrait du mensuel "Conversations avec les jeunes".
Ceci est l’histoire de deux hommes qui vécurent dans la même ville en Terre Sainte et qui moururent un même jour. L’un d’eux était collecteur d’impôts et l’autre, un homme fort pieux et de grand savoir. Leurs funérailles eurent lieu en même temps. Une foule nombreuse se pressait derrière le cercueil de l’homme dont la piété avait été exemplaire, faisant un dernier hommage à celui que toute la ville avait honoré de son vivant. En revanche, peu de personnes se rendirent aux funérailles du collecteur d’impôts : il avait été un homme dur et sans aucune pitié pour les pauvres.
Les deux cortèges funèbres avançaient lentement quand, soudain, l’alerte fut donnée qu’une bande de brigands était sur le point d’attaquer la ville. La panique rompit les rangs. Ce fut la débandade. Chacun ne pensa qu’à sauver sa vie et ce fut une course désordonnée en direction des collines avoisinantes. Les cercueils contenant les dépouilles des deux hommes furent, sans cérémonie, abandonnés sur la route. Seul un jeune homme, un disciple du maître vertueux, resta pour garder le corbillard de celui à qui il devait tant de bons enseignements. Quand l’alerte fut passée, les fuyards revinrent.
Il se passa alors quelque chose d’étrange. Confondant les corbillards, les prenant l’un pour l’autre, tous les présents se mirent à suivre celui du collecteur d’impôts sans que personne, le disciple excepté, ne se rendît compte de l’erreur. Ce dernier fit plusieurs tentatives pour redresser la situation, mais en vain. Il parla, expliqua, se dépensa, mais on ne fit guère attention à lui. L’erreur fut inconsciemment maintenue jusqu’à ce que l’enterrement fût consommé. Tous les honneurs qui étaient dus à l’homme vertueux furent rendus au collecteur d’impôts. Pour le premier, ces funérailles et cet enterrement misérables furent comme une disgrâce.
Le cœur brisé, le disciple garda le souvenir de cette triste méprise. Il ne pouvait oublier la manière infâme dont son maître bien-aimé avait été enseveli. Une pensée pénible se présentait sans cesse à son esprit et le préoccupait : « De quelle action indigne mon maître avait-il pu se rendre coupable pour mériter des funérailles aussi honteuses ? » L’idée lui vint aussi que le collecteur d’impôts avait dû faire une bien bonne action pour avoir mérité, par contre, des funérailles si honorables. Ces pensées tourmentèrent longtemps le jeune homme.
Puis, une nuit, il fit un rêve. Son maître lui parlait :
« Mon fils, disait-il, ne t’afflige pas. Je te donnerai l’explication qui mettra un terme à ton tourment. Vois-tu, un jour, j’entendis quelqu’un insulter le rabbin de cette ville et je n’eus pas un geste de protestation ! Pour n’avoir pas défendu l’honneur d’un autre, j’ai été puni à ma mort par le déshonneur. Le collecteur d’impôts, de son côté, avait à son crédit une bonne action. Un jour, il avait organisé une fête en l’honneur du Gouverneur, mais ce dernier n’avait pu s’y rendre. Que fit alors le collecteur ? Au lieu de jeter l’abondante nourriture qu’il avait fait préparer, il avait invité des pauvres à la fête. Ces derniers se substituèrent au Gouverneur et furent reçus à sa place. Pour avoir honoré et nourri les pauvres, le collecteur d’impôts fut récompensé à sa mort par tous les hommages que tu lui as vu rendre. Toutefois, comme il n’avait point délibérément prévu cette fête à l’intention des pauvres, les honneurs qui lui ont été dévolus à ses funérailles ont été également imprévus.
« Tu vois, mon fils, conclut l’homme pieux dans le rêve du disciple, le Tout-Puissant ne demeure pas longtemps débiteur. Chacun de nous a reçu son dû, l’un son châtiment, l’autre sa récompense, comme il le méritait. Ainsi, l’équilibre se trouve rétabli sur le registre de nos actes en vue de la Vie future. »
Que D-ieu protège et guérisse miraculeusement tous nos soldats comme chacun des enfants d'Israël, partout dans le monde, Qu'il venge leur sang, et qu'Il ne nous prodigue à partir de maintenant que des douceurs palpables à l’œil nu.
En chaque génération vit un homme qui attend avec impatience de pouvoir libérer son peuple de l’exil.
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