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En chaque génération vit un homme qui attend avec impatience de pouvoir libérer son peuple de l’exil

jeudi 22 janvier 2015


La mystique de l'obscurité

Y voir clair dans le noir

par Lazer Gurkow

La neuvième des Dix Plaies d’Égypte fut la plaie de l’obscurité : « Nul ne put voir son frère, nul ne put non plus se lever de sa place, pendant trois jours; mais, pour les Enfants d’Israël, il y eut de la lumière dans toutes leurs demeures. » (Exode 10, 23)
La plaie physique de l’obscurité prend ses racines dans l’obscurité spirituelle, qui peut être définie comme une absence de la présence révélée de D.ieu. Dans une réflexion sur l’origine spirituelle de cette plaie, le Midrach cite deux opinions : Rabbi Né’hémia enseignait que l’obscurité prenait sa source dans les régions du Guéhinom (le purgatoire) ; Rabbi Yéhouda enseignait qu’elle provenait des sphères célestes.1
Les maîtres ‘hassidiques expliquent la différence entre ces deux formes d’obscurité :
1. L’obscurité classique, associée au Guéhinom, agit comme un rideau. Quand un rideau est tiré sur une fenêtre, il obstrue la lumière du soleil et laisse la pièce complètement dans le noir. C est là l’obscurité du Guéhinom, où la présence de D.ieu est totalement dissimulée.2
2. L’obscurité céleste est primordiale ; elle précède toute lumière. L’essence de D.ieu est au-delà de toute révélation. Quand Il choisit de Se révéler, Il irradia à l’extérieur, de sorte que Sa lumière fut visible, mais au-delà de cette lumière, régnait toujours l’obscurité. C’est là le domaine de Son Essence et l’Essence ne requiert pas de lumière. Confortablement installée en elle-même, le rayonnement ne lui fait pas défaut car elle transcende toute lumière.3
En d’autres termes, l’obscurité classique dissimule la lumière divine, alors que l’obscurité céleste révèle l’Essence de D.ieu, qui transcende toute lumière.

Sur le plan humain

Ces deux formes d’obscurité spirituelle, quand elles sont vécues au niveau humain, suscitent deux réactions très différentes. L’obscurité classique est la dissimulation de la lumière. Abandonné dans l’obscurité spirituelle, l’être humain aspire à la Divinité de par sa condition même.
L’obscurité céleste a des effets spirituels négatifs au niveau humain. Elle est certes la transcendance de la lumière, mais comme l’être humain ne transcende pas la lumière, il ressent cette transcendance comme un contentement dans l’obscurité. Sujet à un tel contentement pendant une période de temps prolongée, il risque d’en oublier complètement la vertu de la Divinité.

L’aveuglement et l’immobilité

L’obscurité physique affecta les Égyptiens de deux manières. La première fut que « personne ne put voir son frère » et la seconde, que « personne ne put se lever de sa place ». Le Midrache enseigne que cette plaie dura six jours. Les trois premiers jours, les Égyptiens ne pouvaient pas se voir, mais ils étaient toujours capables de se lever et de se déplacer. Durant les trois derniers jours, l’obscurité s’intensifia au point de paralyser le moindre de leur mouvement. Ils ne pouvaient même plus se lever de leurs sièges.4
Ces deux périodes de trois jours peuvent être considérées comme correspondant aux deux types d’obscurités évoquées plus haut. Durant les trois premiers jours, les Égyptiens subirent l’obscurité classique dans laquelle on se sent privé de lumière et on se languit d’elle. Pendant ce temps, ils ne pouvaient voir leur frère. Ici, leur frère est une métaphore pour la lumière de D.ieu. Ils voulaient jouir de cette lumière, mais l’obscurité les en empêchait. Durant la seconde période de trois jours, l’obscurité fut de forme céleste. Ils devinrent satisfaits de l’obscurité : ils n’aspiraient plus à voir leur « frère », mais ils ne pouvaient se lever de leur place. Leur « place » est une métaphore pour leur satisfaction dans l’obscurité. Ils ne pouvaient plus s’élever au-delà de ce contentement pour apprécier la valeur de la lumière de D.ieu.

Les deux antidotes

Que faisaient les Enfants d’Israël pendant que les Égyptiens étaient plongés dans l’obscurité?
Le Midrache cite les deux desseins que servit la plaie de l’obscurité:
1) De nombreux Juifs ne voulaient pas quitter l’Égypte. Aussi D.ieu décréta-t-Il qu’ils y mourraient. Les Égyptiens restèrent dans l’ignorance de ce fait honteux pour le peuple juif car ces Juifs moururent et furent enterrés pendant la période d’obscurité.
2) L’obscurité donna l’occasion aux Juifs de circuler dans les maisons égyptiennes afin de repérer les objets précieux qu’ils allaient plus tard emprunter. Quand ils demanderaient aux Égyptiens de les leur prêter, ces derniers ne pourraient nier les posséder, car les Juifs leur indiqueraient invariablement où ils étaient cachés.5
Selon l’un des commentateurs,6 les deux raisons sont vraies. Pendant les trois premiers jours, les Juifs enterrèrent leurs morts et durant les trois derniers, ils explorèrent les maisons égyptiennes.
Sur un plan métaphorique, ces deux activités constituent les antidotes aux deux formes d’obscurités évoquées :
1) L’antidote à l’obscurité qui dissimule la lumière est de déchirer le « rideau » qui la voile et de pénétrer dans la lumière. Durant les trois premiers jours, alors que les Égyptiens aspiraient à la clarté, les Juifs y pénétrèrent. Ils distinguèrent alors clairement la lumière de l’obscurité et les justes des impies. Ils comprirent pourquoi leurs frères étaient morts et se hâtèrent de les enterrer pour enlever toutes traces d’impiété parmi eux.
2) L’antidote à l’obscurité qui se satisfait d’elle-même est de regarder dans le noir et d’identifier son origine divine : de reconnaître que la satisfaction de l’homme sans lumière est un reflet du fait que Son créateur transcende la lumière. Durant la seconde période de trois jours, alors que les Égyptiens étaient bloqués « sur place », dans leur satisfaction de l’obscurité, les Juifs regardèrent dans des lieux sombres et secrets et découvrirent des trésors « d’or » et « d’argent ». Selon la Kabbale, l’or et l’argent représentent l’amour de D.ieu. Les Juifs cherchèrent dans l’obscurité et découvrirent leur amour pour ses racines divines cachées.

NOTES
1.Midrache Rabbah Chémot 14:2 ; Voir Malbim sur Exode 10, 21.
2.Voir Sefer Maamarim Meloukat v. 4 p. 44 ; Sefer HaArakhim ‘Habad v.2 p. 582.
3.Voir Likoutei Torah p. Haazinou p. 73a ; Sefer HaMaamarim 5666 Sefer Maamarim Meloukat v. 2 p. 285. Voir la note du Rabbi de Loubavitch sur Chaar Hayi’houd Véhaémounah ch. 10 (publiée dans Leçons sur le Tanya).
4.Midrache Rabbah Chémot 14:4.
5.Midrache Rabbah Chémot 14:4. Le Midrache ajoute que les Juifs ne prirent pas un seul objet sans permission. Cette honnêteté fut ce qui encouragea les Égyptiens a leur accorder ces ‘prêts’.
6.Maskil LeDavid.

Que D-ieu protège et guérisse miraculeusement tous nos soldats comme chacun des enfants d'Israël, partout dans le monde, Qu'il venge leur sang, et qu'Il ne nous prodigue à partir de maintenant que des douceurs palpables à l’œil nu.


En chaque génération vit un homme qui attend avec impatience de pouvoir libérer son peuple de l’exil.


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